mercredi 15 janvier 2014

l'Europe sa nécssité et sa force, selon l'évêque de Troyes, président de Pax Christi



Europe

L’Europe, nous le savons, n’a pas la cote au moment même où nous nous préparons à élire nos représentants au Parlement européen. On l’accuse d’être la cause de tous nos maux, de toutes les instabilités qui nous menacent, des déséquilibres économiques et sociaux, de l’appauvrissement qui s’étend. Elle sert de repoussoir pour conjurer les angoisses que suscitent en nous des changements de culture et de société que nous avons du mal à maîtriser et les incertitudes qui en résultent.
Lorsqu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale les principaux responsables politiques d’Europe Occidentale ont à travers la CECA voulu créer une institution transfrontalière destinée à la solidarité et au partage, ils étaient animés d’une profonde conviction : pour sortir d’une spirale de guerres et de divisions entre les états, pour poser les bases d’une paix durable, il faut offrir aux peuples qui étaient opposés sur les champs de bataille un projet commun porteur d’avenir, où chacun ait sa place et sa contribution à apporter, sans considération de vainqueurs et de vaincus. Dans leur esprit, ce projet commun c’était l’Europe, qui s’est révélée une chance historique pour les générations successives.
Que cette institution ait eu et ait encore des ratés, c’est fâcheux, mais c’est le propre de toute institution politique. Que dans les difficultés économiques actuelles, beaucoup soient tentés de « reprendre leurs billes » et de défendre leurs intérêts, sans se préoccuper de ceux des autres membres de la fraternité européenne, ce sont des réflexes bien humains, trop humains. Mais plutôt que de considérer l’Europe comme quelque chose qui est à subir, ne vaudrait-il pas mieux la regarder comme quelque chose qui est à faire, et, en ce qui nous concerne, nous chrétiens, plutôt que de participer au jeu de massacre collectif, ne vaudrait-il pas mieux chercher quelles valeurs promouvoir pour que cette Europe soit un horizon d’espérance pour les peuples ?
Notre culture évangéliques nous en offre trois qui pourraient être des atouts exceptionnels pour un futur européen : entrer dans une perspective de solidarité universelle contre un monde du repli et du « chacun pour soi », être la voix des pauvres dans une société mondialisée injuste, développer l’épaisseur du « vivre ensemble » dans un tissu social traversé par les clivages et les discriminations.
Ce sont là quelques grands défis au cœur des choix d’avenir que nous sommes appelés à faire, non pas seulement au moment d’élections à venir, mais dès maintenant dans la lumière de Noël. Que ce Noël 2013 nous remette en face de la densité de l’échéance du quotidien.

Marc STENGER
Evêque de Troyes
Président de Pax Christi France

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