mardi 12 mai 2009

journal d'il y a vingt-huit ans - lundi 11 mai 1981




Paris, lundi 11 Mai 1981


En présence de Feuvrier et Nicolaeff
[1], et interrompu par un coup de téléphone de Gillet [2], je suis chez quelques minutes chez Jobert [3] dans le petit bureau du quai Blériot. Mais pourquoi voulez-vous me rabaisser à la politique et à la cuisine ? quand je tâche de répondre à sa question : que me conseillez-vous de faire, et que je développe la réponse sous l’angle Parlement, Gouvernement, etc…. A mon tour, je le questionne sur Pontarlier [4]: allez-y si les socialistes vous soutiennent et en fonction de leur soutien, et puis il ajoute comme l’automne précédent : mais, quand ils vous verront, les électeurs voteront pour vous. Propos sur Le Monde qui ne m’a pas publié ces trois derniers mois, puis sur La Croix. A l’éloge que je fais de Tincq, responsable de la politique intérieure, il répond que ce dernier était acide à mon propos au vu de mes affiches : il paraît qu’on disait que vous alliez prendre froid, dans le pays. Et pour lui-même : peut-être bien, mais il ne parle jamais de moi. Je le quitte sur ces choses.

A L’Appel
[5], le soir, il est convenu que je ferai un papier sur les élections présidentielles et leur procédure : « Le peuple entre quatre murs. La thèse de Lefranc : que tout le monde se rassemble pour gagner les élections (législatives), mais je le trouve fort tolérant pour les positions que Gélinet et moi avons affichées [6].

Je reprends la route
[7]. Attendre la suite modestement et à mon poste. J’ai déposé mon papier au Monde : « il n’y a pas de troisième tour », et un autre au Matin : « L’esprit du 10 Mai », qui fera pendant à celui qui a été publié entre les deux tours, avec allusion à l’Inquiétude.

. . . aux frontières, pas plus de contrôle qu’auparavant. J’aurai pu avoir des valises bourrées de billets de 500 francs.


[1] - militants du Mouvement des démocrates, voir note 5

[2] - ambassadeur de France, collaborateur de Maurice Couve de Murville dans l’ambassade de celui-ci au Caire, puis directeur de son cabinet quand il devient ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle

[3] - directeur du cabinet de Georges Pompidou, Premier ministre, en 1967-1968, secrétaire général de la présidence de la République de 1969 à 1973 puis ministre des Affaires étrangères, s’illustrant par sa dialectique face à Henry Kissinger, secrétaire d’Etat de Richard Nixon : 1973-1974. Il fonde le Mouvement des démocrates, puis est ministre d’Etat, ministre du Commerce extérieur à la formation du gouvernement Mauroy, ce qu’il ne sait pas encore le 11 Mai 1981.

[4] - j’y ai été candidat indépendant à la succession d’Egar Faure à l’Assemblée nationale, au début de Novembre 1980 : campagne de six mois dans un pays que je ne connaissais pas et qui est devenu mien pour une dizaine d’années passionnantes, mais, politiquement, infructueuses, quoique l’investiture socialiste en 1988 ne m’ait manqué que de très peu

[5] - mensuel inspiré par l’Association nationale d’action pour la fidélité au général de Gaulle, que préside de fondation Pierre Lefranc, pionnier en Novembre 1940 de la résistance étudiante défilant devant l’Arc de Triomphe derrière « deux gaules », puis chef de cabinet du Général pendant la traversée du désert et au début de la Cinquième République. – Premier numéro en Octobre-Novembre 1973, paraissant spécialement contre le projet de Georges Pompidou de réduire de sept ans à cinq ans la durée du mandat présidentiel. Y participent Sonia Eloy, Christian Fouchet, André Frossard, Frédéric Grendel, Léon Noël, Louis Vallon, Jacques Vendroux et moi. Il y aura bien vite Philippe de Saint-Robert, Jean Charbonnel, Patrice Gélinet, et beaucoup d’autres signatures notoires régulièrement ou occasionnellement… Olivier Germain-Thomas est notre rédacteur en chef. Nous irons jusqu’au numéro 79-80 daté de Mai-Juin 1982

[6] - soutenir François Mitterrand et donc lui donner une majorité à l’Assemblée nationale

[7] - je suis conseiller commercial près le Consulat général de France à Munich depuis Février 1979

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