lundi 3 septembre 2012

discours présidentiels François Hollande & Nicolas Sarkozy - comparaisons II - inauguration du mandat


François Hollande, investi président de la République
Mardi 15 Mai 2012


Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs
En ce jour où je suis investi de la plus haute charge de l'État, j'adresse aux Français un message de confiance.
Nous sommes un grand pays qui, dans son histoire, a toujours su affronter les épreuves et relever les défis qui se présentaient à lui. A chaque fois, il y est parvenu, en restant lui-même. Toujours dans l'élévation et l'ouverture. Jamais, dans l'abaissement et le repli.
Tel est le mandat que j'ai reçu du peuple français le 6 mai : redresser la France dans la justice. Ouvrir une voie nouvelle en Europe. Contribuer à la paix du monde comme à la préservation de la planète.
Je mesure le poids des contraintes auxquelles nous faisons face : une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé, une compétitivité dégradée et une Europe qui peine à sortir de la crise.
Mais je l'affirme ici : il n'y a pas de fatalité, dés lors qu'une volonté commune nous anime, qu'une direction claire est fixée et que nous mobilisons pleinement nos forces et nos atouts. Ils sont considérables : la productivité de notre main-d'œuvre, l'excellence de nos chercheurs, le dynamisme de nos entrepreneurs, le travail de nos agriculteurs, la qualité de nos services publics, le rayonnement de notre culture et de notre langue sans oublier la vitalité de notre démographie et l'impatience de notre jeunesse.

La première condition de la confiance retrouvée, c'est l'unité de la Nation. Nos différences ne doivent pas devenir des divisions. Nos diversités des discordes. Le pays a besoin d'apaisement, de réconciliation, de rassemblement. C'est le rôle du président de la République d'y contribuer. Faire vivre ensemble tous les Français sans distinction, autour des mêmes valeurs, celles de la République. Tel est mon impérieux devoir. Quel que soit notre âge, quelles que soient nos convictions, où que nous vivions --dans l'Hexagone ou dans les Outre mers-- dans nos villes comme dans nos quartiers et nos territoires ruraux, nous sommes la France. Une France non pas dressée contre une autre, mais une France réunie dans une même communauté de destin.
Et je réaffirmerai en toutes circonstances nos principes intangibles de laïcité, comme je lutterai contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les discriminations.
La confiance, c'est aussi l'exemplarité.

Président de la République, j'assumerai pleinement les responsabilités exceptionnelles de cette haute mission. Je fixerai les priorités mais je ne déciderai pas de tout ni à la place de tous. Conformément à la Constitution, le gouvernement déterminera et conduira la politique de la Nation. Le Parlement sera respecté dans ses droits. La justice disposera de toutes les garanties de son indépendance. Le pouvoir d'Etat sera exercé avec dignité mais simplicité. Avec une grande ambition pour le pays. Et une scrupuleuse sobriété dans les comportements. L'Etat sera impartial parce qu'il est la propriété de tous les Français et qu'il n'appartient donc pas à ceux qui en ont reçu la charge. Les règles de nomination des responsables publics seront encadrées. Et la loyauté, la compétence, et le sens de l'intérêt général seront les seuls critères pour déterminer mes choix pour les plus hauts serviteurs de l'Etat. La France a la chance de disposer d'une fonction publique de qualité. Je veux lui dire ma reconnaissance et l'attente que je place en elle et en chacun de ses agents. La confiance, elle est dans la démocratie elle-même. Je crois en la démocratie locale et j'entends la revivifier par un nouvel acte de décentralisation susceptible de donner de nouvelles libertés pour le développement de nos territoires.
Je crois en la démocratie sociale, et de nouveaux espaces de négociation seront ouverts aux partenaires sociaux, que je respecterai, aussi bien les représentants des salariés que les organisations professionnelles. Je crois en la démocratie citoyenne, celle des associations et des engagements civiques qui seront soutenus pour les millions de bénévoles qui s'y dévouent.
La confiance, elle repose sur la justice dans les choix. La justice dans la conception même de la création de richesse. Il est temps de remettre la production avant la spéculation, l'investissement d'avenir avant la satisfaction du présent, l'emploi durable avant le profit immédiat. Il est temps d'engager la transition énergétique et écologique. Il est temps d'ouvrir une nouvelle frontière pour le développement technologique et pour l'innovation. Mais la justice elle aussi dans la répartition de l'effort indispensable. Il ne peut pas y avoir des sacrifices pour les uns, toujours plus nombreux, et des privilèges pour les autres, sans cesse moins nombreux. Ce sera le sens des réformes que le gouvernement conduira avec le souci de récompenser le mérite, le travail, l'initiative, et de décourager la rente et les rémunérations exorbitantes.
La justice, ce sera le critère sur lequel chaque décision publique sera prise.
Enfin la confiance, c'est à la jeunesse que la République doit l'accorder. Je lui rendrai la place qui doit être la sienne, la première. C'est le fondement de mon engagement pour l'école de la République car sa mission est vitale pour la cohésion de notre pays, la réussite de notre économie, C'est la volonté qui m'anime pour rénover la formation professionnelle, l'accompagnement des jeunes vers l'emploi et lutter contre la précarité. C'est aussi la belle idée du service civique que j'entends relancer.
Mesdames et Messieurs,

En ce jour, bien des peuples, et d'abord en Europe, nous attendent et nous regardent.
Pour surmonter la crise qui la frappe, l'Europe a besoin de projets. Elle a besoin de solidarité. Elle a besoin de croissance. A nos partenaires, je proposerai un nouveau pacte qui allie la nécessaire réduction des dettes publiques avec l'indispensable stimulation de l'économie. Et je leur dirai la nécessité pour notre continent de protéger, dans un monde si instable, non seulement ses valeurs mais ses intérêts, au nom du principe de réciprocité dans les échanges.
La France est une nation engagée dans le monde. Par son histoire, par sa culture, par ses valeurs d'humanisme, d'universalité, de liberté, elle y occupe une place singulière. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen a fait le tour du monde. Nous devons en être les dépositaires et nous situer aux cotés de toutes les forces démocratiques du monde qui se recommandent de ses principes. La France respectera tous les peuples ; elle sera, partout, fidèle à sa vocation qui est de défendre la liberté des peuples, l'honneur des opprimés, la dignité des femmes.
En cet instant où je suis chargé de présider aux destinées de notre pays et de le représenter dans le monde, je salue mes prédécesseurs, tous ceux qui avant moi ont eu la responsabilité de conduire la République, Charles de Gaulle qui mit son prestige au service de la grandeur et de la souveraineté de la France, Georges Pompidou qui fit de l'impératif industriel un enjeu national, Valéry Giscard d' Estaing qui relança la modernisation de la société, François Mitterrand qui fit tant avancer les libertés et le progrès social, Jacques Chirac qui marqua son attachement aux valeurs de la République ; Nicolas Sarkozy à qui j'adresse mes vœux pour la nouvelle vie qui s'ouvre devant lui.
Vive la République.
Vive
la France
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Mercredi 16 Mai 2007

Cérémonie d'installation du Président de la République

Cérémonie d'installation du Président de la République

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ALLOCUTION DE MONSIEUR NICOLAS SARKOZY, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Palais de l'Elysée, mercredi 16 mai 2007
Mesdames et Messieurs,
En ce jour où je prends officiellement mes fonctions de Président de la République française, je pense à la France, ce vieux pays qui a traversé tant d'épreuves et qui s'est toujours relevé, qui a toujours parlé pour tous les hommes et que j'ai désormais la lourde tâche de représenter aux yeux du monde.
Je pense à tous les Présidents de la Ve République qui m'ont précédé.
Je pense au Général de Gaulle qui sauva deux fois la République, qui rendit à la France sa souveraineté et à l'Etat sa dignité et son autorité.
Je pense à Georges Pompidou et à Valéry Giscard d'Estaing qui, chacun à leur manière, firent tant pour que la France entrât de plain-pied dans la modernité.
Je pense à François Mitterrand, qui sut préserver les institutions et incarner l'alternance politique à un moment où elle devenait nécessaire pour que la République soit à tous les Français.
Je pense à Jacques Chirac, qui pendant douze ans a œuvré pour la paix et fait rayonner dans le monde les valeurs universelles de la France. Je pense au rôle qui a été le sien pour faire prendre conscience à tous les hommes de l'imminence du désastre écologique et de la responsabilité de chacun d'entre eux envers les générations à venir.
Mais en cet instant si solennel, ma pensée va d'abord au peuple français qui est un grand peuple, qui a une grande histoire et qui s'est levé pour dire sa foi en la démocratie, pour dire qu'il ne voulait plus subir. Je pense au peuple français qui a toujours su surmonter les épreuves avec courage et trouver en lui la force de transformer le monde.
Je pense avec émotion à cette attente, à cette espérance, à ce besoin de croire à un avenir meilleur qui se sont exprimés si fortement durant la campagne qui vient de s'achever.
Je pense avec gravité au mandat que le peuple français m'a confié et à cette exigence si forte qu'il porte en lui et que je n'ai pas le droit de décevoir.
Exigence de rassembler les Français parce que la France n'est forte que lorsqu'elle est unie et qu'aujourd'hui elle a besoin d'être forte pour relever les défis auxquels elle est confrontée.
Exigence de respecter la parole donnée et de tenir les engagements parce que jamais la confiance n'a été aussi ébranlée, aussi fragile. Exigence morale parce que jamais la crise des valeurs n'a été aussi profonde, parce que jamais le besoin de retrouver des repères n'a été aussi fort.
Exigence de réhabiliter les valeurs du travail, de l'effort, du mérite, du respect, parce que ces valeurs sont le fondement de la dignité de la personne humaine et la condition du progrès social.
Exigence de tolérance et d'ouverture parce que jamais l'intolérance et le sectarisme n'ont été aussi destructeurs, parce que jamais il n'a été aussi nécessaire que toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté mettent en commun leurs talents, leurs intelligences, leurs idées pour imaginer l'avenir.
Exigence de changement parce que jamais l'immobilisme n'a été aussi dangereux pour la France que dans ce monde en pleine mutation où chacun s'efforce de changer plus vite que les autres, où tout retard peut être fatal et devient vite irrattrapable.
Exigence de sécurité et de protection parce qu'il n'a jamais été aussi nécessaire de lutter contre la peur de l'avenir et contre ce sentiment de vulnérabilité qui découragent l'initiative et la prise de risque.
Exigence d'ordre et d'autorité parce nous avons trop cédé au désordre et à la violence, qui sont d'abord préjudiciables aux plus vulnérables et aux plus humbles.
Exigence de résultat parce que les Français en ont assez que dans leur vie quotidienne rien ne s'améliore jamais, parce que les Français en ont assez que leur vie soit toujours plus lourde, toujours plus dure, parce que les Français en ont assez des sacrifices qu'on leur impose sans aucun résultat.
Exigence de justice parce que depuis bien longtemps autant de Français n'ont pas éprouvé un sentiment aussi fort d'injustice, ni le sentiment que les sacrifices n'étaient pas équitablement répartis, ni que les droits n'étaient pas égaux pour tous.
Exigence de rompre avec les comportements du passé, les habitudes de pensée et le conformisme intellectuel parce que jamais les problèmes à résoudre n'ont été aussi inédits.
Le peuple m'a confié un mandat. Je le remplirai. Je le remplirai scrupuleusement, avec la volonté d'être digne de la confiance que m'ont manifesté les Français.
Je défendrai l'indépendance et l'identité de la France.
Je veillerai au respect de l'autorité de l'Etat et à son impartialité.
Je m'efforcerai de construire une République fondée sur des droits réels et une démocratie irréprochable.
Je me battrai pour une Europe qui protège, pour l'union de la Méditerranée et pour le développement de l'Afrique.
Je ferai de la défense des droits de l'homme et de la lutte contre le réchauffement climatique les priorités de l'action diplomatique de la France dans le monde.
La tâche sera difficile et elle devra s'inscrire dans la durée.
Chacun d'entre vous à la place qui est la sienne dans l'Etat et chaque citoyen à celle qui est la sienne dans la société ont vocation à y contribuer.
Je veux dire ma conviction qu'au service de la France il n'y a pas de camp. Il n'y a que les bonnes volontés de ceux qui aiment leur pays. Il n'y a que les compétences, les idées et les convictions de ceux qui sont animés par la passion de l'intérêt général.
A tous ceux qui veulent servir leur pays, je dis que je suis prêt à travailler avec eux et que je ne leur demanderai pas de renier leurs convictions, de trahir leurs amitiés et d'oublier leur histoire. A eux de décider, en leur âme et conscience d'hommes libres, comment ils veulent servir la France.
Le 6 mai il n'y a eu qu'une seule victoire, celle de la France qui ne veut pas mourir, qui veut l'ordre mais qui veut aussi le mouvement, qui veut le progrès mais qui veut la fraternité, qui veut l'efficacité mais qui veut la justice, qui veut l'identité mais qui veut l'ouverture.
Le 6 mai il n'y a eu qu'un seul vainqueur, le peuple français qui ne veut pas renoncer, qui ne veut pas se laisser enfermer dans l'immobilisme et dans le conservatisme, qui ne veut plus que l'on décide à sa place, que l'on pense à sa place.
Eh bien, à cette France qui veut continuer à vivre, à ce peuple qui ne veut pas renoncer, qui méritent notre amour et notre respect, je veux dire ma détermination à ne pas les décevoir.
Vive la République !
Vive la France !

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Discours à l’Hôtel-de-Ville, en réponse au maire de Paris
Mardi 15 Mai 2012

Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Ch(è)r(e)s ami(e)s,
C'est un honneur que d'être accueilli, en ce jour solennel où je suis investi de la plus haute charge de l'Etat, à l'Hôtel de Ville de Paris.
Je vous remercie, Monsieur le Maire, des paroles émouvantes et justes que vous venez de prononcer. Elles m'inspirent une sincère gratitude. Pour vous, pour la capitale de la France, et pour le peuple de Paris, que je salue.
Vous avez évoqué la belle et tumultueuse histoire de Paris. Une histoire où souffle l'esprit de liberté dont s'est éprise notre Nation tout entière.
L'esprit de 1789, qui a guidé les premiers pas de notre démocratie et inspiré les mots éternels de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, celui des Etats Généraux qui ont proclamé la souveraineté du peuple.
L'esprit du 14 juillet 1790, de la Fête de la Fédération, qui a permis à la France de se retrouver, à Paris. Fédérer, c'est rassembler. Et ma première mission, je le redis ici, est de réunir tous les Français et de redonner confiance et espoir à notre communauté nationale.
L'esprit de 1848, qui a fait inscrire sur les frontons de nos écoles et de nos mairies la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » et adopté le drapeau tricolore.
L'esprit de 1871, qui a conduit Paris à refuser la défaite et à s'ériger en Commune avant que la semaine sanglante ne vienne écraser cette aspiration.
L'esprit de 1885, quand, le 22 mai, un cortège de plusieurs centaines de milliers de personnes suivi depuis l'Etoile, jusqu'au Panthéon, le corbillard des pauvres dans lequel reposait Victor HUGO.
L'esprit de 1944, qui a soulevé Paris pour libérer la capitale et rétablir la République.
L'esprit de 1968, qui a abattu tant de ces frontières sociales et culturelles qui corsetaient notre société.
C'est cet esprit qui rend Paris unique au monde. Et en même temps, Paris appartient au monde entier. Paris est universel. Quand Paris parle, le monde l'écoute. Son génie, c'est d'inspirer les autres villes, les autres peuples, et comme le résumait si bien Victor HUGO : « le genre humain a des droits sur Paris. »
Tout citoyen français a deux attaches : son village ou sa ville, et Paris. Et moi, qui suis né en Normandie, qui ai tissé une relation si forte et si précieuse avec la Corrèze, je suis un Parisien de cœur et de vie.
Paris est plus grand que Paris.
C'est la ville qui attire le plus de visiteurs. Sans doute à cause de sa beauté, qui n'est pas seulement harmonie des formes mais aussi grâce du mouvement, force de la vie qui va.
A Paris, la culture est chez elle. Elle y respire librement, elle y est vivante, et ne cesse de se réinventer. La politique culturelle de la Ville de Paris est exemplaire. Des lieux comme le 104 ou la Gaîté lyrique, une expérience inédite comme Nuit Blanche, désormais imitée sur tous les continents, libèrent l'art de tous les liens qui voudraient l'enfermer, pour affirmer l'idée simple que les trésors de la création appartiennent à tous.
La création à Paris, c'est aussi l'audace, c'est le développement économique, l'innovation. Paris, c'est la ville où des centaines d'entreprises naissent chaque semaine, la ville du laboratoire Paris Région Innovation, qui accueille les idées neuves pour les transformer en projets puis en actes, la ville de la Cité de la mode et du design. C'est la ville où les créateurs, les entrepreneurs savent qu'ils trouveront toujours le soutien, l'encouragement, pour façonner l'avenir.
Paris, dans ses 105 km2, produit 10% de la richesse nationale. N'en doutons pas, notre capitale jouera un rôle central dans le nécessaire redressement de la France.
Ce dynamisme est également démographique. Paris est une ville qui grandit et qui rajeunit à la fois. Elle a gagné plus de 100 000 habitants en dix ans, et parmi eux beaucoup de familles, beaucoup d'enfants. C'est une ville jeune.
Cette jeunesse, c'est d'abord celle des universités et des grandes écoles de la capitale. Celle de la Sorbonne, du Collège de France, de l'Ecole normale supérieure, de l'Institut Pasteur, des Beaux-Arts, de la Faculté de Médecine. Et je n'oublie pas l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris, celle où Marie CURIE --que je vais honorer dans quelques minutes au nom de la Nation- a découvert le radium, celle où Georges CHARPAK et Pierre-Gilles de GENNES ont conduit les travaux qui leur ont valu le Prix NOBEL. Mais aussi celle qui vit et étudie dans le « Nouveau Quartier Latin », entre la Seine et la rue de Tolbiac. Paris est et doit rester un pôle d'excellence mondial de la recherche, dans les sciences humaines comme dans les sciences exactes.
Paris, c'est une capitale qui se transforme, dont l'architecture change. Des opérations d'urbanisme comme celle de la tour Bois le Prêtre, dans le 17ème arrondissement, ont prouvé que les exigences d'esthétique, d'équilibre et d'audace relevaient aussi d'une politique sociale : elles ne sont pas réservées à des immeubles de prestige, mais elles s'appliquent au logement social, comme d'ailleurs aux équipements publics, aux crèches, aux écoles. Et dans les prochains mois, c'est le cœur de la capitale qui sera en un sens reconquis, restauré, retrouvé : les berges de la Seine seront rendues à la vie ; et les Halles, « le ventre de Paris », ressurgiront, plus belles, plus vertes que jamais.
A cette ville, Monsieur le Maire, vous avez beaucoup donné avec votre équipe. Ce qui a été accompli, ici, depuis onze ans, donne la mesure de ce que peut produire l'action publique lorsqu'elle est inspirée par l'exigence et par la simple et noble ambition d'être utile. Tous les Français vous en sont reconnaissants.
Car je le dis simplement : tout ce qui fait progresser Paris fait progresser la France.
Nous le savons, et vous l'avez rappelé, l'histoire des relations entre l'État et Paris est parcourue d'affrontements. C'est même l'une des grilles de lecture les plus constantes et les plus exactes de notre histoire commune, que ces défis lancés par le pouvoir parisien au pouvoir central. Le prévôt face au roi, la Ville face à la Cour, la Commune face à Versailles : l'Etat se méfiait de Paris, jusqu'à contenir la Ville dans un statut particulier.
Les temps ont changé. La France et Paris ne peuvent qu'avancer ensemble, dans la conscience d'un destin partagé. Ensemble, il nous revient d'engager une relation fondée sur le respect réciproque. Et je prends notamment devant vous, et devant les élus de cette agglomération, un engagement : celui de créer les conditions nécessaires à l'émergence d'une métropole parisienne capable d'affronter, à l'échelle pertinente, tous les défis qui se présentent à elle.
Nous nous appuierons sur une structure qui existe, et qui a commencé de faire ses preuves : Paris Métropole, qui rassemble 200 collectivités, de toutes sensibilités politiques. Il nous faudra donner à cette fédération des bonnes volontés les moyens d'aller plus loin, avec l'énergie d'un Etat partenaire. Cette nouvelle confédération métropolitaine disposera de pouvoirs réels --notamment en matière de logement, puisque c'est là l'enjeu le plus immédiat et le plus urgent pour tant de familles.
Je m'adresse aujourd'hui à tous les Parisiens, à tous les habitants de la métropole et, au-delà, à tous les Français, sans en exclure aucun, sans écarter qui que ce soit, sans ignorer aucun citoyen de la République.
Un temps nouveau s'ouvre dans la vie de notre pays. Rien ne sera facile, rien ne nous sera donné, mais rien n'est inaccessible à la volonté. J'entends prouver, dans les mois qui viennent, que l'action de l'Etat peut apporter des changements véritables dans la réalité de la vie des Français telle qu'elle est.
L'enjeu de ce quinquennat, c'est la jeunesse. Elle retrouvera sa place dans l'aventure collective de la Nation, elle cessera de vivre en marge de son propre pays, elle reconquerra sa fierté, sa conscience d'elle-même, et sa capacité de croire en ses chances.
L'enjeu de ce quinquennat, c'est le redressement. La France est une grande nation. Elle mérite de grands projets. La France se refusera au déclin, elle se relèvera, en s'appuyant sur la force et sur l'énergie de ses créateurs, de ses travailleurs, de ses artistes, de ses ingénieurs, de ceux qui la font vivre. Elle a toujours su le faire. Elle le fera à nouveau.
L'enjeu de ce quinquennat, c'est la justice. La République sera à tous les Français, elle saura tous les reconnaître, avec leurs différences. La République ne laissera aucun de ses enfants de côté.
L'enjeu de ce quinquennat, c'est le changement. Et le changement commence en ce jour. Il commence ici, dans la ville qui a si souvent été à l'origine de tant de bouleversements.
Au peuple de Paris, je veux dire ma reconnaissance. La large majorité que m'ont accordée les Parisiens m'honore et m'oblige particulièrement.
Je n'ai qu'une promesse à vous faire : que l'Etat soit au rendez-vous de sa capitale.
Je n'ai qu'une chose à vous demander : que Paris soit toujours Paris. C'est ainsi que la ville lumière continuera à servir le mieux notre patrie.
Vive Paris !
Vive la République !
Vive la France !

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Jeudi 24 Mai 2007

Discours à l'Hotel de Ville de Paris
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de Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République

Hôtel de ville de Paris, jeudi 24 mai 2007

Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les élus parisiens,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie, Monsieur le Maire, pour les mots que vous venez de prononcer.
En venant ici aujourd'hui, je ne sacrifie pas seulement à une tradition républicaine qui voulait qu'à son entrée en fonction le Chef de l'Etat nouvellement élu se rende à l'Hôtel de Ville de Paris pour y saluer son Maire, son Conseil municipal, et à travers eux, naturellement tous les parisiens.
Cette tradition a une signification pour moi très profonde, une signification qu'elle doit à l'histoire.
Sans Paris, la France n'eût peut-être jamais existé. Car pour qu'il y eût la France il a fallu qu'il y eût une volonté française et, longtemps ce fut de Paris que s'exprima cette volonté.
Paris n'est pas un centre, Paris c'est un commencement et c'est un aboutissement. Tout part d'ici et y revient. Paris c'est le foyer autour duquel se sont unis les peuples et les provinces françaises. Paris c'est le réceptacle de toutes les énergies, de toutes les intelligences, de tous les talents. C'est à Paris, c'est Paris qui a regroupé les provinces et ce sont les provinces qui ont peuplé Paris. C'est cela Paris.
Il y a dans la prééminence de Paris quelque chose qui ne dépend pas seulement de la volonté humaine mais qui est consubstantiel à la façon dont la France s'est construite.
C'est la raison pour laquelle la décentralisation dans notre pays est si difficile à accomplir et la raison pour laquelle elle ne peut être que l'aboutissement d'une véritable révolution culturelle et pas simplement d'une réforme administrative et politique.
C'est la raison pour laquelle aussi depuis longtemps les rapports entre Paris et l'Etat sont aussi compliqués.
Il ne faut jamais oublier cette longue histoire pendant laquelle Paris incarna à elle seule le destin de la France, sa souveraineté, son prestige et même sa puissance. Il ne faut jamais oublier cette longue histoire pendant laquelle le peuple de Paris ne cessa de parler pour tous les Français. C'est l'histoire de France. Et quand on préside aux destinées de la France, on se doit de connaître l'histoire de France.
Le peuple de Paris parla au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le peuple de Paris parla au nom de la liberté. Il parla au nom de la fraternité humaine.
Et quand Paris se taisait, c'était la France qui devenait muette.
Et quand Paris s'exprimait, s'était la France qui prenait la parole.
Et cette parole fut entendue dans le monde entier. Et cette parole fut comprise par tous les hommes.
Je suis venu vous dire que cette parole du peuple de Paris doit rester vivante. Je suis venu vous dire qu'il ne dépend que de nous tous qu'elle le reste.
Je suis venu vous dire aussi au regard de l'histoire, il ne peut y avoir pour Paris et pour la France qu'un seul et même destin.
Aussi avons-nous le devoir, quels que soient par ailleurs nos engagements politiques, d'œuvrer ensemble à la grandeur de l'Etat et à la grandeur de Paris, c'est le même combat. L'histoire nous dit assez ce que l'un et l'autre ont à perdre en s'opposant.
Monsieur le Maire de Paris, voyez en moi le Président de tous les Français comme je vois en vous le Maire de tous les Parisiens, travaillons ensemble dans un esprit d'ouverture et dans un esprit de tolérance.
Alors même que les Français attendent autant de la politique comme ils l'ont montré en votant massivement aux élections présidentielles, rien ne serait pire que le sectarisme et que l'intolérance. C'est toute la France qui s'est rendue aux urnes lors de la dernière élection présidentielle.
Quant à moi, je n'ai pas l'intention de céder, ni au sectarisme, ni à l'esprit de clan, ni à l'intolérance. Je vais continuer à tendre la main à toutes les femmes et à tous les hommes de bonne volonté qui aiment leur pays et qui veulent le servir.
C'est pour moi une obligation, mais il faut comprendre, c'est une obligation morale, ce n'est pas seulement une obligation politique. Et vous me trouverez donc à vos côtés à chaque fois que l'intérêt général sera en jeu.
Monsieur le Maire, il ne dépend que de nous de donner l'exemple d'une démocratie dans laquelle chacun se respecte et s'efforce de comprendre le point de vue de l'autre. Et je prendrai des initiatives, après les élections législatives, pour faire de la France, une république irréprochable et une démocratie exemplaire.
Il ne dépend que de nous, de nos attitudes, de nos comportements, de redonner aux Français confiance en la politique. La France et Paris méritent bien cette ambition, méritent bien cet effort.
Je suis également venu vous dire à quel point j' aime Paris et je me sens proche du peuple de Paris, à quel point j'aime la beauté de Paris, le caractère trempé de ses habitants, c'est une ville que j'aime parce que j'y ai grandi, j'y ai vécu, j'aime cette ville métissée, qui m'a tant donné, cette ville qui est comme un volcan jamais éteint d'idées et de passion, cette ville qui garde au fond d'elle-même le souvenir de toutes les révolutions qu'elle a accompli, cette ville qui n'est plus elle-même quand elle oublie le rêve de civilisation dans lequel la France a si souvent au cours des siècles puisé l'énergie et la volonté d'étonner le monde. Sans Paris je ne serai sans doute pas devenu ce que je suis, le Président de la République française. Alors ne m'en veuillez pas, Président de la République, je me dois de renoncer à toute ambition politique partisane.
Je voudrai pour Paris ce qu'il y a de plus grand et ce qu'il y a de plus beau, parce que l'on ne peut pas aimer la France sans aimer Paris. Et l'on ne peut pas avoir une grande ambition pour la France, sans une grande ambition pour la capitale de la France. Paris n'est pas faite pour les petites ambitions, Paris est faite pour les grands projets. Paris doit rayonner dans le monde. Et Paris ne peut pas le faire sans l'aide et le soutien puissant de l'Etat. Croyez bien que l'Etat sera aux côtés des élus de Paris.
Monsieur le Maire de Paris, la France est forte quand elle est rassemblée. La France est faible quand elle est divisée. Nos différences, elles sont naturelles, elles sont légitimes. Je n'ai pas l'ambition de supprimer majorité et opposition. Il faut les deux, simplement peut-être n'avons nous pas la même idée des rapports de force réciproques entre la majorité et l'opposition. Mais au fond peut importe, les élections sont là pour nous départager, et il faut qu'après les élections, ce qui nous rassemble soit plus fort que ce qui nous divise.
Ce qui nous rassemble, c'est l'héritage des siècles et c'est ce que nous sommes capables de construire ensemble et de léguer à nos enfants.
Ce qui nous rassemble, c'est ce trésor inestimable d'art, de culture, de civilisation que nous ont légué les générations qui nous ont précédés. Simone VEIL peut porter le témoignage, elle qui est la mémoire vivante de ce que le 20e siècle a pu faire de pire et de ce qu'il a voulu montrer de plus beau car, finalement, Madame, chère Simone, on peut survire à l'innommable, vous en êtes la preuve vivante.
Ce qui peut nous rassembler encore, c'est cette nouvelle renaissance que nous devons accomplir si nous voulons que ce que nous allons laisser à nos enfants soit à la hauteur de ce que nous avons reçu de nos parents.
Ce qui peut nous rassembler encore, c'est cette volonté, cette volonté commune de remettre la France en mouvement et de rendre à chaque Français la fierté de la France.
Ce qui peut nous rassembler c'est cette envie que nous avons tous que Paris exprime tout son prestige, toute sa vitalité, tout son rayonnement et qu'une fois de plus Paris soit capable d'inventer l'avenir.
Monsieur le Maire, Paris a toujours été une grande ville lorsqu'elle s'est inscrite dans un grand projet national, quand Paris l'a porté, et même quand Paris l'a incarné.
Je vous propose qu'avec tous les Français nous écrivions ensemble une nouvelle page de l'histoire de France et de l'histoire de Paris. La France et Paris, ont deux destins qui sont indissociables. Alors vous me permettrez, Monsieur le Maire de Paris, de terminer en disant :
Vive Paris !
Vive la République !
Et Vive la France



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