mardi 3 septembre 2013

Inquiétude & Certitudes - mardi 3 septembre 2013




Mardi 3 Septembre 2013

Rentrée des classes, silence. Ceux pour qui cela dit quelque chose, un souvenir. Ceux pour qui cela signifie tout, l’univers, enfants, professeurs, parents, administration. Ceux pour qui cela ne signifie rien, comme des jours sans nuit ou des nuits sans jour, perpétuelle obscurité ou chez notre vieille dame, l’électricité en permanence. Syrie…. les démocraties vaincues par elles-mêmes : le refus des parlements, l’isolement de ceux qui voulaient « y aller », les dictatures préférées à quoi que ce soit d’autre, plutôt HITLER que BLUM… les Romains que le Christ. J’exagère. Chacun a raison ? des raisons ? sauf ceux qui meurent, qui hier sur les places publiques craignaient les bombes « occidentales », qui seront gazés ailleurs par leurs compatriotes de l’autre bord…
Prier… [1] tous furent effrayés, et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? car il commande avec autorité et puissance aux esprits mauvais, et ils sortent » ! Peur de l’inconnu, de l’insolite, de l’inexplicable. Le Christ faisait peur, l’immense dérangement, la mise en question de l’ordre établi, fut-celui des Romains, des publicains, de hiérarchies religieuses sans doute détestées par beaucoup… Sagesse du Padre Pio : la tentation, laisser tomber, la pensée du Christ crucifié dans nos bras, l’image comme le conseil sont forts. Il y a des saints, tous sont utiles, leur manière n’est pas tant à imiter qu’à comprendre dans son fond, ils s’en sont « tirés », du tragique et du facétieux de l’existence, ils ont fait une marche vers Dieu en pleine vie. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. … Dieu ne nous a pas destinés à sa colère ; il nous a destinés à entrer en possession du salut… C’est cet ordre étonnant qu’établit le Christ, auquel adhèrent les saints, et qui surprend toujours. Qui fait une autre solidarité, une dialectique du travail et de l’amour mutuel, de la confiance. Réconfortez-vous les uns les autres et travaillez à vous construire mutuellement comme vous le faites déjà. … Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerai-je ?
Deux anniversaires. Hier, celui de la mort de mon cher Erich BIELKA, ministre des Affaires étrangères de Bruno KREISKY, mon mentor en Autriche et mon initiateur à toute l’Europe centrale de l’Est, à probablement l’une des grandes lacunes de l’autre siècle, présageant nos deux autres grands ratages : la décolonisation, puis l’implosion soviétique. Peut-être en ce moment ratons-nous la mûe de la démocratie, chez nous et ailleurs (Proche-Orient, Afrique) par excès de modélisation, la démocratie dont nous n’avons su ni donner l’esprit aux uns, l’envie aux autres : Russes et Chinois. Nous ne léguons, serviteurs, que le goût du lucre, de la domination, de l’argent et donc de la dictature… le mensonge. Et aujourd’hui, la naissance de ma chère mère, femme accomplie s’il en fut, s’il en est, produit très simple d’une société au naturel très construit et d’un tropisme très fort pour l’affection, l’affectivité, la sociabilité moyennant le respect mutuel, la responsabilité de soi, la dignité des autres et de soi. Une mère forte qui me confia tôt pour notre bonheur mutuel et une entente de tous les instants et de tous les lieux, sa vulnérabilité. Maman, la victorieuse.
J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté. Ainsi,se protège et se bâtit une existence humaine. Et notre mutuelle osmose, pas nécessaire à dire ni expliciter… tandis que notre trésor s’éveille et que la rentrée – appréhendée – va s’effectuer. Le jour est peu lumineux. Pas un temps ni une météo. de vacances.

matin

Presse écrite aux présentoirs du super-marché. Match : Claire Chazal, toujours le jeu de jambes nues et le peignoir thalassothérapie, quatre ou cinq fois par an. Voilà ou Gala : attaquée pour la deuxième fois à l’acide. Carla (Bruni-Sarkozy) : le sourire retrouvé. En d’autres temps, il y aurait eu la couverture sur la Syrie ou le procès des militaires turcs ou encore le fantôme de Tony Blair aux Communes. De la politique, et non de la distraction avec la culture de l’envie d’être star soi-même ou présentatrice du JT… Céline Dion qui lâche son protecteur de mari, de père, etc… François Fillon (selon Match en bandeau) comprend avec des années de retard (comme Speer à Spandau s’aperçut rétrospectivement que Hitler était laid de visage) que pour gouverner il faut être équilibré : lui l’est puisqu’il « nous reçoit en famille ». La faille de Fillon, évidente autant que dissimulée et en tout cas pas commentée, c’est la haine, il a haï Chirac, il hait Sarkozy. Et ces haines sont toujours d’avoir été dominé, domestiqué, et d’y avoir consenti.

Syrie… angoisse. Pour deux raisons. La première est que tout peut arriver et donc dégénérer et jusqu’où. On était de 1950 à 1960 sous la pore d’angoisse des fusées soviétiques et d’une fin du monde par bombardements atomiques mutuels… puis on a oublié et l’on est revenu aux années 1900 avec des poseurs de bombes et des terroristes sans attache territoriale et donc ne donnant pas prise, ne se multipliant, ne proliférant que par idéologie… Vide de la démocratie qui ne propose pas le nerf. La seconde est que les Français – nous – ont le don de se diviser. L’histoire du « mariage gay » et maintenant le négationnisme à propos de la Syrie, avec un comble que je considère une trahison : Le Figaro donnant sa une à Bachar qu’il est allé interviewer. Faute d’U.M.P. pour répliquer au gouvernement en place (Sarkozy en aurait fait autant qui a d’ailleurs reçu – après sa défaite – les opposants syriens, lui qui avait donné le podium de la place de la Concorde au même Bachar…) Le Figaro fait donner celui avec qui nous sommes déjà en guerre…

Réflexions dialoguées avec des correspondants… Obama est pire qu'un traître. Ne pas avoir indiqué à temps qu'il irait au Congrès. Il a tué Hollande peut-être parce qu'il avait été lâché par Cameron. Tout est psychologie, rien n'est stratégie. On habille de logique ce qui est de l'instinct, propre à chacun, et qui est partout le goût de dominer et la peur d'être dominé. – Ce qui m'intrigue c'est comment s'est fait ce rassemblement pacifiste de l'extrême gauche à l'extrême droite, fondé apparemment sur du négationnisme : quel gaz, et si oui ce sont des djihadistes mal intentionnés pour déstabiliser Bachar, et en réalité sur... je ne sais quoi. Evidemment, les gouvernants actuels manoeuvrent très mal, mais Obama se venge de Cameron en tuant Hollande ce qui n'est pas l'avantage de la France quel qu'en soit son gouvernement.  
 
midi

 Toutes les c… à faire, sont faites. Un exercice lance-missiles israëlo-américain en Méditerranée orientale et avec le concours d’une base terrestre israëlienne ! détection russe évidemment. 
D’un correspondant, à propos du négationnisme : Cette affaire rappelle celle des massacres du marché de Markale à SARAJEVO en 94 et 95. A l'époque, j'étais souvent sur place pour suivre la construction de notre ambassade. L'armée française dont les sentiments étaient pro-Serbes et qui était massivement majoritaire dans le dispositif de la FORPRONU attribuait alors avec conviction la responsabilité des tirs de mortiers à la résistance Bosnienne qui aurait bombardé ses propres frères pour susciter indignation et riposte internationale. Le TPIY a finalement rejeté la culpabilité sur l'armée Serbe, mais bien des années plus tard !  


soir

 
La plus mauvaise posture… le G 20 à Saint-Petersbourg, la ville natale et fétiche de Poutine. Poutine présidant la réunion de ses ennemis en Syrie, qui affichent devant lui leur absence de concertation puisque c’est à cette occasion seulement que Hollande espère faire tenir aux Européens une réunion sur le sujet brûlant… Poutine qu’Obama, imprudemment et ab irato, avait dit ne pas vouloir voir avant ce « sommet », ni pendant en tête-à-tête. Poutine qui sans la moindre déclaration au contraire de la logorrhée américaine et française, a déjà gagné. Les frappes éventuelles n’auront plus pour but que de dissuader Bachar ou de le limiter… Et le vote au Congrès prévu pour le 9 sera postérieur à la rencontre, c’est-à-dire que – démocratie oblige – l’Américain devra être précautionneux tandis que toute l’opinion russe, ayant choisi le nationalisme plutôt que la liberté (Gorbatchev dès 1992, je l’avais constaté en Asie centrale comme à Moscou, était le personnage le plus détesté de l’ancienne Union soviétique et le plus populaire, au moins en Russie, était Staline), se délectera de ces « Occidentaux » tâchant, en vain, de convaincre leur tzar. Ce qui n’est pas accessoire, c’est que nous décourageons les démocrates russes peu avant des élections municipales dont les opposants sont éliminés d’avance sous divers prétextes. – Dans ce contexte, nouveaux dires d’Hollande recevant le président de la République fédérale d’Allemagne : au lieu de traiter le sujet franco-allemand, et en d’autres termes que la gestion avec Merkel, il faut qu’il parle à nouveau de la Syrie, d’une façon qui désormais imite celle d’Obama. Il fera part aux Français de sa décision quand il aura tous les éléments pour la prendre. Or, il nous était ressassé ces quinze derniers jours qu’elle était déjà prise, et serait exécutée même sans les Américains ! Il ajoute même qu’il faut surtout prévoir la suite, la politique, et cela par une réunion de toutes les parties « prenantes », et d’insister : je dis bien toutes, ce qui par conséquent implique Bachar dont il est donc admis qu’on ne le chassera pas. Chef d ‘œuvre, après celui d’Obama samedi. – Capacité aussi de nos diplomates « de carrière » : l’ambassadeur à Londres n’a pas su prévenir que le vote aux Communes serait négatif, à Washington il n’a pas su dire à temps que tout était conditionné à l’accord du Congrès, et aux Nations Unies…
 
Deux nouvelles ce soir qui s’équilibrent ? Le président de la Chambre des représentants, au Congrès américain où les Républicains ont la majorité, viendrait d’assurer Obama que celle-ci votera l’intervention. Mais le secrétaire général des Nations Unies vient de publier qu’à son avis cette intervention aggravera la situation sur place. Quant au pape François, s’il compte dans l’affaire, il condamne l’usage des armes chimiques, mais pas encore ceux qui s’en sont fait une spécialité. Aux Nations Unies et près le Vatican, nos ambassadeurs ne convainquent donc personne. Mon cher Michel Jobert avait entrepris de noter personnellement les ambassadeurs sur le degré de réalisation de leurs prédictions.


Sondages… aux Etats-Unis, deux montrant que l’opinion est majoritairement hostile à l’intervention… en France, mais avant que l’impasse actuelle soit manifeste, Hollande et Ayrault retrouvent quelques points de faveur, deux pour le Président et quatre pour le Premier ministre : on reste cependant en dessous de 40% d’opinions positives.
 
nuit
 
Lamentables, les préalables posés par l’UMP pour une intervention en Syrie : 1° le rapport des experts sur la question du gaz ou pas, et sur celle de savoir qui les utilise. Or, les experts dont on ignore la qualité scientifique, ne sont pas des militaires ni des agents de renseignement. Ils n’ont mandat que d’examiner des échantillons prélevés sur les cadavres et de déterminer les causes de la mort. Pas davantage. 2° un vote des Nations Unies. Or, on en reste au Conseil de sécurité, et il n’est pas question de débattre en assemblée générale. Du moins à ce que je sais. – 74% des Français estiment qu’il faut un vote en conclusion du débat sur le principe de l’intervention. – Point commun : pas de prise de position sur le fond… Les Etats-Unis ne sont pas plus brillants : si Obama obtient un vote favorable du Congrès grâce au ralliement des Républicains, c’est avec l’argument que la crédibilité américaine face à l’Iran (et donc pour protéger Israël dans son monopole de l’arme atomique pour la région) est en jeu dans l’affaire syrienne. Quant à la tactique, le point décisif n’est pas traité : comment désintéresser la Russie du sort de Bachar ? il faut trouver à celle-ci une compensation. Laquelle ?   


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens V 1 à 11 ; psaume XXVI ; évangile selon saint Luc IV 31 à 37

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