dimanche 3 novembre 2013

Inquiétude & Certitudes - dimanche 3 novembre 2013



Dimanche 3 Novembre 2013

Prier… Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres, car tu n’aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui. [1] Livre inspiré, pas canonique pour toutes les églises chrétiennes, mais quel effort de l’homme d’être parvenu à une telle « idée de Dieu » ! L’argument cartésien. Dans le cas de cette école grecque, il y a évidemment le fruit du judaïsme et l’expérience historique du salut d’un peuple choisi et guidé. Relire ce livre pour y voir les échos moins philosophiques, moins prière seulement humaine quoique si vraie et belle, de l’espérance messianique, l’effusion de l’Esprit, de la résurrection de la chair et de la vie éternelle. Là et en cela est la révélation. Les errances contre lesquelles lutte l’Apôtre : si l’on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivée, n’allez pas aussitôt perdre ma tête, ne vous laissez pas effrayer. C’est bien la mise en garde pour notre époque avec ces divagations : le créationnisme, le délire de la persécution « cathophobique », la panique devant la « théorie du gender » ou la « loi du genre » et ce sont la politique et la « religion » qui chez nous sont les ambiances les plus propices à ces aventures de la peur mentale alors que les problèmes de notre société, de notre économie sont bien concrets et immédiats, et que chacune de nos vies selon la vraie loi, celle de notre appétit de bonheur, et de notre besoin d’être aimés, considérés et sauvés pose elle aussi le vrai problème : celui de notre foi, laquelle est démontrée par son fait-même. Mystère d’avoir la foi, de la garder et tout cela dit avec les mots de l’appropriation, mais ne pouvant être vécu qu’en action de grâce et favorisé d’un tel don. Zachée, sa rencontre du Christ, son désir et la réponse : arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella. Toujours par le nom qu’a priori Jésus ne peut connaître. Le décisif, ce que fait, devine, énonce le Christ. L’initiative forte de Dieu, une sorte d’aimantation entre Lui et l’homme, une obsession de Jésus. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Puisse Dieu réussir ! Avec Zachée, cela « marche » parce que celui-ci se convertit instantanément, passé du désir à la vie : il  cherchait à voir qui était Jésus…  Voilà, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois de plus.

Calme et détente tout hier avec mes aimées. Lumière de ce matin avec le premier plan des arbustes de la terrasse, encore ombrée, puis la prairie claire, mouillée, rayonnante et paisible, le Penerf, la mer dans le fond, le ciel qui n’est que ciel. Mais tout hier soir, aux nouvelles, que je « prends » rarement, le cœur serré... Plus personne ne perce l'écran, le journalisme d'information est lamentable. Je suis soulevé, abattu de pitié pour notre pays, pour nous, si bas, en déclin, alors que nous pouvons tout. J’écris et cherche à me faire écouter du pouvoir (quel qu’il soit depuis des années, pourvu qu’il soit « le pouvoir » quoique tout concourt à l’extinction de toute capacité publique et élective, un « dépérissement de l’Etat »  anx antipodes de ce que croyait voir Marx). Contribuer au salut de mon pays est ma propre obsession. En même temps que l’équilibre, le salut et l’avenir du couple et de la famille qu’il m’a été donné, au tard de ma vie, de former. Je me sens responsable… tout simplement. Les prix littéraires me font saliver comme bras de levier.

Quimper, le Mali… des faits qui ne sont pas d’un registre nouveau. Mais, sauf à propos du « mariage gay » et étant oublié la concession d’estrade sur la liberté de conscience des maires et des officiers municipaux à propos de la célébration de ces unions, l’opinion publique est désormais davantage marquée par les reculs du « pouvoir » que par la politique-même de celui-ci. Les sondages sur lesquels je « retombe » pour les mois de Septembre et Octobre 2012 – un an, soit dans les trois-quatre mois suivant l’élection présidentielle – montrent que presque tout de suite les deux thèmes forts du nouveau Président : efficacité, justice, dans un perspective à deux ans des retours aux grands équilibres, n’étaient déjà pas crus. Le peu de politique qui était déjà mené, pas encore le vote du budget, pas encore le dépôt du projet de loi Taubira, pas encore Florange et un attentisme pas encore celui de l’impuissance pour Aulnay, était considéré comme inefficace et injuste. C’est donc à la racine du pouvoir actuel que le mal se trouve et que se situe le désaccord total avec l’opinion publique. Sur le fond.

Ce qui est maintenant grave, c’est le reproche, le constat de faiblesse et d’impuissance. Il ne peut conduire qu’à deux comportements gravissimes. L’un consistant de la part de tous les « intérêts » mais plus encore et surtout avec plus de légitimité, de la part des spoliés, des massacrés, des désespérés, à « y aller », donc à mettre en demeure par la force : les manifestations, le désordre public, puisque la grève coûte cher aux salariés et que ceux-ci savent la précarité de leurs entreprises. Et l’autre, en réponse, serait de se crisper à tort et à travers pour avoir l’air fort. Impasse totale.

Comme s’il avait anticipé – inconsciemment ? – cette impasse et l’avait ressentie (on prête à Jacques Delors comme raison de sa non participation à la course présidentielle de 1995 qui lui était pourtant très ouverte, sa conscience aigüe de l’impossibilité de faire les choses comme il les aurait entendues parce que l’opinion n’y était pas prête, et parce que les partis, à commencer par le sien, s’y seraient refusés), François Hollande a été ces dix premiers mois de 2013 pratiquement absent, même s’il intervenait presque chaque jour mais sans le moindre impact ni sur quelque sujet marquant. Banalisé par lui-même, il s’est enfoncé dans l’absence. Aujourd’hui, la contestation n’est plus celle sans portée d’une opposition qui n’a rien à proposer que le retour de Sarkozy gagnant un second tour à la Chirac en 2002 contre la fille du père – victoire calamiteuse pour l’esprit public et n’ayant incité à rien de profond alors – elle est celle de la majorité dite présidentielle. Il semble que même les ministres doutent du « leadership » du président de la République. Kennedy arrivant à Orly et accueilli comme il se doit par de Gaulle : « votre leadership, votre sens de l’histoire », et l’on n’était qu’en 1961, trois ans seulement d’exercice du pouvoir, la guerre d’Algérie continuant, ni le Québec libre, ni la contestation du dollar comme monnaie-étalon, ni le voyage à Moscou, ni la condamnation des annexions israëliennes, etc… ni Mai 68, non plus.

L’autorité présidentielle en cause, non selon le système des institutions, mais selon la manière de François Hollande et bientôt à raison de sa personnalité et de son tempérament ? alors même que depuis une vingtaine d’années la prépotence de l’Etat dans l’évolution du pays, dans l’orientation spirituelle des esprits, est rongée, contestée, que l’Etat même dépérit d’année en année… Quant à soi, résignation, désespérance, pas même les exutoires grec ou espagnol : la faute aux autres ou aux banques….


[1] - Sagesse XI 23 à XII 2 ; psaume CXLV ; 2ème lettre de Paul aux Thessaloniciens I 11 à II 2 ; évangile selon saint Luc XIX 1 à 10

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