Changement de signe
« premier jet » d’une fiction politique
voir aussi http://lireecrire.blogspot.com littérature : notes de lecture & écrits
inédits
Chapitre 3
Le Président de la
République
à Monsieur le Premier ministre
Dimanche matin, le 20 … 201…
Mon cher Premier ministre,
je vous confirme ce dont nous sommes
convenus à mi-mot, tout hier, et surtout hier soir à la suite de notre moment
télévisé ensemble.
Il n’y a pas de changement de gouvernement.
Il y a choix du cap national et européen de la France. Il faut
cependant que nous adaptions le gouvernement et notre organisation à ce choix,
qui nous est dicté par ce que nous entendons des Français. Ce sont eux nos
pédagogues, et non pas nous les leurs. Le gouvernement doit donc être d’écoute,
et mettre en place ce que cette écoute nous prescrit.
Nous sommes, vous et moi, les seuls à
travailler en équipe depuis mon élection. Trop nombreux, les ministres – le
voudraient-ils – ne le peuvent pas.
Veuillez restreindre le gouvernement aux
strictes responsabilités dites régaliennes de l’Etat (défense, relations
extérieures, économie et finances, solidarité sociale, culture et transmission
du savoir aux sens les plus larges) et choisir sans considération d’élection ou
pas des personnalités aptes à commander nos administrations centrales et à
consulter nos compatriotes dans les domaines dont vous les chargerez.
L’administration et le contrôle du budget seront directement rattachés à vous,
quitte à ce que vous désgniez un secrétaire général ou un ministre délégué
auprès de vous. Le ministre de l’Economie et des Finances ne doit pas
s’absorber dans la comptabilité ni dans la fiscalité : celles-ci sont
l’affaire de tout le gouvernement.
Le temps n’est plus à l’affichage, aux
pistes, aux propositions ni aux fonds de tiroir. Nous sommes sous la pression
d’une prise de conscience des Français. Notre devoir est de leur permettre au
plus vite de donner le meilleur d’eux-mêmes, quelles que soient leurs positions
sociales, leurs générations, leurs origines et même leur statut au regard de
notre nationalité.
Vous présenterez au Parlement notre nouvel
ensemble au Parlement dès mercredi prochain, l’ après-midi à la suite du
conseil des ministres. Vous y exposerez aussi l’échéancier des premières
réunions pour l’élaboration du prochain plan de développement avec tous les
acteurs économiques, sociaux, culturels et financiers, qui ont été de tradition
depuis la Libération ou qui sont apparus à l’évidence depuis quinze ans qu’a
été supprimé ces dédcisives institutions et procédures. Le nom du Commissaire
général au Plan, dont l’administration sera rattaché à vous, devrait s’imposer
pendant ces premières délibérations que vous présiderez.
Notre pays attend effectivement d’être
libéré des entraves et du manque d’audace, d’imagination et d’écoute dont mes
prédécesseurs immédiats et moi-même pendant ces dix-huit premiers mois
d’exercice du mandat qui m’avait été accordé avec tant de confiance et de
maturité, avons malheureusement administré la preuve.
Cettre lettre n’est destinée qu’à vous.
Je saisis cette occasion, mon cher Premier
ministre, pour vous redire ma confiance et la reconnaissance.
19/…/201… à 10:55
Deux lettres du président de la République aux responsables allemands
Le Premier ministre vient d’atterrir à Berlin. Il a été
chargé par le président de la République de deux lettres à remettre et à
commenter aux responsables allemands. Le texte en est réservé aux destinataires.
Journal du Président
Au palais, en fin de matinée du dimanche 20… 201...
La machine est en route, l’administration, la production de textes
n’ont jamais cessé de fonctionner chez nous. Mon épistolier, travaillant un
moment à exposer la posture de cinq Français vis-à-vis de l’Allemagne [1]
depuis la Grande Guerre
– ce qui me donne l’idée pour lui donner une première marque de ma
considération de le charger de m’écrire quelques interventions pour le centenaire
de ce conflit dont personne n’est plus capable de dire de quoi il a été le
fondateur, à défaut d’être cause de beaucoup chez nous et dans le monde – a
dit, à titre d’exemple de cette persévérance de nos mécaniques qu’à la fin de
Juillet 1944, en commission allemande d’armistice, palais d’Iéna, on discutait
et convenait du montant mensuel que la Banque de France allait verser en fin de
journée au titre des frais d’occupation.
Pour ce soir, je reviens une dernière fois chez Arte,
ensuite les télévisions viendront me « prendre » ici, j’inviterai en
surprise une ou un des nouveaux ministres ou le commissaire au Plan ou quelque
correspondant dont la lettre et les suggestions ou réactions m’auront retenu.
C’est l’aléa de cette boîte à lettres du président de la République :
physique ou virtuelle. M’écrire est dispensé de timbre-poste. Je reçois
beaucoup, sans doute autant que mes prédécesseurs. On a publié des lettres
d’enfants au général de Gaulle et les quelques cinquante mille lettres – c’est
ce qu’il m’a été dit – adressées à Colombey ont été répertoriées et analysées à
l’époque. Quoi donc me parvient ? comment tout lire ? Je fais publier
maintenant deux lettres qui constitueront le thème de mes vingt minutes tout à
l’heure. J’ai refusé que l’on cherche un nom ou un sigle à ces émissions, mais
je les vis comme un moment entre l’Histoire, les Français et moi, leur
président du moment. Président par raccroc.
J’ai répété en campagne que je m’étais préparé, que j’étais prêt. Jeudi 7 Novembre 2013 –
15 heures 20 à 16 heures 45 Les Français n’y ont pas prêté attention.
Il était surtout dit que je n’avais aucune expérience gouvernementale,
qu’indirecte, veillant le Parti tandis que Lionel Jospin à qui j’avais succédé,
se préparait – lui déjà – depuis Matignon à entrer à l’Elysée, selon tout
probabilité. Moi, il y a juste deux ans, j’étais l’improbable. A quoi étais-je
prêt ? à la victoire électorale, mais ensuite ? le plan était bon,
aller à Berlin et motiver notre refus du traité budgétaire que je n’avais pas négocié
et que je n’aurais pas voulu. Dater certes notre retrait d’Afghanistan mais
faire évoluer la relation euro-atlantique en quittant de nouveau l’O.T.A.N.
cette fois non pas pour « hégémonisme » américain, mais pour
obslescebce d’un système qui est devenu mondial et qui peut préfigurer une
nouvelle forme de sécurité collective. A tous. Je ne l’ai pas fait, on a
ressorti des crédits communautaires « non consommés » et j’ai
propagandé la farce qui m’était joué, un pacte de croissance. Réédition du coup
fait à Lionel Jospin au Conseil européen d’Amsterdam dans les deux mois de
notre victoire électorale. J’ai fait étudier les avantages et les inconvénients
de sortir ou de rester : la question de l’O.T.A.N. a surtout été
l’occasion pour l’ancien ministre des Affaires Etrangères que j’avais chargé de
m’argumenter, de faire valoir à ce poste. Il était déjà pourvu.
Depuis deux jours me voici enfin prêt. Je me suis entendu dire
avant-hier et hier soir ce que j’étais incapable de dire quand je suis arrivé
ici, même si je l’avais pensé, ce qui
était pourtant fugitivement le cas. Ce qu’a cru mon épistolier, selon ses
premières missives à mon entrée en fonctions : j’ai fait ressortir son
dossier. Cocasse, il y avait aussi ce qu’il écrivait à Jacques Chirac et qui avait
été systématiquement détourné par Dominique de Villepin, ce que – selon un
double – admis un des directeurs du cabinet ensuite. Les archives de mon
prédécesseur ont disparu, et parce que ses œuvres complètes sur le site de
l’Elysée étaient d’un entretien informatique payé à une officine privée, je les
en ai fait retirer. Mesquinerie ? il a fait détruire toutes les lettres
qui me furent adressées – à ses bons soins – entre le soir de mon élection et
le matin où il a quitté ces lieux.
Fonctionner ? Oui, le mouvement inverse du bouche à oreille.
La culture atavique de notre pays, le bon sens de mes compatriotes, le peu que
je commence à savoir des usages et des gens pour en conclure que ces manières
avancent peu les questions et ne permettent pas les décisions ni ici ni entre
amis européens. Prendre du temps pour projeter et pour voir, après avoir
entendu de toutes parts. Il va me falloir trouver où marcher et quand
réfléchir. Avec Héro, ensemble, nous allons bien. Mais seul ? qui dois-je
affronter en moi. Je me suis révélé aux autres, aux Français, à moi-même :
obstiné. Je ne mesure pas la justesse de ce que d’autres ont qualifié
d’immobilisme à l’aune de mon impopularité. Elle ne me gêne pas
personnellement. Mais rien ou presque de ce que j’ai décidé et de ce que je
maintiens si tant est que ce sont des orientations, n’a prise sur la réalité,
ne provoque les esprits et ne remédie à nos situations. Je crois que je suis –
tout bonnement – sorti de moi-même et me consacre depuis quarante-huit heures à
une fonction de service. Non plus de présidence ou de chefferie. Responsable de
tout médiatiquement comme il a été justement observé pour mes prédécesseurs et
maintenant pour moi, du fait des techniques et des habitudes de la
communication de masse. Responsable constitutionnellement ? oui, selon les
formules du général de Gaulle que Gaston Defferre avait reprises à son compte
pour candidater selon l’esprit alors nouveau et rejeté par François Mitterrand
et surtout par Pierre Mendès France. C’étaient des questions de cours en
faculté et à Sciences-Po. Comprendre une époque, correspondre à un peuple, les
faire se rencontrer pour qu’un morceau de la collectivité mondiale avance et
peut-être entraine le reste de la planète humaine, c’est cela ma fonction
présidentielle, n’est-ce pas ?
Je crois que Héro va faire un bon travail à Berlin.
Jeudi 7 Novembre 2013 – 18 heures
19/…/201… à 11:05
Deux lettres du président de la République aux responsables allemands (2)
Le Premier ministre vient
d’atterrir à Berlin. Il a été chargé par le président de la République de deux
lettres à remettre et à commenter aux responsables allemands. Le texte en est
réservé aux destinataires. Il semble cependant que M. Héro va préciser à la
Chancelière allemande où veut en venir son partenaire français et lui proposer
la matière et le calendrier d’une relance eurropéenne souhaitée à Paris comme
aussi fondatrice que la
déclaration Schuman. Il devrait rencontrer
aussi le président du S.P.D. qui a de bonnes chances de devenir vice-chancelier
dans le gouvernement de grande coalition si celui-ci se constitue finalement.
Un commentateur de la radio
bavaroise observe que les propos tenus ces deux derniers soirs par le président
français ont tellement rencontré les souhaits du S.P.D. même peu exprimés dans
la campagne de ce parti, qu’ils étaient en train d’empêcher l’accord de
coalition avec les conservateurs C.D.U. Ce serait donc au Premier ministre
français, parfait germanisant, de faire aboutir cet accord.
Le paradoxe s’était déjà
rencontré il y a plus de quarante-cinq ans quand l’ancien chancelier Adenauer
avait fait mettre en minorité son successeur Ludwig Erhard pour
« gaullophobie ». Les Français avaient provoqué le premier
gouvernement de grande coalition chez leurs voisins allemands, celui de
Kurt-Georg Kiesinger et Willy Brandt.
19/…/201… à 11:10
Un couple franco-anglais s’adresse au président de la République à la
suite de ses déclarations sur Arte
La présidence de la République
communique, sans en citer les signataires, le souhait laissé sur la messagerie
du site de l’Elysée, par un jeune couple franco-anglais, éleveur de chevaux en
Normandie.
Citation – Monsieur le Président,
il dépend de vous que l’Angleterre se mette sincèrement à l’œuvre européenne.
Vous êtes en train de définir l’obligation et les moyens de la solidarité
monétaire et fiscale entre Etats-membres, qu’ils participent ou non à la
monnaie unique, et vous suggérez une politique industrielle unique pour
l’ensemble de notre cher Vieux Monde. N’oubliez ni l’agriculture ni aucune de
nos spécificités à chacun. C’est notre pluralisme qui fait de nous tous
ensemble la seule partie de la planète vraiment démocratique et où les Etats ne
sont aux mains ni des financiers ni des dictateurs. Parlez, agissez. Nos
gouvernements suivront. Nous croyons enfin que l’Europe a toujours été le
terrain de culture de tous les métissages de toutes les sortes. Avancez et
faites avancer. – fin de citation
19/…/201… à 11:12
Une élève d’HEC, en stage de gestion d’un fonds éthique et solidaire, pose
la bonne question à son grand ancien
Lettre déposée cette nuit dans la
boîte de la rue de l’Elysée, sous la fenêtre des chambres à coucher
présidentielle. Se présentant comme débutante en gestion de portefeuilles
éthiqu et solidaire, la jeune élève d’H.E.D. dont le président Effach est
également diplomé, pose en deux phrases la question des capacités financières
françaises. Le pays n’a plus la capacité de ses services publics ni
d’investissements conséquents, donc d’une relance autant par l’équipement que
par une consommation en partie libérée fiscalement. Comment y remédier ?
les apports étrangers, notamment des « monarchies pétrolières »
sont-ils une chance pour la France ou une main-mise sur le peu qu’il lui
reste ?
En publiant cette lettre, comme
la précédente, la présidence de la République précise qu’elles recevront
réponse lors de l’émission de ce soir. Celle-ci sera la dernière sur la chaine
franco-allemande. Le Président interviendra ensuite sur les chaînes publiques,
puis, dans l’ordre croissant de leur audience, sur les chaînes privées.
Jeudi 7 Novembre 2013 – 15 heures 20 à 16 heures 45
Journal du Président
Ibidem, fin d’après-midi du dimanche 20… 201...
Je ne change rien à hier ni avant-hier. Les techniciens d’Arte
ont laissé leur installation, ils viennent à sept heures et demi faire les
branchements. Les lettres que j’ai fait publier me donnent la trame de ce que
je vais dire. Je parle sans être interrogé ni, à plus forte raison, présenté.
Je bouge de ma table de travail au canapé, sur lequel François Mitterrand
aimait s’asseoir, seul, pour recevoir ses visiteurs, chacun autour de lui ou
face à lui, selon leur nombre et installés dans des fauteuils. Hier, je suis
allé jusqu’à la porte des aids-de-camp pour accueillir Héro. Je laisse libre le
cinéaste de varier ses plans. Il a ainsi présenté mes mains, m’a filmé de dos
tandis que je m’étais levé pour arranger une embrasse de rideau. Le direct
n’est pas gênant, je n’ai aucun effort de récitation à produire, je peux m’arrêter
de parler sans choquer, je pense… développer, laisser cheminer…
Pas encore de sondages sur le changement ou pas de ma position dans
l’opinion publique, mais les télévisions, quel que soit leur statut ou leur
propriétaire, me demandent. L’Allemagne et la Russie, sans le truchement des
ambassadeurs, me proposent un temps d’antenne mais en différé. Je ne crois pas
ce que soit affaire de censure mais de mise en valeur.
19/…/201… à 20:00
Troisième prestation présidentielle
Le Président vient de terminer
son exposé vespéral, désormais quotidien. Exercice sans aucun précédent, mais
dont il est dit à l’Elysée qu’il devrait prendre fin d’ici une huitaine de
soirs au plus, quitte à ce que ans une forme plus classique une conclusion
générale soit apportée.
Manifestement rajeuni et serein,
le président Effach a remercié les Français pour leur bon accueil à ses propos.
Au jeune couple franco-anglais, il propose l’ambition de donner ensemble,
Grande-Bretagne et France, une voix décisive à l’Europe, la double voix portée
par un représentant commun au Conseil de sécurité des Nations Unies, et une
capacité propre de dissuasion nucléaire. Les deux pays sont en effet seuls dans
l’Union européenne à disposer chacun d’un siège permanent avec le fameux droit
de veto, et à s’être doté d’une force nucléaire. Le Président a ajouté que le
même esprit de disponibilité eurropéenne pouvait valoir pour rapprocher les
deux banques centrales, celle de Londres et la B.C.E. à Francfort et établir
une politique monétaire commune menant à une parité fixe entre le sterling et
l’euro. Il a insisté sur la nécesité du concours britannique à chacune des
mesures qui seront prises contre la spéculation. L’Angleterre a sans doute le
savoir-faire de sa Cité et le secret de beaucoup de paradis fiscaux. La France
et même la zone euro. ne les ont pas à ce point mais les deux pays, et l’Union
tout entière ont à faire avec des Etats-Unis qui ne sont plus ceux de Roosevelt,
ni même de Nixon mettant fin à la convertibilité du dollar. La question est de
savoir si leur gouvernement et leur législateur ne sont pas sous influence de
groupes bancaires vivant de la spéculation et de l’obsession du renseignement
sécuritaire. C’est même la question de démocratie. Enfin, les deux pays,
actuellement bien plus dépourvus industriellement et commercialement que
l’Allemagne, ont un passé à réactualiser et des savoir-faire à réaffecter.
Sinon, ils seront perdus.
La question des dettes
souveraines, du financement des déficits et de la reprise de l’investissement a
été traitée, à la demande du Président, par l’ancien ministre des Finances de
François Mitterrand et de Pierre Bérégovoy. Il passe pour le probable nouveau
« patron » de Bercy, dans les jours à venir. L’étudiante d’H.E.C. a
rappelé ses questions, au sein d’une assemblée tenue à Jouy-en-Josas et reliée
en duplex avec les studios d’Arte
retransmettant à l’Elysée. Après qu’ait été saluée la performance de l’officine
où la jeune fille accomplit son stage : seules les gestions bénéficiaires
sont facturées, ce qui en période aussi baissière est spectaculaire, les
réponses ont été lapidaires. Moratoire des dettes souveraines. Comme les Etats
émettent le papier le plus recherché par les spéculateurs, ceux-ci vont perdre
le principal de leur menu. La solidarité avec les Etats défaillants du sud
européen sera plus aisé à assurer. Le financement des déficits publics, à
commencer par celui de notre pays, ainsi que les grands investissements
d’infrastructure, se feront par appel direct aux particuliers. Le Président,
connaissant maintenant ses classiques, a rappelé les emprunts Pinay de 1952 et
celui du général de Gaulle avec le même Pinay en 1958. Les bons du Trésor
seront gagés sur de grandes ressources et acquis par le public en tous lieux
publics a repris le ministre. Le Président a alors évoqué les bureaux de poste,
ceux de tabac et pourquoi pas les laveries automatiques. Ainsi, au lieu
d’augmenter sans cesse les impôts directs ou indirects, une part très
importante des financements publics proviendra de contributuions volontaires et
rétribuées à term. Naturellement, le placement des emprunts soit pour la
trésorerie de l’Etat, soit pour des investissements précis, soit encore pour le
soutien de grandes entreprises égarées par des erreurs de stratégie ou la
cupidité de certains dirigeants, il faut le dire, a précisé le Président en
interrompant son ministre… suppose la confiance des Français dans la France et
son gouvernement.
L’heure des journaux télévisés,
strictement respectée, a mis fin aux exposés, juste à ce point…. De suspension.
Les investissements arabes et peut-être la question israëlo-palestinienne qui
n’en est guère détachable seront donc traités ultérieurement. L’Elysée n’xclut
pas que le Président aille discuter un prochain jour à H.E.C., en simple ancien
élève, de l’ensemble des questions posées par sa cadette.
Jeudi 7 Novembre 2013 – 18 heures 15 à 19 heures 30
19/…/201… à 22:45
Le président de la République, seul, devant la tombe du général de
Gaulle, à Colombey-les-deux-Eglises
C’est une jeune stagiaire de la
gendarmerie de Chaumont qui a téléphoné la nouvelle à ses parents. Il s’est
trouvé que le père de celle-ci est le correspondant du journal local, qu’il n’a
pu résister à se rendre immédiatement au cimetière, à prendre une image du
président de la République, seul avec son aide de camp, en manteau de pluie,
devant l’une des tombes les plus célèbres de France. Et à communiquer à sa
rédaction qui en fait évidemment la une pour demain.
Le Président a probablement
quitté Paris par hélicoptère depuis Villacoublay, comme autrefois le général de
Gaulle, dès la fin de son « moment d’histoire de la France immédiatement
décidée » – selon l’expression qu’il semble avoir improvisée puis retenue
au cours de l’émission d’Arte, à laquelle il venait encore de se prêter à 19
heures 40 comme la veille.
L’Elysée ne dément pas.
Vérification faite, le président
Effach n’avait encore jamais fait ce pèlerinage. Il avait quinze ans à la
démission forcée du fondateur de la Cinquème République
et a dû, à l’époque, coller les affiches de Gaston Deferre, soutenu par Pierre
Mendès France, son Premier ministre putatif.
Ce geste – inattendu, mais lourd
de signification – rappelle celui du président Giscard d’Estaing, étiqueté
anti-gaulliste depuis qu’il avait voté non au referendum de 1969. Au premier
anniversaire de la mort du Général, au début de son propre mandat, se rendit
dans la même journée à l’Ile Longue pour confirmer son attachement à la
doctrine nucléaire de son grand prédécesseur, puis sur la tombe de celui-ci [2].
Jeudi
7 Novembre 2013 – 15 heures 20 à 16
heures 45
Journal du Président
De retour chez…, milieu de la nuit du dimanche 20… au lundi 21...
201…
Je lui ai expliqué les dispositions provisoires que je dois prendre
pour rester dans l’ambiance que j’ai suscitée impromptu dans notre vie de
couple et dans la politique nationale. Je dormirai donc à l’Elysée sauf les
samedi-dimanche. Elle sera libre de m’accompagner ou pas dans mes déplacements
et obligations officiels, mais je me souviens d’un itinéraire de mon
adolescence, sac au dos, tout près de Paris, en vallée de Chevreuse, non loin
des Ecoles de Port-Royal. J’irai marcher, seul, deux ou trois fois par semaine.
Si elle le veut bien, nous retournerons ensemble à Colombey, accessoirement
visiter la Boisserie, mais principalement cette forêt qu’a affectionnée de
Gaulle. Il y a aussi de Saint-Jean-aux Bois à la route du Vieux Moulin, des
allées droites sous fûtaies. Héro aura besoin au contraire d’être sédentaire à
la Lanterne et d’y recevoir les ministres de notre seconde mouture
gouvernementale. Elle doit donc laisser la place. Elle ne me
répond pas là-dessus sinon qu’elle s’était habituée, et m’aimait ainsi, à me
voir courir la campagne électorale, mais guère à ce que je m’installe ainsi
dans une action aussi prenante mentalement. Elle voit juste. A aucun prix, je
ne dois perdre le fil. Il est déjà si tard.
Héro m’a appelé pendant que je rentrais de la Haute-Marne. La
Chancelière l’avait retenu à dîner en invitant aussi son
compétiteur S.P.D. Ils avaient visité la suite des chantiers pour ce qui avait
été le no man’s land le long du Mur. Seuls, tous les trois, ils ont convenu de
ce qui pourra être proposé à notre prochaine rencontre européenne. Rien de ce
que j’ai dit ne les a choqués. La Chancelière dit seulement qu’elle s’était
attendue à ce que cela soit notre première conversation le soir de mon
élection : dix-huit mois de retard, donc... Elle est bonne joueuse car je prends le contrepied de ce qu’il lui
plaisait que j’approuve, à l’instar de mon prédécesseur d’ailleurs. Mais depuis
Adenauer, l’Allemagne préfère une France différente et forte, qu’une France
sans opinion.
Jeudi
7 Novembre 2013 – 18 heures 58
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire