samedi 23 juillet 2016

Donald Trump dans sa radicalité --- Le Monde.fr


LE MONDE | 22.07.2016 à 11h43 • Mis à jour le 23.07.2016 à 11h15
Donald Trump lors de la convention  républicaine, le 21 juillet à Cleveland.

Editorial du « Monde ». Isolationniste, il remet en cause l’OTAN et les alliances stratégiques des Etats-Unis. Protectionniste, il ne veut plus du « libre-échange », « un système truqué qui ne profite qu’aux élites ». Anti-immigration, il entend ériger un mur sur toute la frontière sud du pays. Maniaque du retour « à l’ordre », il veut renforcer les pouvoirs de la police. Candidat d’une majorité blanche en proie à un malaise identitaire prononcé, il cultive la nostalgie de l’Amérique « d’avant » – avant la montée des minorités. Personnalité à l’agressivité mal contenue, il attise la haine d’Hillary Clinton, son adversaire démocrate pour le scrutin présidentiel du 8 novembre, désignée à la vindicte du public et rendue responsable de tous les maux de la planète.

Tel est Donald Trump, dans toute sa radicalité. Il y a onze mois, aucun politologue n’aurait misé un dollar sur ses chances de remporter les élections primaires républicaines. Il a écrasé tous ses concurrents. Il y a encore trois mois, on pariait sur une manœuvre de dernière minute de l’appareil du parti pour lui trouver un remplaçant. La convention républicaine réunie à Cleveland (Ohio) vient de l’adouber. Les sondages le donnent au coude-à-coude avec Mme Clinton. M. Trump aurait autant de chances que cette dernière d’être le prochain président des Etats-Unis. Les politologues commencent à comprendre.
Dans son discours d’acceptation de l’investiture du parti, jeudi 21 juillet, M. Trump n’a renié aucun de ses engagements de campagne, tous résolument contraires au credo républicain. Il remet en cause les alliances stratégiques conclues par les Etats-Unis depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, en Asie comme en Europe : leur maintien dépendra de l’effort que les alliés de Washington sont prêts à consentir pour assurer leur propre défense. L’Amérique ne peut plus payer autant qu’aujourd’hui, dit-il, elle doit d’abord s’occuper de ses affaires intérieures : « America first. »

Le principe fondateur de l’OTAN remis en question

Il va plus loin dans un entretien publié ce jeudi dans le New York Times. Il remet en question le principe fondateur de l’OTAN : l’automaticité de la solidarité entre ses membres au cas où l’un d’eux est attaqué. Si les Américains ont souvent appelé leurs alliés à faire plus pour « partager le fardeau » de la défense, aucun candidat à la Maison Blanche n’a été aussi loin que M. Trump. Si la Russie attaque l’un des pays baltes, explique-t-il, il n’est pas certain que Washington interviendra. C’est la négation de la lettre et de l’esprit de l’Alliance atlantique. Un Trump président inaugurerait une nouvelle ère stratégique.
Candidat d’une révolte sourde contre la mondialisation, il en dénonce deux des principales manifestations, celles qui ont assuré la croissance – inégalitaire – américaine de ces dernières années : l’immigration et le libre-échange. Il en reste à la dénonciation et à la protestation, il ne donne pas de programme économique. Il ne célèbre pas l’Amérique d’aujourd’hui, dont il n’aime pas la diversité – aucune convention républicaine de ces vingt dernières années n’a compté aussi peu de délégués noirs.
Il ne cultive pas le traditionnel optimisme républicain. Il se veut le candidat qui intègre le ressentiment des laissés-pour-compte de la mondialisation. Cynique ou de bonne foi, en tout cas dangereux, il attise ce ressentiment. Il a d’ores et déjà changé la face du Parti républicain. On ne peut pas souhaiter qu’il en fasse autant avec les Etats-Unis.
Et si les pires déclarations de Trump étaient pour l'Afrique ?
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Vos réactions (33) Réagir
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- GERONIMO 23/07/2016 - 17h49
Un éditorial qui fera date dans l'incompréhension du Monde sur ce qu'est l'Amérique et les partis politiques américains aujourd'hui. Un cas d'école.
 
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patrick vincourt 23/07/2016 - 12h00
Dommage que cet éditorial, écrit à un moment clef de l'histoire politique des USA, ne rappelle pas que l'adoubement de D.Trump par la Convention Républicaine n'est qu'un avatar d'un mouvement plus global au sein de l'Occident. Brexit, montée des populismes en Europe: E.Valls n'a certainement pas utilisé le terme de "Trumpisation" des esprits par hasard. Bien sûr, l'amalgame est dangereux. Mais à ne jamais prendre le risque de rapprocher les faits, on se condamne à n'être qu'observateur.
 
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Richard NOWAK 23/07/2016 - 12h50
Une société abrutie par 50 ans d'absurdités hollywoodiennes qui a renoncé à former les générations montantes se retrouve confronté à l’indicible. Se réformer et accepter d'être détruite au moins partiellement. Voilà ce qui est en train de se mettre en place. Soit d'un côté des techniciens d'appareil aveuglés et obtus soit de l'autre des ignorants sûrs d'eux capables de n'importe quoi et sûrement du pire. Et circonstance aggravante, tous déjà corrompus au départ. La poule philosophe ou l'inverse!
 
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Daniel Lattanzio Hier
Hypocrisie totale cette distinction entre les "élites" et le "peuple" quand il s'agit de distinguer entre ceux qui ont fait des études ou réussi et ceux qui n'ont en pas fait ou pas réussi. À croire que l'inculture et l'échec sont une source d'identification et de reconnaissance. La première place aux derniers de la classe. Sauf que Trump assure d'abord sa place à lui, pas celle des oubliés. Ce n'est pas America first, c'est Trump first.
 
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pierre guillemot Hier
En 2007 les citoyens français étaient invités à choisir entre Nicolas et Ségolène (au moins en 2012 on était sûr de celui qui avait déjà sévi, et on a choisi l'autre). En 2016 les citoyens des USA ont à choisir entre Hillary (plus de la même chose) et Donald (on ne sait pas quoi). Aucun des deux n'est appétissant, mais au moins avec Donald on piétinera en pensée l'élite féroce et méprisante (qui se remettra à écraser dès le lendemain). Heureusement, aucun des deux ne pourra rien, en démocratie.
 
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Richard NOWAK Hier
Le socialisme comme tous les -ismes tue notre civilisation, notre société donc nous. Comment réussir à prendre comme leader un ennemi? Les Américains ont un leader qui est le contraire de ce qu'ils veulent.Ni liberté, ni vertu, ni respect des faibles, Cet homme est inhumain. Le choisir c'est accepter l’indicible y compris d'aller au sacrifice suprême. Il vit en "individu". Quelle que soit sa position il ne se refuse rien. Il est plus dangereux que tous les concurrents car il promeut le cynisme.

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