lundi 2 septembre 2013

Inquiétude & Certitudes - lundi 2 septembre 2013




Lundi 2 Septembre 2013 

Prier… nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis [1]. Enseignement sur la résurrection, proprement paulinien, et décisif : notre espérance notre ressort dans la vie, notre vision du monde se fondent là-dessus sinon nous ne tenons contre le désespoir et la pente mortifère que par distraction ou addictions diverses, surencombrements organisés. La foi fait de notre vide une disponibilité, un accueil, une attente : l’incrédulité est de tout instant de silence, de tout échec une épreuve dont nous ne nous sauverions que par le suicide, mourir pour ne pas tomber fous de peur. La foi qui nous est donné, qui nous est maintenue, que j’ai reçue de naissance et qui continue de m’entourer et de me porter comme dans le sbras de Dieu, est au contraire l’axe, la quille, la fondation de tout : mon bateau et la cité figurant toute mon existence humaine, si passagère – comme ne pas le savoir et le vivre à chaque minute quand l’âge est là – et pourtant clé de la suite et du soleil éternel. Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête. Pour Jésus, l’expérience du précaire, la difficulté exténuante de son ministère double la conscience effective qu’Il a de sa divinité. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui… A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. … Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Souveraineté et provocation, il y a, semble-t-il, une impossibilité à concilier la personne du Christ, Son message avec l’idée reçue qu’ont ses contemporains, ses concitoyens… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, appirter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Simplicité de la scène, Luc la tient d’un participant à la rencontre : il entra dans la synagogue le jour du abbat et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit… Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Notre foi repose sur des faits, elle est une relation à une personne. Sans doute, le mouvement qui nous amène à ces faits et à cette personne nous est-il autant donné qu’il est notre liberté. Là est le mystère central de notre condition d’enfants de Dieu. La résurrection de la chair et la vie éternelle, d’une certaine manière, vont de soi, mais la foi ?

matin



De mémoire, je n’ai jamais été en désaccord avec le Pape régnant pour une analyse et à plus forte raison une action de politique extérieure. M’y voici pour la première fois. Je sais bien que l’ensemble du clergé chrétien, et peut-être des populations chrétiennes au Proche-Orient – pour la protection desquelles j’avais à plusieurs reprises depuis 2010 demandé à l’Elysée que la France, « fille aînée de l’Eglise » prenne des initiatives aux Nations Unies et en Conseil de sécurité pour que soit examinée et traitée une cause d’un type nouveau : la protection de populations indépendamment des Etats et à raison du respect de la liberté religieuse… en vain, quel que soit le président régnant – que ces populations, leur clergé en tout cas se sentent en situation d’otages et réclament le statu quo : elles n’envisagent aucune amélioration par quelque changement que ce soit. Elles sont désespérées, dans la nasse et comme les concentrationnaires, n’envisagent plus, même les portes ouvertes, de sortir du camp. Cela posé, et c’est ce qui emporta la décision de Pie XII face au nazisme, l’Eglise évidemment ne peut que considérer la situation de ses enfants pris en otage. S’est-elle remuée pour que les puissances soucieuses des droits de l’homme prennent la question à bras le corps, et pour elle-même, en parler et agir avec les musulmans et les humanistes de bonne volonté, et ce sont la majorité ? certainement pas assez. C’est pourtant concret et explicite. Elle est arrivée à établir par traité ses relations avec Israël, elle n’a pas su inventer dans les Etats de dictature ou de persécution potentielles un espace de droit à l’avantage de tout le monde, des siens d’abord mais aussi des dictateurs et des intolérants-mêmes. J’ai bien vu le type d’argumentation qui fit choisir au Kazakhstan la relation avec le Vatican. – Sur le fond, la position du pape François et celle des pacifistes ne tient pas. La négociation a été tentée avec Bachar à tous les niveaux par les opposants et par beaucoup d’Etats : elle n’a pas été franchement acceptée, il y a eu des amorces pour la montre. De même que ce sont les Etats-Unis qui ont la clé du comportement israëlien, de même c’est la Russie qui a la clé du comportement syrien. Ballader les gens avec des solutions de dialogue et de tolérance, prétendre en sus que les gazages et autres atrocités ne sont peut-être pas le fait du régime syrien, c’est se mentir à soi-même. La certitude est que c’est l’existence et la forme de ce régime qui ont provoqué la rébellion, d’abord pacifiste et démocrate, et que ce sont elles qui ont amené l’enchaînement d’exactions et qui perpétuent les hostilités. La réalité est là. Que l’on aille vers l’inconnu, c’est possible, mais un inconnu meilleur que les années passées car il faut purger une situation au Proche-Orient qui a une quantité de purulence de la question kurde à celle de la Palestine, de l’émiettement libanais, des rivalités atroces entre deux familles religieuses au sein d’un même Islam, une situation déjà précaire et belligène en général mais scandaleuse Etat par Etat, notamment l’Arabie séoudite, et enfin scandale des scandales, les nouveaux riches se payant tout le magasin du monde : les Qataris notamment, prédateurs des temps modernes à titre privé tandis que la Chine l’est à titre de candidate à un empire et à une hégémonie mondiaux. Tout cela est parfaitement connu. Le Pape pas plus qu’aucun dirigeant « occidental » ne l’analyse. François comme en Septembre 2012 le cardinal Barbarin à propos du mariage homosexuel a foncé, et il est tout à fait à faux. Pour traiter le sujet et contribuer à la paix, une médication valant autant pour la révision de vie ecclésiale que pour un changement dans l’ordre international, il y a une initiative assez simple à prendre : elle m’est apparue depuis peu et prend forme de plus en plus… un concile à Jérusalem sur l’échec de Vatican II et la novation des formes cléricales, et sur la relation et la responsabilité morale à partager avec les autres religions monothéistes pour cette génération et quelques-unes à suivre. Réfléchir sur soi, établir le siège de l’Eglise à Jérusalem en même temps qu’établir les libertés religieuses, et par extension le respect des droits de l’homme, par un réel abord de l’Islam et du judaïsme. Sur tous les sujets, l’Eglise n’est qu’au seuil, et le Pape commence par la routine. Le jeûne du 7 Septembre ressembe aux neuvaines intégristes, voire aux tentes montées devant le Sénat ou l’Assemblée nationale les nuits de vote parlementaire.



L'affaire de Syrie n'est plus principalement la question d'intervenir ou pas contre un régime qui gaze sa population.



Elle n'est pas non plus le vieux débat du pacifisme faisant préférer les pires situations à l'inconnu relatif produit par une purge. L'actualisation du pacifisme est claire : plutôt la dictature que le djihadisme et l'intégrisme religieux, plutôt le pourrissement israëlo-palestinien, plutôt la tolérance à l'existant que l'édification d'une nouveauté. La foi démocratique qui est tout simplement un respect fondamental, pas seulement en espérance mais en pratique, de ce qu'il y a potentiellement de meilleur en tout homme et donc en toute société, a sans doute besoin, y compris chez nous... de formes différentes des actuelles, plus participatives chez nous, plus ancrées dans les vieilles habitudes de délibération et de consensus que le parlementarisme ou les scrutins électifs demandant tant d'atavisme légaliste existant en Europe occidentale et en Amérique anglo-saxonne mais pas ailleurs. Mais manquer à cette foi, c'est saper le fondement de nos propres régimes, déjà bien abîmés d'image par les affaires de corruption de ces années-ci.



L'affaire de Syrie est la mise en évidence de plusieurs très graves lacunes dans l'ordre international et chez nous :

1° il n'y a pas, malgré les incessants sommets, rencontres et les enceintes inter-étatiques (Nations-Unis, Conseil de sécurité alliance atlantique, couple franco-allemand) de concertation au fond entre les dirigeants - de même que chez aucun il n'y a de vues à long terme sur quelques questions que ce soit (ainsi les politiques monétaires de la FED et de a BCE ne sont toujours pas concertées avec les effets de bascule qui vont se produire du fait du changement à la FED). Tout se passe donc ces jours-ci comme si la question syrienne, pas seulement la montée en puissance des djihadistes par rappirt aux démocrates du début de la rébellion, était nouvelle, et comme si les voies, moyens et inconvénients d'une intervention n'étaient à examiner que maintenant

2° l'Alliance atlantique dans ses options de mondialiser de sa compétence territoriale et de généralisation de ses thèmes n'existe pas

3° aucun dirigeant "occidental" n'est parvenu à avoir quelque intimité avec Poutine et depuis l'affaire des boucliers anti-missiles tout a été fait au contraire pour le conforter dans la relation la plus négative pour la paix mondiale et les concertations régionales avec son opinion nationale : la revanche d'un peuple frustré par la perte de l'empire soviétique autorisant la remise à l'honneur de tous les systèmes en organisation et en propagande que le PCUS avait perpétués pendant soixante-dix ans

4° la gouvernance mondiale ne fonctionne ni par le Conseil de sécurité ni par les grands traités sur les enjeux planétaires du climat ou de la spéculation financière

5° notre diplomatie est sans ressort parce qu'aucun cadre global, aucune vision du monde ne sont donnés à nos chefs de mission. la conférence annuelle a tourné en spectacle dont les ambassadeurs ne forment qu'une partie du parterre, au lieu d'un travail à huis clos inauguré lapidairement par le Président, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères faisant part de leur fonctionnement mental dans la psition qu'ils occupendant chacun depuis seize mois et de leurs inerrogations du moment, le Président concluant et envoyant en mission personnelle chacun

6° le ministre actuel, Laurent Fabius, bon Premier ministre il y a trente ans, ministre des Finances à la hauteur d'enjeux sociaux (l'épargne salariale) et monétaires (l'introduction de l'euro.) n'est pas à sa place au Quai d'Orsay. Sans charisme à l'étranger (il l'a montré dans sa mission chinoise avant l'élection présidentielle), sans présence précise, sobre et informée sur notre scène nationale, il n'apporte rien et évidemment ne fait pas embrayer un système ni un réseau où les sécurités de carrière personne l'emportent de beaucoup sur une imagination pour Paris et sur une vraie capillarité, une vraue empathie avec le pays d'affectation.



Donc les outils au niveau national et au niveau international n'existent pas ou n'existent plus.



Evidemment pas d'Europe de la défense, ni en définition conceptuelle, ni en expression, ni même en moyens matériels et humains. On en est aux débats de 1954 qu'avait fort bien résumés Simon Nora pour Pierre Mendès France autour de la question de la CED.



Comme à propos de Hitler, je donne là raison à Harlem Désir, le pacifisme consiste à préférer l'existant le plus détestable à l'inconnu qui suivra son renversement; la négociation a été tentée, le dialogue aussi depuis deux. Pour la première fois de ma vie, je suis en complet désaccord avec un pape régnant sur ses analyses de politique extérieure et de situation internationale et le jeûne du 7 septembre est aussi déplacé que les tentes montées avec récitations et neuvaines à la clé par les intégristes devant nos chambres parlementaires lors des votes pour la loi Taubira. L'effet d'autisme (et d'hostilité aveugle envers le Président comme envers les Etats-Unis version d'avant le discours d'Obama avant-hier) est tel qu'il est répandu tranquillement que le gazage est le fait des djihadiste pour truquer le dossier anti-Bachar...



L'affaire syrienne est enfin la démonstration de ce que de même que les Etats-Unis ont la clé des comportements israëliens, de même la Russie à celle des comportements du pouvoir syrien. Israël, par une politique persévéramment de force depuis 1967, sauf la parenthèse Rabin, est le cancer qui ronge tout le Proche-Orient. La véritable cause des radicalisations et des pourrissements - des blocages aussi dans les opinions et les façons de voir des dirigeants en "Occident" - est là. Je suis depuis des années maintenant de la tendance Habache, un Etat unitaire, laïc parce que de population pluri-ethnique et multiconfessionnel, et non pas deux Etats dont l'un écrase l'autre, naturellement désarmé, lequel est sans continuité territoriale et sans autonomie économique : ce sera encore plus belligène que maintenant.



Je crois que ces considérations laissent entières l'ultime détermination quant à intervenir ou pas, et au besoin seuls. Je vous donne l'opinion de mon ancien attaché de défense au Kazakhstan, rompu aux systèmes et aux capacités soviétiques.



Je résume ma position, que j’ai d’ailleurs communiquée à l’Elysée assortie des données d’expérience en armement et en renseignement d’un ami de longue date, officier général, qui est très réservé sur l’intervention, mais je reste personnellement pour l'intervention. Les entretiens et échanges du Président avec les coalisés démocates de Syrie me paraissent bons. La Turquie est décisive tant à propos de la Syrie que pour la question israëlo-arabe et pour un modèle démocratique en terre ataviquement et majoritairement musulmane. Raison de plus de l'avoir parmi nous dans une Union européenne, dont j'ai souvent écrit au Président et à vous la novation que celle-ci doit opérer, selon des propositions françaises qui donneraient souffle et muscle aux prochaines élections européennes.



Si nous sommes seuls avec les Etats-Unis, nous ne nous contredisons nullement vis-à-vis du général de Gaulle qu'invoquent ceux qui ne le connaissent pas ou qui étaient dubitatifs. Le Général, en pleine campagne référendaire d'Octobre 1962, fut le premier à coller à Kennedy dans l'affaire des fusées soviétiques arrivant à Cuba. Nous démontrons maintenant que la parenté anglo-saxonne est moins efficace pour les Etats-Unis que notre alliance pur leur décolonisation mise au point par Franklin et Vergennes, que comprit si bien Louis XVI. Il semble qu'Obama l'a parfaitement compris dans l'affaire malienne et se dépayse vis-à-vis de Londres.


soir
 
Pas même une veillée d’armes… Apparemment, on parlotte de toutes parts. Les réunions d’information, les énoncés de preuve par nos dirigeants sont « contre-productives ». On est passé d’une assurance de quinze cent gazés à deux cent quatre vingt un « seulement ». Je n’avais pas entendu la prise de position de Valéry Giscard d’Estaing : contre l’intervention s’il n’y a pas consensus européen et approbation des Nations Unies. Il est temps de le dire ; Pourquoi tout cela n’a-t-il pas été exposé depuis deux ans… Mon pronostic est désormais un Suez diplomatique, et sans maniement d’armes.   
Horreur : le dictateur nord-coréen fait fusiller son ex-femme… Elle aurait participé à une émission ou à un film déshabillée… 

nuit

Baroud d’honneur ? percée étonnante ? Hollande semble anticiper (il n’a pas tort) un vote négatif au Congrès américain et cherche, à lui seul…, à former une coalition. Bachar menace de guerre régionale, mais pas mondiale.  

 Evolution en Turquie… procès contre les putschistes anti-islamistes du 28 Février 1997 : sans imposer leur homme à la tête de l’Etat, les militaires avaient pu faire démissionner le Premier ministre de l’époque, Necmettin Erbakan, mentor d’Erdogan. Le directeur de l’enseignement supérieur qui faisait respecter la laïcité en interdisant le foulard à l’université, est sous les verrous depuis. Ce seraient des procès à répétition à partir de 2008, toujours contre des militaires soupçonnés ou supposés. Il est évident que ce genre de procédure ne fait pas une bonne image en vue de l’adhésion à l’Union européenne. Où qu’on regarde, des contradictions !  


 


[1] - 1ère lettre de Paul aux Tessaloniciens IV 13 à 17 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc IV 16 à 30

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