Vendredi 13 Septembre 2013
Hier après-midi
Bain de fraicheur en lisant au hasard quelques pages du
futur Benoît XVI, comme cela m’était déjà tombé sous la main ce matin… quand il
n’était, il y a seize ans « que » responsable de la congrégation dite
de la doctrine de la foi [1]. Cela en regard d’un nouveau et récent texte du
cardinal BARBARIN, que me fait découvrir l’une de mes paroisses
territoriales : je réagis [2],
rtenforcé dans mon projet d’écrire quelque chose sur la présence de l’Eglise au
monde, sur son accueil du monde tel qu’il est et veut être, sur l’exercice des
différentes fonctions dans l’Eglise. Tout a été dit en dogme par Vatican II, mais, sans rapport direct avec
l’enseignemente la prise de conscience de ce concile, presque plus rien n’est
de bon sens et de vie pratique dans le quotidien de l’Eglise, au moins tel que
j’en ai l’expérience non moins quotidienne. Benoît XVI, très grand pape parce
qu’il est exceptionnel que l’élu ait autant écrit, publié et ait donné à
connaître sa pensée et son mode de penser (et de prier) avant d’être discerné
par ses papirs, et exceptionnel qu’il fasse part de sa relation personnelle à
Dieu, cf. ses confidences à un visiteur à propos d’un des éléments de sa
décision de renoncer. Exceptionnel en morale sexuel, puisque le premier à
considérer, aussi, eros et le
plaisir. Exceptionnel enfin par sa renonciation qui situe la fonction de
pontife suprême comme un service (sinon une « corvée ») et non une
royauté, ce qui, malgré qu’en aient ses prédécesseurs, paraissait trop pour
chacun des papes. En ce sens, il est fondateur. Reste qu’un des privilèges tout
humains de l’Eglise catholique romaine est bien la richesse et la grandeur,
l’adéquation même paradoxale à leur temps, de chacun des papes depuis au moins
deux siècles. L’autre privilège de la même Eglise est sans doute la fonction sacerotale
non dans les modes de vie de ceux qui l’exercent, et qui me paraissent à revoir
totalement au moins en France, mais dans cette présence et cette communication
du Verbe incarné, au lieu qu’en Islam ou dans les Eglises
« protestantes » les professionnels du culte sont des saints sans
doute, des savants aussi, mais ils ne sont que guides de la prière, ils
n’apportent que les mains des fidèles ouvertes à Dieu. La messe catholique et
la messe orthodoxe sont déjà l’autre monde, donc l’éternité, elles sont aussi
l’Incarnation
Ce matin
La messe, ce matin, comme il m’est possible chaque
vendredi. Les textes [3] ne
correspondent pas à mon fascicule Prions
en Eglise pour aujourd’hui [4]…
Ayant à lire l’ « épître » (il est toujours plus difficile de
lire que de parler, car lire c’est servir un texte, communier avec celui qui a
écrit et avec ce dont il écrit, tandis que l’orateur exprime ce que l’auditoire
attend, le met en forme et à partir de cette prise de possession relative peut
développer et poursuivre, il est alors suivi parce qu’il a d’abord
rencontré : l’empathie est plus aisée que l’humilité, forme suprême de
l’intelligence), j’entends ce qui est pour moi tout à fait inattendu et nouveau
comme expression de notre mission : que la vie de Jésus soit, elle aussi,
manifestée, dans notre corps. Quoique vivants en effet, nous sommes sans cesse
livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi,
manifestée dans notre chair mortelle. Ce
n’est pas du tout de l’au-delà ni de la seule Passion du
Christ qu’il s’agit, mais bien du présent et d’une forme immédiate de notre
participation à la vie divine, puisque nous sommes appelés, par notre foi nous
mettant à la suite du Christ, à participer au mystère de sa vie terrestre. – De plus en plus, la
messe : communion aux morts, ceux/celles que j’ai connus, qui m’ont
ensemencés, qui nous précèdent intensément. Les récitations divreses en
assemblée : j’aime entendre tel voisin, homme mûr, dire le Pater… je m’émerveille de ce que notre petite
fille dit bien de mémoire le Je crois en Dieu… je m’émeus d’entendre ma femme chanter à l’église et, elle
aussi,réciter le Notre Père. Avec quelle joie et quelle reconnaissance, je me
tais alors, j’écoute : ces évocations de l’éternité et des musiques
célestes, ennuyeuses au premier degré de la lecture, appellent, je crois, à
attendre ce fin fond et ce définitif de toute communion-union. – Sortie de
messe. Sacristie, notre célébrant distant et pressé ainsi que toujours. Il ne
« baisse la garde » qu’en partage mensuel d’évangile, alors l’échange
se fait, j’admire alors plus la foi et l’insistance qu’une réelle ingéniosité
ou qu’une science. En ce sens, notre recteur desservant est d’abord un chrétien
de base, de foi. Ce n’est pas mal, même s’il est roide dans la relation de
banalité. Un pieux participant à ces messes de semaine et à cet exercice
mensuel opine sur le mystère, que j’appelais à propos de la réduction d’une de
nos relations communes au fauteuol roulant depuis des années, et de la
perspective morbide d’une autre, de
plus en plus jaune, maigre mais protestant seulement de ses
rhumatismes alors que selon sa fille, il s’agit d’un cancer du sang. Lui ne
voit le mystère que dans la relation à Dieu, tout l’homme n’étant que...(peu
?), surtout si je devais suivre sa recommandation de ne pas évoquer ma vie
personnelle, ce qu’il avait cru en partage d’évangile quand j’ai dit la
distance entre la vérité du sacrement donnant le pardon divin aux plus énormes
fautes humaines, et le ressenti du pécheur, qui pardonné de Dieu, n’est
toujours pas pardonné de soi-même… Pour moi, le mystère n’est pas la relation
de l’homme à Dieu, si nous sommes dans la foi. Le mystère est que tant de parcours humains
si différents, tant de liberté, tant d’aventures, tant de lacunes aboutissent
tous au même bien commun, sont tous mûs par le même appel, et qu’en ce sens,
même si l’expression diffère selon les cultures, les époques, les générations,
le chemin de tout être vivant vers son créateur est analogue à celui de tous
les autres, et que notre fraternité est tellement là que souvent Jésus
l’invoque comme exemple immédiat de ce dont nous sommes, quand même. capables.
Mystère dont seul Dieu répond, et c'est par là qu'Il se manifeste si
quotidiennement.
Prier…
comment ne pas fondre en lisant Paul dans son amour paternel pour Timothée et
dans la leçon de relation humaine, selon le spirituel qu’il nous donne… deux
mille après ses propres éphémérides et circonstances : mon véritable enfant, dans la foi, je te souhaite à toi,
Timothée, grâce, miséricorde et paix. Il
nous donne aussi une forte définition de la vocation sacerdotale et
apostolique : apôtre du Christ Jésus par ordre de Dieu notre Sauveur
et du Christ Jésus notre espérance. Et
enfin la caractérisation d’une conversion, à l’initiative de Dieu, nous
choisissant pour collaborer au salut du monde et de ceux que nous aimons (ou
aimons moins…) : il m’a faut confiance en me chargeant du ministère,
moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le
Christ m’a pardonné : ce que je faisais, c’était par ignorance (Père, pardonne-leur, ils ne savent pas
ce qu’ils font), car je n’avais pas la foi. Mais la grâce de
notre seiugneur a été encore plus forte, avec la foi et l’amour dans le Christ
Jésus. L’évangile de la paille et de la
poutre – image un peu forcée et qu’un enseignant de collège refuserait ou
annoterait comme de « mon temps » : beau sujet pour un prix de
Rome ! – me semble de ce registre si fréquent chez Jésus : la
réciprocité, le mutuel dans la relation, la fraternité humaines. L’autre nous
donne notre mesure et nous avons cette responsabilité de l’aider à trouver, ainsi,
la sienne. Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur
m’avertit.
Les
« pot-au-noir » parmi tant d’autres que j’ignore mis qui aux
antipodes ou dans d’autres ambiances culturelles et sociales doivent hanter les
gens… de notre côté : la Syrie, passés le « sommet » de
Petersbourg et la réunion des 28 de l’Union européenne à Vilnius, tout est
retombé, plus de missiles, plus de débats à l’O.N.U. Ce qui pèse sur les dirigeants,
c’est la « responsabilité médiatique », je ne sais où j’ai lu ce concept
pas encore très défini mais d’expression nouvelle. Quelles que soient les
institutions ou la réalité des prérogatives, tel ou tel, masculin ou féminin,
est réputé en dialogue avec l’opinion, en prise avec les circonstances « suprêmement ».
ce qui est un leurre, une contre-vérité empêchant tout réel examen des conditions
dans lesquelles sont prises les décisions. Donc, depuis Petersbourg, plus
personne nulle part sur la
dunette. Mali… autre forme d’escamotage du problème. Il crève
les yeux que le Nord n’est pas sécurisé puisque la Libye est incontrôlée pour toute
sa partie saharienne et qu’Ibrahim Boubakar Keita, dont je ne sais s’il a
quelque parenté avec Modibo son homonyme, tôt ou tard, se fera une popularité
et une défausse à nos dépens.
Ouest-France titre : « Jean-Marc Ayrault veut
rassurer les agriculteurs ». Il vaudrait mieux écrire : « cherche
à se justifier » ; La réalité est que nous sommes parvenus de 1961 à
2013 ou 2015 à inventer, faire adopter et maintenir une politique agricole commune
à Six et jusqu’à Vingt-Huit, mais que maintenant c’est fini, et qu’en cinquante
ans, nous n’avons pas su pérenniser notre avantage en Europe et dans le monde,
et que d’autres en Europe et dans le monde, nous concurrencent même sur nos
points tradfitionnellement forts. Et pourtant le pays se met en friche et notre
population d’activité agricole a peut-être diminué des neuf dixièmes depuis ?
les années 60 ? la Libération ?
Le
Monde titre « Hollande ressuscite la poliique industrielle », c’est
le catalogue des 34 « projets d’avenir » dont ne fait pas partie
Florange, et qu’a rédigé un cabinet de conseil américain Mc Kinsey, je crois. Effrayant,
un Etat dont les grands groupes financiers (il n’y a plus de groupes
industriels français et en France) ne veulent pas, qu’ils méprisent serait
capable de conduire à lui seul ou de susciter des investissements par lui-même ?
alors qu’il y a un commissaire général à je ne sais plus quoi Louis Gallois,
avec son fameux rapport sur la compétivité, et qui semble n’avoir pas participé
à ce travail, alors qu’un gouvernement dit de gauche, mais n’importe quelle
conversation aux caisses de grandes surfaces avec des quidam et avec « l’hôtesse
de caisse » ne diagnostique même plus que gauxche, droite et même centre c’est
pareil, mais déclare qu’il n’y a pas de gouvernement de gauche du tout… qu’un
gouvernement dit de gauche est amnésique et oublie nationalisation et
planification, selon les expériences françaises. Mensonge que ce « redressement
productif ». Et même : scandale, un pays qui ne sait plus quoi faire de
lui-même…
Des
constitutionnalistes, mes contemporains laborieux ou ingénieux : Maus et
Avril, débattent sur le débat sans vote au Parlement à propos de la Syrie :
engager la responsabilité du gouvernement selon le nouvel article 50-1 ou
appeler la censure selon le 49-3 ? Oubli étonnant, inauguré par Nicolas
Sarkozy à peine obtenue la révision de Juillet 2008 : des discours
présidentiels au Congrès du Parlement réuni à Versailles, on n’a guère eu qu’un
bla-bla sur le grand emprunt aux affectations listées par Rocard et Juppé (duo
à la Delon-Belmondo, couverture de Match, « les vieux de la vieille »,
succès noir-et-blanc des années 50) et financées en circuit fermé des banques. Soixante-dix
milliards dont on ne sait où ils sont passés, comme on attend toujours les 125
ou 160 milliards du pacte de croissance censé « compenser » notre
acceptation du traité budgétaire…
Sensation
d’irréalité et de passivité, les Français vieillis et le dos rond, ne
comprenant plus les jeunes classes, ne remédiant au chômage des jeunest, et
leurs dirigeants attendant du dehors ou du fatum la « reprise »
mondiale …
Tout
ce qui allait de soi, à mon adolescence, la grandeur et l’initiative
françaises, l’entreprise européenne qui allait changer la planète, le civisme
et l’ingéniosité démocratique… semblent figés comme les personnages de la belle
au bois dormant. Ce qui bouge n’est que local, ces médiathèques, ces bâtiments
scolaires… du moins là où nous habitons et vivons.
[1] - - cardinal RATZINGER . entretiens avec
Peter Seewald . Le sel de la terre . le christianisme et l’Eglise catholique
au seuil du troisième millénaire
(Flamarion/Cerf . Mars 1997 . 278 pages)
To:
Sent: Thursday, September 12, 2013
3:29 PM
Subject: lisant le blog.
Cher Père, grâce à vous, je lis le texte du cardinal Barbarin.
Ma femme et moi, le "démarchant" en 2003 pour un fonds
éthique et solidaire géré par Edith à l'époque, avions eu la meilleure
impression de lui : accessibilité, bonne organisation intel- lectuelle,
conscience du pratique autant que de l'insertion du pratique dans la vie
spirituelle de tout un chacun et dans la responsabilité du pasteur.
Quand a commencé le débat sur le projet Taubira, j'ai été choqué
par ce qu'a rapporté de ses propos l'AFP et qui à ma connaissance n'a pas été
démenti.
Depuis qu'ont été comptés, même de façon contradictoire, les
manifestants du 13 Novembre 2012 et des rendez-vous suivants, il y a une sorte
de "divine surprise" - l'abbé de K..., que j'aime bien et connais de
nombreuses conversations ,dans un numéro-prospectus de la Nef (de l'islam au
chritianisme) faisant bonne place au monastère qu'il conduit... salue "le
beau réveil du peuple de France". X colloques et "universités"
se penchent avec gravité sur cette capacité mobilisatrice et sur la
pérennisation du mouvement : un nouveau parti ? un printemps français ? une
théocratie anticipant le chapitre XXII de l'Apocalypse. Les "cathos"
peuvent mettre dans la rue plus que les "socialos" ou naguère les
communistes. Douce merveille. Les municipales, les européennes...
Ce qui est afficher exactement le défaut ou le crime que ces
zélateurs reprochent aux islamistes : la loi de Dieu en direct dans la vie
politique. Généralement pas au social où le droit divin des dirigeants de
grands groupes n'est toujours pas vraiment contesté en Eglise, ni en économie
où le rôle de l'Etat est abominé au même degré que par le MEDEF pour qui la
puissance publique n'est utile qu'à lever des impôts, renflouant au besoin les
erreurs de stratégie ou de gestion de ces dirigeants d'entreprise, et
éventuellement à empêcher que les salariés perdant leur emploi ne commencent à
tout casser.
Pour ma part, je ne crois pas que cela fasse avancer ni l'Eglise
ni la mission. J'ai
tendance à penser le contraire. Et même à projeter - en analogie avec le Front
national qui a absorbé idéologiquement l'U.M.P. dont plus personne ne peut
discerner que celle-ci ait quelque parenté avec le général de Gaulle, au vrai
et pas au figuré d'une gestuelle dans laquelle Civitas plagie l'appel du 18
Juin... - que l'Eglise de France risque d'être tout simplement ce qu'avait rêvé
Mgr. Lefebvre.
Je passe sur les propagandes par courriel que je reçois presque
quotidiennement pour des colloques et des revues, avec toutes la recommandation
de l'un ou l'autre de nos évêques.
Il y a en tout cas à réfléchir. En ce sens, ce qu'a proposé notre
évêque, que vous allez mettre en oeuvre pendant le carême et que je vais suivre
par anticipation à la paroisse-cathédrale, est excellent.
Par hasard, j'ai rouvert un livre du futur Benoît XVI, surtout la
page 151. Je compte d'ailleurs écrire ces jours-ci pour mieux situer la
problématique, quelque chose sur l'Eglise présente au monde : comment ? car
actuellement...
[3] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IV 10 à 15 ; psaume
XXXIX ; évangile selon saint Luc VI 27 à 38
[4] - Paul à Timothée I 1 à 14 passim ; psaume XVI ; évangile selon
saint Luc VI 39 à 42
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