mercredi 13 mai 2009

Inquiétude & Certitudes - mercredi 13 mai 2009



Mercredi 13 Mai 2009


Prier…. [1] l’Eglise des premiers temps savait délibérer, savait décider et les décisions étaient d’ouverture et de tolérance. L’histoire de l’Eglise est une histoire tout humaine, comme celle d’Israël selon l’Ancien Testament, mais nous racontant objectivement notre disponibilité à l’Esprit-Saint ou nos enfermements. Dialectique permanente dans toute société humaine entre l’entêtement, quel que soit son fondement, et l’intuition que risquer l’ouverture, la nouveauté absolue fera remporter la mise et trouver de meilleures assises, plus universelles et plus intimes à la fois. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. L’autre trinité c’est l’association de l’humanité, de la création non seulement à poursuivre cette création avec Dieu-même, mais à contribuer par là à la gloire de ce Dieu, donc à la substance-même de la divinité. Ainsi vous serez pour moi des disciples. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit. La commune « demeurance » de nous en Dieu, et de Dieu en nous, perfection de la communion et de l’effusion amoureuse que nous pressentons humainement, que nous ne savons dire – ce qui est tant mieux – mais que le Christ par des paraboles courantes sait nous faire saisir. Imperfection de toute méditation, de toute prière quand elle n’est qu’intelligence ou commentaire, je reste en tentative, les mains fermées. En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Prier n’est pas édifier, construire, trouver quelque chose ou comprendre, c’est rencontrer quelqu’un (mettons une majuscule). Mais souvent, surtout avec moi-même, je suis de ce parti des pharisiens qui étaient devenus croyants. Ils disaient : « Il faut obliger… », etc…


matin

Mauritanie… à trois semaines du plébiscite d’un militaire sans autres états de service que d’avoir organisé (sur modèle irakien) la garde prétorienne du précédent dictateur, puis d’avoir dirigé deux coups d’Etat. Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade à Lemden, demain après-midi. Le président mauritanien – celui légitimement élu le 25 Mars 2007 et renversé le 6 Août 2008 pour avoir voulu écarter les militaires du pouvoir politique – avait éludé une invitation à venir à Dakar, il n’y aurait pas reçu les honneurs, n’aurait pu y rencontrer ni la colonie mauritanienne, ni les opposants à son hôte. Recevant son homologue chez lui, lui et celui-ci dépassent les questions de protocole. C’est évidemment la dernière chance, on ne voit pas ce que les opposants aux militaires pourraient faire comme concessions. Sidi a déjà affirmé que rétabli dans l’exercice de ses fonctions, il n’exclura aucune anticipation d’aucune élection et qu’il fera un gouvernement national. Les opposants aux militaires ne sont unis que dans leur refus de la perpétuation du pouvoir précisément de ces militaires, car d’un côté les légalistes veulent le rétablissement de Sidi, et de l’autre le principal parti avant le coup militaire, celui d’Ahmed Ould Daddah a au contraire envie de l’élection au plus vite, pourvu qu’elle se passe sans les militaires et aboutisse – pensent-ils, depuis 1992 – à l’élection du champion. L’enjeu n’est pas du tout théorique ni même cette bataille électorale, il est au contraire de la retarder, en tout cas de faire surseoir au général Abdel Aziz à son plébiscite du 6 Juin. – Je doute qu’aucune médiation n‘y arrive, seule une menace directe de la France fera reculer « l’homme fort ». Mais la disponibilité de Sidi Ould Cheikh Abdallahi met les bonnes apparences de son côté. Tandis que l’Assemblée nationale est occupée par ses partisans et ceux d’Ahmed Ould Daddah et que les femmes démocrates et légalistes se font tabasser. Belle lettre de Sidi se solidarisant avec elles. [2]

soir

Deux ambiances, tandis que nos chambres parlementaires sont d’enregistrement : le téléchargement hors la loi, avec pour moi, non pas la défense de la propriété intellectuelle, car une création est d’autant plus universelle qu’elle a dépassé son créateur et qu’elle est accessible à tous, le problème de la rémunération me paraissant distinct et pouvant se régler forfaitairement à la mise en ligne, le problème étant de savoir qui va contrôler et espionner les internautes, et du téléchargement à la captation des correspondances, le pas me semble facilement franchissable. Cela, et la loi hospitalière tandis qu’on commence la manière forte dans les universités récalcitrantes. Anniversaire du 13-Mai, quarante-et-un ans…

Dans cette ambiance de contrainte et de dictature de fait, en ce sens qu’aucune volonté politique n’a d’efficacité ni de propagande que celle d’un seul homme dont chacun fait la claque avec observation de Jack Lang que l’opposition est psychotique ou illégitime – il y a la conclusion des listes pour les candidatures au Parlement européen. Cas de Jacques Toubon, écarté par Nicolas Sarkozy, de beaucoup son cadet à tous égards, mais disposition d’un pouvoir de nomination sans précédent en République, et peut-être dans notre ancienne monarchie où le roi savait ses limites en conscience mais surtout face à tous les offices héréditaires et aux corps dits intermédiaires. Le président voulait surtout arracher Cavada à Bayrou : il sait n’avoir que deux adversaires – en dehors de la rue et de ce que je crois sa destinée : l’effondrement par dopage et excès – Bayrou et Ségolène. Mais le cas de Jacques Toubon (belle double page dans La Croix des 25-26 Avril) est surtout illustratif de Jacques Chirac, le grand et jeune sympathique, le papy dont tout le monde voudrait est un homme infidèle et qui laisse tomber, qu’en sus sa santé déficiente a fait tomber depuis 2005 sous la coupe de l’épouse, dure et imbue de sa naissance et de ce qu’elle croit ses capacités. Chirac a laissé tomber ses deux fidèles de la première heure, qui avaient opportunément relayé le couple Juillet-Garaud. J’ai connu l’un et l’autre en 198-1981, Toubon à la machine électorale et aux circonscriptions, et Juppé au budget. C’est dég… il est possible qu’à la remise de décoration rue de Valois de l’éminente historienne qu’est Georgette Elgey, l’ancien président de la République y figure. Je n’irai pas lui serrer la main et s’il me la tend, j’espère avoir pour bref dialogue : vous me l’avez refusée pendant les douze ans de votre pouvoir et il n’a pas tenu à vous que je m’en sorte. Placardisé à pas cinquante deux ans.

Personnage de Pierre Messmer, dans mon pays d’adoption. Inauguration d’une rue à son nom, la descente du cimetière de Saint-Gildas de Rhuys à Port-Maria : il habitait là en résidence secondaire, ayant fait construire sur le terrain acheté par son père après la Grande Guerre. Combien de fois l’y avais-je visité ! Le bon sens, le courage physique certain, il avait conscience de lui-même puisqu’il n’a voulu comme épitaphe que le titre reçu de l’homme du 18-Juin : Compagnon de la Libération. La suite donne une carrière de premier plan, dont je raconterai peut-être toute la courbe, mais il y a du flou dans son acceptation de Matignon quand c’est Georges Pompidou qui l’y nomme, puis dans son adoubement – décisif – de Jacques Chirac comme le « présidentiable » (peut-être inventa-t-il même le vocable et le concept) du parti ou du mouvement gaulliuste à partir de 1974, et un soutien sans faille officiellement malgré de vives et dures critiques dans l’intimité. L’été de sa mort, il est au Mont Valérien pour y accueillir l’ancien et le nouveau présidents de la République. Il a aimé les honneurs comme il aimait la vie, la table, mais pas les femmes. – Petite cérémonie devant la tombe de marbre noir : Gilberte y reposait déjà. Petits discours-témoignages ne portant que sur la phase ultime de la vie de mon éminent ami : rayonnement sans doute d’un caractère et d’une simplicité, respect très humain et très français d’une grande carrière. Terreau ambigu parce que c’est à la fois le discernement du vrai et du faux, et beaucoup des participants n’ont guère de fierté du cours qu’a pris la France et de la manière dont elle est représentée depuis deux ans, même s’ils ne sont ni opposants ni « de gauche », mais c’est aussi l’esprit de cour toujours renaissant et appelant les Français à un double jeu, la courbette (il paraît que Christine Lagarde, qui y gagne sans doute une place à la Commission comme si le prince régnant en disposait alors qu’il n’y aura pas une place par Etat… aurait joué la Marilyn Monroë pour le second anniversaire du début de règne) et la daube.


[1] - Actes des Apôtres XV 1 à 6 ; psaume CXXII ; évangile selon saint Jean XV 1 à 8


[2] - République Islamique de Mauritanie
Présidence de la République

Lemden, le 12 mai 2 009
Mesdames les Femmes Démocrates du FNDD et du RFD
Mesdames,
Tout au long de leur parcours historique, les états traversent des périodes de fortes turbulences qui sont des moments forts où chacun est mis à l’épreuve, où se révèlent les qualités intrinsèques des peuples et ou se façonnent les traits caractéristiques d’une Nation. Ce sont des moments de prise de conscience collective et de sursaut patriotique ; ceux où l’individu doit transcender ses égoïsmes, manifester sa foi dans la Patrie en privilégiant l’intérêt général et s’engager, aux côtés des meilleurs fils du pays, dans l’action collective.
La catastrophe qui s’est abattue sur notre pays depuis le coup d’Etat du 6 août 2008 constitue l’une de ces épreuves dramatiques.
Vous en avez compris, vous les femmes du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), la véritable dimension.
Vous en avez appréhendé les exigences et évalué à sa juste valeur la gravité des dangers auxquels elle expose notre pays.
Vous avez rejeté l’arrogance du général Mohamed Ould Abdel Aziz, son dédain pour l’histoire de la Mauritanie, son mépris pour la volonté du peuple, son usurpation du pouvoir et son indifférence face à la détermination des forces vives à lutter pour mettre en échec le coup d’état et restaurer la légalité.
Vous avez défié avec courage et détermination la politique de répression. Vous vous êtes opposées aux règlements de compte. Vous avez dénoncé et refusé l’utilisation des ressources publiques pour l’achat des consciences par un individu aveuglé par l’ ambition et la soif du pouvoir au point de conduire le pays vers un isolement sans précédent et une asphyxie économique imparable.
Le combat patriotique que vous menez pour la démocratie, la liberté et la justice, les sacrifices que vous consentez au cours des marches, des sit-in et de toutes les autres formes de luttes que vous ne cessez d’engager en dépit des sévices que vous subissez avec abnégation; ce combat est la preuve irréfutable de la maturité de la femme mauritanienne, de son attachement aux intérêts supérieurs de la nation et de son aptitude à participer efficacement à la construction du pays.
Notre peuple, se doit de ne jamais oublier la lutte que menez dans la dignité et la vertu, mais aussi, avec fermeté et détermination pour venir à bout du faux et faire triompher la vérité. On se souviendra toujours de la fierté avec laquelle certaines d’entre vous ont rejeté des offres alléchantes en contrepartie de leur renoncement à leurs principes.
Vous avez écrit, par vos multiples actions, une belle page de l’histoire de ce pays, donnant ainsi un exemple de courage à tous ceux qui, parmi nous, se sont laissé glisser sur la pente de la compromission. Vous avez apporté une contribution décisive aux cotés de nombreux autres patriotes à l’élan de mobilisation de la Nation en réponse à l’appel de la conscience.
Je félicite donc la femme mauritanienne pour cet engagement exemplaire et courageux et je félicite la Mauritanie pour compter parmi ses citoyens des femmes aussi valeureuses!
Je voudrais enfin lancer un appel à toutes les autres femmes mauritaniennes pour s’inspirer de votre engagement, de votre abnégation et participer à vos cotés au combat pour la restauration de la légalité, la consolidation de la stabilité du pays et la reprise de l’œuvre de développement interrompue.
Je m’engage, pour vous et devant vous, chères femmes combattantes, à poursuivre, à vos cotés, la lutte pour que le pays recouvre, dans les meilleurs délais possibles, sa démocratie et sa légalité constitutionnelle usurpées.
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
Président de la République

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