mercredi 26 décembre 2012

Français d'adoption et croyant, musulman et Africain il observe notre visible

I

Les conventions m'ont longtemps plus pesées qu'autre chose. J'ai fini par me réconcilier à chaque fois que j'en retrouve le sens ou y trouve un sens. Les voeux sont de ceux là. Recevez, avec toute votre famille, mes meilleurs voeux pour ces fêtes de fin d'année. Une pensée a votre fille en particulier, déjà  sans doute, "trop vielle", pour croire au miracle père Noel, mais encore assez jeune, pour être encore dans la totale magie de Noel.
A Notre Dame, tout à l'heure, ils n'ont pas  fait simple : La crêche est "perdue"  dans  la reconstitution de tout Béthléem. J'irai voir tout  à l'heure ce qu'ils en on fait à Saint Nicolas du chardonnet.
24 Décembre 2012

II

Malaise des banlieues : une équation de compréhension


Dans ce qui suit :
« Petit Français » : désigne un caucasien français de longue ou récente adoption, de situation économique et culturelle modeste.
« Mohamed » : un immigré maghrébin français ou pas, de condition économique modeste
« Jamal » : un français d’origine magrébine lointaine ou proche.

« Petit bourgeois » : propension universelle d’un individu de niveau économique et culturel modeste à se reconnaître dans les valeurs de la classe économico-culturelle située au dessus.

Trappes. La N10 longe de petits pavillons modestes mais proprets, parfois coquets et des résidences de rénovation urbaine de bonne facture, flambant neuf.
Plus en retrait, quelques barres des années 60 plutôt bien ravalées. Cage d’escalier choisie au hasard : Rien d’avenant mais rien de sale ou vandalisé non plus.
Marché et magasins d’alimentation propres, client sereins, de tous âges, propres sur eux , d’allure normale. Mais que des visages maghrébins et quelques africains.
L’ambiance est sereine.
L’image forgée par l’actualité télévisuelle tombe en morceaux. Le lieu n’est pas riche, ni charmant mais n’a rien d’effrayant et rassure quant à l’état de ce « quartier » de France.
Dans tous les cas il y hiatus considérable entre le Trappes de mes représentations et le Trappes visité.

Souvenir : il y a quelques années une recherche d’ appartement dans une ville du Nord,  et d’un conseil amical : «  tu cherches un appartement, alors … en centre ville mais pas à Grande Synthe »
Neuf ans  plus tard, cette banlieue est toujours  une ville populaire  proprette, sans clientèle particulièrement difficile, notamment lors de la venue aux urgences des hôpitaux. Toujours peuplée de 40%  de population maghrébine.
Commentaires sur les villes des environs : sur Gravelines :« c’est une ville coquette » ( mais où 60 % des foyers exploitent de façon éhonté les dispositifs d’aides sociales sans aucun frein , puisque que indigènes) ;  de Fort Mardick «  dommage qu’il y la pollution sinon ce serait bien »…
Par contre au niveau de la clientèle qui fréquente les urgences c’est de Gravelines et fort Mardick qu’arrivent les ivrognes du samedi soir, les bagarres de sortie de boites de nuit, les malades imaginaires du jeudi après-midi, veille de week-end prolongés, avec demandes de certificat médical, pour faire valoir en droit ce qui n’est pas de droit. Et que le petit doigt écrasé par une porte, arrive avec une ambulance de pompier entouré de 4 sapeurs subventionnés.

Banlieue du Nord depuis 9 ans, Trappes aujourd’hui : les mêmes pavillons coquets, les mêmes barres pas si effrayantes que cela, et tout  à coup une compréhension du fossé entre une réalité et un phantasme.

Des  pavillons où  de «petits Français » – n’ayant  pu ou su prendre  les ascenseurs sociaux de leur génération – ,ont achetés ici, lorsqu’ils avaient 30 ans, dans les  années  80 ou 90. Comme "toutes les petites gens » de tous les pays du monde, ils ont  le mythe «  petit bourgeois » dans la tête et sont les « conservateurs atones » des références bourgeoises.
Ils ont acheté leur maisonnette et lui veulent toutes les caractéristiques de LA maison bourgeoise. Son côté retiré, calme, en ambiance verdoyante. Eux qui sont ouvriers et petits employés au verbe haut et l’alcool bavard, travaillant en ambiance peu agréable, parfois sale et bruyante,  aspirent  davantage  à l’absence de bruit, à la civilité, et aux valeurs bourgeoises d’identification, dont ils connaissent les principes sans en avoir le mode d’emploi élastique.

Face aux  pavillons,  des barres, que les « petits  français »  on pu d’ailleurs occuper avant de «  s’embourgeoiser ». Désormais des « Mohamed », arrivés dans les années 80, y sont  logés.

« Mohamed » est hors classe sociale en France, mais de là où il vient, il est rarement ni le plus paresseux, ni le plus maladif, ni le moins éduqué. Le migrant est souvent un téméraire, jamais  parmi les plus  malheureux chez  lui, osant  tout quitter, parce que précisément il veut gagner ce que sa nature lui dit qu’il peut mériter, mais que son environnement  ne peut lui fournir.

« Le Mohamed » des années 80 voyait bien dans le regard et la posture du « petit français » ; qu’il était le mal venu  car il lui rappelle que, bien qu’il se fait appeler « technicien en ceci », « chargé de cela » voire  « responsable de ceci ou cela », il demeure un ouvrier, un employé, une femme de ménage.
Mais  Mohamed est un migrant ; dans sa tête, il n’est pas chez  lui. Il sait que chez  lui il ne reçoit  pas mieux les « Mamadou Coulibaly ». Alors il esquive l’impolitesse, est sourd  à l’insulte  et aveugle au mépris.

Mohamed a  un fils, « Jamal ».  Petit enfant, surpris  et pris au dépourvu,  il a serré les dents. Il a entendu à l’école une petite tête blonde lui répéter, sans  méchanceté, ce qu’elle entend  à la maison : « il y a trop de bougnouls en France », au collège ;qu’il serait « si bien d’aller en apprentissage » et croisant « le petit français », il réalise l’impossibilité de rencontrer son regard, quand il ne faisait pas une bêtise de gamin dans la rue.
Jamal a 20 ans à présent, il est grand, fort et se sent chez  lui.  Il croise le petit  français  devenu grisonnant, il n’en rate  pas  une : Par son habillement, sa façon d’occuper le trottoir , de répondre avec désinvolture à une remarque justifiée ; bref il n’en rate  pas une pour dire  au petit français: j’ai «  survécu » , « je suis là », « j’existe » et  « je t’emmerde ».

Le  petit Français  n’en  peut plus. Non seulement  son rêve de  bourgeois n’existe  pas, mais  Jamal  sait lui répondre et l’attaquer. Il ne peut plus faire  "les bonnes blagues d’arabe pour rire", que Mohamed prenait avec un sourire contraint.
 Il y a même des Jamal qui ont réussi comme ses enfants : ils sont  kiné, employés du tertiaires, on dit même que le Jamal du Mohamed de la barre 5 est en école d’ingénieur….
Le problème n’est plus qu’il y a trop d’immigrés qui prennent possession de l’espace,  mais bien qu’ils s’approprient le pays mentalement, se sentent chez  eux et ajoutent une culture française empreinte de Maghreb à celles aux couleurs  européennes précédentes.
Le petit Français  n’est  pas raciste, il est le perdant de l’ordre social établi et sait ne pouvoir faire mieux dans l’ordre social à venir.

Le Français raciste, n’habite pas là, il a bénéficié d’une meilleur éducation et est pourvu d’une intelligence et d’un caractère plus affirmé. Il est médecin, magistrat, journaliste, élu, prêtre ou enseignant. Il pense le racisme en termes rationnels et le justifie par le mal être « du petit français ». Alibi de ses débats et bras armée de ses futurs progroms rêvés.

Une équation de compréhension du malaise des banlieues est bien :
(petit français + immigrés) X (illusion de bourgeoisie+dynamique d’appropriation) = malaise social surinvesti


Amitiés
26 Décembre 2012

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