Inquiétude & Certitudes - mardi 19 mai 2009

Mardi 19 Mai 2009

Prier… c’est votre intérêt que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous., mais si je pars, je vous l’enverrai. Je ne sais si ce texte – exposant comme jamais, me semble-t-il – la relation entre l’Incarnation du Fils et la présence active du Saint-Esprit, a été très commenté. Il est mystérieux, une présence conditionnée par un départ, comme si l’un remplace l’autre ? La révélation que retient l’évangéliste a aussi un aspect procédural. Le péché-responsabilité, concept qui nous est familier, si je puis écrire, le cède là à un péché en tant qu’état du monde. Le Défernseur, notre avocat, l’Esprit-Saint, intervient pour le dénoncer. Il y a aussi la mise en scène du prince de ce monde. Textes difficiles, l’érudition les éclaircit-elle ? la prière, sûrement. Apparemment plus aisé, ce que les textes nous donnent des réactions des disciples, des premiers chrétiens : parce que je vous ai parlé ainsi, votre cœur est plein de tristesse… il laissa déborder sa joie de croire en Dieu. La plus lente des conversions est bien celle des disciples, des Douze… il leur faut les trois ans de ministère public et tout le drame de la Passion et de la Résurrection, tandis que le gardien de prison, à la libération miraculeuse de Paul et Silas, demande aussitôt le baptême. Libération d’ailleurs de tous les détenus, baptême du gardien avec tous les siens. Complexité apparente du dogme, des textes, combien y en a-t-il pour les contemporains, le discours sur le pain de vie, la chair en nourriture, le scandale de la croix ! alors nos pauvres impuissances d’intelligence… début de réponse, c’est l’Esprit Saint qui précisément nous donnera ces lumières. Il montrera où est le bon droit… il montrera où est la condamnation… [1] Comprendre, vivre.

matin

… nouvelles d’hier soir propagées cette nuit et ce matin.

Enfin, l’aveu, près de quinze ans après l’assassinat de Rabin. La « communauté internationale » et les Etats-Unis, en particulier sont au pied du mur. Bien entendu, le voyage de Benoît XVI et ses exhortations n’ont servi à rien. Nettanyaou a été élu, dans l’ambiance de la guerre de Gaza. Il est négationniste des Arabes et de tout Etat palestinien. L’instauration de cet Etat, même croupion, même segmenté, même subordonné juridiquement à Israël, même désarmé, était au cœur des compromis d’Oslo et de la reconnaissance de l’Etat hébreu par les Arabes, ceux qui ont des Etats, et par les Palestiniens ceux qui étaient chez eux en Palestine. Ce refus carrément opposé par le nouveau Premier ministre, mais qui n’est pas nouveau venu à un pouvoir qu’il a déjà exercé d’une manière telle que cela avait provoqué une scission de la droite israelienne et l’apparition du parti centriste fondé par Ariel Sharon, est cette fois articulé à la Maison-Blanche. Chaque année, on avait reculé tout en admettant le principe. Aujourd’hui, c’est le refus. N’ayant que le pouvoir d’un citoyen retraité dans un Etat qui manque d’imagination depuis des décennies, mon opinion ne pèse en rien et je n’avais pas besoin qu’elle soit confortée, mais il est évident que mon diagnostic de péremption de toute dogmatique fondé sur deux Etats en Palestine serait tombé si Israël acceptait concrètement avec un calendrier à échéances précises et rapprochées l’instauration de cet Etat. Le refus me donne une raison que je ne recherchais pas, car bien entendu à court terme, l’existence des deux Etats, puisqu’elle est soi-disant souhaitée par tant de parties, semble un objectif plus aisé à atteindre. Mais il est clair maintenant qu’on ne l’attendra pas. La solution à terme n’est pas en droit international, elle est en droit interne, en tolérance et respect mutuels, d’homme à homme, entre femmes et enfants, tous citoyens, Arabes et Juifs, toutes confessions confondues, agnostiques, chrétiens, musulmans, juifs, dans un même Etat unitaire, laïc. Où les conflits ne seront plus policiers et militaires, mais entre personnes comme dans tous les pays. Habitude puis goût de vivre ensemble, mariages mixtes, confiance mutuelle. Un seul Etat est à terme bien moins conflictuel que plusieurs entités de droit international – ou comme en ce moment de quasi-droit international.

Après la mise en demeure des Etats-Unis à la junte birmane qu’Aung San Suu Kyi soit soignée comme son état le réclame, après la tentative britannique d’assister au procès dont la prix Nobel est maintenant victime – toutes attitudes d’Etat à Etat – , « la première dame de France » - expression que j’exècre et qui n’a aucun fondement en France ni dans le droit positif ni dans la tradition – s’en mêle pour la propagande. Nos intérêts doivent être pétroliers. Elle fait une lettre ouverte qui ne sera lue qu’en France.

après-midi

Assemblée générale des actionnaires de la Société générale… Daniel Bouton est hué de quelques-uns, les petits actionnaires spoliés à moitié ou aux trois quarts de leur portefeuille respectif, souvent des employés de la banque, tandis que l’éloge est fait du président démissionné et que le montant de sa « retraite-chapeau » est dit.

Conflit du lait, les chiffres sont sans doute contestables : baisse sans préavis en avril de 30% de la rémunération des producteurs par les industriels (bien entendu sans répercussion aux consommateurs). Les producteurs n’attendent de l’Etat que la facilitation de la négociation à obtenir des industriels. Revendication de fond, si l’on peut dire car elle reste de forme : avoir des prix non pas fixés par l’Etat ou garantis par les industriels, mais « sécurisés », c’est-à-dire permettant la prévision financière à l’éleveur. On ne peut être plus raisonnable.

Valérie Pécresse recule comme elle peut et donne des délais et des compensations aux étudiants que pénalisent les mouvements, auxquels d’ailleurs ils participent. La réforme hospitalière fait l’unanimité contre elle dans la lecture qui en est faite par les personnels soignants et par les usagers de notre système : lecture concluant à une marchandisation de l’hôpital et à une priorité à la comptabilité. Les Français ont pu subir la diminution du pouvoir d’achat, la réduction de fait des retraites par l’allongement théorique de la durée du travail (théorique puisque les licenciements et autres plans sociaux empêchent et empêcheront de plus en plus de rester au travail) et divers tickets modérateurs pour les soins médicaux. Mais ils n'accepteront pas un changement de philosophie. La carte militaire, la carte judiciaire ne touchent pas tout le monde, le risque maladie est universel. Le gouvernement a accumulé toutes les maladresses et surtout les promesses non tenues d’amendements arrangeant une partie des choses en lecture et votation du Sénat. Enfin, l’habituelle prestation présidentielle – cadrant tout sujet – a été donnée dans un contexte déplorable, celui d’un maintien de l’ordre préventif à Nancy, hors de toute proprotion.

Je conclus que sur ces divers fronts du lait à l’université, à l’hôpital, aux rémunérations préférentielles des patrons, la prise de conscience se fait tranquillement – même et surtout au gouvernement – que la coupe est pleine.

[1] - Actes des Apôtres XVI 22 à 34 ; psaume CXXXVIII ; évangile selon saint Jean XVI 5 à 11