mercredi 12 décembre 2012

Inquiétude & Certitudes - mercredi 12 décembre 2012



Mercredi 12 Décembre 2012

La Vierge fait toujours recette, pourquoi est-ce elle d’ailleurs qui apparaît le plus souvent, et de loin ? Fruit d’une psychologie collective ? Explications que chacun voit différemment et que selon… je ne sais. A notre cinéma habituel, à Questembert, sa halle du XVème siècle, aussi belle sinon plus que celle chère COCTEAU du côté de Milly ? hier soir la Vierge, les Coptes et moi de Namir ABDEL MESSEEH, projection en sa présence. J’y suis venu pour le titre. Déjà, ce « documentaire », il y a deux ans sur les indépendantistes bretons sous l’Occupation, et il y a trois semaines, mon cher Edgard PISANI en testament… Assistance encore plus nombreuse que les moments précédents, la bonne cinquantaine, mais sans jeunesse. Film exceptionnel par une démonstration rare d’empathie du réalisateur avec des amateurs non rétribués (la règle du documentaire) et avec la salle. Trois éléments m’ont saisi et retenu. L’Egypte et notamment le Caire photographiées comme jamais je ne les avais vues : ni le Nil et ses pharaons, ni ses mosquées ou ses foules allant vers NASSER mais les voies rapides surélevées, les embouteillages photographiés pour leurs couleurs, leur touche-touche avec des tenues de camera étonnantes du grand angle tranquille pour des paysages dont l’horizontal est souligné au plus petit, la monotonoe des portières, les entrelacements des camions et des taix, la répétitivité des profils (masculins) au volant et sans regqrd. Les visages, la laideur le plus souvent, le rappel de notre commun métissage car ces visages d’hommes sont souvent très « européens », les jeunes filles surotu quand elles sont priées d’imiter la Vierge en prière sont étonnamment proches des icônes et surtout des images pieuses de la Renaissance italienne ou du XIXème siècle français, l’ovale des faces et des yeux, la perfection du brun et sa douceur pour le regard au ciel, les sourcils, le cheveu, la veillesse et la pauvreté photographiés de cette manière ou rencontrés dans cet esprit sont en fait d’une beauté dont l’intelligence est le vrai carcatère. Enfin, une série de clés pour comprendre les postures identitaires, le milieu dans lequel se déroulent depuis deux ans bientôt la grande mûe : Egypte, rive sud de la Méditerranée. – Je ne savais pas l’importance de cette cohabitation des deux religions, les réflexes communautaristes mais aussi la paix et la tolérance mutuelles, m’a-t-il semblé. Voir et entendre aussi le chritianisme vécu et célébré dans les mêmes termes de foule, dans la même langue, dans les mêmes pétititions d’enthousiasme ou de véhémence que l’Islam m’a marqué. Dieu est de même langue, les salutations aussi. Tatouage de l’apparition sur le triceps masculin, tatouage de la croix au dos du poignet pour le jeune enfant. L’empathie tient à la modicité des moyens telle que tout semble amateur, donc absolument sincère et vécu. Le réalisateur est donc Egyptien d’origine, établi en France, à Saint-Denis, son premier film, sorti le 29 Août, publicisé dans le métro pour un affichage de dérision, apparemment une comédie tenue essentiellement par la mère du réalisateur qui donne le ton à presque tout avec un bon sens et une vérité proche de la série animée des Simpson… et son fils, dont le dubitatif pour le religieux fait le sérieux. Cela commence comme un Tintin, on cherche le lieu d’une apparition puis des témoins, et l’on échoue pour trouver autre chose, sans doute l’idée du film-même se terminant comme cette œuvre italienne dont j’ai oublié le nom, que j’ai vu à la fin des années 50, en noir et blanc, des enfants pourchassés par les projecteurs et les cameras, de nuit courent selon les suggestions de la foule vers une apparition qu’eux-mêmes ne discernent pas. Ici, c’est au contraire une mise en scène tellement drôlatique que sa réalisation semble soudainement vraie – car la Vierge apparaît indirectement et bien plus spirituellement dans le regard des extasiés, sidérés, silencieux. – Leçon de cinéma surtout, et de sociologie à peine accessoirement. La modicité des moyens fait la liberté. L’art du contre-point, c’est cela qui fait bouger. Un documentaire dans lequel il y a de la fiction. L’auteur a cependant mis quatre ans à tourner ce qui semble vécu et film en une semaine. A la volée, noté ce que j’entends de lui. Pas une démonstration de quelque chose, mais une mise en dialogue. J’ai eu pas mal de liberté parce que je n’avais pas de moyens, je me suis nourri des obstacles. Je ne sais pas toujours ce que je veux mais j’y vais. C’est le fait de ne pas savoir ce vers quoi on va qui est intéressant, même dans le processus créatif. Notations de la mère et les répliques de son fils, puisque tous deux sont en scène et appellent, en deux rôles distincts, une même assimilation-appropriation du spectateur. Les chrétiens préfèraient la projection ensuite entre eux, craignaient ce qu’allaient penser d’eux et de leur foi les musulmans. On ne va pas voir les gens, on va voir des pauvres. – En fait, en regardant et en vivant ce film, j’ai vu des rois et des princesses, même chez les vieilles au visage de sculpture grotesque, car nous cherchions et nous étions accueillis. C’est l’accueillant qui est souverain. C’est la demande qui fait de l’autre un roi. – Namir dont je prends les coordonnées internet pourrait aussi donner des leçons pour les mises en scène télévisées de nos politiques, et pour le premier d’entre eux, quel qu’il soit. Le but n’est-il pas de provoquer l’empathie et de faire de l’amateur, de sa spontanéité et de ce qu’il est en parole, en visage, en démarche le modèle attendu, recherché et que le spectateur (le citoyen) par son regard contribue à faire souverain, médiateur, interprète. Ces hommes droits, sans âge qu’une jeunesse de rire et une force de présence, nous tirent très loin de la caricature et du jeu de rôles. Ils se tiennent droits et vrais. Et puis il y a le visage de ce garçonnet, plus riant et aérien que tout le ciel au-dessus du Nil tandis que roule la camionnette que lui et son père ont agrippée en marche. Et le visage d’une ou de deux de ces filles-madonne. Alors l’imperfection, dont jaillit une puissance irrésistible de sympathie, cette imperfection des visages du réalisateur, parlant à un mètre de moi, plus banalement et surtout humblement que dans son œuvre, et de sa mère, sont le summum de l’intelligence, de l’auto-critique. Il est dit que le film retient et se soutient par sa dérision. Je n’y ai vu que de la lumière, la vérité factuelle. L’art du cinéaste a été de ne donner jamais la sensation ni d’art ni d’œuvre, mais d’un compagnonnage nous emmenant, nous les spectateurs, les pélerins de l’introuvable, en la matière puisque c’était le sujet choisi-improvisé, vers finalement rien… que les autres. Namir veut faire un second film, le vrai défi donc. Il court le risque consciemment de perdre un des paramètres de son succès d’œuvre et peut-être de commerce (dernier point non encore acquis) en cherchant des moyens : liberté et document, ou ?. Il veut de la fiction, il pense à nouveau l’Egypte, il reste donc lui-même et n’est pas encore tout à fait réalisateur, détaché de soi-même. Car l’on peut, il peut aussi bien transposer sa parabole et sa méthode dans n’importe quel lieu qui deviendrait – par son talent – de l’exotisme et de l’amitié, langue universelle de la curiosité et de la rencontre. Avec la même méthode, il peut tout traiter parce qu’il a le don rencontrer et de faire faire. Définition aussi de l’art en tant que surprise, sinon fascination du réalisateur par lui-même, du spectateur plus acteur que consommateur si le film provoque cette empathie. – A la sortie, le recteur de Mélensac, promotionnaire de Jean-Eudes, tous deux l’Algérie, quinze jours, il y a quelques semaines. Visa à Nantes que Jean-Eudes est allé chercher, diplomate jeune femme, profession des demandeurs : enseignants, pas un pli. Sur place, dès le second jour, l’archevêché d’Alger dont le secrétariat a facilité leur séjour et les itinéraires,Tibeiïrine, Annaba (les moines martyrs et Augustin). Etat policier où chacun aurait peur de parler politique, mais population non-violente jusqu’à l’extrême. La guerre de 1954 à 1962 dirait plutôt le contraire, ai-je fait… Non car c’étaient des étrangers qui dominaient. Pas aujourd’hui. J’ai été ainsi conforté dans l’idée qui m’était venue de ne pas rédiger une énième note pour FH dans la perspective de son discours algérien, mais tout simplement de lui proposer le texte-même de ce discours… à ces deux prêtres, comme à mes amis mauritaniens, et comme à cette jeune femme d’origine tunisienne, maintenant agrégative de droit public et socilogue aussi des banlieues franciliennes, je donnerai d’abord mon texte, pour adresser ensuite à l’Elysée mon crû et les réactions bien plus autorisées que ma plume. – Le hasard d’hier a fait que du début de l’après-midi à celui de la soirée, les deux films que j’ai vus, le premier avec ma chère femme, ce qui nous a permis des transpositions de couple et une conversation là-dessus autant avec elle, qu’en moi-même, avaient en point commun : l’esprit de famille, son carcan et la timidité qu’il engendre à être soi, la liberté n’est pas d’aller loin mais de se trouver soi, au rebours de presque tout et d’abord de nos défiances et réflexes vis-à-vis de nous-mêmes. Thérèse Desqueyroux et la Vierge, les coptes et moi, donc… MAURIAC, Nobel de littérature, Namir ABDEL MESSEEH, cinéaste débutant. La France de maintenant en constituants et en rayonnement n’est-elle pas leur rencontre… en chacun, en moi.

Prier… [1] c’est tout simple aujourd’hui. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger. Il s’est pourtant agi de la croix. Le judaïsme est espérance du côté de l’homme et promesse du côté de Dieu. L’Islam est immanence, révérence, transcendance absolues. Le christianisme, c’est Dieu proche, saisissable, que les hommes ont pu mettre à mort… Isaïe transcende les trois approches et les trois type de vie et de foi des croyants : Tu ne le sais donc pas, tu ne l’as pas appris ? Le Seigneur est le Dieu éternel, c’est lui qui crée la terre entière, il ne faiblit pas, il ne se lasse pas. Son intelligence est insondable. Il rend des forces à l’homme épuisé, il développela vigueur de celui qui est faible… ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles. Les jeunes gens se fatiguent, se lassent, et les athlètes s’effondrent. Ceux qui mettent… ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer. … Vous trouverez le repos… je vous procurerai le repos. Ainsi soit-il.


[1] - Isaïe XL 25 à 31 ; psaume CIII ; évangile selon saint Matthieu XI 28 à 30

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