Politique et mystique – Institutions et sacré
l’ex-Cinquième République et nous tous
Le sens de ce que nous vivons –
politiquement, nationalement, socialement – et ce vers quoi nous allons, ne eut
être discerné, je crois, que par une mise en perspective et en comprenant
d’abord que le moment actuel et ses prémisses depuis dix-huit mois consacrent
une dégénérescence progressive depuis au moins deux décennies et dont les
responsabilités sont partagées par l’ensemble des dirigeants politiques et
économiques de notre pays, et aussi par ce que l’on appelait (Michelet, de
Gaulle) le peuple et qui ne se considère plus comme tel, ni en rôle possible,
ni en ensemble solidaire.
Sans doute, François Hollande va-t-il –
sauf redressement ou rebond toujours loisible tant qu’il sera au pouvoir –
symboliser l’ultime étape de ces dévoiements qui doivent peu aux circonstances,
crise économique mondiale et perte universelle de repères autant que de grandes
autorités morales, et presque tout aux hommes. En orientant une politique, dont
il se dit principalement responsable dans l’instant et pour l’avenir, qui
contredit sinon la lettre de promesses électorales, vagues à la relecture, sauf
quelques improvisations dont la réalisation est coûteuse pour lui ou pour nous,
du moins l’ambiance de son élection. Celle-ci s’st faite de justesse et il est
probable que quelques semaines de campagne, quelques jours seulement peut-être
auraient, à l’arraché, maintenu Nicolas Sarkozy, à l’Elysée. Ce qui eût été
moins nocif que ce que nous vivons, puisque l’espoir d’une alternance, d’un
changement radical et trait pour trait serait demeuré, alors qu’aujourd’hui il
est perdu. La prochaine élection présidentielle est encore lointaine, nouvelle
alternance nominale droite/gauche ou suite du cours actuel, l’évidence est
l’immobilisme apparent d’une chute accélérée et d’un démantèlement qui n’aura
bientôt plus même ses cibles, proies et thèmes. Il n’y a presque plus d’Etat,
il n’y a pas de possibilité qu’émerge de nouvelles élites sauf à la paradoxale
faveur d’un écroûlement ressenti comme tel par quelques-uns se donnant
spontanément et résolument une mission de service public. L’histoire seule en
conférant les prérogatives et la consécration.
François Hollande n’a pas établi le pays
en termes de gouvernement et d’orientations à moyen terme (cinq ans) selon
l’ambiance qui l’avait fait élire. Déjà, de 1997 à 2002, le quinquennat
législatif de Lionel Jospin avait une dissolution de ce qu’avait pu signifier
pendant les années 70 et même 80 un gouvernement de gauche, pour l’opinion
qu’elle soit hostile ou de soutien. Aujourd’hui et depuis les deux
capitulations – plus personnelles encore du président régnant que de son
gouvernement – devant la direction de Peugeot à propos de la fermeture d’Aulnay
puis devant Mittal à propos de la fermeture de Florange, la France est gouvernée
selon les dogmes et les soumissions, il est vrai sur un ton moins bravache, qui
ont caractérisé les réponses de la France à la crise financière commencée en
2008, à la crise de solidarité monétaire symbolisée par la dramatique aventure
grecque, à la crise industrielle particulièrement nationale mais aux causes
multiples. François Hollande préside avec moins de culot, moins de brouillon
que son prédécesseur, plus de ténacité et même de méthode, mais pour la même
injonction : rétablir l’équilibre par le bas, réduction de la dépense
publique, augmentation des impôts sur les personnes physiques, donc réduction
de la demande, de la propension à consommer et effondrement du moral des
« ménages ». Spirale sans fin d’un chômage et de déficits que de mois
en mois il est promis de réduire, sans que se dégage aucun résultat net malgré
les sacrifices qui sont autant de pertes du patrimoine national, de
savoir-faire séculaire et souvent de difficultés pour ls collectivités locales,
pour les familles. Une politique économique qui n’a pas de finalité sociale,
qui ne comprend pas le fonctionnement des entreprises et qui n’a pas posé de
diagnostic, et même n’en demande pas ni sur le plan national ni dans les
enceintes européennes ou délibératives comme les G 7 ou 8 ou 20. En revanche,
cette politique est critiquée dans ses fondements par la quasi-unanimité de la
doctrine française et pour son absence de résultats par nos principaux partenaires
de l’Union européenne et par la Commission.
ff
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