jeudi 16 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 16 octobre 2008


Jeudi 16 Octobre 2008

refonder l'économie ? non, les voies naturelles

quels sont les acteurs ? le consommateur est décisif

le refus européen d'une politique de croissance

les politiques sur le terrain : Monfermeil, Ford à Bordeaux, un sommet médiatisé



Prier… ma fête selon le calendrier d’autrefois, et une de celles de notre fille : Marguerite Marie Lacocque… [1] elle est inépuisable la grâce par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté. Raccourci saisissant qui nous donne notre exacte situation spirituelle, c’est-à-dire notre situation au regard de la réalité, de notre liberté, de ce dont nous disposons pour nous conduire au long de notre existence. Choisis (par Dieu) avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Et nous faisons partie de ce dessein cosmique : Dieu projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout, sous un seul chef, le Christ. Et en face, nous-mêmes et les guides que nous nous donnons, de toutes sortes : vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui essayaient d’entrer, vous les en avez empêchés. Effort à fournir de lucidité, de discernement sur nous-mêmes et sur l’époque : que faisons-nous de cette grâce, de ces instruments, de ce dessein.


Délivrés de l’économie. L’outil cassé, le jouet définitivement endommagé, on passe à autre chose. L’obsession économique de ces vingt ou trente dernières années va s’estomper. L’échelle des valeurs, l’évaluation d’autrui sont déjà différentes. Les rois sont détrônés. Les obessions – il y en a toujours une –changent. Il y eut celle d’un régime politique, celle des hantises de politique extérieure ou de décolonisation. Apparemment, l’économie était pacifique, ne la vivaient destructrices que les victimes sociales. La société était pervertie par l’économie : on en « faisait trop ».

Mais l’économie à refonder ? je crois aux voies naturelles, à une reconstruction par ceux qui la vivent et non aux décrets : c’est une illusion des politiques, du moins des nôtres tels qu’ils sont subjugués, opposants et soutiens obligés les uns et les autres figés dans des rôles qu’ils jouent mal. L’économie est vivante, au mieux et au plus l’encadre-t-on, la corrige-t-on, la surveille-t-on. Elle va se refonder à la fois selon les envies, les tropismes et les habitudes que la crise met en veilleuse mais n’abolit pas, et selon, il faut l’espérer, l’expérience de ces semaines-ci, mais elle n’est pas une matière informe, revenu à un état originel du fait de cette crise financière et boursière, qui produirait la matière première d’une invention totale et volontaire, fait de surcroît d’inexperts, se substituant à des expertises bornées. Ce sont les acteurs qui vont refonder l’économie, les acteurs d’hier, les acteurs d’aujourd’hui, les pompiers que sont les Etats ne sont pas les acteurs.

Quels sont-ils ? C’est à étudier. Ce qui revient à admettre la réalité forte de ces années-ci quand on évoque de partout « les politiques de relance par la consommation ». L’entrepreneur, le banquier paraissent primordiaux, mais le consommateur, en masse statistique mais aussi selon des paramètres et des influences bien plus individualisables, est décisif. La hausse puis la baisse du prix du pétrole ne sont pas le fait de l’offre et de la demande – à l’instant T – mais bien la conséquence des prévisions qui sont faites des comportements finaux à la consommation. Quelle est la place de l’Etat ? il est, dans la dialectique qu’on espère salvatrice ces jours-ci, un ultime recours, mais l’est-il comme adjuvant mécanique, car il n’est pas plus riche ni infaillible que les autres acteurs, ou l’est-il parce qu’il est d’un autre ordre et donc invulnérable au plan économique, où actuellement tout semble se jouer. Il faut revenir à la philosophie et à la morale. L’Etat a un poids économique par la fiscalité et par la réglementation – la sienne englobant toutes les autres – mais parce qu’il est l’outil du bien commun. Un objectif dont il a la responsabilité (et la délégation, mais sous contrôle : la démocratie) et que perdent de vue les acteurs : la propension à s’approprier, à accaparer. Réflexe de libido, réflexe de peur du lendemain. Importance de l’anticipation et de la prévision en économie. Alors que la politique – trop – joue du présent, seul.

D’autres acteurs, pas assez convoqués dans le champ de l’économie, les associations, les collectivités publiques. Question aussi de l’économie non monétaire et des échanges en nature, toutes les formes d’aide et de troc, qui jusqu’à présent – dans l’époque moderne – sont traquées parce que pouvant, si elles se généralisent, tarir la manne fiscale.

Paris ouvre en hausse à 2,17% de progression ce qui m’étonne : aucune leçon tirée, affectation des médications trop restreinte, la plaie ouverte mais pas l’état général. A la clôture, on est au contraire revenu – ce qui me semble réaliste – à la baisse, trè-s sensible : moins 5,92%. Presque autant à Francfort, moins 6% à Prague. New-York ouvre en baisse de 3,5%. Les réunions européennes ne convainquent pas, les votes des divers plans nationaux de sauvetage pallient probablement les déficiences mécaniques des banques, mais ne rassurent pas les spéculateurs et les prévisionnistes. On passe d’une semaine à l’autre à un souci et à une analyse différents : éviter la panique des déposants, refaire la liquidité interbancaire, recapitaliser les banques et maintenant la récession économique générale, mais – paradoxalement – l’Union européenne refuse une politique de relance et de croissance. Si avisé qu’il est depuis une décennie au moins, Jean-Claude Juncker se fait le porte-parole de ce choix. Autant il est dit juste sur la réorganisation financière et bancaire, sur les délais probables et les précautions à prendre avant de stature et de légiférer, autant il est bloqué – en sa qualité de président de l’euro-groupe par l’obsession de la dette publique et de l’inflation (les critères de Maastricht comme fins et non comme repères et moyens de s’évaluer les uns les autres). Obession qui bloque toute imagination, et plus encore toute décision politique. D S K – les conseilleurs ne sont pas les payeurs, encore que son institution secourt les « pauvres » et parfois les riches aussi – est d’un avis contraire qui recommande des relances budgétaires. Au-delà du débat qui va s’ouvrir de force par la revendication sociale sur les politiques de relance et de croissance, il y a la question d’une réelle politique européenne industrielle commune. L’enjeu des délocalisations est là. L’agriculture ne se délocalise pas, le problème qu’elle pose est son commerce et son soutien au niveau des producteurs, tandis que l’industrie montre – révèle, puisque la chose est maintenant, elle aussi, de mode, comme si nous avions évolué en aveugles, depuis plusieurs décennies – nos manières de diriger et d’innover et plus encore notre échelle de valeurs : travail, capital, environnement. Politique commune des textes, solidarité de fait des dirigeants pour les jeux de scène et les faire-valoirs mutuels, mais – concrètement – la probabilité est un cavalier seul de chacun des Etats, au lieu des grands investissements imaginés dès la chute du mur de Berlin, que tout le monde propose et sur lesquels les gouvernements ne s’accordent cependant pas. Forte analyse : la relance par les salaires et le pouvoir d’achat, du secrétaire général de F O : Jean-Claude Mailly qui sillonne la France en vue des élections prudhommales. Il est témoin de la sensibilité de chacun, dans les situations locales, dans les entreprises.

Le maire U M P de Montfermeil. Quand les problèmes sont graves, immédiats et locaux enfin la langue de bois se tait, enfin les clivages disparaissent. Bonne énumération de ce qui est fait et de ce qu’il reste à faire dans les banlieues.

Ségolène Royal à Bordeaux, aux portes de l’usine Ford. Cette usine qui fut l’enjeu en 1971 de l’élection partielle à Bordeaux. J J S S alors « duc de Lorraine » défia Jacques Chaban-Delmas dans ce qui n’était pas encore appelé son « fief ». L’ex et future candidate à l’élection présidentielle a la voix d’Arlette Laguillier, rapport de forces, banque publique, occasion historique. Il est dit qu’elle a fait – à Athènes, mais dans quelle enceinte – un discours très informé la semaine dernière.

Bilan médiatique du sommet des Vingt-Sept. Salut à Nicolas Sarkozy pour la partie financière, fiasco et recul sur les engagements climatiques. Les commentaires sont de la paraphrase sans recul. Personne ne met en valeur les racines anciennes de tous les aspects de la crise, et combien la finance et la bourse qui ne sont pas des crises de même nature reflètent celle de l’économie réelle – l’expression, presque le néologisme, inexistante il y a quelques mois encore, et qui s’impose aujourd’hui, m’effare, comment a-t-on pu tomber dans une telle dychotomie ? Et l’économie réelle est fonction des comportements humains et surtout des comportements de ceux qui dirigent et qui refusent la concertation. Comportements fondés sur de graves déviations morales et des erreurs ou des dogmes philosophiques désastreux. Le travail est un coût à diminuer et à éliminer, ce n’est ni le facteur essentiel dans la production de richesse, ni le droit à regarder la marche de l’entreprise et à mettre en cause les dirigeants au même titre que le peuvent et le font les actionnaires de référence d’une société, d’une entreprise. Le dédain du facteur travail en même temps qu’est chanté – chez nous – le refrain d’une rémunération fonction seulement du travail…


[1] - Paul aux Ephésiens I 1 à 10 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Luc XI 47 à 54

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