mercredi 5 septembre 2012

politique étrangère française - lecture annotée des discours devant la conférence des ambassadeurs


Discours de M. le Président de la République
- XXème Conférence des Ambassadeurs

 

 la première, organisée par Alain Juppé, François Mitterrand étant président de la République . Septembre 1993
Palais de l'Elysée - Lundi 27 août 2012

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Commissaire européen,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, les deux premières à huis clos. Pas de parlementaires. Pas de ministres autres que ceux des Affaires étrangères. Que le Premier ministre (Edouard Balladur) et seulement à la seconde (Septembre 1994). Pas de médias.
Je m'exprime devant vous pour la première fois depuis mon élection à l'occasion de cette Conférence des ambassadeurs, qui est devenue plus qu'un rite, une tradition, un rendez-vous. C'est parce que je sais le rôle qui est le vôtre dans la définition – les ambassadeurs ? et dans la mise en œuvre de notre diplomatie, que j'entends vous exposer les principes qui guident la politique étrangère de la France dont j'ai confié la charge à Laurent FABIUS et les réponses que j'apporte aux grandes questions de la période – mise en scène personnelle étonnante.

Ce qui caractérise, à mes yeux, le monde tel qu'il est aujourd'hui, c'est son instabilité, un ordre ancien a disparu, mais aucun autre n'a encore émergé. Des puissances nouvelles se sont affirmées, fortes de leur population, de leur économie, mais encore réticentes à prendre toute leur place et toutes leurs responsabilités. Les blocs ont depuis longtemps disparu, mais de nouveaux ensembles se cherchent, fondés sur la géographie, les intérêts, les proximités culturelles, mais sans cohérence entre eux.

De nouvelles menaces se sont accumulées, le terrorisme qui n'a pas disparu et qui a même gagné d'autres terrains comme en Afrique, la drogue qui devient le fléau majeur de la décennie à venir, les grandes pandémies qui se propagent en ignorant les frontières, le détournement des nouvelles technologies de l'information qui peuvent donner le meilleur, mais aussi le pire par rapport aux libertés individuelles.

Mais l'instabilité, elle est également économique et financière. La crise touche désormais tous les pays, y compris les émergents, qui paraissaient invulnérables, et fragilise encore davantage les plus pauvres. La régulation internationale, tant proclamée depuis tant d'années, révèle ses insuffisances face aux excès de la finance. La croissance du commerce mondial se ralentit et nous voyons ressurgir des pratiques protectionnistes dangereuses. – la condamnation du protectionnisme à l’instar de Nicolas Sarkozy fait tourner le dos dogmatiquement à toute piste pour le redressement français er européen
Les cours des matières premières connaissent une volatilité qui n'obéit plus simplement à des causes naturelles, il en existe, mais à des mouvements spéculatifs, les marchés agricoles sont devenus des marchés financiers oui. Les considérations géopolitiques sont plus importantes que jamais dans la détermination du prix des carburants. Nous le constatons aujourd'hui, aux dépens même de la croissance mondiale et du pouvoir d'achat des ménages.

A l'instabilité s'ajoute l'incertitude, celle qui pèse sur l'environnement, sur le climat, sur la biodiversité. Convenons, là encore, avec lucidité, qu'après l'échec de Copenhague, le dernier Sommet de Rio sur le développement durable a montré que la mobilisation des Etats restait bien en-deçà des attentes.

Mais la plus grave des incertitudes – très contestable. Le fait est que depuis cette prolifération, personne n’a osé utiliser l’arme atomique, et probablement à cause de cette prolifération. Celle-ci est donc paradoxalement paacifiante, elle incline à la retenue tient au risque de la prolifération nucléaire et à ses conséquences, et aussi aux peurs légitimes qu'une telle prolifération peut inspirer et aux réactions préventives qu'elle peut provoquer – Israël absous par avance ?, menaçant directement la paix. L'incertitude, c'est aussi la permanence des conflits, dont le règlement est chaque jour différé comme au Proche-Orient.

Certes, le monde est aussi porteur d'espoir, il y a la vitalité des peuples, leur aspiration démocratique, les exigences d'une bonne gouvernance et la capacité d'innovation que trouvent toujours les êtres humains. Il y a des lignes qui bougent et des dictateurs qui tombent. En cela, le monde évolue dans un sens qui est celui du progrès.

C'est tout l'enjeu des printemps arabes, dès lors que les formations politiques qui se réclament de l'islam s'engagent à garantir les libertés, notamment celles des femmes, à respecter l'alternance, à protéger les minorités, qu'elles soient culturelles ou religieuses. Il leur appartient, à ces pays qui font œuvre de transition, d'en faire la démonstration et à nous d'encourager le mouvement, sans défiance, mais avec vigilance.

Dans ce monde instable, incertain, mais aussi nouveau, il me revient de déterminer la place de la France  - ce n’est pas très citoyen, ce qu'elle doit faire et surtout ce qu'elle peut faire.
Je partirai de ce qui fait notre identité historique, géographique, politique, celle qui nous permet d'être écoutés, attendus, espérés et surtout utiles.

Je partirai donc de nos valeurs universelles, dont la France a éclairé le monde et qui doivent continuer à déterminer son action internationale. – pétition cocardière Ces valeurs sont celles des droits de l'Homme, de la démocratie, de la justice internationale – la première juridiction internationale a été la proposition de Nicolas II, de la laïcité, de l'égalité entre les femmes et les hommes.  – nous ne sommes pas champions là-dessus, le vote des femmes a attendu 1945

En défendant ces valeurs partout dans le monde, la France porte une conception des relations avec les Etats et affiche une confiance dans les sociétés. C'est quand la France est frileuse ou silencieuse qu'elle recule. Voilà pourquoi nous servons nos propres intérêts quand nous affirmons notre attachement à la démocratie, à la lutte contre la corruption – françafrique et au respect du droit.

La France est un pont entre les nations, y compris les émergentes, entre le Nord et le Sud, entre l'Orient et l'Occident. Notre pays est un acteur et un médiateur du dialogue entre les civilisations – sans doute, mais pompeux. L’Europe est absente de l’exhorde… et cela devant un commissaire européen.

C'est son indépendance qui la rend précieuse au monde.

La France est une puissance mondiale, nous sommes un des rares pays qui dispose encore d'un très large éventail d'actions, doté d'une capacité nucléaire, un pays constamment impliqué dans la vie internationale par sa responsabilité de membre permanent du Conseil de sécurité – ce sont deux attributs, dont l’un n’est plus rare, cf. prolifération stigmatisée plus haut, et l’autre appelé à disparaître ou à être mutualisé avec nos partenaires de l’Union européenne.

Nous fondons notre démarche sur le droit, en s'inscrivant dans le long mouvement de l'organisation de la société internationale. Je veux continuer, au nom de la France, à faire de l'organisation des Nations unies l'instance centrale de la gouvernance mondiale pour préserver la paix – et la démocratie mondiale, où ? comment ?, mais aussi pour protéger les populations. Une organisation capable de prononcer des sanctions et de les faire appliquer en saisissant la justice internationale contre les dictateurs et les crimes les plus graves.

Nous nous inscrivons dans la légalité internationale et je confirme ici que notre pays ne participe à des opérations de maintien de la paix ou de protection des populations qu'en vertu d'un mandat et donc d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies – cela va de soi.

Faut-il encore -- c'est la question qui est posée encore aujourd'hui -- que les membres du Conseil de sécurité prennent leurs responsabilités pour lui permettre de prendre des décisions. Car, le blocage du système conduit, soit à son contournement, soit à son impuissance. C'est pourquoi je dis à la Russie et à la Chine que dans la crise syrienne, leur attitude affaiblit notre capacité à accomplir le mandat que la Charte des Nations unies nous a confié.

Je souhaite faire avancer la réforme du Conseil de sécurité pour permettre à de nouveaux membres permanents comme non permanents d'y siéger. – oui, mais pétition de vingt ans
De la même manière, le système des Nations unies doit s'élargir à de nouveaux enjeux comme celui du défi écologique, c'est pourquoi j'ai plaidé à Rio pour la création d'une organisation des Nations unies pour l'environnement basée en Afrique et ce sera la position de la France.

Sous
ma présidence, j'entends donc que notre pays porte l'exigence d'une meilleure gouvernance mondiale – démocratie ?. La crise financière, économique a montré les limites des institutions actuelles. Le G20, qui avait permis de répondre dans l'urgence à la crise bancaire, doit de nouveau réfléchir sur son rôle, car nous sommes bien loin de la régulation financière indispensable.

Bien des pays d'ailleurs n'ont même pas mis en œuvre les décisions sur les règles prudentielles, pourtant décidées en 2008, alors même que la France et l'Europe ont adopté ces principes, au risque de réduire la distribution du crédit. De même, la lutte contre les paradis fiscaux a été engagée, mais encore trop timidement et les pays qui les abritent devront être plus sévèrement sanctionnés.

Quant à l'ambition, mille fois rappelée, d'adopter une taxation sur les transactions financières, elle se heurte à de fortes résistances. C'est pourquoi j'ai choisi d'aller de l'avant dans le cadre européen d'une coopération renforcée notamment avec l'Allemagne. C'est un acquis du Conseil européen du 28 juin, cette taxe sera définie et mise en œuvre dès le début de 2013. La France continuera de plaider pour son adoption au niveau international, avec l'affectation d'une partie de ses recettes pour le développement et pour la lutte contre le Sida. – héritage non critiquable de Nicolas Sarkozy

La régulation vaut d'ailleurs sur tous les marchés et la volatilité du marché des céréales en ce moment, suite à la sécheresse qui sévit notamment en Amérique, justifie que le G20 puisse rapidement être saisi de cette question et soit doté d'un pouvoir de décision. J'ai demandé au ministre de l'Agriculture de se mobiliser rapidement en ce sens. – déjà en cours
Enfin, lorsque j'évoque notre identité, lorsque je parle de nos valeurs, de notre place dans le monde, de notre attachement au droit, je n'oublie pas aussi l'atout de notre langue et de notre culture – ce n’est pas un atout à jouer, c’est un fait à illustrer. La langue, c'est une manière de penser et aussi d'agir. C'est une bataille pour la pluralité et la diversité. C'est la raison qui explique la présence d'une ministre, madame Yamina BENGUIGUI, pour défendre la place du français à travers le monde. Je vous demande, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, dans votre action quotidienne, de ne jamais oublier que la promotion de la langue, de la création française, c'est l'affirmation d'une vision du monde qui fait place à toutes les cultures.

Tels sont les fondements de la politique étrangère à partir desquels la France doit agir.

Curieusement rien sur l’économie, alors que la « dominante » annoncée de cette conférence esr l’économie, le commerce extérieur

Elle le fera avec ses propres forces, avec sa singularité, avec ses atouts, avec son rayonnement. Mais elle n'y parviendra pas seule. Elle le fera avec ses partenaires européens et aussi avec ses alliés et notamment les Etats-Unis. – sur le même pied les Européens et l’Amérique !

C'est le sens de mon engagement à la tête de notre pays, un pays pleinement européen – comment peut-on être en partie européen, sauf à dire que l’outre-mer nous met ailleurs, ou bien être de la consistance russe ou kazakhe, territoires à « cheval » sur deux continents.

L'Europe est une force qui souvent s'ignore. Elle est, je le rappelle, la première puissance économique du monde – c’est un peu « idiot » de le dire ainsi. Plus exact et pénétrant serait de déplorer qu’elle soti surtout un objet pour son marché commun et pour sa monnaie unique. Je veillerai à ce qu'elle soit plus active et surtout vigilante quant au respect des règles commerciales, à la réciprocité des échanges, à l'ouverture des marchés publics partout. Comment ?

Nous, les européens, devons aussi renforcer nos positions sur les sujets internationaux majeurs et éviter la dispersion ou la recherche d'intérêts purement nationaux. En matière de défense, nous devons aussi prendre nos responsabilités. J'ai décidé d'approfondir encore les coopérations en matière de défense avec le Royaume-Uni – développer car ce n’est pas d’aujourd’hui : l’Europe n’a pas de marine de guerre, n’a pas de logistique en transports, en communication, en veille électronique et nous les inscrivons dans le renforcement des capacités européennes. D'autres grands partenaires, notamment allemands, partagent les mêmes besoins. Le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, qui est confié à M. Jean-Marie GUEHENNO, ses conclusions s'inscriront dans la perspective de l'Europe de la défense dans le cadre de nos alliances.

Alliance, oui, nous en avons une avec les Etats-Unis d'Amérique et cette relation aujourd'hui est marquée par la confiance – donc nous ne quitterons par l’OTAN. J'ai pu constater, avec le président OBAMA, l'importance de nos convergences sur les grandes questions internationales, sur la crise économique, sur l'impératif de croissance. Je souhaite que la qualité de la relation entre la France et les Etats-Unis se prolonge encore ces prochaines années.

Lors du Sommet de Chicago, j'ai rappelé l'engagement de la France dans l'Alliance Atlantique. Ce qui ne m'a pas empêché, avec les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, d'exprimer mes réserves ou de poser des conditions, notamment sur la défense antimissiles – appeler un chat un chat : le bouclier anti russe. J'ai, par ailleurs, demandé à Hubert VEDRINE de dresser un bilan de ce que la réintégration dans le Commandement militaire intégré a réellement apporté à nos objectifs et à l'Europe de la défense. – et si le bilan est négatif, contrairement aux convergences dites plus haut ?
Mais la France a des objectifs propres – adjectif qui prête à ambiguité, qui correspondent à sa situation, à son rôle et même à ses intérêts.
D'abord, la France porte depuis longtemps une ambition pour la Méditerranée, pour qu'elle soit un espace de coopération et non pas de tension – citer Pompidou et Sarkozy. Les échanges économiques qui doivent se multiplier doivent être enrichis par les échanges humains. Les préoccupations de sécurité doivent toujours aller de pair avec une exigence de dignité. Les idées aussi doivent circuler, c'est nécessaire dans le contexte où les pays arabes de la Méditerranée s'ouvrent et s'engagent dans un changement politique. Je veux que nous prenions en compte ces réalités, il y a des retards qui coûtent. Mais la France ne manquera jamais de rappeler que le respect de l'opposition, la liberté de la presse, les droits des minorités, la capacité pour chacun de participer à la vie publique, quelles que soient ses opinions politiques ou religieuses, sont pour la France autant de principes essentiels. et la question des migrations ? sud-nord… Et Israël, pas méditerranéen ?
Ma priorité, c'est de développer ce que j'appelle une « Méditerranée de projets », c'est à cette fin que j'ai demandé au gouvernement de nommer un délégué interministériel à la Méditerranée. Je veux que les compétences du secrétariat de l'Union pour la Méditerranée soient mieux utilisées, avec l'engagement de l'Union européenne et particulièrement de la Commission, nous devons le faire avec l'Europe. Le partenariat de Deauville, qui est une bonne initiative, peut nous permettre d'accompagner au mieux le développement des pays en transition politique. J'accorde enfin une attention toute particulière à la coopération avec les pays du Maghreb, y compris dans ce qu'on appelle le Groupe 5+5 et qui devra permettre de relancer le dialogue. – oublie comme Sarkozy le processus de Barcelone qui a dix-sept ans de fonctionnement
Il y a, entre les deux rives de la Méditerranée, de nombreuses complémentarités. De cette manière pragmatique, nous pouvons ainsi envisager une maîtrise efficace de l'immigration – on la cherche depuis que nous avons voulu fermer nos frrontières, améliorer les échanges professionnels et universitaires, aider l'administration publique de ces pays à se moderniser et puis aussi encourager les échanges entre les milieux d'affaires.

Avec l'Afrique, je veux établir une nouvelle donne. La France maintiendra ses engagements – quels sont-ils : défense ? corruption ? chasse gardée ? ou ? quoi ? vis-à-vis de ce continent plein de promesses. Toutes les puissances du monde y sont, essayent de développer leur influence et les Africains eux-mêmes ne souhaitent pas que la France se désengage. Mais notre politique doit être différente du passé. Elle doit être fondée sur la transparence dans nos relations commerciales et économiques. Elle doit être fondée sur la vigilance dans l'application des règles démocratiques et le respect aussi des choix souverains. Notre vision de l'Afrique doit refléter ce qu'elle – ce que celle-ci est aujourd'hui, c'est-à-dire un continent en forte croissance et qui le sait et qui ne supporte plus le discours larmoyant à son endroit. Un continent où la démocratie progresse, où l'environnement et l'énergie sont autant de sujets majeurs. Un continent avec lequel nous avons une proximité historique, culturelle, linguistique exceptionnelle. En 2050, 80% des francophones seront Africains, 700 millions de femmes et d'hommes, chacun comprend ici l'enjeu.

Je me rendrai dans quelques semaines au Sommet de la Francophonie à Kinshasa. J'y réaffirmerai que la Francophonie, ce n'est pas simplement une langue en partage, c'est aussi une communauté de principes et d'idéaux, dont le rappel à chaque occasion est nécessaire, notamment en République démocratique du Congo. Mais pas seulement là. J'y rencontrerai nos positions politiques ?, les militants associatifs, la société civile, c'est le sens de la nouvelle politique africaine de la France. Tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait. Cette politique sera clairement exposée.

La France doit prendre davantage en compte l'émergence d'un monde multipolaire qu'elle a d'ailleurs tellement de fois réclamé. Les cinq pays composant ce que l'on appelle les BRIC, représentent 40% de la population du monde, plus de 30% du PIB. Raison de plus pour avoir les idées claires sur les rapports que nous comptons avoir avec ces nouvelles puissances.

Avec la Chine, dont l'importance est majeure et pas simplement sur le plan économique. Je veux – le roi dit : nous voulons établir une relation franche sur tous les sujets y compris politiques, y compris les plus sensibles mais aussi sur les questions commerciales et monétaires. A cet égard, le déséquilibre de nos relations économiques est un défi à relever et donc une occasion d'opportunités – plus cela va mal, plus c’est une occasion ?. Il y a un immense potentiel et l'Etat, c'est l'enjeu aussi de cette conférence des ambassadeurs, devra prendre toute sa part – comment ? en quoi ? pour aider les entreprises à agir mais également dire aux Chinois que nous voulons agir toujours sur la base de la réciprocité et notamment par rapport aux marchés publics.

Avec l'Inde, le partenariat stratégique qui nous unit, connaîtra des avancées majeures, en tout cas je l'espère. Il reflète la qualité de nos liens et l'engagement que nous devons avoir avec le deuxième pays le plus peuplé du monde.

Avec la Russie, la France garde un lien historique, singulier, économique aussi, culturel et nous devons nous appuyer sur cette relation pour aussi clarifier ce que nous avons à dire à la Russie, d'autant qu'elle présidera le G20 dès la fin de cette année. Nous devons rechercher ensemble des solutions aux crises internationales sans masquer non plus les désaccords, notamment sur les droits de l'Homme. Mieux vaut les dire que de les regarder de loin.

Avec le Brésil qui s'affirme chaque jour un peu plus comme une puissance active, je souhaite que nous renforcions là encore les échanges et j'accueillerai la présidente du Brésil en France d'ici la fin de l'année.

Enfin je considère – je … que le Japon, troisième puissance économique du monde, grand partenaire de la France, n'a pas reçu toute l'attention qu'il méritait ces dernières années et je m'emploierai personnellement à corriger cette situation.

Mais plus généralement, ma conviction est claire : la France pèsera sur l'avenir du monde en renforçant ses liens avec les pays émergents, d'Amérique latine, d'Asie, d'Océanie, d'Afrique, du Golfe arabo-persique. – bonne dialectique

Et plus près de nous avec la Turquie qui connaît une réussite économique indéniable, qui veut s'arrimer à l'Europe et donc la France aura une relation stable et confiante avec ce pays sans ignorer et sans occulter les sujets difficiles – ce qui ne veut rien dire.

C'est en travaillant à l'intégration de tous les pays dans le jeu mondial -- c'est la responsabilité de la France avec bien d’autres puissances-- que nous éviterons la marginalisation de certaines populations qui ne parviennent pas à sortir de la pauvreté. C'est une des missions assignées à notre politique de développement et que conduit le ministre Pascal CANFIN. Le nombre de pays les moins avancés n'a pas diminué depuis ces dernières années. Je souhaite que notre politique de développement puisse être largement débattue avec qui ? des partenaires étrangers ? le Parlement franiais ? et que nos engagements puissent être inscrits dans le temps – un plan pluriannuel ?. Ce n'est pas simplement un enjeu de solidarité, c'est un enjeu de sécurité par rapport à un certain nombre de menaces.

Et parmi ces menaces, la progression de la production et du trafic de drogue est devenue, je l'ai dit, un fléau considérable, déstabilisant certains Etats, voire des régions entières, fragilisant des sociétés y compris la nôtre et entretenant, le trafic d'armes et parfois le terrorisme. Voilà pourquoi je proposerai à nos partenaires du G8 et des Nations unies d'engager une stratégie mondiale pour lutter plus efficacement qu'aujourd'hui contre le fléau de la drogue.

Mais au-delà de ces orientations, je veux traiter sans délai les questions les plus brûlantes.

Le premier défi, c'est la crise qui frappe l'Europe ; trop d'années d'imprévoyance ont multiplié les dettes, affaibli notre industrie, ébranlé la cohésion sociale. L'Europe a sa part de responsabilité elle aussi, elle ne nous a pas protégés autant que nous l'espérions. La défiance se répand au bénéfice des populismes et le risque, c'est que l'austérité ajoute encore à la mise en cause des politiques européennes.

C'est pourquoi j'ai décidé au lendemain de mon élection, de réorienter l'Europe – c’est dit trop égotiste. J'ai contribué avec d'autres à l'adoption d'un pacte de croissance dont toutes les mesures doivent être mises en œuvre rapidement. La France, par la voix de Bernard CAZENEUVE, fera rapidement des propositions pour amplifier ces politiques, pour donner la priorité à l'innovation et aux investissements, pour défendre la production en Europe et je fais confiance à la Commission européenne ici représentée pour faire en sorte que nous ne perdions pas de temps pour mettre en œuvre ces décisions et dépenser les fonds qui ont été ainsi identifiés, 120 milliards d'euros. On a déjà perdu trois mois. Mon objectif, je ne suis pas le seul à le poursuivre, est également de mettre un terme aux doutes qui entretiennent la spéculation. C'est le sens du Conseil européen et des décisions qui ont été prises le 29 juin dernier. Un accord existe pour que le mécanisme européen de stabilité, en coopération avec la Banque centrale européenne, puisse intervenir pour réduire les taux d'intérêt des dettes souveraines lorsqu'ils deviennent prohibitifs. Faut-il encore attendre que le mécanisme européen de stabilité soit enfin en capacité d'agir. Le tribunal de Karlsruhe fournira la réponse. Autrement dit, nous sommes suspendus à une juridiction nationale, de surcroît indépendante de l’exécutif de notre principal partenaire. S’y est-on bien pris ? existe-t-il un plan B Et pendant ce temps-là, il existe encore le fonds européen, FESF. Donc les mécanismes existent, ils doivent être mis en œuvre et s'ils doivent être encore perfectionnés, la Banque centrale y contribue, je considère que le moment est venu pour que les dispositifs à la disposition des Etats puissent être utilisés si ces dispositifs sont demandés. A la fin du mois de septembre, tout doit être mis en place et le Conseil européen du 18 octobre devra entériner les décisions pour qu'avant la fin de l'année, un compromis soit également trouvé sur l'union bancaire et la supervision au niveau européen, que je souhaite, par la Banque centrale européenne. – contenu de ce compromis ?

C'est dans ce cadre rééquilibré que s'inscrit le traité budgétaire qui sera soumis au Parlement dès le début du mois d'octobre.

Je veux le souligner avec force : la France est totalement déterminée à agir pour l'Europe et pour préserver l'euro. L'euro est irréversible car il s'agit d'un engagement fondamental. Sa défense ne se résume pas, ne se réduit pas à un simple calcul financier, non, elle est la condition de la gouvernance économique.

Elle est aussi ce qui justifie l'union politique. Dès lors la Grèce fait partie de cette communauté politique et la volonté de la France est qu'elle reste dans la zone euro. Elle doit bien sûr prendre des mesures -- je l'ai rappelé au Premier ministre grec lorsqu'il est venu samedi dernier -- elle doit faire la démonstration de sa crédibilité – ce n’est pas une attitude de compréhension ni de confiance. Qu’est-ce qu’un partenaire ? s’il est ainsi traité, précisément par le pays et le nouveau venu au pouvoir en qui il avait intuitivement confiance. Mais l'Europe doit également comprendre que les Grecs ont aussi consenti depuis des années des efforts et donc chacun doit faire son devoir, les disciplines doivent être respectées, la crédibilité doit être montrée. Mais nous devons aussi soutenir la croissance dans ce pays.

D'une manière générale, j'ai proposé que l'Union avance autour de l'idée d'une intégration solidaire qui permette qu'à chaque étape, des mécanismes nouveaux soient accompagnés par des avancées démocratiques. C'est l'union politique. Je suis prêt à répondre aux propositions qui ont déjà été faites – pourquoi la France n’en ferait-elle pas : elle surtout ?. Nous pouvons ouvrir cette discussion immédiatement avec les Européens et en premier lieu avec l'Allemagne. La feuille de route pour l'approfondissement de l'union économique et monétaire dont nous allons discuter d'ici la fin de l'année, c'est déjà un premier pas dans cette démarche – c’est une phraséologie qui a commencé au sommet de La Haye en Octobre 1969 : élargissement (à la Grande-Bretagne) contre approfondissement.

Mais je veux aussi faire des propositions. Le rôle de l'EUROGROUPE et de son président -- et j'en ai saisi le ministre de l'Economie et des Finances -- doit être renforcé. Je propose également que les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent beaucoup plus régulièrement lorsqu'il s'agit de la zone euro ; donc les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro et pas simplement deux fois dans l'année dont on nous avait dit que c'était la preuve de la gouvernance économique. Non. Si nous pensons qu'il y a une monnaie à défendre, une économie à organiser, des politiques de croissance à mener, des disciplines à faire respecter, alors le conseil de la zone euro doit se réunir plus régulièrement.  Rien sur la démocratie ; Pas de solidarité acceptable par les peuples,s’il n’y a un élan nouveau en intégration politique par la démocratie et non par la gouvernance
Cet approfondissement doit aussi nous permettre de mettre en place des instruments de solidarité. A terme, je pense que l'union budgétaire devra évoluer vers une mutualisation des dettes, dans les meilleures conditions pour chacun, de façon à régler les stocks de dettes existantes mais aussi d'emprunter pour l'avenir. Ce sera un élément de discussion. Enfin, l'intégration doit permettre d'avancer vers l'harmonisation fiscale et la convergence sociale et environnementale. – programme de bon sens déjà énoncé par Nicolas Sarkozy
A chaque étape, la France veillera à garantir le contrôle démocratique de ces décisions et de ces mécanismes. A cet égard, la conférence qui permet de réunir Parlements nationaux et Parlement européen est une très bonne initiative. C’est peu.

Je suis conscient que cette démarche ne pourra réunir d'emblée les 27, bientôt les 28 Etats ; alors changeons de méthode. Ceux qui souhaitent s'engager plus vite, doivent pouvoir le faire sans que cela signifie l'exclusion des autres. Certains envisagent de rejoindre l'euro, ils sont les bienvenus, d'autres non, nous devons les considérer comme tels, dans cette position d'être à côté. Je suis favorable à la mise en œuvre de coopérations renforcées qui permettent d'avancer plus vite avec ceux qui décident ensemble de s'engager.

Dans cette réorientation de l'Europe, la relation franco-allemande est bien sûr fondamentale. Le 50e anniversaire du traité de l'Elysée offre l'occasion de donner une nouvelle impulsion. Cette amitié, elle est réelle ; elle n'a pas besoin d'être démontrée. Cette amitié, elle doit être prolongée. Elle n'est pas exclusive. C'est la vocation de la France de discuter avec chacun de ses partenaires, tous nécessaires à la vitalité de l'Europe et avec les institutions européennes, qui peuvent être amenées plus qu'aujourd'hui à jouer leur rôle. Voilà ce que je voulais dire sur l'Europe. Montrer que pour nous, elle est à la fois un sujet de préoccupation parce que la croissance y est faible quand elle n'est pas nulle et en même temps un sujet d'espoir et de mobilisation. – ce n’est pas un très bon paragraphe, alors que le sujet – pivot – réclame un verbe et un argumentaire forts et éventuellement nouveaux
Le second défi, c'est la crise syrienne.

Le principe est simple : Bachar EL-ASSAD doit partir. Il n'y a pas de solution politique avec lui. Il constitue une menace, il continue avec une violence inouïe à massacrer la population, à détruire les villes et à provoquer la mort de femmes et d'enfants, nous en avons encore la preuve ces derniers jours. C'est insupportable pour la conscience humaine, inacceptable pour la sécurité et la stabilité de la région. La Cour pénale internationale devrait être saisie pour que les responsables de ces ignominies puissent être un jour jugés.

Je veux être clair : la France assume toutes ses responsabilités – lesquelles ? envers qui ? secrètement et elle ne ménage aucun effort pour que le peuple syrien obtienne sa liberté et sa sécurité. livraisons d’armes ? de moyens de télécommunications ? logistique sanitaire à la frontière jordanienne ?

Pour y parvenir, nous devons surmonter des obstacles au Conseil de sécurité ; le ministre des Affaires étrangères y travaille. Nous y retournerons le moment venu car la crise syrienne est dangereuse pour tout le monde, en premier lieu pour les voisins de la Syrie. Nous continuerons autant que nécessaire le travail de pression et de conviction au Conseil de sécurité pour parvenir à un consensus de la communauté internationale. Mais dans l'immédiat, il faut agir soit ! mais sans mandat ? .

D'abord intensifier les efforts pour que la transition politique ait lieu le plus vite possible. Dans cette perspective, la France demande à l'opposition syrienne de constituer un gouvernement provisoire, inclusif – adjectif devenu courant en diplomatie, mais le Larousse définit inclusif : comme contenant en soi son contraire… et représentatif, qui puisse devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie. Nous engageons nos partenaires arabes à accélérer cette démarche et la France reconnaîtra le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie dès lors qu'il aura été formé.

Ensuite et sans attendre, nous apportons un soutien appuyé à ceux qui œuvrent sur le terrain pour une Syrie libre, démocratique et garantissant la sécurité de toutes ses communautés. Nous aidons notamment ceux qui organisent les zones libérées sur les territoires syriens. C'est l'initiative des zones tampons proposées par la Turquie sur lesquelles nous travaillons. Nous le faisons en concertation avec nos plus proches partenaires. Enfin, et je le dis avec la solennité qui convient, nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l'emploi d'armes chimiques par le régime, qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d'intervention directe – une « communauté » affrontant la Russie et la Chine ?.

Rien sur le risque d’après Bachar

Je sais la difficulté de la tâche, je mesure les risques mais l'enjeu dépasse la Syrie ; il concerne toute la sécurité du Moyen-Orient et en particulier l'indépendance et la stabilité du Liban – c’est crier au feu.

La même exigence de sécurité collective inspire mon attitude – celle de la France face à la crise iranienne. Il n’y a pas de crise iranienne, pas de guerre civile, pas d’agression ni de ce pays par un autre ni de ce pays contre un autre. On est en face d’une dictature et d’une spéculation en divers domaines stratégique et énergétique
Le programme nucléaire iranien, sans finalité civile crédible, constitue une menace pour tous les pays de la région. C'est d'autant plus inacceptable qu'il est le fait d'un régime qui tient régulièrement des déclarations, encore renouvelées ces derniers jours, appelant directement à la destruction de l'Etat d'Israël. – pourquoi ne pas désavouer à l‘avance, cf. 1967 et le général de Gaulle toute action préventive  d’Israël contre l’Iran
La position de la France est claire : il serait inacceptable que l'Iran se dote de l'arme nucléaire. Et ce pays doit se conformer à ses obligations internationales au titre du TNP qu’il a signé mais aussi des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et l'AIEA. La voix du dialogue reste ouverte car notre objectif est un règlement diplomatique de la crise mais tant que l'Iran ne répondra pas à toutes les questions en suspens et ne se conformera pas à la légalité internationale, c'est la responsabilité de la France – avec d’autres d'accentuer encore les sanctions contre le régime de Téhéran.

C'est dans ce contexte que nous devons aussi agir pour la paix au Proche-Orient.

La France considère -- et ce n'est pas une position nouvelle - que la résolution du conflit israélo-palestinien reste la clef de la stabilité au Proche-Orient et ne peut s'accomplir qu'en reconnaissant aux Palestiniens le droit à l'autodétermination – et à un Etat ? rien là-dessus, c’est une omission décisive et en garantissant à Israël sa sécurité. Une solution durable du conflit israélo-palestinien passe par une paix négociée sur toutes les questions. Dans l'immédiat, je recommande aux autorités israéliennes de reprendre le chemin de la négociation dès lors que les Palestiniens ont levé bon nombre de leurs préalables.

Je sais aussi la situation dangereuse dans le Sinaï. Je fais confiance à l'Egypte et à son nouveau président, issu d'un choix démocratique, pour jouer tout le rôle qui doit être le sien dans la région, au service de la paix, mais dans le respect de ses engagements internationaux.

Il est une autre question qui me préoccupe la France - hautement, c'est le Sahel.

Au nord du Mali s'est constituée une entité terroriste assumée et revendiquée comme telle, qui lance un défi à nos intérêts, à nos valeurs, à notre population. Ce défi, nous y répondons – en quoi ?. La crise malienne est le reflet ou le résultat de l'affaiblissement de l'Etat depuis plusieurs années mais aussi des erreurs commises lors de la fin de la crise libyenne, avec des armes qui sont devenues sans contrôle. Aujourd'hui, les groupes terroristes et fondamentalistes occupent le nord Mali mais veulent étendre leur action à l'échelle de l'Afrique de l'ouest.

La France est directement concernée, non pas dans les formes que nous avons pu connaître, , mais en tout cas, nous aurons à agir, non pas par les interventions d'hier -- ce temps-là est révolu -- notre rôle consiste à appuyer nos partenaires africains ; ce sont eux qui doivent prendre l'initiative, la décision, la responsabilité, et les organisations régionales, dans les actions qu'ils souhaitent mener. Mais notre mission – c’est faible sera à ce moment-là d'appuyer leur action dans le cadre des Nations unies et de ce que décidera le Conseil de sécurité.

Nous avons œuvré avec Laurent FABIUS pour que les Maliens retrouvent un gouvernement stable, engagent un travail de réconciliation ; des appels ont été lancés pour envisager une intervention dans le cadre de la CEDAO, de l'Union Africaine ; la France et tous les pays qui souhaitent mettre fin à cette crise devront appuyer logistiquement cette intervention si elle est organisée et si elle est mise en œuvre dans le cadre de la légalité internationale – cela fait beaucoup de si….

Enfin, le dernier sujet que je voulais évoquer devant vous, c'est le retrait des forces françaises d'Afghanistan. C'était un engagement que j'avais pris, il s'applique conformément à la décision que j'ai adoptée au lendemain de mon élection.

D'ici la fin de l'année, l'armée afghane va prendre possession des zones encore protégées par notre armée. 650 de nos soldats sont déjà rentrés. 2.000 le seront d'ici la fin 2012. Et tout cela se fait en bonne intelligence avec nos alliés eux-mêmes engagés dans un processus de retrait similaire. Je remercie les ministres, ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères, d'appliquer comme il était convenu, ces décisions, sans faire prendre de risques quelconques à nos soldats.

La France continuera à être présente en Afghanistan mais sous des formes différentes. Nous garderons des formateurs pour accompagner les cadres de l'armée, de la police ; nous conserverons surtout une présence civile pour poursuivre nos coopérations, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'émancipation des femmes – comment les talibans distingueront-ils ces formateurs de nos soldats, censément partis ?. C'est le sens du traité d'amitié qui a été signé entre nos deux gouvernements par Nicolas Sarkozyet qui a été ratifié par le Parlement. C'est ainsi que nous accompagnerons le peuple afghan. C'est ainsi que nous donnerons une suite logique à cet engagement. Et c'est ainsi que nous honorerons la mémoire de nos 88 soldats morts en Afghanistan.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, pour mener la politique étrangère de la France que je viens de présenter, nous avons besoin de disposer d'un outil diplomatique de qualité, j'allais dire de grande qualité. C'est le cas : 163 ambassades, 15.000 personnels, ça n'empêchera pas des évolutions, des modernisations, des adaptations mais j'ai pu constater ces derniers mois votre professionnalisme, votre dévouement et la conviction que vous mettez à défendre en toutes circonstances et dans toutes les enceintes les intérêts de la France  la mission dite en début de discours était de déterminer la politique. Je tiens ici particulièrement à saluer les agents du ministère qui, dans les pays les plus exposés, font vivre les idées de notre pays, la présence de la France parfois au péril de leur vie. Qu'ils en soient tous ici remerciés. – définition assez émolliente du rôle des diplomates La France dispose aussi d'un grand réseau culturel ; il nous faut le faire l à encore évoluer, élargir le public touché mais en même temps, je suis particulièrement attentif à ce que ce réseau demeure. De la même façon, pour les établissements scolaires à l'étranger, j'ai souhaité revenir sur la prise en charge telle qu'elle était jusque-là prévue des frais de scolarité, qui créait des injustices et des difficultés d'accès. – le rayonnement et l’attraction pour les élites locales importent encore plus que le confort des expatriés qui ont le concours de leurs entreprises Mais nous devons trouver la meilleure formule pour que ce soit pour les Français à l'étranger une sécurité que de pouvoir disposer d'établissements de qualité.

Nous devons également régler vite la question de notre audiovisuel public extérieur, ce sera fait.

Enfin je veux insister sur un point : la diplomatie, c'est bien sûr l'Etat, le Président de la République, le gouvernement avec sa propre responsabilité, le ministre des Affaires étrangères, les ministres ; c'est aussi les collectivités locales qui, à travers une coopération décentralisée, font partie aussi de la présence de la France. Oui. Et également les régions d'Outre-mer qui demandent à prendre leur part et à qui il faut faire confiance pour être présentes dans les coopérations qui peuvent exister à l'échelle de certains continents. Je souhaite donc que le ministère des Affaires étrangères appuie ces mouvements, ces initiatives et ces efforts.

Le réseau diplomatique est au service des communautés françaises à l'étranger ; c'est la mission de la ministre Hélène CONWAY d'accompagner les Français de l'étranger, de les promouvoir, de les protéger, en liaison avec les parlementaires, sénateurs, députés qui les représentent. Je m'efforcerai pour ma part à chacun de mes déplacements, et je l'ai déjà fait, d'aller à la rencontre de nos compatriotes, pour les écouter, les encourager ; ils participent eux aussi à la diplomatie économique, à la défense de nos entreprises, à la promotion de nos produits et aussi à notre langue.

Laurent FABIUS vous présentera un plan d'action pour ce que nous avons appelé la diplomatie économique. Elle mobilise tout le gouvernement, elle vous mobilisera aussi. L'enjeu, c'est le redressement, c'est-à-dire la capacité d'être plus compétitif, de conquérir des marchés et nous devons chacun y prendre notre part : les entreprises -- ce sont bien sûr, elles, qui sont en cause -- mais nous avons à promouvoir les atouts traditionnels de l'industrie française, le ministre du Redressement productif y est attentif. Et également les nouvelles énergies, l'eau, également le nucléaire civil lorsqu'il est demandé par des pays et lorsque nous disposons de la capacité technique, ou le démantèlement car le démantèlement va être aussi un enjeu industriel pour les prochaines années. Donc ce que vous êtes appelés à faire, c'est bien sûr le travail que vous avez déjà engagé mais que nous devons rendre plus cohérent. Le redressement, c'est partout, pas simplement en France : c'est produire en France, c'est parfois produire à l'étranger pour que nous ayons des retombées dans notre pays en termes d'emplois ou en termes de balance de paiement. Chacun l'a compris -- la ministre du Commerce extérieur est intervenue là-dessus -- nous avons 70 milliards de déficit de notre balance commerciale ; si nous enlevons le pétrole, il reste 35 milliards. Voilà ce que nous avons à faire : conquérir, participer à la recherche de nouveaux produits, développer nos innovations partout à l'étranger, être fiers de nous-mêmes.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, notre devoir est d'œuvrer au redressement de notre pays. Ce redressement passe par l'action que nous menons partout.

Nous le ferons en renforçant notre influence. Nous le ferons en étant fidèles aux principes, aux valeurs qui fondent notre République. Nous le ferons avec notre indépendance mais aussi avec nos alliances. Nous le ferons avec l'Europe, nous le ferons avec les Français qui veulent participer à cet effort.

Nous le ferons en sachant qu'une action lucide, déterminée et cohérente peut changer le cours de l'avenir, en tout cas c'est notre espoir – le volontarisme à la Chirac.

Vive
la République et vive la France !
 *
*        * 


Interventions de Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères en titre

I


XXe Conférence des ambassadeurs - Introduction du ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius - Paris, 28 août 2012

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Je suis heureux d'ouvrir cette nouvelle session de la Conférence des ambassadeurs et de vous y accueillir toutes et tous.

Il s'agit de notre première conférence depuis l'élection du président François Hollande et la désignation du gouvernement ; elle prend donc un relief particulier. C'est d'ailleurs pour moi, la première fois que je vais rencontrer physiquement la totalité d'entre vous. Je veux, en commençant ces journées, vous dire d'abord la fierté qui est la mienne de conduire cette Administration. Il se trouve, c'est le privilège du grand âge, que j'ai eu l'honneur dans le passé de diriger plusieurs grandes Administrations et le gouvernement français lui-même. Et, au nom de cette expérience, je veux souligner le professionnalisme qui est le vôtre et l'estime exceptionnelle qu'il mérite. C’est très bien démarré

Au Quai d'Orsay et dans l'ensemble de nos postes, j'ai trouvé une diplomatie composée de femmes et d'hommes qui sont attachés à leur mission, qui sont loyaux et qui ne ménagent jamais leurs efforts. Le président de la République, le gouvernement, les ministres délégués et moi-même, nous souhaitons nous appuyer pleinement, dans nos actions, sur vous, sur votre expertise et sur vos compétences. – ce qui conquiert l’auditoire et les « chers amis »

C'est dans cet esprit que j'ai souhaité une Conférence des ambassadeurs qui soit orientée vers l'action et qui serve d'abord - je parle à nos ambassadeurs - à vous indiquer les orientations du gouvernement qu'il vous reviendra de mettre en oeuvre  oui. Hier, la plupart d'entre vous étaient présents, le président de la République a donné la Feuille de route. En fin d'après-midi, le Premier ministre et moi-même demain, à l'issue de nos travaux, nous reviendrons sur certains aspects de ces orientations. De nombreux membres du gouvernement - les meilleurs mathématiciens d'entre nous ont compté qu'ils seraient dix-sept – humour, mais dans le fond, c’est trop, participeront à la conférence dans leur domaine respectif. Vous repartirez ainsi - du moins je l'espère - avec des orientations précises à mettre en oeuvre dans vos postes. C'est ce qui fait l'utilité de cette réunion qui rassemble notamment les chefs de missions diplomatiques et les responsables de l'Administration centrale du Quai d'Orsay.

Cette réunion accueille aussi des personnalités que très injustement on qualifie d'extérieures. Au contraire, par leurs compétences, leurs centres d'intérêt, leur expertise, ces personnalités sont associées étroitement à nos travaux. Je les remercie vivement.

De nombreux acteurs du monde économique, de l'enseignement supérieur, de la recherche, de la culture, des responsables d'institutions européennes et internationales, d'autres encore seront présents. Je pense - mais je n'ai pas tous les éléments pour juger - qu'ils doivent être probablement plus nombreux que les années précédentes. Si c'est le cas, c'est parce que je souhaite ouvrir encore plus grandes, les portes et les fenêtres de notre Maison à toutes les forces vives qui sont la France et qui font la France. oui

Les thèmes de notre Conférence cette année reflètent les priorités que je veux assigner à ce ministère. – le je… Notre cap et celui du gouvernement, fixé clairement par le président de la République, c'est le redressement du pays dans la justice. Le ministère des Affaires étrangères doit prendre toute sa part dans sa mise en oeuvre. J'ai donc souhaité pour cette ouverture d'un nouveau cycle que la priorité soit donnée à la diplomatie économique et au soutien que le Quai d'Orsay doit apporter à nos entreprises. Le message à retenir de cette vingtième édition est donc une mobilisation générale pour nos entreprises, pour nos emplois, pour la croissance et pour le redressement. La journée d'aujourd'hui sera consacrée à ce thème. Nous allons, sous la férule aimable et ferme de Pierre Sellal très bien commencer la première séance plénière dans un instant sur la diplomatie économique. La seconde séance un peu plus tard sera dédiée - et c'est je crois nouveau dans notre Maison - aux PME. Ensuite, il y aura des tables rondes qui vont permettre d'entrer dans le détail d'un certain nombre de secteurs : l'énergie, les transports et le développement durable, la santé, les industries pharmaceutiques, les services financiers et certaines zones géographiques, l'Afrique, la crise de la zone euro, les nouveaux émergeants, les nouveaux mondes arabes.

Nous devons également, c'est une évidence, encourager et tirer plus systématiquement partie de la faveur et du rayonnement exceptionnel dont notre culture, notre société et notre langue bénéficie à l'étranger si nous voulons renforcer l'attractivité de notre pays pour les partenariats et les investissements. Une place large sera donc accordée à cette diplomatie d'influence – bon terme, ce sera le thème principal de la journée de demain avec notamment des réunions sur notre attractivité en matière d'enseignement supérieur et de recherche, sur notre action culturelle, sur l'aide publique au développement, sur la Francophonie - nous y reviendrons longuement - et sur le numérique.
En parallèle sont prévues toute une série de réunions qui permettront de faire le point par exemple sur la sécurité de nos communautés à l'étranger et d'aborder des questions d'organisation interne qui sont peut-être moins flamboyantes que d'autres mais qui sont très utiles.

Je veux, en terminant cette très brève introduction, remercier chacune et chacun d'entre vous pour sa présence et tout particulièrement les personnalités dites extérieures mais très proches par leur expertise leur attachement à la France et qui ont accepté notre invitation. Et, sans plus tarder, je vais passer la parole à Pierre Sellal qui va introduire la première séance plénière à laquelle, par un privilège que je ne m'explique pas, je participerai moi-même./. humour un peu forcé

II


XXe Conférence des ambassadeurs - Intervention du ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, au cours de la séance plénière «Diplomatie économique» - Paris, 28 août 2012

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,

Je veux remercier les intervenants ainsi que le Secrétaire général, qui ont contribué à faire de ce débat un moment très utile. J'en retiens au moins quatre enseignements.

Le premier, c'est l'urgence du redressement. Chacun le sait, le président de la République et le Premier ministre y ont insisté, et plusieurs d'entre vous l'ont dit : le redressement économique de la France est la priorité nationale. La priorité de toutes celles et ceux qui sont déterminés à ce que notre pays ne sorte pas des radars de la mondialisation.
Le diagnostic est connu. Notre déficit commercial est lourd : 70 milliards d'euros en 2011. La flambée des prix du baril de pétrole ne suffit pas à l'expliquer. Le dernier excédent remonte à 2002.

Il existe bien sûr plusieurs aspects. L'enjeu de la compétitivité du «fabriqué en France» a été évoqué. Il faut l'aborder sans tabou. C'est le sens de la mission confiée par le Premier ministre à Louis Gallois, un «grand patron» dans tous les sens du terme.

Mais notre sujet va au-delà. C'est tout l'appareil public qui doit être tendu vers l'impératif de redressement. Le ministère des Affaires étrangères doit prendre et il prendra sa pleine part de cet effort collectif. Il y aurait quelque paradoxe à ce que le Quai d'Orsay, spécialiste des crises, ne se préoccupe pas de la crise économique – très bien dit.

L'administration n'a pas à se substituer aux entreprises, ce n'est pas son rôle ; mais elle peut agir - et elle le doit - pour les soutenir. C'est la raison pour laquelle je souhaite que la diplomatie économique soit pour nous une priorité majeure, votre priorité.

***

Un deuxième enseignement que je tire de nos échanges : le redressement est autant affaire de croissance qu'enjeu d'influence. La géométrie des puissances mondiales, en recomposition, est marquée par l'affirmation spectaculaire des BRICS (Chine, Brésil, Inde, Russie, Afrique du Sud), désormais porteurs de la moitié de la croissance mondiale, et par le développement de nouveaux émergents. Cette tectonique est largement déterminée par des critères économiques. Le poids de la France dans le monde se mesure notamment à l'aune de son PIB, de sa balance commerciale et budgétaire, de sa capacité à attirer les investissements.

Or sur ces plans-là, rien n'est acquis. Dans la mondialisation, chaque nation est un peu comme la Reine rouge de Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles : il faut courir pour simplement rester à la même place – très bien. L'enjeu économique est aussi diplomatique : c'est celui de la place et du rôle de la France dans le monde.

L'ensemble des responsables de notre pays doit y contribuer. C'est pourquoi j'ai demandé à quelques personnalités de stature internationale de bien vouloir apporter leur concours. L'ancien Premier ministre M. Jean-Pierre Raffarin l'avait fait avec succès pour plusieurs dossiers entre la France et l'Algérie : il a bien voulu accepter de poursuivre. Mme Martine Aubry a accepté d'accompagner notre action d'ensemble en Chine. M. Louis Schweitzer, qui a notamment mené à bien l'accord majeur Renault-Nissan, fera de même au Japon. M. Pierre Sellal enfin, le Secrétaire général du Quai d'Orsay, suivra particulièrement les Émirats Arabes Unis. Le concours précieux et bénévole de ces personnalités, qui seront rejointes prochainement par un petit nombre d'autres, devrait aider à notre efficacité internationale sans se confondre évidemment avec le rôle permanent de nos ambassadeurs : qu'elles en soient vivement remerciées. – ce n’est pas mal, mais l’articulation avec les ambassadeurs, la place de ceux-ci vis-à-vis des politiques ?

***

Troisième enseignement : nous avons beaucoup d'atouts. Je connais depuis longtemps et j'ai rencontré depuis ma prise de fonctions de nombreux responsables économiques, dirigeants de grands groupes, PME, entreprises de taille intermédiaire qui me l'ont confirmé : l'offre française est excellente dans de nombreux domaines, industriels ou de services : aéronautique et spatial, énergies traditionnelles et renouvelables, transports, eau, gestion des réseaux, bâtiment, agroalimentaire, luxe, santé, chimie, tourisme, culture, art de vivre... Cette offre correspond aux besoins des nouveaux territoires en développement.

La plupart des entrepreneurs que j'ai rencontrés marquent leur satisfaction à l'égard de l'appui qu'ils ont pu obtenir de la part de notre réseau diplomatique, pour des soutiens ponctuels ou pour apporter l'éclairage politique indispensable. Avec les autres administrations et acteurs concernés (je pense notamment au ministère de l'Économie et des Finances, du Commerce extérieur, du Redressement productif, à Ubifrance, aux Chambres de commerce, aux conseillers du commerce extérieur, aux diverses organisations représentatives des entreprises et des salariés, à l'Agence française de Développement, à l'Agence française pour les Investissements internationaux...), le Quai agit pour soutenir l'appareil productif national.

Nos instruments d'influence sont aussi, cela a été souligné, des leviers extrêmement utiles : la France déploie le second réseau diplomatique du monde, accorde chaque année près de cent millions d'euros de bourses aux étudiants étrangers, souvent en partenariat avec de grandes entreprises françaises, fournit aux acteurs économiques une veille scientifique approfondie. Le réseau de nos établissements français à l'étranger est reconnu comme un vrai facteur d'attractivité. Nos 490 établissements dans 130 pays sont précieux et je veillerai à ce qu'ils aient les moyens de bien agir. Plus largement, notre diplomatie culturelle et d'influence contribue fortement à l'attractivité de la France. Nous y reviendrons demain.

Oui, nous avons des atouts. Mais les juges de paix – sens des formules que sont notre taux de croissance, celui du chômage, la balance de notre commerce extérieur et de notre budget, sont malheureusement convergents et négatifs. Nous devons donc collectivement faire plus et mieux.

***

C'est pourquoi nous devons développer le réflexe économique - oui. C'est le quatrième enseignement que je tire des échanges. Notre diplomatie, mobilisée par des préoccupations traditionnelles et par la multiplication des crises, n'a pas toujours pu s'adapter. Notre dispositif de soutien extérieur parait morcelé, parfois peu lisible et pas toujours efficient.

Les grands contrats sont mieux suivis que le commerce courant et les grandes entreprises mieux que les PME - même si celles-ci vont bénéficier à partir de 2013 de l'action internationale de la Banque publique d'investissement. Les initiatives régionales ne sont pas encore assez coordonnées. La question des liens entre la base territoriale de nos entreprises et leur présence à l'étranger n'est pas toujours suffisamment cernée. L'enjeu des investissements étrangers sur le sol national est parfois sous-estimé. Au plan européen, le principe de réciprocité dans les échanges avec le reste du monde reste peu défendu et appliqué.

Je le dis donc clairement : nous devons agir plus vite et plus fort. J'ai souhaité, dès mon arrivée au Quai d'Orsay, inscrire notre politique étrangère dans la stratégie de redressement du pays qu'a fixée le président de la République. En nous appuyant sur vos contributions dont je salue la qualité, en concertation avec les autres administrations, un plan d'action pour donner à notre diplomatie économique cette nouvelle ambition a été élaboré. Je vous demande votre plein engagement dans sa mise en oeuvre, avec un souci permanent d'efficacité, d'utilité et de réactivité. Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation.

***

Ce plan, quelles en sont les grandes lignes ?

D'abord, le soutien de nos entreprises à l'international, le soutien de la promotion du «fabriqué en France» et de la «destination France» pour les investissements sera désormais une instruction prioritaire et permanente de notre réseau diplomatique. Cela commence à mon niveau et à celui des ministres : pour chacun de nos entretiens, déplacements, une réflexion sera menée en organisant si nécessaire des rencontres préalables avec des représentants des entreprises et en les intégrant plus fréquemment dans les délégations ministérielles.

Dans les postes, je vous demande de prévoir dans chacun de vos plans d'action un volet économique détaillé, quantitatif et qualitatif, définissant des objectifs et une feuille de route précis. Nous en ferons régulièrement le bilan. La stratégie économique de chaque poste comprendra en particulier une partie dédiée aux PME et aux ETI.
Partout où cela est pertinent, l'offre française en matière «d'économie verte» sera valorisée. Notre diplomatie économique doit être aussi une diplomatie écologique. Non seulement parce que notre conception du développement s'appuie sur trois piliers : économique, écologique et social ; mais parce que les entreprises françaises spécialistes du développement durable sont parmi les meilleures du monde et doivent être parmi nos «vaisseaux-amiraux» à l'exportation. Dans ces secteurs, vous vous appuierez bien sûr aussi sur nos opérateurs, en particulier l'Agence française de Développement dont la qualité environnementale des services et des projets est appelée à devenir l'une des signatures.

***

Deuxième élément de ce plan d'action : chaque ambassadeur sera désormais clairement positionné à la tête de «l'équipe de France». Vous réunirez autour de vous les services concernés ainsi qu'un Conseil économique constitué de dirigeants d'entreprises, conseillers du commerce extérieur, économistes, chercheurs... afin d'éclairer vos décisions – cela se fait spontanément, mais on peut aussi le formaliser. J'encouragerai le regroupement de nos services de soutien à l'activité économique, partout où ce sera possible. L'avis de l'ambassadeur sera systématiquement sollicité avant la délivrance à Paris de crédits. Les relations avec les collectivités, en particulier les Régions, seront développées.

Certains postes diplomatiques négocient des textes réglementaires et normatifs qui peuvent avoir des implications directes pour les entreprises. Ces dossiers parfois d'apparence technique sont décisifs pour notre compétitivité. Ils doivent être considérés avec le même niveau d'implication que les sujets diplomatiques traditionnels. Certains de nos voisins et amis européens l'ont mieux compris que nous. Je souhaite que ces postes mettent en place des procédures simples qui permettent aux entreprises d'exposer, en amont comme dans le cours des négociations, leurs attentes. Cela se fait déjà pour une part, mais il faut aller plus loin. Les Représentations permanentes, en particulier auprès de l'Union européenne, assureront un dialogue continu notamment lors de la négociation des accords commerciaux.

J'ai écouté attentivement ce que le Vice-président Tajani a dit de la politique industrielle européenne. Comme lui, je suis pro-européen et partisan d'une Europe ouverte ; pas d'une Europe offerte - oui. Est-ce notre intérêt que le taux moyen des droits de douane soit, comme cela est actuellement le cas, de 3,2 % en Europe contre 7,8 % en Asie ? Et que la valeur des marchés publics attribués à des entreprises de pays tiers soit de 312 milliards d'euros en Europe, contre seulement 34 milliards aux États-Unis ? Nos positions dans les discussions européennes devront s'appuyer sur les principes de réciprocité et de juste échange, en nous posant systématiquement la question : «Est-ce bon pour nos entreprises, est-ce bon pour nos emplois en Europe ?». Tel doit être notre fil conducteur.

***

Mieux défendre nos intérêts économiques, c'est également développer nos outils d'influence. C'est un troisième grand élément de notre plan d'action.

Plusieurs postes ont développé des programmes de bourses cofinancés, pour la formation des étudiants étrangers. J'en ai signé deux moi-même récemment. Je souhaite que ces partenariats soient étendus en recherchant, partout dans le monde, les meilleurs étudiants. Nous refermer sur nous-mêmes serait, vous le savez mieux que quiconque, une erreur et une faute. Une personne étrangère formée en France peut devenir le meilleur ambassadeur de notre pays - oui.

Nous disposons aussi des services scientifiques à l'étranger, qui mènent une action de veille utile. Vous en déciderez les orientations prioritaires dans chacun des postes, en fonction des réalités locales et en concertation avec les entreprises françaises sur le terrain.

Je l'évoquai au début de mon propos : la France bénéficie du réseau scolaire à l'étranger le plus étendu du monde. 300.000 élèves, +50 % en 20 ans. C'est un atout majeur. Ce réseau, qui ne sera pas touché par les économies budgétaires mises en oeuvre, accompagne l'évolution des communautés françaises à l'étranger et contribue au rayonnement français. Les entreprises seront associées plus étroitement à leur développement, notamment immobilier.

En matière consulaire enfin, il importe que les postes soient parfaitement informés de demandes spécifiques des acteurs économiques, en particulier en matière de visas, afin que les entreprises et les principaux investisseurs voient leur séjour en France facilité. L'accueil est un facteur clé. Ne sous-estimons pas l'importance de cette politique pour notre attractivité.

***

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Si la diplomatie économique est notre priorité, notre organisation doit la refléter. J'ai décidé de créer au sein du Quai d'Orsay une Direction entièrement dédiée aux entreprises et aux affaires économiques. Elle sera confiée à Jacques Maire, un de vos collègues qui travaille depuis dix ans en entreprise et dont les compétences sont reconnues. Au sein de la Direction générale de la mondialisation, elle sera le point d'entrée des entreprises - bien, concernant leurs intérêts propres mais aussi les sujets liés à la régulation et aux négociations susceptibles d'avoir un impact sur leurs activités. Les autres directions continueront naturellement d'entretenir des relations avec les entreprises dans leurs domaines de compétences, mais en liaison avec cette Direction.

Le «réflexe économique» imprègnera non seulement notre organisation interne, mais également la formation initiale et continue de nos diplomates. En début de carrière comme dans le cadre des formations au départ en poste, des modules de formation sur les enjeux économiques et commerciaux seront élaborés. Plusieurs d'entre vous ont fait le choix d'acquérir une expérience professionnelle dans le monde des entreprises. Je salue cette démarche. Les profils disposant d'une compétence économique seront encouragés dans la stratégie de recrutement du Quai d'Orsay. Les «flux» seront organisés et valorisés dans la gestion des carrières. Ces expériences doivent être un plus, un tremplin, pas un frein.

***

La Communication du Quai d'Orsay devra aussi, c'est le dernier volet de notre plan d'action, mettre l'accent sur la diplomatie économique. Je continuerai à rencontrer de manière régulière les entrepreneurs. Les clubs qui existent et fonctionnent (club des ambassadeurs, club des entrepreneurs) seront développés tout en diversifiant les sujets abordés.

Pour marquer l'ouverture de cette maison vis-à-vis de notre appareil productif, une journée annuelle «Portes ouvertes aux entreprises» sera organisée. La première aura lieu dès cette année. Des «messages aux entreprises» seront développés dans le cadre des points de presse du ministère et nos outils de communication seront mobilisés en ce sens. Nous ferons en sorte que les entreprises françaises, selon des règles précises, bénéficient de certains éléments d'analyse de nos postes diplomatiques. Là aussi, ne soyons pas plus naïfs que nos compétiteurs. Enfin, le dialogue avec les partenaires économiques et sociaux sera approfondi, afin notamment que ce plan soit mis en oeuvre et adapté si nécessaire.

***

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,

Le ministère des Affaires étrangères doit devenir celui des Entreprises – mais qui s’occupera de politique, de relations entre Etats ? d’approche des gouvernants étrangers et des gens d’influence. Il l'est déjà partiellement. Il doit l'être pleinement. La situation du pays et de l'Europe l'exige.

N'opposons pas la présence sur notre sol et à l'étranger. Vous êtes parfois amenés à défendre pour de bonnes raisons les intérêts de tel ou tel acteur français à l'étranger sans pouvoir pleinement prendre en compte les conséquences sur notre sol, notamment en termes d'emploi : gardons à l'esprit notre objectif, il s'agit de servir, avec nos entreprises et d'une certaine manière à travers elles, notre pays et notre territoire.

Le redressement économique est notre priorité. Elle impose une mobilisation totale. Avec le sens du service public et de l'intérêt général qui fait votre professionnalisme et votre excellence, je compte sur vous./.
III


XXe Conférence des ambassadeurs - Conclusions du ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius - Paris, 29 août 2012

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

En commençant ce propos de conclusion, je veux vous redire combien je suis heureux et fier de diriger le ministère des Affaires étrangères. Et cela d'autant plus que nous vivons, avec la mondialisation et les nouveaux défis (économiques, politiques, écologiques) une période où la dimension internationale est décisive, rendant d'autant plus déterminante votre mission et celle de notre maison.

Avec les quatre ministres délégués qui sont à mes côtés (Mmes. Conway-Mouret et Benguigui, MM. Cazeneuve et Canfin), nous entendons nous appuyer pleinement sur les professionnels que vous êtes, dont nous avons pu constater les talents et le dévouement au service de notre pays et de l'ensemble de nos compatriotes.
À l'issue des échanges riches qui ont marqué cette conférence, et qui ont mis particulièrement en valeur les dossiers économiques, je voudrais revenir sur quelques unes de nos priorités immédiates et de long terme, afin que, dans le cadre de la politique tracée par le président de la République et le Premier ministre, vous disposiez d'orientations claires pour agir : c'est aussi, c'est d'abord cela le sens de cette Conférence des ambassadeurs – bonne définition de la conférence..

* *

En cet instant, trois zones de tensions et de crises nous mobilisent plus particulièrement.

- D'abord, le Moyen-Orient et la tragédie syrienne. Depuis notamment les élections, la France est à l'initiative en Syrie sur le triple plan diplomatique, stratégique et humanitaire.

Nous ne ménageons pas nos efforts pour appuyer et rassembler l'opposition, pour aider à dessiner les contours d'une future Syrie libre, démocratique et multiconfessionnelle, pour apporter de l'aide aux populations de l'intérieur et aux réfugiés.

Nous avons organisé la Conférence des Amis du peuple syrien à Paris le 6 juillet dernier, afin que puisse s'exprimer le très large soutien de la communauté internationale aux forces qui s'opposent à Bachar Al-Assad et à son clan. Nous avons pris et prenons des mesures concrètes pour les aider. Avec l'Union européenne, nous avons adopté des sanctions contre ce régime criminel. Le président de la République s'y est personnellement beaucoup investi, il a tracé la feuille de route devant vous lundi dernier et il est déterminé à s'engager pleinement en ce sens.

La France est en effet décidée à faire le maximum pour mettre fin à la domination criminelle du clan Assad. Il est clair qu'il n'y a pas de solution en Syrie tant qu'il reste en place. Chaque mort du conflit syrien est un mort de trop. Les atrocités commises heurtent notre conscience. En même temps, nous devons aider à préparer l'après Bachar. D'où notre soutien à l'opposition, en prenant soin d'insister sur la large union et le respect nécessaire de toutes les communautés. On ne peut laisser croire qu'il y aurait une solution facile à une crise aussi complexe. Notre politique vise à affaiblir le clan criminel de Bachar Al-Assad, à accélérer sa chute inéluctable, à appuyer notamment les zones libérées, à soutenir un gouvernement provisoire légitime et représentatif, en évitant autant que possible la contagion régionale, notamment au Liban. plus éloquent et visuel que Hollande – la manière dont est bâtie cette conférence produit la comparaison et la concurrence. Normalement, le président de la République devrait parler en dernier, personne ne devrait opiner après lui

J'ai moi-même récemment effectué une tournée dans la région centrée sur les questions humanitaires, j'ai mesuré à la fois les drames effrayants qui s'y accumulent, l'action des ONG auxquelles je veux rendre hommage. Je présiderai demain une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour mobiliser la communauté internationale en particulier sur ces enjeux humanitaires.

Dans la région, d'autres questions nous préoccupent gravement. Nous sommes très attentifs à la situation en Iran. Ce grand pays a le droit, en application des traités internationaux, de se doter de capacités nucléaires civiles, mais la détention par lui de l'arme nucléaire porterait notamment le risque inacceptable de la dissémination et d'une nucléarisation de toute la région. C'est dans cet esprit que nous pratiquons une politique à la fois de sanctions et de discussions avec lui, sans grand résultat jusqu'ici. La vigilance active est plus que jamais de mise
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Quant à la question israélo-palestinienne, elle reste la matrice de nombreux conflits. La France souhaite une relance du processus de paix. Notre but reste d'aboutir à la création d'un État palestinien indépendant – ce que n’a pas su dire le Président, viable et pacifique, et de garantir la sécurité d'Israël. C'est dans cet esprit que nous gardons un contact étroit aussi bien avec Israël qu'avec les Palestiniens.

Pour ce qui est de l'Afghanistan, notre engagement passe d'une présence militaire à une coopération civile, avec le départ de nos troupes combattantes, auxquelles je veux rendre hommage, et avec la ratification du traité d'amitié entre nos deux pays. Nous voulons aider l'Afghanistan sur la voie de la stabilité, du développement et de la démocratie, et éviter que ce pays redevienne un foyer pour le terrorisme.

- Le Mali et le Sahel. La crise sahélo-malienne, moins spectaculaire mais menaçante elle aussi, voit s'installer pas très loin de nos propres frontières un foyer majeur d'instabilité, avec des groupes terroristes qui eux-mêmes déclarent considérer la France et l'Europe comme leur ennemi. La conjonction de la faiblesse de l'État malien et de la mise en place d'une zone contrôlée par des groupes terroristes, renforcés par des flux d'armes, de combattants et de drogue, a gravement déstabilisé le Mali et menace plus largement toute l'Afrique de l'Ouest.

Nous n'entendons pas nous substituer aux Africains eux-mêmes. Nous appuierons les efforts qui seront faits par le Mali pour se reconstituer, tout comme ceux des pays de la région dans le cadre de la CEDEAO et de l'Union africaine, ainsi que dans le cadre juridique fixé par les Nations unies, pour déployer si nécessaire et le moment venu une force militaire africaine. Nous sommes engagés avec l'Union européenne dans l'appui au développement et aux forces des pays de la région. Mais une chose doit être claire : pas question de pactiser avec le terrorisme.

Cette crise malienne exige une particulière vigilance de tous les États de la région et de tous nos postes. Elle n'a pas seulement un caractère diplomatique, humanitaire, économique. Elle se traduit aussi par la menace qui pèse sur nos ressortissants, parfois pris en otage. Nous, c'est-à-dire nos postes, nos entreprises, nos concitoyens, qui doivent redoubler de précautions face à ces risques.

La crise au Sahel ne doit pas nous faire oublier les tendances de long terme en Afrique. Malgré des foyers de tension, l'Afrique est un continent d'avenir – c’est une redite lassante: la croissance économique, dans l'ensemble, y est soutenue, les classes moyennes se développent, les investissements directs étrangers ont été multipliés par 8 en 8 ans. La transition démographique est en marche et la démocratisation, sauf exceptions, progresse. L'Afrique constitue un partenaire économique et culturel essentiel et un immense marché à notre porte. On peut dire qu'avec l'Afrique, nous constituons mutuellement notre avenir oui, mais pas tant commercialement que mentalement. L'Europe doit être un allié de l'Afrique – bonne et utile évocation de l’Europe à ce propos, en faveur d'une mondialisation mieux régulée qui lui permette de se développer de manière durable. Bref, la normalisation de nos relations avec l'Afrique est nécessaire, elle ne signifie en aucun cas la banalisation.

- L'Union européenne. La crise a mis et met encore l'Europe à rude épreuve. Elle a révélé les fragilités et les incohérences d'une intégration européenne déséquilibrée : d'un côté une monnaie unique, l'euro, de l'autre, des structures économiques, budgétaires, financières, politiques inadaptées pour la gérer dans la stabilité, la solidarité et la durée. Pour nous, il s'agit à la fois de régler les impasses actuelles et de construire l'Europe de demain.

Dans cet esprit, nous poursuivons avec Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux Affaires européennes, l'objectif d'un meilleur fonctionnement monétaire, économique et financier. Le Conseil européen des 28-29 juin, largement à l'initiative de la France, a donné des impulsions nouvelles vers une politique de croissance. Nous souscrivons aux objectifs de discipline budgétaire équilibrés par une politique de croissance : c'est le sens de la ratification du Traité budgétaire, qui sera soumis au Parlement dans quelques semaines avec l'ensemble des éléments du «paquet» adopté à la fin juin - pacte de croissance, renforcement des mécanismes de solidarité, supervision bancaire, taxe sur les transactions financières.

Les premières avancées du Conseil européen de fin juin devront être appliquées et prolongées. Nous entendons agir dans plusieurs domaines : surmonter la crise des dettes souveraines, retrouver une croissance forte et durable, améliorer la gouvernance de l'Union. Dans l'immédiat, la crise grecque n'est pas encore réglée. La position de la France est claire : nous voulons que soit préservée l'intégrité de la zone euro. Pour cela, il est nécessaire de continuer à appuyer ce pays pour qu'il puisse se désendetter, charge à lui de mener les nécessaires réformes, notamment en matière fiscale – c’est mieux dit que par François Hollande.

Au-delà, nous souhaitons l'introduction d'une union bancaire, avec un fonds de garantie des dépôts et des mécanismes de résolution des crises, en plus de la supervision mise en place. De même, nous pensons décisif d'avancer vers une véritable cohésion financière pour permettre, en échange d'une coordination accrue des budgets nationaux, de renforcer la solidarité, avec l'introduction à terme d'Eurobonds. Il nous faut aussi nous donner les moyens de lancer en commun des projets capables de soutenir notre croissance - dans le domaine de la recherche, de l'innovation, du développement durable, des infrastructures. Dans cet esprit, l'UE doit se doter de ressources propres par le moyen notamment de la taxe sur les transactions financières. Tout cela implique un contrôle démocratique renforcé, en veillant à ce que le pouvoir des parlements soit garanti. Le président de la République a parlé d'«intégration solidaire» pour résumer notre démarche d'ensemble. – pas plus novateur que le Président

La coopération européenne dans le domaine de l'énergie sera un axe majeur de nos propositions. La France, et notamment notre ministère, travaille actuellement sur ce projet qui portera à la fois sur les approvisionnements, sur les énergies propres et du futur et sur les économies à réaliser en matière de consommation. Dans ce domaine essentiel, nous devons unir nos forces avec ceux de nos voisins qui le voudront, comme nos prédécesseurs l'ont fait il y a plus de cinquante ans pour le charbon et l'acier.

En matière de politique européenne, la relation franco-allemande est évidemment fondamentale. Au début de l'an prochain, nous célébrerons le cinquantenaire du Traité de l'Élysée. Ce partenariat est décisif, il doit être équilibré et non exclusif. Cela signifie que nous travaillons et travaillerons en bonne harmonie avec l'Espagne, l'Italie et tous les autres pour surmonter la crise de la zone euro. Nous agirons notamment avec la Pologne et l'Allemagne dans le cadre du «Triangle de Weimar» pour développer l'Europe de la défense, sans oublier notre coopération de défense avec la Grande-Bretagne. Le rapport Védrine reviendra sur certains aspects de notre défense et de notre stratégie par rapport à l'OTAN, dans l'analyse qu'il remettra bientôt.

Le voisinage de l'Europe, par sa proximité et l'étroitesse de nos liens avec lui, occupera une place importante dans notre action diplomatique. Dans le contexte des révolutions arabes, la vision d'un vaste ensemble euro-méditerranéen de coopération, de croissance et de liberté constitue une perspective positive de moyen et de long terme. Nous agirons pour une relance de l'euro-méditerranée. Nous disposons de bons outils pour avancer : le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée, le 5+5, le Partenariat de Deauville. Plutôt que de lancer de nouveaux débats institutionnels, il s'agira surtout de travailler à des projets concrets dans des partenariats à géométrie variable.
Voisinage toujours : nous avons normalisé nos relations avec la Turquie, qui est un acteur majeur aux confins de l'Europe et de l'Asie – certes mais alors quelle relation avec ce pays si décisif et qui peut tant nous apporter ? pourquoi ne pas plaider en sa faveur, à cette occasion-ci. Nous devons par ailleurs nous efforcer d'établir les paramètres d'une relation plus constructive, sans agressivité mais sans naïveté, avec la Russie.

L'Europe, premier bailleur, joue un rôle de premier plan en matière d'aide au développement, de levier sur les régimes dictatoriaux - je pense notamment à la politique de sanctions qui a porté des fruits en Birmanie -, de dialogue politique à haut niveau, notamment sur le nucléaire iranien. Ces actions européennes seront consolidées.

Sur tous ces champs d'action, nous développons et développerons des relations étroites avec les autres ministères qui concourent au rayonnement de la France et à son action extérieure, notamment le ministère de la Défense et celui de l'Économie et des Finances. Je vous invite en votre qualité de représentants interministériels de la France à l'étranger, à veiller à cette bonne et permanente concertation avec l'ensemble des autres administrations.

* *

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

La profondeur du temps long, le sens de la durée, la capacité d'anticipation, la vision pour préparer et planifier sont des vertus essentielles à l'action publique - oui. C'est particulièrement vrai de la diplomatie, où nos succès se construisent avec le temps, ce «grand sculpteur» oui. Une diplomatie qui s'abandonnerait à l'impulsivité et aux coups de barre permanents se révèlerait finalement peu productive - oui. Je veux donc élargir l'horizon au-delà des priorités immédiates dictées par les crises et par les événements, pour aborder maintenant ce qui doit être notre action à plus long terme. «Il faut de la profondeur», allais-je dire, «il faut de la vision» mais je m'arrête avant que l'on ne me compare au ministre de la stimulante bande dessinée publiée il y a quelque temps sur le Quai d'Orsay.

On a parlé, à propos de divers pays, de soft power, de hard power, de smart power. Pour rendre compte de la situation singulière de la France, je parlerai volontiers d'«influential power». En bon français, notre pays entend être «une puissance d'influence».

La France fait en effet partie du petit nombre de pays capables d'agir et de peser significativement sur la scène mondiale. Nous sommes la cinquième puissance économique, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Notre langue est parlée par plus de 200 millions de personnes, dans quelques décennies plus de 700 millions. Nous sommes une puissance nucléaire, une grande nation européenne à la culture et à la science admirées. – cette énumération est pernicieuse, l’influence c’est d’abord l’intelligence Les principes auxquels nous nous référons, le fait que nous nous exprimions souvent au-delà de nos seuls intérêts, avec un souci d'internationalisme, de même que nos liens particuliers avec de nombreux pays, nous permettent d'être reconnus comme une puissance et une puissance utile. Notre pays dispose d'une influence qui dépasse celle qui se déduirait des seules réalités matérielles. La France est bien une «puissance d'influence».

Mais nos atouts doivent être valorisés si nous voulons que notre pays puisse conserver, voire améliorer son statut international dans l'intérêt même de nos concitoyens. Pour cela, il faut une claire vision du monde et de ses évolutions.

Le président de la République a tracé nos priorités. L'Asie, ses nouveaux géants - la Chine et l'Inde - et ses puissances établies - le Japon -, pèse et pèsera d'un poids croissant, ainsi que les grands émergents d'autres continents comme le Brésil : ils sont au coeur de nos priorités. Au-delà des pays émergents de première ligne qui connaissent des taux de croissance élevés, nous accorderons une attention forte aux «nouveaux émergents» d'Amérique latine, d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient. Il s'agit notamment de l'Afrique du Sud, de l'Indonésie, du Viêt-Nam, de la Colombie, du Mexique, de la Turquie et de quelques autres, de l'Australie d'une autre façon - je ne dresse pas de palmarès -, qui sont en train de rejoindre «la classe moyenne mondiale» et constituent autant de perspectives et de marchés nouveaux. Sans rien retirer à nos relations tout à fait essentielles d'amitié et de coopération avec les États-Unis avec lesquels, selon la formule juste, nous sommes «alliés sans être alignés», nous avons à bâtir une relation proche avec ces nouveaux partenaires.

Notre diplomatie d'influence passe par une action forte en faveur du rayonnement éducatif, scientifique, culturel et linguistique de notre pays. C'est notamment la mission de notre réseau en charge des coopérations culturelles, scientifiques et éducatives. Je veillerai à conforter ce dispositif exceptionnel - une centaine d'Instituts français et près de 1 000 alliances françaises dont plus de 400 soutenues par notre ministère. Notre réseau éducatif, universitaire et de recherche, avec 490 écoles et lycées français dans 130 pays, 175 espaces Campus France, 27 instituts de recherche et des milliers de professeurs de français, est un atout à conforter. De même, nous donnerons à notre audiovisuel extérieur - la chaîne francophone TV5Monde, France 24 et RFI, qui diffusent leurs programmes à plus de 200 millions de foyers - la stabilité et la solidité nécessaires pour qu'il puisse affirmer son rôle essentiel.

Les institutions internationales sont, elles aussi, évidemment un enjeu d'influence, qu'il s'agisse de l'ONU et de ses agences, du G8/G20, de l'OCDE, des institutions financières, mais aussi régionales. Nos postes internationaux y jouent un rôle décisif. Notre «politique du personnel» devra être plus anticipatrice qu'aujourd'hui et plus suivie. Concernant les Nations unies, la France appuie, vous le savez, une réforme du Conseil de sécurité, pour permettre à cette instance majeure de mieux prendre en compte les réalités nouvelles et la nécessité d'élargir les cadres dans lesquels sont gérées les affaires du monde. Cette réforme est difficile, mais c'est en étant force de proposition que nous légitimerons notre propre statut.

Autre dimension essentielle de notre influence : la mise en oeuvre et le respect de nos principes – oui, mais des exemples ? depuis trois mois…. La France porte dans son message singulier des valeurs universelles qu'elle défend dans les situations de crises internationales, dans l'ensemble des enceintes internationales et dans ses relations bilatérales. Nous le faisons notamment par rapport aux évolutions des «printemps arabes», où nous sommes et serons très attentifs aux droits de la personne, en particulier ceux des femmes, et au respect des libertés. Cette vigilance est un facteur important de notre identité, de notre rayonnement auprès de nombreux peuples. Tous les deux ans, nous nous fixerons ainsi une grande cause internationale. En 2012-2013, ce sera la cause de l'abrogation universelle de la peine de mort. Je vous demande de vous mobiliser pour cette cause dans chacune de vos ambassades par les initiatives les mieux adaptées.

Au-delà de ces domaines majeurs, je souhaite en effet que ce ministère et l'ensemble de ses agents acquièrent ou développent à la fois ce que j'appellerai le «réflexe économique» et le «réflexe francophone».

- Diplomatie économique. La diplomatie économique - qui est aussi écologique - est la contribution directe que nous pouvons apporter à l'exigence de redressement économique. Nous faisons, vous faites déjà beaucoup et les entrepreneurs apprécient en général notre action. Mais le déficit considérable de notre commerce extérieur, juge de paix de notre compétitivité, montre que nous devons faire plus et mieux. Certes, l'administration ne remplace pas les entreprises et beaucoup d'autres ministères sont aussi concernés que nous, mais nous pouvons et devons les accompagner. Les défis de la croissance et de l'emploi se jouent, pour une part, à l'international. Je ne reprendrai pas l'intégralité de mon propos d'hier, mais je rappellerai juste quelques grandes lignes.
Nous avons besoin d'une diplomatie économique forte, active, réactive, efficace, à l'écoute de tous les acteurs économiques de «l'équipe de France». En continuant de servir les intérêts généraux de la France, le ministère des Affaires étrangères doit devenir, aussi, le ministère des entreprises. Il doit renforcer son «réflexe économique, et les entreprises renforcer leur «réflexe diplomatie».

Plusieurs mesures traduiront cette priorité. Le soutien à nos entreprises à l'international et la promotion de la «destination France» pour les investissements étrangers seront désormais une instruction permanente et déterminante de notre réseau. Vous êtes clairement les chefs de file de notre action économique extérieure qui doit être pour vous une priorité majeure. Dans nos principaux postes, vous vous entourerez d'un conseil économique qui vous épaulera. Au sein du ministère, une direction animée par votre collègue Jacques Maire sera spécifiquement dédiée au soutien des entreprises et aux affaires économiques. Nous développerons la formation de nos responsables diplomatiques en matière économique, ainsi que notre communication et le dialogue avec les acteurs économiques.

Nous améliorerons notre articulation avec l'ensemble des services et des opérateurs concernés par l'action économique extérieure et le soutien à nos entreprises, notamment ceux des ministères de l'économie et du commerce extérieur. Le morcellement qui existe aujourd'hui n'est pas toujours optimal. L'enjeu est, sans perdre notre temps dans un meccano administratif, de simplifier et d'améliorer les services que nous proposons aux entreprises, notamment aux PME et aux ETI qui ont besoin d'appui pour se projeter à l'international. Il est aussi de peser davantage dans les négociations internationales et européennes en matière de coordination des politiques économiques, de politique commerciale et de cadre réglementaire. C'est dans ces enceintes - UE, OMC, G8/G20, FMI, OCDE notamment - que se dessine l'environnement économique dans lequel nos entreprises se meuvent. L'élévation des normes sociales et environnementales et la réciprocité en matière commerciale seront des exigences prioritaires pour établir des termes de l'échange plus équitables. Nos positions seront guidées par cette question simple : est-ce bon pour nos entreprises, pour nos emplois, pour le redressement de la France ?

En même temps, évitons toute confusion. Si une bonne économie est un atout décisif pour notre diplomatie, celle-ci ne peut ni s'y résumer ni être remplacée par elle. Si le PIB déterminait à lui seul les hiérarchies mondiales, cela se saurait et l'Union européenne exercerait une primauté politique par rapport aux États-Unis et à la Chine, ce qu'aucun d'entre nous n'a récemment constaté – c’est sa façon de parler que je connais bien. Le poids d'un pays n'est pas exactement la même chose que son rôle – très bien, mais l'écart entre les deux ne peut pas être durablement massif. C'est pourquoi la priorité économique est majeure.

- Diplomatie francophone. Une autre priorité de long terme sur laquelle je veux insister est la Francophonie. C'est un terrain privilégié pour développer nos liens avec des pays, des sociétés qui partagent notre langue. C'est un atout essentiel. Selon l'Organisation internationale de la Francophonie, 220 millions de personnes parlent le français dans le monde. Ils pourraient être 700 à 750 millions vers 2050, dont 80% en Afrique. Les enjeux sont donc considérables et touchent à la fois à la défense de la langue française, à sa promotion, à celle de nos valeurs.

Le français fonde son rayonnement non pas sur un rapport de domination, certains diraient d'impérialisme, mais sur les valeurs universelles que notre langue a vocation à porter oui, mais aussi sur la qualité de cette langue, sa clarté, sa logique et aussi sinon surtout par les auteurs qui la parlent, l’ont parlé, l’écrivent.. Source de valeurs et de partage, cette langue commune est un véhicule de stabilité et de cohésion, de tolérance et de diversité. Elle doit se montrer créative et dynamique pour s'adapter en permanence aux changements du monde. C'est sur cette base qu'un plan d'action pour la francophonie sera mis en oeuvre, en particulier par la ministre déléguée Yamina Benguigui. Le président de la République y reviendra lors du prochain Sommet de la Francophonie à Kinshasa.

Le plan comportera notamment quatre axes. D'abord davantage d'ouverture et d'accessibilité, car il est décisif que ceux qui le souhaitent puissent disposer de médias en Français, notamment en matière de culture, d'information et de divertissement. Nous développerons donc les technologies de l'information, les coopérations dans le domaine audiovisuel en direction des télévisions et radios francophones et la formation des journalistes francophones. Ensuite, la mobilité est décisive, l'espace francophone doit être un espace d'échanges et de rencontres : un programme d'échanges de type «Erasmus» est à l'étude. L'enseignement est une condition, la première condition, de la vitalité du français : nous nous donnerons les moyens de développer l'enseignement du français, notamment en Afrique, où la compétition linguistique est forte. Enfin, un partenariat pour la croissance est nécessaire afin que le français soit également un outil au service de l'économie dans les échanges nord-sud et sud-sud. Le continent africain affiche depuis une décennie une croissance moyenne autour de 5% par an et la majorité des locuteurs francophones se trouve en Afrique. La francophonie est aussi un enjeu économique et nous devons inciter les entreprises à exploiter les liens que crée la langue. Je compte sur votre mobilisation pour mettre en oeuvre cette démarche, cette véritable diplomatie francophone.

Les Français de l'étranger constituent dans cette perspective un atout et une chance particulière pour le rayonnement de notre pays. Avec le président de la République, nous souhaitons mieux les accompagner, notamment grâce à une meilleure prise en compte de leurs spécificités et une attention particulière pour la vie quotidienne. L'action d'Hélène Conway-Mouret comme ministre déléguée chargée des Français de l'étranger traduit cette attention. Elle conduira des actions et réformes dans au moins trois domaines.

Concernant l'enseignement français à l'étranger, la suppression de la prise en charge (PEC) des frais de scolarité des Français de l'étranger et son remplacement par des bourses était un engagement présidentiel, en raison du caractère inéquitable du système précédent. Cet engagement sera tenu, mais il est nécessaire, en parallèle, de refonder les critères d'attribution des bourses et, plus généralement, de rendre notre système éducatif à l'étranger plus efficace et plus juste tout en maîtrisant les hausses des coûts de scolarité.
Notre réseau consulaire devra, lui aussi, être adapté aux enjeux internationaux et à l'évolution de notre présence dans le monde. Nous devons améliorer la qualité du service public, tout en modernisant et simplifiant certaines procédures. Des propositions en ce sens seront formulées dans la concertation par Mme. Conway d'ici la fin de l'année.
Enfin, l'élection pour la première fois en 2012 de 11 députés représentant les Français de l'étranger à l'Assemblée nationale aux cotés des 12 sénateurs et des élus à l'assemblée des Français de l'étranger, a modifié l'architecture de la représentation de notre communauté expatriée. Il faudra tenir compte de cette nouvelle réalité. Une réflexion est lancée pour améliorer la représentation démocratique et simplifier le système. Les uns et les autres devront être associés à cette diplomatie francophone. – on le doit à Nicolas Sarkozy

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Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Voilà quelques axes qui vont guider votre action au quotidien, en lien avec la feuille de route qu'ont tracée le président de la République et le Premier ministre. Tout ceci s'inscrit dans une certaine conception du développement au XXIe siècle. Je parlerai volontiers d'une diplomatie du développement. Celle-ci passe par une mondialisation mieux régulée, c'est-à-dire notamment capable de se doter de règles pour éviter l'aggravation et le retour de la crise financière. Elle passe par une exigence de réciprocité et d'équité dans les pratiques commerciales, sujet dont l'Europe, jusqu'ici trop naïve, doit davantage se saisir. Elle passe par un modèle de croissance durable, qui associe le verdissement général de nos économies et la prise en compte transversale des exigences sociales et environnementales. La France doit viser le meilleur niveau dans ces domaines.

Ces priorités sont celles que mettra en oeuvre à mes côtés le ministre délégué chargé du Développement, Pascal Canfin. La France, avec son opérateur l'AFD, est et restera un acteur majeur de l'aide au développement. Nous voulons que notre action soit autant quantitative que qualitative. Pour être durable, le développement devra être orienté davantage vers l'économie verte (transports propres, énergies nouvelles, gestion de l'eau et des déchets, urbanisme...), en soutenant le déploiement de l'excellente offre française en la matière. Il doit prendre en compte les paramètres environnementaux et climatiques, car ce sont souvent les pays les moins avancés et les pays émergents qui sont les plus vulnérables. Nous devons conquérir ou reconquérir les premiers rangs dans ce domaine et favoriser la recherche de nouveaux grands compromis qui permettront d'inventer les modes de production et de vie adaptés aux contraintes écologiques du XXIe siècle.

En la matière, la «coopération décentralisée» est un multiplicateur d'influence qui devra être mieux valorisé. J'ai demandé au secrétaire général de l'Association des Maires de France, M. André Laignel, de nous aider par des propositions sur ce thème. Près de 5 000 collectivités territoriales françaises mènent des projets de coopération avec plus de 10 000 collectivités partenaires dans 141 pays. Nous devons en faire autant d'acteurs et de relais pour notre diplomatie économique, pour notre diplomatie francophone et pour notre stratégie pour le développement. Ne commettons pas de confusion : il n'y a pas et il ne saurait y avoir plusieurs diplomaties. La diplomatie doit être coordonnée, mais elle peut être aussi, osons ce néologisme, une «diplomatie démultipliée», qui s'appuie sur et s'enrichit par l'action des collectivités locales, en même temps d'ailleurs que par celle de toute une série de réseaux non-étatiques, caractéristiques des sociétés du futur.

Pour atteindre ces objectifs, - diplomatie économique, diplomatie francophone, diplomatie du développement, diplomatie démultipliée - il faut des orientations budgétaires, des moyens et une organisation adéquats. Après des années difficiles, le ministère des Affaires étrangères a besoin de reprendre du souffle. Nous participerons, bien entendu, à l'effort national d'économies et de réduction des déficits publics : nous le ferons de façon responsable eu égard aux efforts importants déjà consentis. Sur la base des arbitrages rendus, notre budget devrait diminuer sur les trois ans à venir de 1% et de 200 emplois chaque année. Ce sera l'occasion pour nous, dans le respect de l'universalité de la présence française, d'adapter notre outil à nos priorités et aux réalités du monde d'aujourd'hui et de demain, en ayant pour objectif d'améliorer notre rayonnement et notre efficacité. Ce budget permettra - j'y ai insisté - de traiter des questions concrètes, auxquelles vous et vos collaborateurs êtes quotidiennement confrontés : la garantie de la sécurité de nos implantations, l'amélioration des conditions de travail, sur lesquelles les organisations syndicales insistent légitimement, la rénovation de nos systèmes d'information. Les conditions de délivrance des visas devront être améliorées, grâce à la création d'emplois dans ce secteur. Pour les politiques prioritaires que sont les bourses, les échanges d'expertise et les projets de développement, nos moyens d'intervention seront intégralement préservés. Vous serez donc soutenus dans la mise en oeuvre de vos missions. J'ai obtenu que nos moyens de fonctionnement pris au sens large augmentent de près de 7% sur l'ensemble de la période. L'ensemble des agents de notre maison, auxquels je veux rendre hommage, disposeront des moyens de bien travailler.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Les missions sont claires, du moins je l'espère. Vous n'exercez pas vos fonctions par hasard, vous avez choisi le beau métier qui est le vôtre – oui, mais les ambassadeurs sont nommés discrétionnairement et renvoyés de même. Vos compétences sont avérées. Vos tâches sont essentielles. Elles seront traitées par le gouvernement et par moi-même comme essentielles.

Vous pouvez donc compter sur moi pour m'engager pleinement à vos côtés dans cette mission qui me passionne. Notre pays, son gouvernement, moi-même, nous savons pouvoir compter sur vous. Merci./.

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Discours du Premier ministre, M. Jean-Marc Ayrault,
lors de la conférence des ambassadeurs

Ministère des Affaires étrangères, mardi 28 août 2012

Seul le prononcé fait foi
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,


Je veux d’abord vous dire mon très grand plaisir de participer, aux côtés de Laurent Fabius, à ce rassemblement annuel des ambassadeurs. J’ai déjà pu éprouver à maintes reprises la qualité de votre travail et je mesure l’importance éminente de votre tâche au service de la France.

Les Français ont fait le choix d’une voie nouvelle, pour le redressement de notre pays dans la justice. Chacun a pu mesurer les attentes que cette alternance suscite auprès de nos partenaires internationaux.

Nous devons répondre à ces attentes, dans la durée et par des actions concrètes, afin que la France occupe toute sa place sur la scène internationale. C’est une immense responsabilité dont j’ai pleinement conscience. bien
Votre rôle est irremplaçable, car c’est vous qui éclairez le Gouvernement sur la perception de son action par le reste du monde – parfait, la meilleure définition possible. Cette évaluation sans complaisance est indispensable à la réalisation de l’ambition qui nous anime. Et j’attache une grande valeur à l’ensemble de vos propositions ou initiatives.- merci

Je vous l’ai dit, la France est engagée dans un effort de redressement. Chacun le sait, nous sommes confrontés à une situation difficile. Elle exige à la fois de faire face aux urgences – montée du chômage, pouvoir d’achat des Français - et d’engager des réformes de structure, qui impliquent une méthode de gouvernement reposant sur le dialogue oui et la mobilisation de toutes les énergies.

Dans un monde en mouvement, où les cartes de la puissance sont rebattues, la France ne pourra pas exercer pleinement son influence si elle ne recouvre pas une économie dynamique et sa confiance en elle-même. Je suis profondément convaincu que l’un ne va pas sans l’autre et que du succès de l’entreprise de redressement dépend la place de notre pays dans le concert des Nations. La France n’est pas n’importe quel pays : nous devons mener à bien les réformes nécessaires à la préservation du modèle social et républicain qui font sa force.

C’est le sens de l’action résolue de mon Gouvernement en faveur de la croissance et de l’emploi.

Le Gouvernement respectera ses objectifs de réduction des déficits publics, car le redressement passe d’abord par celui des comptes publics. Il conditionne la crédibilité de notre pays, en Europe et dans le monde. C’est une question de souveraineté. Une première étape a été franchie avec la loi de finances rectificative adoptée par le Parlement dès le mois de juillet. Les projets de loi de finances et de programmation pluriannuelle des finances publiques qui seront présentés au Conseil des ministres, fin septembre, confirmeront l’objectif de réduction à 3 % du déficit public en 2013 et traceront une trajectoire de retour à l’équilibre en 2017. Les arbitrages rendus fin juillet garantissent la stabilité des dépenses de l’Etat, dans le respect des priorités accordées à l’éducation, la sécurité et la justice.

J’ai conscience des choix difficiles que cet effort collectif implique parfois, mais le Gouvernement a clairement rompu avec la méthode de la RGPP, au profit d’une approche plus sélective et reposant sur des réformes de fond. S’agissant du ministère des Affaires étrangères, une réflexion sur la manière de moduler la présence de la France dans les pays tiers, en fonction de ses intérêts et en prenant en compte tous les réseaux de l’Etat, est indispensable – bon !.

Notre objectif est de relancer la croissance, sans laquelle il n’y aura pas de recul durable du chômage. Le Pacte européen pour la croissance et l’emploi, adopté lors du dernier Conseil européen, prévoit des financements à hauteur de 120 milliards d’euros. Un travail a été engagé pour identifier des projets qui puissent être éligibles aux "project bonds" ou aux crédits de la Banque européenne d’investissement, au bénéfice de nos entreprises et nos territoires. Je demande à nos ambassadeurs en poste dans l’Union d’identifier des projets conjoints avec nos partenaires. Car c’est à l’échelle de l’Europe que nous tirerons le meilleur profit de ces investissements supplémentaires.

Vous le savez, la priorité du Gouvernement est de restaurer la compétitivité de nos entreprises et notre outil industriel. C’est la condition du redressement productif de notre pays. A cette fin, un rapport a été commandé à Louis Gallois, qui remettra ses conclusions mi-octobre. Parallèlement, nous sommes convenus avec les partenaires sociaux, au cours de la grande conférence sociale, de travailler à la réforme du financement de notre protection sociale, notamment sous le prisme de la compétitivité et de la juste répartition de l’effort contributif. La capacité de nos entreprises à reconquérir les parts de marché perdues ces dernières années en dépend, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation.

Nos PME seront davantage soutenues et bénéficieront de financements adaptés et pérennes. C’est l’objectif que nous poursuivons avec la création, dans les prochaines semaines, de la Banque publique d’investissement et l’examen, d’ici la fin de l’année, d’un projet de loi portant réforme du secteur bancaire.

Je vous l’ai dit, nous devons aussi faire face aux situations d’urgence. Afin de répondre à la première préoccupation des Français qu’est l’emploi, nous avons mobilisé les moyens nécessaires dès le mois de juin pour financer la création de 80 000 contrats aidés supplémentaires et renforcer l’accompagnement des demandeurs d’emplois par Pôle-emploi. Le projet de loi portant création des emplois d’avenir sera présenté au Conseil des ministres demain et sera le premier texte soumis aux parlementaires en septembre. Le projet de loi portant création du contrat de génération sera également présenté avant la fin de l’année. Au total, notre objectif porte sur un million d’emplois.

Vous le voyez, mon Gouvernement – expression que n’eût pas admise le général de Gaulle est pleinement engagé dans l’action et dans un programme de réformes très ambitieux. Ce combat qui se mène sur deux fronts – celui de l’urgence et celui des réformes en profondeur -, est rendu possible par un changement de méthode et par une attention constante portée à la justice.

La France est fréquemment perçue à l’étranger comme un pays incapable de se réformer et de surmonter ses conflits. La conviction de mon Gouvernement, c’est que cette image est avant tout le fruit des erreurs successives de méthode, qui ont souvent conduit les détenteurs du pouvoir à décider d’en haut et dans la précipitation, sans réelle concertation avec tous les acteurs qui font la richesse, le dynamisme et la créativité de notre pays - je pense notamment aux partenaires sociaux ou aux collectivités territoriales.

Le Gouvernement, pour réussir les réformes engagées et les inscrire dans la durée, vise, à l’inverse, à mobiliser largement les Français, les corps intermédiaires et tous les acteurs de la société. Je voudrais souligner, à cet égard, l’exemplarité du processus lancé au mois de juillet avec la grande conférence sociale. Elle a ouvert une série de chantiers décisifs pour l’avenir de notre économie et de notre modèle social.

Dans le même esprit, des consultations ont été engagées sur la refondation de l’école et sur le nouvel acte de décentralisation, voulu par le président de la République. La première conférence environnementale s’ouvrira à la mi-septembre et permettra d’engager la transition énergétique. Des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche se tiendront à l’automne. Ce changement de méthode est d’ores et déjà inscrit dans les faits : dialogue et effort de conviction, plutôt qu’injonction et précipitation. C’est ainsi que nous pourrons transformer le pays en profondeur.

Les Français ne sont pas hostiles par principe aux réformes et personne ne nie la nécessité des efforts à consentir. Mais des efforts justes. Faire prévaloir la justice : c’est ce qui a inspiré notamment le volet fiscal de la loi de finances rectificatives, qui est revenue sur des mesures inacceptables aux yeux de bon nombre de Français, en raison de leur caractère inéquitable. A cet égard, je n’hésite pas à citer devant vous la suppression de la prise en charge des frais de scolarité pour les enfants des Français résidant hors de France, oui, courageux dont vous savez bien qu’elle ne répondait à aucune considération de justice sociale.

De la même manière, le prochain projet de loi de finances poursuivra la réforme de notre système fiscal pour le rendre plus juste et plus efficace, conformément aux engagements du président de la République. La réforme fiscale fera l’objet d’un large débat, mais évitons sur ce sujet essentiel les caricatures. Le Gouvernement a confiance dans la capacité de nos compatriotes à juger par eux-mêmes de la pertinence de cet effort de redressement.

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, il vous revient d’expliquer à vos interlocuteurs, partout dans le monde, que la politique engagée par le Gouvernement vise à remettre la France en mouvement, à redonner confiance à nos concitoyens dans les atouts de notre pays – et ces atouts sont nombreux – je n’aime ni le mot : atout, ni celui de défis. On ne dit plus : rang, grandeur… mais niveau. On a évidemment tort- pour affronter les défis auxquels il est confronté. Dans le monde ouvert, instable et concurrentiel qui est le nôtre, la France sera plus forte si elle fait preuve de cohésion et repart de l’avant, plutôt que de se diviser artificiellement.

Il faudra veiller à inclure, dans cet effort d’explication et de mobilisation, l’ensemble de nos compatriotes résidant à l’étranger, qui disposent de nouveaux élus à l’Assemblée nationale et qui peuvent également compter sur Hélène Conway. Leur rôle est essentiel pour accroître le rayonnement international de notre pays.

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, cette action résolue que nous engageons pour le redressement de la France est inconcevable sans son prolongement européen et international.

Chacun en est bien convaincu ici, le retour à un monde où les décisions nationales se suffisaient à elles-mêmes - s’il a jamais réellement existé – est parfaitement illusoire. Je veux réaffirmer devant vous la volonté du Gouvernement d’une pleine insertion de notre pays dans le monde. C’est ainsi que la France pourra contribuer à le façonner, en fonction des valeurs qui sont les nôtres et de l’idée que nous nous faisons de son avenir.

Nous n’y parviendrons pas sans agir sur le levier européen - oui, dans le cadre d’une construction européenne plus nécessaire que jamais.- oui Je veux rendre hommage à cet égard à l’action de Bernard Cazeneuve, qui souligne à juste titre le besoin d’un projet pour l’Europe qui suscite à nouveau l’adhésion des peuples.

Dans cette perspective, rien ne sera possible sans les liens indéfectibles qui nous unissent à l’Allemagne. Vous savez mon attachement personnel – oui à ce partenaire privilégié et à l’amitié entre nos deux pays, que le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée nous donne l’occasion de dynamiser. Mon intime conviction, c’est qu’au-delà des différences de sensibilité qui peuvent temporairement se faire jour, un accord franco-allemand demeure nécessaire pour avancer. Non pas dans le cadre d’un face-à-face exclusif qui aurait pour objectif d’imposer des solutions toutes prêtes à nos autres partenaires. Mais, en raison d’une conscience aiguë de la valeur – oui de la construction européenne et d’une volonté partagée d’être à la hauteur de notre responsabilité commune à l’égard de l’Europe. - oui

C’est d’ailleurs, comme j’ai pu en faire l’expérience depuis mon arrivée à la tête du Gouvernement, ce que les autres Etats membres attendent de l’Allemagne et de la France - oui. En conséquence, je vous demande de faire vivre, chacun dans l’exercice de vos fonctions, la dynamique franco-allemande – c’est ce que je fus chargé d’initier dans une quasi-ambassade commune au Kazakhstan (1992-1995).

L’adoption du Pacte européen pour la croissance et l’emploi, que j’ai évoqué au début de mon propos, est le premier signe tangible de la réorientation de la construction européenne. Le projet européen ne peut pas se résumer en effet à la seule discipline budgétaire. Ce Pacte sera présenté au Parlement, au début du mois d’octobre, dans le cadre de la ratification du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire. Et le Gouvernement demandera aux parlementaires d’adopter une loi organique qui traduira la mise en œuvre du Traité.

C’est l’engagement que le président de la République a pris devant les Français et c’est l’engagement de la France à l’égard de nos partenaires européens. L’aboutissement de ce processus permettra de renforcer notre crédibilité au sein de l’Union - oui.

Nous continuerons à agir avec détermination pour maintenir l’intégrité de la zone euro, ce qui signifie notamment que la sortie de la Grèce n’est pas une option. Il est urgent de mettre en œuvre les décisions prises par le Conseil européen, le 29 juin dernier, en faveur d’une supervision bancaire intégrée au niveau européen. En ouvrant la voie à un refinancement direct des banques auprès du MES, elle permettra de rompre la spirale négative qui lie jusqu’à présent l’assainissement du secteur bancaire et l’augmentation de la dette des Etats. La Banque centrale européenne devra jouer pleinement son rôle, dans le respect de son indépendance. Et nous devrons manifester notre solidarité à l’égard des pays attaqués par les spéculateurs et qui mettent en œuvre des réformes courageuses.

Nous sommes aujourd’hui devant la nécessité de franchir une nouvelle étape, dans le cadre d’une "intégration européenne solidaire". La réflexion est en cours, sur la base du rapport d’Herman van Rompuy et le président de la République a précisé hier l’esprit dans lequel nous l’envisageons. Nous avons la volonté d’avancer, dans ce domaine, en étroite concertation avec l’Allemagne, afin de tourner définitivement la page de la défiance des marchés.

Mais la crise que nous traversons n’est pas seulement une crise européenne. C’est une crise mondiale qui appelle davantage de coordination internationale - oui.

N’oublions que cette crise trouve ses racines profondes dans les grands déséquilibres mondiaux. Il y a un certain opportunisme à dénoncer l’Europe comme l’homme malade, en décalage avec les fondamentaux des autres économies. Les Européens présents au sein du G8 et du G20 doivent se montrer solidaires et refuser les manœuvres qui ne servent en fait qu’à détourner les regards d’autres problèmes fondamentaux.

Nous pouvons faire aujourd’hui le constat d’un ralentissement global de l’économie mondiale. La pertinence de l’agenda pour la croissance et l’emploi, porté par le président de la République aux sommets de Camp David et de Los Cabos, apparaît d’autant plus grande. Il est urgent de mettre en œuvre les engagements pris notamment par ceux de nos partenaires qui disposent de marges de manœuvre budgétaires et qui ont la possibilité d’adopter des mesures discrétionnaires en faveur de la croissance. Il nous faut également respecter l’engagement collectif à lutter contre le protectionnisme et à renforcer l’OMC, qui veille à la loyauté des échanges internationaux.

Là encore, la force du levier européen doit être pleinement utilisée, pour faire avancer l’objectif de relations commerciales plus équitables. La mise en œuvre du principe de réciprocité doit nous permettre de faire reculer les pratiques commerciales déloyales, qu’il s’agisse des restrictions à l’accès aux marchés publics ou du non-respect de la propriété intellectuelle.

L’objectif d’une meilleure régulation de la mondialisation, tant dans le domaine financier qu’en matière de lutte contre les paradis fiscaux et la corruption, s’impose plus que jamais. En cohérence avec la priorité que nous accordons à l’emploi, nous devons multiplier les occasions de faire progresser la dimension sociale de la mondialisation.
Dans le contexte actuel, je veux aussi rappeler la pertinence du débat que le président de la République – c’est un peu protecteur a ouvert, à Camp David, sur le prix du pétrole et la nécessaire vigilance de l’Agence internationale de l’Energie dans ce domaine.

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, c’est dans le cadre d’une mondialisation mieux maîtrisée que nous devons nous mobiliser très fortement en faveur de nos intérêts économiques à l’étranger. Je voudrais partir du constat rappelé par le président de la République : notre déficit commercial n’a cessé de se creuser ces dernières années ; il s’est détérioré de près de 70 % entre 2007 et 2011. Aujourd’hui notre déficit est dû pour 26 milliards à des importations supérieures à nos exportations dans les domaines autres que l’énergie. L’ambition du Gouvernement est de parvenir à l’équilibre, hors énergie, d’ici cinq ans.

Dès lors, je veux ici saluer le choix de Laurent Fabius de consacrer cette 20e édition de la conférence des ambassadeurs à la diplomatie économique.

Vous avez un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement des projets de nos entreprises, en matière de grands contrats comme au service de nos PME. Dans le même temps, l’attractivité du territoire national doit être valorisée aux yeux des investisseurs étrangers qui contribuent à la création d’emplois et au redressement de notre économie.
De ce point de vue, je tiens à rendre hommage à la volonté – une approbation de Fabius par Ayrault que traduit le plan d’action destiné à mettre les intérêts économiques de la France au premier rang de l’activité du ministère des Affaires étrangères et de son réseau.

Une concertation étroite avec les autres ministères concernés est indispensable – et je salue Pierre Moscovici et Nicole Bricq - pour faire en sorte que tous les leviers d’action soient mis en œuvre de manière cohérente et que "l’équipe France" agisse, dans la cohésion, aussi bien à Paris que sur le terrain. Si nous voulons marquer des points rapidement, il faudra que nos entreprises jouent pleinement le jeu et que les pouvoirs publics s’organisent plus efficacement. Je veillerai, en conséquence, à resserrer le dispositif interministériel, afin d’assurer un suivi, coordonné en permanence, de la promotion de nos intérêts économiques à l’étranger.

Nous disposons de grandes filières exportatrices nationales et elles doivent être confortées – oui, nouss n’arriverons pas avec les seules PME. Elles contribuent à l’image d’excellence de notre industrie à l’étranger. Il en est ainsi de l’aéronautique, du spatial ou de l’agroalimentaire. Le nucléaire civil en fait partie, la modification du bouquet énergétique pour faire passer de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité n’ayant pas pour effet de faire disparaître cette source d’énergie.

D’autre part, nous devons prendre pleinement conscience du continuum qui existe entre notre action d’influence et nos intérêts économiques oui : c’est en accordant une bourse à un étudiant étranger, en développant une coopération scientifique ou universitaire, en mettant à disposition de nos partenaires le meilleur de l’expertise française que nous créons les conditions d’un accroissement ultérieur de nos échanges économiques. C’est pourquoi il était absurde et contraire à nos intérêts de donner l’impression aux étudiants étrangers qu’il n’était pas les bienvenus dans notre pays ; et c’est pourquoi il a été rapidement mis un terme à des dispositions qui constituaient un véritable frein à notre attractivité.

Comme l’a dit le président de la République, il nous faut conserver une politique d’influence forte, dont le dynamisme peut notamment s’appuyer sur la capacité de cofinancement croissante des pays émergents.

Comme notre langue, notre culture fait partie des atouts de notre pays. Elle témoigne de notre vitalité et de notre dynamisme ; elle participe de l’attraction que la France exerce sur le monde ; elle est une source de rayonnement qu’il nous faut pleinement exploiter. En conséquence, la dimension culturelle doit être pleinement intégrée à votre action. A vous de veiller à sa bonne articulation avec la promotion de l’ensemble de nos intérêts.

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, puisque nous voulons gagner en efficacité et en cohérence, j’ajouterai que le changement de méthode voulu par le Gouvernement dans le cadre national peut aussi inspirer l’action extérieure de la France.

Dans le cadre de la feuille de route donnée par le président de la République pour les prochains mois - et je ne reviendrai pas ici sur la mobilisation qui est la nôtre en réponse à la crise syrienne, à la situation au Sahel ou au programme nucléaire iranien -, je souhaite donc évoquer la manière dont nous mettons en œuvre notre politique étrangère et indiquer quelques pistes d’évolution possible.

Il nous faut impérativement introduire davantage de cohérence, de continuité et de durée dans nos relations avec nos principaux partenaires - oui. Cela implique la fin d’une politique reposant sur des coups et générant des à-coups, qui constituent autant de sources d’incompréhension et d’inefficacité - oui.

Première mise en application possible : le développement de nos relations avec les pays émergents. Il s’agit de consolider nos partenariats stratégiques avec ces pays, sur des bases équilibrées et équitables et de les nourrir par un dialogue politique régulier et dans la durée qui témoigne de notre volonté de les considérer comme de véritables interlocuteurs. Nous les encouragerons, par ce biais, à exercer les responsabilités qui vont de pair avec le statut auquel ils aspirent.

Nous devons prendre acte également de l’épuisement du concept daté de "coopération", trop marquée par les dérives du passé et par la multiplication d’engagements aussi irréalistes qu’incohérents. Doit s’y substituer l’objectif fort d’une politique de solidarité, fondée sur le développement durable et reposant sur la transparence, la justice et la crédibilité. Dans un contexte budgétaire contraint, nous devrons faire appel à des financements innovants en faveur du développement. A commencer par la taxe sur les transactions financières, dont une partie sera affectée dès 2013 à la solidarité internationale, comme l’a annoncé le président de la République.

Dans ce cadre, nous devons accorder toute sa place à la francophonie. Et je tiens à saluer l’action de Yamina Benguigui, qui œuvre avec détermination à la consolidation de la famille francophone et à la promotion de l’enseignement du français.

Parce qu’il faut convaincre et mobiliser pour faire bouger les lignes, nous devons mettre en place les conditions d’un dialogue renforcé avec la société civile et multiplier par deux nos actions de coopération mises en œuvre par les ONG, conformément aux engagements du président de la République. C’est dans cette perspective que s’inscrit le projet d’assises de la solidarité internationale, sous l’égide de Pascal Canfin.

L’accompagnement des pays en transition au sud de la Méditerranée constitue pour nous un autre enjeu d’importance.

Contrairement aux tenants du "choc des civilisations", nous avons la conviction que l’appartenance au monde musulman et l’exercice de la démocratie sont compatibles - oui, excellent et courageux. Nous devons donner toutes leurs chances aux processus démocratiques en cours au sud de la Méditerranée, en soutenant, dans une attention constante à nos valeurs, les efforts de ces pays pour répondre aux aspirations légitimes de leur population à la liberté et à la prospérité. Et nos relations devront être renouvelées, y compris s’agissant de la mobilité des personnes, sur la base de la réflexion engagée par Manuel Valls.

Pour accompagner ces processus de transition démocratique, il nous faudra de manière cohérente mobiliser tous les instruments dont nous disposons, en liaison avec l’Union européenne et nos autres partenaires internationaux.

C’est ainsi que l’Union pour la Méditerranée – le système européen n’est pas cette UMP de Nicolas Sarkozy qui ne marche pas, mais le processus de Barcelone …devra se recentrer sur sa capacité à faire émerger et à mettre en œuvre, grâce à son secrétariat, des projets concrets d’intérêt régional. Et nous veillerons à la cohérence et à la complémentarité entre les initiatives relevant de l’Union pour la Méditerranée - dont l’ancrage à l’Union européenne sera renouvelé - et celles découlant du dialogue 5+5 ou du partenariat de Deauville.

Enfin, nous avons la volonté d’adapter notre outil de défense à ce monde en mouvement.

C’est l’objectif des travaux du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, engagés cet été et qui seront achevés d’ici la fin de l’année, ouvrant la voie à une nouvelle loi de programmation militaire qui sera soumise au Parlement en 2013.

La dimension européenne de notre outil de défense – dit plus fortement que par le Président et lacune du ministre doit devenir une réalité tangible. La situation en Europe exige une mutualisation de nos capacités militaires, mais aussi la conduite de projets industriels communs, qui conditionne notre capacité à préserver notre autonomie stratégique à long terme, - oui tout en servant notre objectif de redressement.

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, chacun d’entre vous doit concevoir son action dans le prolongement de la politique du Gouvernement, qu’il vous faut appréhender dans sa globalité.

J’ai conscience de l’exigence qu’impose la multiplication des enjeux à l’échelle mondiale. Les situations sans cesse plus imbriquées appellent un décryptage de toute la complexité d’un monde où la coopération internationale n’a jamais été aussi indispensable. J’ai confiance dans la capacité de notre diplomatie à rendre compte de cette complexité, oui à en expliciter les causes profondes oui et à proposer des réponses concrètes aux défis auxquels nous sommes collectivement confrontés, dans le respect des intérêts de la France.

La mission qui est la vôtre est exaltante et justifie que les moyens de l’accomplir vous soient accordés, comme la reconnaissance du Gouvernement

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