LE MONDE | 22.07.2016 à 04h01 • Mis à jour le 22.07.2016 à 18h26 | Par Gilles Paris (Cleveland, envoyé spécial) et Nicolas Bourcier (Cleveland, envoyé spécial) image: http://s2.lemde.fr/image/2016/07/22/534x0/4973097_6_3c4c_donald-trump-a-la-convention-republicaine-le_95a856a4ea917051f3e12e28fe13fdc6.jpg
La première étape de l’incroyable voyage en politique de Donald Trump s’est achevée à Cleveland, jeudi 21 juillet, peu avant minuit. Une formidable ovation venait de saluer le discours qu’il venait de prononcer et dans lequel il avait accepté l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle du 8 novembre.
Une formalité, mais aussi une opportunité pour le magnat de l’immobilier de dissiper les doutes alimentés par les premiers jours chaotiques de la convention du Grand Old Party (GOP), entre le plagiat d’un discours de Michelle Obama, le bâillonnement brutal des réfractaires du parti, et la colère soulevée par le refus du sénateur du Texas, Ted Cruz, d’appeler sur scène à voter pour M. Trump.Le milliardaire avait besoin de tracer à nouveau un chemin. Il y est parvenu par une promesse criée comme tout son discours aux Américains, au-delà des murs de la salle de l’équipe de basket des Cavaliers. « Je suis votre voix », a assuré M. Trump à l’attention « de ceux qui travaillent dur alors que plus personne ne parle en leur nom », victimes d’un « système truqué » dont bénéficient uniquement « les élites ».
Un discours prononcé le 22 juin avait déjà fourni le cadre de celui de Cleveland. En ajoutant ces quatre mots, M. Trump a scellé son ambition, souligné par sa fille Ivanka qui l’avait présenté à la foule, être « le champion du peuple », le seul capable de tout changer.
Auparavant, le candidat républicain s’était attaché à dresser le tableau le plus angoissant possible des Etats-Unis, alimenté par le rappel des derniers crimes liés à l’immigration illégale, des violences contre les forces de police, et d’une situation économique jugée désastreuse. Regardant au-delà des frontières américaines, M. Trump n’avait trouvé également que « morts, destructions et faiblesse » américaine, ainsi qu’une unique coupable : sa future adversaire, l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton :
« L’Amérique est moins en sécurité, et le
monde plus instable, depuis qu’Obama a pris la décision de donner la
responsabilité de la politique étrangère américaine à
Hillary Clinton. »
Nixon plutôt que Reagan
En début de soirée, le président du Parti républicain, Reince Priebus, avait assuré que le GOP était « le parti des idées nouvelles » pour mieux l’opposer au Parti démocrate présenté comme le garant du « système » en place.L’innovation, pour M. Trump, a sans doute été de ne pas citer une seule fois l’icône républicaine habituelle Ronald Reagan, dont l’optimiste référence à « la ville ensoleillée sur la colline » jurait avec la description sombre et inquiétante assénée au public. Il lui a préféré sans le mentionner un autre président républicain, Richard Nixon, qui avait lui aussi évoqué « la voix des Américains oubliés » dans son discours d’acception de 1968, et la « majorité silencieuse » sur laquelle mise le milliardaire pour accéder à la Maison Blanche.
L’un des paradoxes de jeudi a été que les idées nouvelles avancées par le magnat de l’immobilier l’ont surtout été pour le parti qu’il entend représenter. M. Trump n’a pas plus mentionné le nom de Dieu que celui de Reagan, mais il a promis de protéger la communauté LGBTQ (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers) alors que la plateforme adoptée par le parti veut revenir sur le mariage gay.
M. Trump n’a pas jeté aux orties toutes les convictions républicaines, dénonçant l’excessive réglementation comme le poids des taxes ou les entraves opposées à l’exploitation des ressources naturelles américaines. Il a veillé aussi à rassurer sa base de départ en répétant comme il le fait désormais avec instance qu’il est « le candidat de la loi et de l’ordre ».
Ces concessions mises à part, M. Trump a définitivement enterré, sous les applaudissements deux credo conservateurs : le libre-échange et l’interventionnisme en politique étrangère, et rétréci l’horizon de ses concitoyens au nom d’un principe : « America first. »
Protectionnisme
Ivanka Trump, qui avait pour mission de réparer l’image de son père auprès des femmes en vantant le progressisme sur ce point de la Trump Organization, a donné un aperçu de la transformation que souhaite opérer son père. Elle a indiqué que comme nombre de personnes de sa génération, elle ne se considérait pas « catégoriquement comme une démocrate ou une républicaine », un constat qui relève sans doute de l’hérésie pour l’aile droite du GOP qu’entend incarner Ted Cruz.Souvent abrasif pendant la campagne vis-à-vis des minorités, M. Trump s’est voulu inclusif et bienveillant jeudi vis-à-vis des démocrates qu’il entend séduire par son protectionnisme et tout particulièrement vis-à-vis de l’adversaire malheureux de Mme Clinton, Bernie Sanders. La voie est désormais tracée, M. Trump a un peu plus de trois mois pour parvenir au 1600 Pennsylvania Avenue, à Washington.
- Gilles
Paris (Cleveland, envoyé spécial)
Journaliste au Monde
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Vos réactions (30) Réagir
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Dodo Hier
Ça déroute la propagande : Trump défend les LGTB et les pauvres... Vite,
effaçons ça de notre cerveau !
Dk Eric Hier
La dernière fois que les extrémistes et les idiots du village ont eu le
droit de choisir leur candidat du GOP, en 1964 , les républicains ont perdu
avec un déficit de 15 millions de votes, et Goldwater n’a réussi à gagner que 6
états.
Bobo Hier
Au début je pensais comme beaucoup : Trump ? un milliardaire ! Et puis j'ai
écouté par moi-même et suivi les choses : je comprends maintenant parfaitement
sa victoire chez les Républicains et espère qu'il renversera les choses ne
serait-ce qu'en renversant les dynasties Bush et Clinton, qui me semble moins démocratique
encore que le milliardaire Trump, puisque les Clinton sont eux-mêmes
milliardaires... comme les Bush !
Elie Somot c-3d.fr Hier
Trump a passé sa vie à compiler du pouvoir économique. Sur le retour d’âge,
cet hyper égocentré s’est choisi une lubie, devenir présidentiable. Dans son
propre camp républicain, il a été dénoncé par quelques leaders pour propos
racistes, primaires, sectaires. Subitement il change de registre. Il veut être
la voix des oubliés, en prétendant libérer davantage le libéralisme. Il dresse
un tableau noir des USA pour inscrire sa présidence sur l’autel de « America
first ». Cherchez les incohérences.
Andre Angle Hier
"USA.USA, USA; America first...." C'est le programme de Trump et
c'est un programme qui plait a beaucoup d'Americains. Marine Le Pen a le meme
programme mais FRANCE remplace USA, et c'est un programme qui plait a beaucoup
de Francais. Mais Marine aura plus de difficultes a se faire elire presidente
car il y a des candidats, Sarkozy, ou Juppe, ou tout autre chez les
Republicains qui affaibliront la candidate du FN. Aux USA, c'est soit Trump,
soit Clinton.
Richard NOWAK Hier
Les USA c'est 1/20 de la population mondiale. La France ou ce qu'il en reste
c'est au mieux 1%. Ni les premiers ni la seconde ne feront le poids face aux
non alignés s'ils amorcent le développement de leurs échanges.
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