jeudi 14 novembre 2013

Onze-Novembre...



11 NOVEMBRE 2013
ALLOCUTION DE JACQUES MYARD
Député-Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République



« L’air était lourd de rumeurs. Nul n’y croyait ; tous les.... répétaient. La guerre ?

Mais la guerre était impossible !

Les gouvernements étaient comme des enfants imprudents qui jouent trop près de l’eau...
Paris poursuivait tranquillement sa besogne d’été : loger, vêtir, amuser la grande armée des touristes, seule invasion que la Ville eut subie depuis un demi-siècle...

Néanmoins, chacun savait qu’une autre besogne invisible se poursuivait aussi... ce pays se préparait à la lutte.

Ces préparatifs, on les sentait dans l’air calme comme l’on sent un changement de temps dans la douceur embaumée d’une après-midi sereine.

Un bout de papier blanc collé au mur du Ministère de la Marine
« Mobilisation générale »,

Comme une monstrueuse avalanche, la guerre était tombée en travers de la route de cette
nation sensée et laborieuse... »
Edith Wharton

Depuis plusieurs années, un feu violent, volcanique couvait,

couvait sous les illusions,

sous les illusions des banquiers affairistes, tel Norman Angell, qui, le 17 janvier 1912, à Londres, affirme que

« l’interdépendance commerciale typique de la banque, ... le fait que l’intérêt et la solvabilité d’un individu soient liés à ceux de l’ensemble...ne peut manquer d’améliorer les relations de tous les hommes avec tous les hommes... débouchant sur une coopération plus efficace entre les hommes et une société meilleure... »
La naïveté des banquiers, confiants dans la supériorité des relations commerciales, ne pouvait l’emporter sur la mécanique des engrenages, des alliances et contre-alliances.

Trop de crises, année après année, soufflaient sur les braises.

C’est en 1905 le discours incendiaire de Guillaume II à Tanger, mais l’Allemagne n’est pas soutenue par ses Alliés et accepte les Accords d’Algésiras le 7 avril 1906.

C’est en 1911 le coup d’Agadir, un coup de force de l’Allemagne, qui envoie ses croiseurs dans la baie d’Agadir.

Mais l’Angleterre soutient la France,

Un compromis s’impose avec le Traité franco-allemand de Berlin du 4 novembre 1911.

Le 3 avril 1913, un Zeppelin en difficulté est obligé de se poser à Lunéville, il est accusé d’espionnage, il survola le fort de Manonviller.

Le 28 août 1913, ce sont les incidents de Saverne, des officiers prussiens traitent les Alsaciens de voyous.

Le 26 octobre 1913, Guillaume II assure au Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche-Hongrie, le comte Berchtold, que la guerre est inévitable...

Le 28 juin 1914, Gavrilo Princip, un serbe de Bosnie, assassine l’archiduc autrichien héritier du trône François-Ferdinand.

Le 1er août 1914, à 19 heures, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie et le 3 août à 18 heures 15 à la France.

« Pour assouvir enfin sa haine tandis que , le poil hérissé, l’Autriche, colossale hyène,
assaille le Serbe blessé,

dans un grondement de tonnerre, l’Aigle noir a quitté son aire. »
Gaston Chantrieux


G U E R R E
« Des poings dressés. Furie. Rage. Tout vocifère,

Un seul cri, un seul mot, dans l’air passe et repasse,

En galop furieux chargeant la populace,

Un cri qui fouaille en plein cœur :

« Guerre ! guerre ! »

De tous les carrefours, d’entre tous les pavés,

Le peuple-roi, d’un bond rude, s’est soulevé :

Qu’il n’y ait qu’un seul cri fulminant :

« Guerre ! Guerre !
Henri Bataille, poète,Le Départ


Toutes les forces du monde vont alors s’affronter dans un commun désastre.
Un Allemand Arnold Zweig témoigne :

« La terre est une étendue tachetée de jaune et de vert, imprégnée de sang sur laquelle s’emboîte un ciel inexorablement bleu, hermétique comme une trappe à souris, afin que l’humanité n’échappe pas aux tourments que lui vaut sa nature animale. »Arnold Zweig, Education héroïque devant Verdun
« Il pleut sur l’enfer de la Somme,

Elle tombe, la pluie, la pluie glacée...

Et bientôt dans ces solitudes où la mort fait semblant de dormir,

On n’entend plus que les averses froides qui continuent obstinément leur espèce de pianotage


perpétuel sur l’eau de toutes ces flaques rondes. »
Pierre Loti
Ils sont partis la fleur au fusil côté français comme du côté allemand,

Ils sont partis la fleur au fusil, car tous pensaient que la guerre serait courte, l’offensive est dans tous les esprits, côté allemand comme du côté français.

Côté français, c’est le plan XVII ,

C’est la concentration des forces à l’est de la Sambre,

C’est l’attaque sur l’Alsace,

Le 8 août 1914, Mulhouse fut prise,

Mais le 10, les Allemands la reprennent.

C’est à nouveau l’attaque au nord des Vosges,

Joffre attaque au sud de Metz le 19 août,

C’est un échec.

Côté allemand, c’est le plan Schlieffen,

La concentration est sur la Belgique, sur Liège où von Kluck et von Bulow avaient 12 corps d’armée dont cinq de réserve, ce que Joffre ignorait.

Le 21 août, les allemands attaquent et violent la neutralité belge.

Le 23 août, l’armée anglaise commandée par French décroche, et l’armée de Lanrezac bat aussi en retraite le 24 août.

Pendant 12 jours du 24 août au 5 septembre, sur tout le front de l’Ouest, c’est la retraite des Alliés.

Joffre, maître de ses nerfs, prépare la contre-offensive, mais surtout demande à notre ambassadeur à St Pétersbourg, Maurice Paléologue, de presser les Russes d’attaquer la Prusse orientale.

A l’Est, l’Allemagne ne dispose que de la 8ème armée, commandée par le prussien Max von Prittwitz qui n’a jamais connu le feu.

La 8ème armée allemande est en infériorité numérique face aux Russes, mais les Allemands estiment que la mobilisation russe prendrait au moins 40 jours et qu’ils en auraient fini alors à l’Ouest !

Le 17 août 1914, les régiments russes se mettent en route pour envahir la Prusse orientale, ce sont ceux :

« de Vladimir, de Souzdal, d’Ouglitch, de Kazan, les Lituaniens,

Les Volhyniens, les grenadiers de la Garde et les lanciers,

Les Cosaques de la Mer Noire avec les chanteurs du régiment en tête

Et les roulantes à l’arrière. »
Le Général Rennenkampf commande la 1ère armée russe, Samsonov la 2ème.

Ils ne s’aiment pas et ne coordonnent pas leurs mouvements.

Au lieu de concentrer leurs forces, ils se séparent,

Rennenkampf entre en Prusse orientale et bouscule l’armée allemande à Gumbinnen, le 20 août.
Von Prittwitz s’affole et veut évacuer la Prusse.

Moltke remplace von Prittwitz par Hindenburg et Ludendorf,

Mais surtout, il prélève deux corps d’armée à l’Ouest, le 9ème corps et la Réserve de la Garde pour renforcer la 8ème armée.

Hindenburg apprend que la 1ère armée russe est au Nord pour foncer sur Königsberg.
La 2ème armée de Samsonov est au Sud à 5 jours de marche de Rennenkampf.

Hindenburg prend en tenaille à Tannenberg Samsonov et, les 29 et 30 août, détruit son armée, 92 000 russes sont faits prisonniers.

Samsonov se suicide.

Hindenburg efface la défaite des Chevaliers teutoniques de 1410 et devient feld-maréchal.
Pour autant, Rennenkampf poursuit la lutte,

Attaqué par Von François, un descendant huguenot, aux Lacs Mazures le 7 septembre,
Le jour de l’offensive de Joffre sur la Marne.

Le général russe extirpe son armée de Prusse, repasse en Russie et contre-attaque.

Le général russe extirpe son armée de Prusse, passe à nouveau en Russie et contre-attaque.

Tannenberg est une victoire allemande acquise par un stratège Hindenburg,

Les Lacs Mazures, une demi-victoire allemande,

Mais les attaques russes bousculent les plans allemands à l’Ouest,

Et ont permis les contre-attaques de Joffre sur la Marne.

Ces jours-là, l’Alliance russe a sauvé la France.

***
Au moment où la Russie s’est débarrassée de la gangue idéologique funeste du communisme, et où elle chemine résolument, mais lentement vers une démocratie pluraliste,

Au moment où les fanatismes religieux frappent avec barbarie et assassinent nos compatriotes,
Au moment où nos soldats combattent au Mali,

Oui, la Russie d’aujourd’hui fait partie intégrante du système européen et de la stabilité européenne ;

Face aux terroristes, elle est une alliée sûre et active, tout comme notre partenaire solidaire
L’Allemagne,

14-18 a été le naufrage de l’humanisme, que les Nations européennes avaient inventé et offert au genre humain.

Les épreuves, les souffrances,

Les sacrifices de tous les soldats de 14-18, ennemis d’hier,

les poilus, les Tommies, les patriotes allemands,

Nous obligent pour bâtir pierre à pierre la paix et la solidarité entre toutes nos Nations.

Mais bâtir la Paix, ce n’est pas être naïf,

C’est toujours garder en mémoire les combats d’hier pour guider notre avenir.

L’Histoire demeure tragique.

Ceux qui, budget après budget, désarment la France et jouent les apprentis sorciers,

subiront l’opprobre et le déshonneur de la Nation pour les malheurs qu’engendreront leurs décisions de petits comptables décalés des réalités.

Hier comme aujourd’hui, la liberté dépend de nous seuls, de notre effort de défense.

Ceux de la Marne, de la Somme, de l’Artois, de l’Argonne, de Verdun, des Dardanelles,

De Champagne, des Flandres ou du Chemin des Dames,

comme ceux du Vercors ou des Glières,

incarnent à jamais la Nation debout face à l’envahisseur,

Ils incarnent la valeur suprême de la vie collective,

La vie collective, la seule qui donne en toute liberté une identité forte à notre pauvre destin individuel.

Vive nos Poilus,

Vive nos Armées,


Vive les Nations Européennes réconciliées et nos Alliés,

Vive la République,

Vive la France !

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