que le pays se lève et parle au monde
Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
j'ai écouté et regardé le Président. Au mieux de sa forme dialectique.
Et de sa coiffure, si je puis me permettre cette observation qui est visuelle et non financière : elle est celle de tous ceux qui regardent ou l'émission ou les réseaux sociaux, ou les deux, ou le Canard. VGE avait assumé son physique et ne s'en est pas porté mal. Pour le Président, je reconnais qu'il est trop tard pour changer. Indice de personnalité, initialement ? je ne sais pas. Je suppose que pour beaucoup de Français, observation et déduction sont de ce genre.
Sur le fond, je regrette que
1° le facteur chance et circonstances générales, européennes et mondiales, n'ait pas été admis pour à propos des indices de reprise de la croissance. Celle-ci est-elle le fait d'une conjoncture dont les caractéristiques nous échappent, ou est-elle le fruit de la politique mise en oeuvre par le gouvernement ? Aujourd'hui, y a-t-il des politiques déterminant la croissance ? autres que l'air du temps ? pour un pays comme le nôtre.
2° le Brexit soit présenté comme une décision et une responsabilité exclusivement britanniques. Non ! quand un couple se dissocie, et le partenaire a toujours, en l'espère,été problématique..., les responsabilités sont partagées. Nous n'avons pas su rendre l'Union européenne attrayante pour l'Angleterre. Le vote de celle-ci est tout simplement ce que voteraient, dans chacun des Etats-membres, de très fortes minorités, voire des majorités.
Les initiatives évoquées par le Président n'en sont pas, car elles ne déterminent aucun changement dans le fonctionnement de l'Union et dans le rapport de l'Union et ses ressortissants, ses citoyens. Typique : le refus de l'armée européenne, une armée qui si elle existait diminuerait les dépenses nationales à commencer par les nôtres, et mutualiserait les interventions extérieures partout, en Afrique et au Proche-Orient. Typique : un gouvernement de la zone euro sans évoquer même la Banque centrale européenne, ses statuts. Cette réunion des ministres des Finances existe déjà pour l'examen annuel des programmes budgétaires et macro-économiques des Etats-membres. Vous êtes le premier à le savoir.
Des initiatives fortes seraient - et je vous les répète depuis que je m'adresse à vous pour le Président - l'élection au suffrage direct du président de l'Union par tous les citoyens européens et l'établissement d'un service civique européen, faisant intégralement partie, en temps demandé aux jeunes et en esprit de défense, du service national à rétablir et inventer dans chacun des Etats-membres, en commençant par le nôtre : garçons et filles. L'Europe sera tangible par la détermination et la visibilité de son chef, par l'amitié entre les jeunes échangeant et mélangeant les territoires de leur temps de service, et les étendant ensemble aux pays de nécessité comme la chère Afrique.
Les investissements européens. C'est le refrain depuis Jacques Delors et la "tombée du mur", notamment en grands axes de communication pondéreuse, comme exemple d'application et de grands travaux multinationaux, fédéraux. Le pacte de croissance et quelques 160 milliards en 2012. Le double pour le plan Juncker, il y a dix-huit mois. Et l'on n'a rien trouvé pour renflouer de quelques centaines de millions Florange ou Alstom...
C'est diminuer les Européens, les Français et l'entreprise de 1950 que de faire de la protection, quels qu'en soient les nombreux registres évoqués par le Président, l'essentiel de la vocation de l'Union.
3° l'on continue de prétendre au modèle social français sans le définir (pour qui d'ailleurs ? nous ? ou en exemple aux autres ?) . C'est le refrain depuis 2005 quand précisément, il a commencé d'être mis en cause. Alors le modèle républicain ? qu'est-ce à dire ?
4° la démocratie soit menacée ou décriée chez nous. Mais nous ne sommes plus en démocratie. La peur du referendum depuis 2005 : le traité de Lisbonne en eût été justiciable, la réforme et le re-découpage des régions tout autant et la refonte du droit du travail (j'ai regardé les textes, la loi El Khomry revient sur l'avancée décisive qu'avait été la loi Schumann dans les derniers mois d'exercice du général de Gaulle : l'entrée du syndicalisme dans les entreprises). Le Président - rien qu'en grammaire : la première personne du singulier, si constamment - a absorbé les prérogatives du gouvernement et du Premier ministre. Le pays, et nos institutions dans leur fonctionnement, sont privés du recours et de l'arbitrage, qui sont précisément l'apanage du Président. Le fonctionnement du Parlement est vicié par le vote forcé à l'Assemblée nationale. La logique (la sincérité) démocratique eût été de dissoudre l'Assemblée nationale puisque le gouvernement n'y a plus de majorité depuis les lois Macron et dès le dépôt du projet de loi El Khomry.
5° l'exercice du pouvoir. L'unanimité s'était faite (sans moi) pour diminuer de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel soi-disant pour en rendre la dévolution et l'exercice plus démocratique. Cela ne changeait rien... Voici que le regret est unanime : le mandat quinquennal est trop court. En sus, pas d'analyse sur le méfait constitué par la subordination (en calendrier) du renouvellement de l'Assemblée nationale en fonction de l'élection présidentielle antérieure de quelques semaines à peine. La capacité à présider la République parce que l'on s'y est préparé (les derniers propos du Président), c'est l'exacte présentation que le candidat François Hollande faisait de lui-même en 2011-2012 : " je me suis beaucoup préparé ".
6° il n'y ait toujours pas d'éléments permettant de comprendre la psychologie du Président - autrement que par convenance (le sens du devoir, l'obsession de faire le bien). J'aime comprendre. Et vous le savez, je me suis X fois proposé à dialoguer avec le Président, dans le secret s'il l'avait jugé nécessaire et gratuitement s'il faut ne pas obérer la dépense de l'Elysée. Mais le comprendre et hors des conventions de parti, d'entourage ou d'habitudes administratives et sécuritaires, lui donner le miroir du pays et le reflet que lui-même y donne. Dialoguer hors profession. Peut-être aurai-je compris le Président, l'homme, sa manière de penser, le fond. L'adhésion personnelle, l'adhésion des citoyens dépendent en bonne part - davantage que des résultats d'une politique ou d'un mandat - de l'empathie entre le dirigé et son dirigeant.
En revanche, je trouve - sans doute extraordinairement habile, sinon génial -, mais tristement cynique pour les intéressés et pour le pays d'avoir congédié un Premier ministre, banal mais loyal, pour faire entrer dans le gouvernement, s'y user et s'y combattre, deux personnalités devenues rivales entre elles et vis-à-vis du Président. La rumeur assure que vous soutenez le ministre de l'Economie tandis que votre prédécesseur est parti pour ne pas cohabiter avec le nouveau Premier ministre. Avec la subtilité que le ministre de l'Economie qui, pas plus que son prédécesseur qui n'avait fait que parler, n'a fait autre chose que des textes, c'est-à-dire que ni l'un ni l'autre n'ont dirigé quoi que ce soit dans nos affaires économiques, serait la doublure du Président à une élection qu'il lui devrait. Le Parti socialiste détruit en esprit et le pays sans alternative que l'épouvantail ou la perpétuation de ce qu'il réprouve encore plus moralement, esthétiquement que politiquement. Invoquer les conventions collectives de 1936 pour faire de la loi Travail leur exacte continuité, alors que le texte - le fameux article 2 - élude désormais les accords de branche, n'est pas loyal.
Le pays ne se lèvera que si la démocratie est sincèrement pratiquée et il ne parlera au monde qu'imaginatif et audacieux.
J'ai cessé d'être attristé par le cours du mandat, mais persiste à croire que la conversion est possible, même in articulo mortis. Le mandat, ces cinq ans auraient pu être tout autres. Et constructif.
Pensées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire