vendredi 15 novembre 2013

le président de la République française en voyage en Israël

 
----- Original Message -----
To: 
Sent: Friday, November 15, 2013 3:18 PM
Subject: voyage du Président en Israël

 
permettez une voix discordante à propos du prochain voyage du Président en Israël. Je n'en sais pas le programme et notamment si une visite en territoires occupés et des entretiens avec Mahmoud Abbas sont prévus également, je ne me souviens plus s'il y a des précédents de discours d'Etat à la Knesset valant donc reconnaissance par la France de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu, et je ne sais pas en quel sens le Président a voulu être documenté et argumenté.
 
Quoique le regrettant, je le suppose dans le dogme - donc la langue de bois depuis 1995 : l'assassinat d'Istzahac Rabin - d'un processus de paix débouchant sur un Etat palestinien, quoiqu'en relation d'infériorité, de désarmement et de dépendance vis-à-vis du pays le plus armé de tout le Proche-Orient.
 
Quelques propositions
 
 
le voyage tombe mal dans le calendrier parce qu'il intervient au moment où a été interrompue mais peut reprendre la négociation à Genève avec l'Iran sur le nucléaire. Cette visite et ce qu'il y sera dit publiquement, le conseil aux Israëliens de poursuivre ou reprendre le processus de paix étant une clause de style, ne pourra que passer pour un soutien à Nettanyahou dont les porte-paroles à l'interruption des pourparlers de Genève ont demandé explicitement à toutes les diasporas et communautés juives du monde entier de "faire pression" sur les assemblées délibérantes de leurs pays de résidence respectives pour que l'éventuel accord avec l'Iran ne soit ratifié ni accepté nulle part. C'est d'autant plus prendre le parti de ce "faucon" que la rumeur (et le Canard enchaîné) : je n'ai évidemment pas lu les télégrammes - dit que c'est particulièrement Laurent Fabius qui a poussé le pion aussi loin que possible pour que les Iraniens entrent en position négative.
 
Ces appels à une double nationalité et à des communautés en tant que telles sont un défi à nos Etats mais également une méprise sur la plupart - au moins - des Français juifs, inquiets depuis des décennies d'une solidarité non consentie par eux avec les comportements d'Israël, vis-à-vis de son environnement et plus encore vis-à-vis de ses sujets palestiniens en territoires illégalement occupés au sens de toutes ls résolutions des Nations Unies.
 
 
la sécurité d'Israël est conçue depuis la guerre des Six Jours et depuis ce qui a été considéré comme une défection de la France, jusques là principal fournsseur d'armes et fréquente caution de Tel Aviv dans le monde arabe (sous de Gaulle, ayant beaucoup de considération pour Ben Gourion...) comme reposant sur un soutien inconditionnel militaire et diplomatique (financier aussi en cas de belligérance) des Etats-Unis en tant qu'Etat, et pas seulement de la diaspora et des groupes de pression juifs outre-Atlantique, et sur une supériorité militaire écrasante, conventionnelle et nucléaire (cette dernière devant initialement tout à la France).
 
Que les Etats-Unis se prêtent à une réinsertion de l'Iran dans le jeu international est considéré manifestement par Israël comme un péril mortel.
 
 
la chance d'Israël est d'avoir, pour le moment, la totale maîtrise d'une imagination de l'avnir et des solutions permettant la satisfaction des Arabes de Palestine, qu'is soient de nationalité israëlienne ou ressortissants des territoires occupés, pris à l'époque au Royaume hachémite. Ces solutions ne sont pas un Etat en plusieurs territores non continus et aux vies économiques et politiques disparates et dépendantes, un Etat enclavé dont même les recettes douanières resteront prisonnièrs d'Israël et dans lequel la colonisation juive qui n'a jamais cessé et qui s'est mêm amplifié ces années-ci constituera autant de zones de belligérance.
 
L'avenir est à un Etat unitaire, laïc parce que de composition pluriconfessionnelle, dans lequel les personnes, sans considération de leur appartenance ethnique, sont à pied d'égalité et dont les conflits ne ressortiront plus que des tribunaux de cet Etat. L'histoire sainte de plusieurs religions désigne Jérusalem comme capitale. La Ville sainte peut sans frustrer ni Juifs ni Arabes musulmans être la capitale de la Palestine réunifiée par sa reconstitution dans les frontières du mandat britannique. Elle peut aussi avoir un statut international et être administrée en tout ou partie par les trois religions dites du Livre, police et finances déléguée à l'Etat unitaire.
 
Dans ce schéma qui était celui d'Habache, contre Arafat, tout peut s'imaginer et Israël en prenant l'initiative peut conditionner ses propositions, le calendrier et trouver aussi des garanties "onusiennes" pour le respect des droits de l'homme selon une Constitution avalisée en droit international, voire explicitement validée en Conseil de sécurité, garant de ce respect.
 
Les hommes égaux en droits, et non deux Etats en contraste flagrant de capacité, de dignité et de souveraineté.
 
 
la question pendante de l'accès de l'Iran à l'arme nucléaire ne peut pas se traiter en termes de fermeture d'un club selon la simple chronologie des entrants originels, depuis lesquels les portes en sont fermées. Jusqu'à présent, Israël est plus belligène que l'Iran ou n'importe quel autre Etat de la région, l'Irak n'étant qu'une semi-exception puisque l'existence du Koweit a toujours été artificielle et que des maladresses de l'ambassadrice américaine à Bagdad, victime opprtunément d'un accident automobile mortel sur le chemin de déposer devant le Congrès, avaient pu faire croire à Sadam Hussein que son annexion ne serait pas réprouvée. Là encore la France joua un rôle car tout accroissement territorial d'un Etat quelconque par la force qui serait toléré au début des années 1990, pouvait constituer un précédent encourageant pour une Allemagne, encore loin après l'absorption de la République démocratique par la République fédérale, d'avoir recouvré ses frontières de Septembre 1939 voire d'Août 1914.
 
Ce voyage a l'avantage, avant même qu'il soit vécu, de nous rappeler qu'il y a des décennies maintenant que nous ne pensons plus notre politique étrangère, autrement qu'en routine ou en peur (ou selon des cheminements inavouables : les relations franco-africaines d'Etat à Etat, l'affaire de Libye, par exemple).
 
Je suis persuadé pour l'avoir vivement éprouvé lors d'un congrès de l'internationale juive humaniste et laïque (le VIème) en Sorbonne, en 1996, que la plupart des Français juifs ne croient pas que le statu quo pour Israël soit d'avenir. Ils craignent au contraire que l'Etat juif, s'il continue comme il est, ne nourrisse un nouvel antisémitisme moins fantasmatique que les versions antérieures de ce simplisme et de cette haine.
 

Aucun commentaire: