samedi 1 décembre 2012

Inquiétude & Certitudes - samedi 1er décembre 2012


Samedi 1er Décembre 2012

Hier
Expédition ici d’un courriel désespérant de l’Elysée : la reculade sur la nationalisation de Florange [1] avec des réactions fortes de Pierre S. [2] mon camarade de Franklin avec qui j’ai monté nos premiers repas de promotion en 2009 ou du cher et précieux Idoumou, d’outre-Sahara [3].
Ce matin

Quelle plus grande joie pour un croyant (et juifs, chrétiens, musulmans nous sommes tous de ce tonneau, de cette lumière) que d’avoir une telle conscience de sa pauvreté, de ses impasses pour en recevoir la suite si logique de la remise en Dieu de tout, de soi, assez facilement, du monde et de l’histoire plus difficilement, de celles et ceux dont nous avons la charge (comme elles et eux l’ont de nous). Une nouvelle respiration se fait, elle est de fond, elle m’émancipe, nous émancipe de nous-mêmes, corps et sensibilité. L’esprit, le nôtre, jubile de cette libération. Alors l’écoute se fait, qui est prière. – Ce matin, Marguerite qui m’a adressé successivement un SMS avec son portrait depuis le portable de sa mère, puis a constitué son premier diaporama pour inaugurer l’ordinateur de son portable, et m’a gratifié du premier message expédié de sa messagerie personnelle (elle ouvre son blog. la semaine prochaine…) devient destinataire de cette écriture quotidienne devant les textes du jour. Avancer dans la joie à partir des peurs et des pleurs, avancer vers le jour de maintenant… quoi de plus naturel et aisé si c’est en prière. Restez éveillés et priez en tout temps ; ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme [4].  Voici pour nous. Il tient en main les profondeurs de la terre et les sommets des montagnes sont à lui ; à lui la mer, c’est lui qui l‘a faite, et les terres, car ses mains l’ont pétrie. Voici pour Lui, notre Seigneur et Dieu. Voici que je viens sans tarder. Là est notre réunion ultime, là est le mouvement le plus intime, personnel, le plus universel et cosmologique, celui de la création, c’est-à-dire de tout le vivant.  – Fête et mémoire de Charles de FOUCAULD, notre parent éponyme, que mon arrière-grand-mère a bien connu et pour lequel elle garda une totale dévotion, c’était son prénom, c’est aussi le mien puisqu’au vrai je me prénomme Bertrand-Charles, tout exprès. Toute la dialectique de ma vie spirituelle et de ma vie tout court, vient en grande partie de lui. Rien que son évocation, fréquente en homélie chez mes Pères Jésuites à Saint-Louis de Gonzague, me faisait rougir, frissonner et trembler.Mon cher aîné Claude avait et a toujours une grosse médaille de bronze sombre à son effigie, son service militaire à Gao puis à Tessalit – les régions si chaudes d’en ce moment-ci – doit beaucoup à cette dévotion, et mon choix de la Mauritanie pour mon propre service national, plus encore. Je perçois maintenant que cet avenir du Sahel, cette croisée des chemins de ma chère Mauritanie, ce devenir du Sahara peuvent être remis à ce saint de la recherche d’état de vie – certes – mais qui avait en revanche, quand il ne s’agissait plus de lui mais de la France dans sa relation avec les autres, toutes les forces de la certitude scientifique et chaleureuse avec un intense respect, une intense curiorité du paysage en géographie et en spiritualité. Ce saint français des dialogues avec l’Aménokal au Hoggar et avec le général LAPERRINE pour une présence administrante qui ne soit que transitoire et partage, connaissance mutuelle, peut être notre inspiration et notre recours dans ce moment où tout peut réussir ou tout peut rater dramatiquement. Qu’il le soit ! creuser ses écrits sahariens, pas tant religieux, c’est désormais du domaine public, mais sa pensée et ses dialogues. Homme de dialogue s’il en est puisque le dictionnaire touareg-français, et français-touareg, c’est lui, et que notre première connaissance des confins au Sahara occidental, c’est lui. Il n’y aura plus aucune malédiction… La nuit n’existera plus, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera, et ils règneront pour les siècles des siècles… Ils verront son visage et son nom sera écrit sur leur front. Ainsi soit-il. Nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main. Et maintenant, tout ce jour, prier, les yeux baissés, le coeur incliné sur le trésor de la présence.


Chef d’oeuvre pour un gouvernement de gauche : avoir contre soi une partie de la gauche et les syndicats de salariés, en sus évidemment de toute la droite. De diverses expertises ou voix autorisées, il ressort que si les hauts-fourneaux ne sont pas rentables par eux-mêmes et dépendent de toute manière de l’acheteur qu’est l’autre entité, appartenant également Mittal, l’ensemble en revanche l’est. Il apparaît aussi qu’il y avait des repreneurs pour l’ensemble. Ayrault communique qu’il veillera lui-même au respect de ses engagements par Mittal au besoin par tous les moyens de droit. L’Algérie avait tranquillement nationalisé et s’est refusé jusqu’à présent à toute indemnisateur de l’industriel qui avait mis exprès en faillite sa filiale locale. Ayrault pour donner un semblant de justification aux affirmations de Montebourg non suivies d’effet, prétend que nous devons à ce dernier le nouveau rapport de force, qui a été favorable : pas de plan de licenciement ! C’est du même ordre que l’argument d’Hollande, lui-même : sans doute le pacte de discipline budgétaire qu’il avait promis de ne pas ratifier par principe ou au moins en l’état, a été accepté par lui et sans renégociation de texte, mais il y a le pacte de croissance et les 120 milliards d’investissements ou de marchés (dont on ne voit d’ailleurs rien venir).

Le gouvernement change de stratégie ou alors n’était pas homogène sur la question. La confiance en Mittal n’est pas justifiée par le passé – qui est de peu de durée d’ailleurs – et elle n’est pas partagée, d’expérience, par les syndicats. Mailly de Force Ouvrière redit que la nationalisation temporaire était la bonne solution et que le gouvernement s’est contredit. Il est dit que le procédé aurait été abandonné pour ne pas créer un précédent dans lequel tous les salariés d’entreprises en difficulté se seraient engouffrés. Mais précisément quelle est l’essence de ce gouvernement s’il n’a pas pour priorité, quelle que soit la manière d’y arriver, le salut des gens et notamment des salariés. – Evidemment, Arnaud Montebourg devrait démissionner : il n’est ni négociateur ni celui qui impose.


[1] -  ----- Original Message -----
Sent: Friday, November 30, 2012 10:39 AM
Subject: par pitié pour vous et pour le pays

Cher Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Préfet,

je vous en supplie - et je ne suis certainement pas le seul, et je crois bien que la majorité des Français vous en supplient - ne laissez pas le pays entre le choix fruste et binaire soit d'une forfanterie qui a duré cinq ans et fut sans perspective de son début à sa fin, soit d'une lâcheté qui durerait nos quatre ans et demi à venir. Je vous en supplie, vous qui êtes ma relation avec le Président, dont je serai heureux qu'il ait connaissance de ce cri. Et de ce constat : ce qui se joue ces heures-ci.

Florange, PSA, Saint-Nazaire et dans le monde, le conflit ouvert entre l'intérêt public, celui des hommes, et une logique patronale, mercantile quand elle n'est pas spéculative qui vise à la domestication sans recours de tout ce qui est main d'oeuvre, placée à l'encan mondial et toujours au plus fort rabais sinon en forme esclavagiste, et à l'éradication de toute capacité étatique.

Vous le savez. Le Président le sait.

Les promesses explicites du candidat n'étaient pas décisives, et elles seront appliquées. C'est de la promesse implicite d'une reprise en main par le pays de son avenir - ce qui reste certainement la volonté et l'esprit du Président - qu'il s'agit.

Un excès de communication, une dispersion des discours, une non-concentration sur l'essentiel : la restauration de la puissance publique, préalable à l'exercice de quelque volonté nationale, démocratique que ce soit, des éphémérides et des intitulés ministériels multiples et hors sujets, un retour en deux ou trois mois aux déviances de vos prédécesseurs : chaque jour, l'écho d'une décision, d'un arbitrage, d'une explication, d'une pédagogie de l'Elysée, une minoration de fait du Premier ministre.

Le pourrissement, indigne d'un gouvernement, de diverses situations : la mise du gouvernement en minorité au Sénat, déjà quatre fois, l'affaire de Notre-Dame(des-Landes à laquelle il suffisait de surseoir comme à quantité de "grands travaux" par simple mesure d'économie budgétaire.

La reculade annoncée ce matin - à laquelle avec tristesse je m'attendais depuis les propos d'Arnaud Montebourg sur une nationalisation à Florange et ses additions sur la présence désormais indésirée de Mittal en France - enlève désormais toute crédibilité à l'ensemble du mandat présidentiel si elle se confirme, les arrangements, négociations et autres supplications pour emploi par emploi en sauver quelques-uns au mépris de l'ensemble d'un outil, d'une tradition, d'un paassé et de chances d'avenir si changeaient les données mondiales par l'initiative précise de quelques Etats, nous.

Par pitié pour le Président et le pays... il ne s'agit pas d'emploi, il ne s'agit pas de mendicité, il s'agit de rétablir avec bon sens une économie d'avenir à l'échelle nationale et européenne. C'est possible. Les moyens sont connus. Que ni Mittal, ni Laurence Parisot, ni les Echos ne soient préférés aux gens, aux femmes et aux hommes, aux Français et aux Européens. Ce n'est pas de l'idéologie, c'est la vie.

De l'audace, et le premier pas désarmera pratiquement tous les adversaires.

Avec vous. Faites-le... Nationalisez - pour un temps - la sidérurgie française, posez à l'échelle européenne le problème de l'indépendance industrielle, faites le protectionnisme européen. Et dans ce mouvement moratoire des dettes souveraines, nationalisation - pour un temps aussi - du système bancaire et de toute industrie dont les dirigeants ont failli par incompétence ou par cupidité.

[2] -  ----- Original Message -----
From:
To: "Bertrand Fessard de Foucault" <b.fdef@wanadoo.fr>
Sent: Friday, November 30, 2012 11:33 AM
Subject: RE : par pitié pour vous et pour le pays

Sais-tu qu'une réévaluation du yuan de 20%, dans l'état actuel de notre dépendance aux produits faits en Chine, entrainerait une augmentation des prix bien supérieure à celle qui aurait été provoquée la TVA sociale retoquée par le nouveau gouvernement.
Sais-tu si , par solidarité spontanée ( car sauf à avoir de nombreux procès, cela ne peut pas être affiché), les consommateurs de ce pays , ont massivement acheté les produits de l'usine d'Aulnay-sous-Bois. C'aurait été la meilleure façon de supprimer la raison de fermeture de cette usine, sans menace, nationalisation et autres décisions mortelles pour notre pays.
Je n'ai pas envie de me retrouver , sans le décider ,en Corée du Nord ou à Cuba.
Je suis à ta disposition pour t'expliquer certaines réalités industrielles de notre pays et la différence de comportement réel des consommateurs de ce pays par rapport à d'autres.
Amitiés. Pierre

[3] - ----- Original Message -----
From:
Sent: Friday, November 30, 2012 11:20 AM
Subject: Re : par pitié pour vous et pour le pays

Avec vous de tout mon cœur. FH est en train de partir du mauvais pied. Je ne connais pas tous les ministres de son gouvernement, mais j'ai l'impression qu'il reçoit, déjà, le boomerang d'une répartition des rôles entre des ministres...pas très "forts", disons. En bâtiment cela s'appelle vouloir construire un immeuble de dix étages sur du fer 12.
Je suis attentivement cette histoire de Mittal. L'homme était venu chez nous un jour. Sidioca l'avait adroitement éconduit. MOAA lui a vendu une part de notre fer, semble-t-il. C'est un ferrivore insatiable et sans pitié !
La nationalisation, il fallait la faire, pour tordre le bras à l'indien et dissuader d'autres chasseurs de rémunérations rapides de capitaux de tenter des coups tordus. En la brandissant sans la brandir, on donne des espérances incertaines aux travailleurs (avec tous les risques de syndicalisation de  celles-ci d'abord et des déceptions ensuite), sans vraiment émouvoir les "patrons" qui, eux, ont suffisamment de sang-froid pour ne pas avoir peur. On ne frime pas avec un employeur qui paye 20.000 bonhommes ; on lui pince discrètement mais fortement une veine en posant les doigts de l'autre main sur une aorte.
Que faire maintenant? Trouver un "divertissoire", en attendant de se ressaisir?

[4] - Apocalypse de Jean XXII 1 à 7 ; psaume XCV ; évangile selon saint Luc XXI 34 à 36

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