mercredi 1 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 1er octobre 2008

Mercredi 1er Octobre 2008


Mon père aurait eu cent ans aujourd’hui… le père que je serai pour notre fille. Prier … tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Nous sommes créés, nous sommes conviés à la liberté, nous sommes adoptés et rachetés, mais surtout à chaque instant nous revêtons ou refusons notre qualité, notre situation, notre être filial vis-à-vis de Dieu. Relation suprême et qui nous construit (ou nous empêche si nous ne l’avons pas, ou si nous la vivons mal en rétrécissement ou satisfaction,, bien vainement). C’est un Esprit qui fait de vous des fils. Caracétristique, fonction, « spécialité » de cette personne de la Sainte Trinité la plus mystérieuse et enmeme temps la plus proche et la plus familière, c’est elle qui nous habite et nous meut, nous rejoint sans cesse dans notre distraction, notre soudain bonheur d’exister et d’aimer tout et autrui, dans nos désespoirs et fatigues s’il nous vient de relever un peu la tête. Mon âme est en moi comme un enfant, un petit enfant contre sa mère. Désespoir de notre fille quand sa mère va à une réunion, hier soir, sans l’en prévenir pour ne pas la chagriner. Au retour, elle ne vient à elle que lentement, comme surprise, que la vie soit revenue. Visage du sommeil maintenant encore, l’ange que nous fûmes chacun, qu’elle est manifestement en ce moment de sa vie, qu’elle sera sans doute pour la fin humaine de la mienne, et celle de ma chère femme. L’autre trinité : enfant, parents et combien l’enfant y tient et la fait, même gestuellement. Enfin, notre esprit. Alors Jésus appela un petit enfant… et celui qui accueillera un enfant comme celui-là en mon nom, c’est moi qu’il accueille. L’évangile suggère – Dieu en soit loué – la scène. Plusieurs enfants, Jésus en appelle un, un choix, un prénom peut-être, un signe sûrement, une parole : laquelle, une familiarité mutuelle, du soin l’un pour l’autre, le prend-il dans ses bras pour l’amener du cercle au centre ? Anonyme pour le reste des siècles et de l’histoire humaine, roi de la parabole décisive. Il atteste notre devenir, un devenir impérieux, décisif, conditionnant tout, notre vie et l’histoire. Je tiens mon âme égale et silencieuse. Le bienheureux psalmiste savait prier, il en était heureux, il reçut le don d’exprimer pour nous tous espoir et désespoir, qui ont nom commun : l’attente. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. Ainsi soit-il. [1]

après-midi

Malgré l’abondance des éphémérides, aujourd’hui est un entre-deux. La conscience semble maintenant – heureusement – générale en Europe et dans la classe politique française de ce que nous sommes entrés dans une nouvelle époque, que les anciens dogmes ont failli, que les règles ou les absences de règles valant jusqu’à la semaine dernière sont périmées, qu’il y a évidemment à intervenir tout de suite et massivement aussi bien en gestion des liquidités (surabondantes mais pas aux bons endroits, rétention générale et situation de faillite de nombreux établissements financiers et bancaires de part et d’autre de l’Atlantique).

Sans que le suspense soit publiquement entretenu, l’échéance est évidemment la session de repêchage au Congrès américain du plan Paulson, rebaptisé plan Bush. Sans doute pour conjurer le titre du New York Times : « Bush, politiquement impuissant ». La seconde révélation, dans la gestion politique de cette crise, est le soudain et considérable décrochage de McCain distancé maintenant de 8 à 15 points selon les sondages et les Etats par Barack Obama. La copie est présentée ce soir au Sénat, elle ne lui avait pas encore été soumise, pour revenir demain à la Chambre des représentants. Personne ne commente l’alternative : que se passera-t-il, que se passerait-il si le plan était de nouveau retoqué ? L’Europe joue la bonne élève de la classe, tout en faisant montre des défauts français. Juncker parle comme Noyer (le gouverneur de la Banque de France) : le système bancaire tant européen que français fonctionne très différemment du système américain. Il est sûr. La vantardise va jusqu’à presser les Américains de faire comme nous qui avons pu – par la Banque centrale européenne – mettre en ligne plus de 250 milliards d’euros. A Washington, on sauve sélectivement (faillite de Lehman sans recours et pour l’exemple et Mutual Washington ou telle banque « de détail » ou assurance, renflouées ou recasées), mais le plan d’ensemble manque, puisque son financement n’est pas encore voté : il n’est pas non plus publié ou commenté en termes de dispositifs, de projets de réformes et d’affectation de telles liquidités…

L’Europe se met donc en ordre de bataille, ce qui est une surprise : excellente. Réunion des quatre Etats membres du G 7 samedi à l’Elysée. Jean-Pierre Jouyet se confirme : communicant et technicien (c’était l’intime familial du couple Hollande-Royal jusqu’au capotage pendant la campagne présidentielle), il est une bonne pêche pour Nicolas Sarkozy qui semble le respecter en public et en Conseil des ministres. Qu’il reçoive la place de Bernard Kouchner me paraît probable, quoique ce dernier présente l’avantage de laisser le président s’ébrouer en avant-scène pour les « grandes » choses. Deux propos : aujourd’hui n’est plus hier, la crise doit avoir des conséquences sur les politiques de taux de la Banque centrale européenne. Ce qui laisse prévoir que les circonstances sont favorables pour réajuster le découplage institué à Maastricht, sur insistance allemande, entre orientations de l’Union par le Conseil européen et déterminations monétaires (crédit et taux, priorités telles que la lutte contre l’inflation). Donc, une importante réforme que maintenant les Allemands consentiront. La Commission travaille, les propositions du même Jouyet et d’autres pistes. Un "gendarme européen" pour les bourses. Une garantie collective des dépôts bancaires. Des retouches aux règles de la concurrence puisque les étatisations en série dans la plupart des Etats-membres donnent une toute nouvelle direction – par rapport aux jurisprudences, aux pratiques, et surtout à « l’idéologe dominante » des vingt dernières années (Sir Leone Britten, retraité ou déjà mort, doit se frotter les yeux, bête noire des gauches et de ceux qu’on n’appelait pas encore les souverainistes). Beaucoup de chantiers et un bon calendrier, une bonne palette.

L’économie réelle… puisqu’il est supposé que les finances européennes sont plus sûres que les américaines, encore que la rumeur d’aujourd’hui sur les Caisses d’épargne, soulevée par Le Canard enchaîné, et trop vite contrecarrée par les responsables de celles-ci, engage à penser que chez nous aussi il va y avoir « un effet de dominos » (tout serait parti de l’anomalie d’une baisse considférable du titre de Natixis au moment de son augmentation de capital, or Natixis est au capital des Caisses d’épargne). Aussi bien Pascal Lamy que de nombreuses analystes prévoient que la crise financière va avoir de fortes répercussions sur le commerce international et sur la croissance économique. Or, le monde a entamé cette mûe – en catastrophe – alors qu’il était, pour les économies « occidentales » en début de récession, celle-ci prévue pour durer au moins dix-huit mois.

Un silence ou une inconnue. Les autres économies ? les bourses asiatiques semblent le test d’accueil des efforts américains, mais les économies ? L’Inde, la Chine, le Japon, les émergents : leurs propres systèmes ? certes, la crise au Japon, en Thaïlande a déjà eu lieu mais ces pays sont-ils encore en convalescence et fragiles. Dans le concert aussi, une absence, la bourse de Londres. Sans doute, la politique prime-t-elle apparemment en Grande-Bretagne, la bataille entre Brown et Cameron est engagée plutôt en termes de question de personne.

Système financier, échanges commerciaux, mais le plus important marché en liquidités et échanges est celui des changes : 3.000 milliards chaque jour, selon l’A F P. Comment se comporte-t-il ? comment va évoluer la parité euro-dollar. L’euro. est à la baisse depuis que la récession dans l’Union et surtout dans la zone euro. est diagnostiquée. Mais en même temps, le plan Bush-Paulson va encore augmenter la masse de bons du Trésor américain : combien de temps et jusqu’à quel montant sera-t-elle acceptée mondialement. Elle reste encore ce soir le placement le plus sûr, mais si le Congrès est de plus en plus difficile à manœuvrer par le pouvoir, à un mois de son renouvellement, quelle va être la crédibilité des effets publics américains ?

France ? les rôles restent dans la même distribution. L’appel à l’unité nationale a été le fait et le texte de François Fillon. François Hollande et Ségolène Royal se sont retrouvés pour répondre que ce ne serait sérieux que s’il y avait réelle bonne foi. Le Premier ministre en donne-t-il des gages en assurant qu’il n’est pas question de privatiser La Poste, mais alors que sera cette société anonyme dont il reste question ? et poursuivre dans la dévolution aux banques du livret A qui précisément était le monopole de La Poste et des Caisses d’épargne, pour financer un logement social pénalisé pour l’an prochain d’une baisse de 7% au budget de l’Etat ? Pourtant, les remèdes et propositions se ressemblent de part et d’autre. Nicolas Sarkozy se situe autrement : il réitère que les promesses de 2007 seront tenues, la prime de Noël assortissant certaines prestations sociales sera augmentée, et surtout il continue d’ouvrir les chantiers et de toucher à tout. Demain, les « états généraux de la presse ». En Janvier, début de la tentative d’appliquer une des propositions de Jacques Attali, supprimer le département, ce n’est pas encore dit comme cela, mais c’est la perspective, anticipée par la présentation nouvelle des plaques minéralogiques de véhicules à moteur.

nuit
Ami de longue date et de banque – de ma femme. Un mouvement intense en circuit fermé, l’argent, le personnel en moindre marchandise. Les clients complètement hors de toutes perspectives et de raisonnement. Les dirigeants assurant ce que la télévision dément quand les employés rentrent chez eux se planter devant. C’est surréaliste, et finalement : drôle.

Changement d’époque : aussi. Simone Veil candidate au fauteuil de Pierre Messmer, à l’Académie française. Dernière conversation avec le premier, 28 Juillet 2007 : elle en fait trop. Agacement total. La soif d’honneurs, combien de fois, elle m’a écrit pour dire qu’elle se retirait juste de la politique quand je demandais à la voir pour lui en parler, la considérant depuis longtemps comme une de nos rares autorités morales. L’Abbé Pierre, pris dans « l’affaire Garaudy » en 1996, ce qu’elle me dit quand, de la part de l’homme désormais voué aux gémonies, je viens la voir… et, portefeuille de photos. pour son autobiographie, la dernière, belle d’ailleurs : elle accompagnée de l’Abbé Pierre. Et Eric Fotorino, que je dois lire pour ses romans avant de le rencontrer en directeur du journal que je considère toujours comme « mon journal »… succédant peut-être à Alain Robe-Grillet… Il est vrai qu’en 1975, mon premier patron au poste d’expansion économique de l’Ambassade de France à Lisbonne, m’expliquait l’entrée d’Alain Peyrefitte sous la Coupole : à lui seul, il a tous les sièges si ses « nègres » l’accompagnent. – Second registre… la privatisation de La Poste. Pour bien ou mieux la faire, consultation de trois cabinets, d’étiquette américaine aujourd’hui (les « start-up » ne datent pas du XXIème siècle et pour la seule informatique…) : un cabinet auquel appartenait Christine Lagarde, un autre fondé par Raymond Soubie. Seul demeure – immotus in se permanens selon l’hymne ambroisien – celui qui nous fournit cette pâture : Le Canard enchaîné… Le papier sur les Caisses d’épargne établit la même tare que pour la Société générale qu’il se soit agi de l’activité de Kerviel ou de tout autre de ses « traders » : on spécule avec ses fonds propres.

Les nouvelles du soir : Christian Poncelet écède à la polémique et renonce à son appartement de 200 m² » et Zidane sort un livre de révélations sur le plus grand joueur du monde. Pour quelque chose du même genre, Hervé Gaymard a perdu sa carrière en quinze jours alors qu’il passait pour le joker de jacques Chirac dans la partie contre Nicolas Sarkozy, l’U M P était alors à prendre, quand il entra à Bercy en junior absolu et avec le physique allant avec… Zidane dans la demi-finale qui nous conduisait à redevenir champion du monde s’il n’y avait eu « le coup de boule » répliquant au « et ta mère » d’adversaires psychologues : c’étaiut cntre l’Espagne. Le but de la vicoire, il est à l’arrêt, aux aguêts, silence et immobilité, regard totalisant tous les paramètres, le suspense organisé, la maîtrise rappelée, alors la frappe, comme une arme la plus sophostiquée qu’un téléguidage rend imparable. Je suis arrivé devant un récepteur de télévision, juste à cet instant : arrêt sur image, inoubliable, l'image d'un regard qui est instrument de chasse. Mais la psychologie italienne, l’offense à mâle sur femelle maternelle, aucun homme du vrai genre ne peut la laisser passer dût-il y perdre tout. Zidane et une conception de l’honneur passant donc l’intérêt du club et du pays, et même des années pour faire du sport le modèle de grande conduite dans la vie à faire flipper les banlieues.

L’essentiel, maintenant – minuit et demi. Le vote au Sénat américain n’a pas encore eu lieu, Obama et McCain la main dans la main avec Bush pour obtenir le vote. Même opération vendredi à la Chambre des représentants. Les bourses – seules – sont perplexes, les commentateurs ne doutent pas que le « plan de sauvetage » finisse par être voté : certitude qui me sidère. Le sommet des quatre Européens au G7 a été convoqué par Sarkozy en méconnaissance – qui persiste à être la sienne – de la psychologie de ses homologues-partenaires-rivaux-adversaires et des usages pour toute préparation d’un grand « machin ». Gordon Brown ne viendra peut-être pas – c’est samedi. Angela Merkel fait savoir son hostilité – traditionnelle de la part de tout responsable politique de l’économie allemande depuis 1945 – pour tout « plan de crise », elle ne veut que du cas par cas et sait d’ailleurs qu’il n’y aura pas de cas allemand. Seul, Silvio Berlusconi, s’annonce avec certitude. François Fillon promet tout mais tout le monde s’interroge sur les financements, et si demain ou après-demain une de nos banques craque, où sera le pot. Le livret A est affecté partout…

[1] - Paul aux Romains VIII 14 à 17 ; psaume CXXX ; évangile selon saint Luc XVIII 1 à 5

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