mardi 18 décembre 2012

civisme, chrétiens, institutions

 
----- Original Message -----
Sent: Tuesday, December 18, 2012 6:04 PM
Subject: civisme, chrétiens, institutions

Cher Monsieur le Secrétaire général, alors que depuis le début de cette année, qui ne cesse d'être électorale pour une droite cherchant tout angle d'attaque et aussi de récupération : homophobie, islamophobie et maintenant délire d'une persécution des chrétiens en France..., il est intéressant - pour qui veut orienter le pays vers l'effort, le partage et une certaine droiture des paroles et des actes - de recevoir le message de Mgr. Marc Stenger : il s'inspire de Noël et d'une exhortation de Benoît XVI (" nous avons besoin d'hommes et de femmes qui parlent par leur vie, qui sachent communiquer l'Evangile avec clarté et courage, par la transparence des actions, avec la joyeuse passion de la charité " - 13 Novembre 2010).
 
J'ai pensé que lire ces quelques lignes pouvait encourager le Président à travers vous.
 
Il y a encore des gisements de civisme en France. L'Eglise catholique, et certains de ses prélats, on l'a vu en Juillet-Août 2010 à propos des Rroms, en sont un.
 
Dans la réflexion sur nos institutions, l'espace du civisme - militant au sens d'un discernement libre, personnel et structuré, calme - manque encore : le vote blanc, le quorum de participation à tout scrutin public d'assemblée nationale ou locale, le vote de conscience des parlementaires (d'autant que la Constitution interdit le mandat impératif à peine de nullité) sauf question de confiance posée par le gouvernement, donneront du nerf et de l'exigence à notre débat national et fera de l'expression politique autre chose que du verbiage ou de la " langue de bois ".
 
Chaleureusement.

UN NOËL « SYNODAL »
On commence à parler de « cathophobie ». L’Eglise et ceux qui la suivent sont critiqués, agressés, pris à partie, montrés du doigt. Ce qui aux yeux de beaucoup de chrétiens est une défense légitime de valeurs universelles est interprété et présenté comme marque de conservatisme social et manque de compréhension à l’égard de la société moderne.
En beaucoup de points du monde les chrétiens sont aujourd’hui déconsidérés, voire opprimés à cause de la différence qu’ils représentent. C’était le cas en Irak, au moment de la présence de l’armée américaine. Les chrétiens étaient victimes de représailles, parce qu’ils refusaient de s’associer aux croisades contre l’envahisseur. Leur refus de la violence était alors considéré comme une trahison. Si chez nous les disciples du Christ ne sont pas une minorité opprimée, ils n’en sont pas moins dérangeants, lorsqu’ils prennent au nom de leur sens de l’homme et de leur foi en Dieu des positions qui sont à contrepied des idées dominantes. Et certains le leur font sentir.

FAIRE LA VOLONTE DU PERE
Il ne faudrait pas pour autant que nous nous regardions comme des assiégés. Au moment où nous nous apprêtons à fêter Noël, nous ne devons pas oublier que dès le commencement, dès le moment de sa naissance, Jésus a rencontré l’hostilité. Il y a eu celle d’Hérode, puis pendant sa vie publique, celle du monde religieux bien-pensant de son temps. Mais l’obéissance au projet de son Père était pour lui sa force et sa vérité, ce qui lui permettait d’affronter toutes les oppositions. Sans rejeter personne, c’est le lien avec le Père et non pas la considération des scribes et des pharisiens qui lui donnait sa liberté. Ce qui donnait du sens à sa mission c’était de faire la volonté de son Père qui est dans les cieux.
Le chrétien n’a donc pas à être sur la défensive. Plutôt que de chercher à nous protéger et à nous justifier, plutôt que de nous mettre à l’abri derrière des murs qui nous préservent du monde et de ses agressions, ne devons-nous pas plutôt nous préoccuper de ce que nous avons à offrir en tout respect et en toute humilité à ce monde dont nous faisons partie ?
L’Evangile se défend par lui-même, à nous d’en être des témoins authentiques. Jésus n’avait qu’un impératif, c’était de rendre témoignage à la vérité et c’est cette vérité qui fait de nous des hommes libres. Pour nous, chrétiens, cette vérité ce n’est pas un système, ce n’est pas une idéologie, c’est le Christ. Si nous voulons être ses disciples, cela suppose que nous reprenions sans cesse conscience de Celui que nous avons à annoncer et que nous nous donnions toujours les moyens de l’annoncer.

CELUI QUE NOUS AVONS A ANNONCER
La démarche du synode que nous sommes en train de vivre n’est rien d’autre que cela. C’est l’inverse d’une attitude de repli, de défensive, de gestion de crise. Certes il faut faire le compte avec réalisme des forces dont dispose notre Eglise, penser à la meilleure manière de les mettre au service de la mission, mais il faut surtout reprendre appui sur celui-là seul qui peut être la source de notre inventivité, de notre créativité, autrement dit de notre espérance, l’Esprit Saint. Au terme d’une phase d’écoute des personnes, de leurs attentes par rapport à l’Eglise, nous devons nous remettre face à Celui que nous avons à annoncer, et qui est lumière et vie pour tous ceux qui sont dans l’attente. C’est notre acte de foi en lui qui est le gage de la construction du futur.
La célébration de Noël est bienvenue pour nous mettre dans ces dispositions. L’enfant de Bethléem n’est pas venu instaurer un système de puissance, mais ouvrir à un monde nouveau où « sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi », où « nous est né un enfant dont le nom est Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père à jamais, Prince de la Paix ».

UNE NOUVELLE ESPERANCE POUR LE MONDE
Qu’avons-nous d’autre à faire que d’être témoins de cette nouvelle espérance pour le monde, par nos paroles et par nos actes, par notre manière de vivre, par notre manière d’être attentifs, accueillants, respectueux de nos frères ?
Noël, c’est, comme dit le prophète Isaïe, « le joug qui pesait sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, le bâton qui meurtrissait leurs épaules qui ont été brisés ». C’est un message de lumière, de paix et d’amour pour tous les hommes. C’est un enfant qui l’incarne.
En cette année synodale tâchons de recueillir les promesses qu’il porte et de les traduire dans le quotidien de notre vie ecclésiale. Alors nous serons crédibles et nous pourrons être sereins.
A tous belle fête de la Nativité.
+Marc STENGER
Evêque de Troyes

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