Mercredi 19 Juin 2013
Retour à ce clavier après avoir divagué pendant près de deux heures entre le recueil des derniers envois de Mounir, une compilation de Génération identitaire et un incident informatique m’appelant à rouvrir tout ce qui était en cours. Hier, expérience aussi du temps dont je ne suis pas maître mais que j’ai utilisé presque entièrement, en coincidence avec l’anniversaire de notre mariage, à relire et annoter le dernier document épiscopal sur « le mariage pour tous », alors que j’ai en chantier non ouvert et en promesse ferme d’un rendu de copie pour demain soir, ce gros travail sur la Mauritanie : efficacité ou pas des sanctions contre les putschistes de 2008, cynique commande du Quai d’Orsay à une ONG se rabattant sur mon ami… Mise en relation, précisément, de deux autres amis mauritaniens, l’un de souche mais établi à Paris, et l’autre Français d’origine et converti là-bas…
Poids du monde ou poids de moi dans cette conscience que ma marche pourrait être plus efficace et rapide chaque jour, tant je ressens, tant je veux le transcrire, tant j’ai à documenter, réfléchir et travailler, avec en sus, ou en nerf les fragments de parcours, les accompagnements qu’il m’est donné-demandé de faire. Cheminement avec ces prêtres amis, le sacerdoce, la vie religieuse, le fonctionnement de l’Eglise en la personne de ses/de nos ministres, la propagation de la foi bien autrement vécus, pour moi en témoin, et pour ceux qui se confient ou dialoguent avec moi, bien autrement que des documents épiscopaux ajoutent, rajoutent, prêchent sans charme ni intuition dans le même sillon quasi-autiste des vérités d’autorité et non d’expérience, de magistère et non de prière, de partage de la vie et de la condition humaine. – Hier soir, les parents admis à suivre le cours de natation ; Marguerite a excellé à tout ce qui était résumé ou montré, les battements de pieds, les mains bien allongées pour les crawls sur le ventre ou sur le dos m’ont rempli d’admiration. Sa relation parfois complexe avec moi en piscine puisqu’évidemment je fais plus « papy » que papa, sauf quand je nage et fais l’ouverture pour l’exercice de sauvetage. Je la laisse dire ses souhaits et points de vue, puis l’amène à m’admettre, et la réalité renoue tout. Ce qui m‘importe est son bien-être, ne pas la gêner. Pour moi, mes apparences d’âge et de physique (je ne m’étonne même plus) ne m’importent que pour ne pas gêner celles qui m’aiment. Car elles ne m’identifient pas, l’état présent de mon existence, avec les apparences de mon corps ou de mon cmpte en banque ou de ma position socio-professionnelle (vide) ne disent rien de moi. Puissè-je être ce que mes aimées et Dieu veulent que je sois.
La prière du soir en trinité. Notre dialogue implicite et nos conversations… L’implicite aussi avec ma femme tout hier, les neuf bougies. – L’état de notre trésorerie. Nos lieux et aîtres rénovés par la fauche de tous les herbages montés à presque hauteur d’homme autour de nos maisons. L’assagissement de nos chiens : les colliers électriques. – Notre pays à la dérive. Les relations internationales sans initiative dominante que des réactions en chaîne où les peuples par leur insurrection ou leur attente, leur misère ou leur déclassement jouent un rôle mettant les dirigeants de côté et renvoyant les spéculations financières et la plupart des institutions à leur marginalité par rapport à la vie. Quelque chose se cherche, s’exprimera.
La veillesse m’apporte une curiosité encore plus intense sur ce qu’est la vie. La politique, comme depuis mon adolescence, me pasionne comme élément de réponse aux circonstances et comme l’histoire qui se fait. Je ne me suis jamais consacré à en faire car mes tentatives périodiques de participer et d’être un des acteurs par l’élection ont régulièrement échoué, sans me rendre pessimiste sur les mécanismes mais simplement en jugeant que ce n’était pas ma voie puisque je n’étais ni accepté par le grand nombre ni coopté par ceux qui sont déjà assis, en place. Ma liberté de pensée et d’expression n’a donc jamais été entamée, mais elle n’a jamais été non plus mise à contribution, prisée sauf par quelques personnalités, par deux quotidiens importants mais qui se sont fermés ensuite à moi, Le Monde depuis 1982 et La Croix depuis 1997. Je voyais et prisais des gens, des hommes, des personnages bien plus âgés que moi, les femmes étaient les jeunes filles et je les voyais dans une tout autre optique : observation politique de notre pays et de celui où j’étais affecté, vie sentimentale et sensuelle, vie professionnelle. La prière n’avait pas nommément son temps, elle était de toutes les heures, naturelle, simplicité, ce fut ma grâce principale m’amenant à aujourd’hui, à notre vie conjugale et familiale. Latence et vérité, plus que je n’en avais conscience ou le pratiquais. La fin très précoce de ma vie professionnelle n’est qu’un manque financier, aurai-je été dévié, amoindri si j’avais été admis à poursuivre une carrière et donc à avoir une succesion d’ambassades ? ou si j’avais trouvé le lieu et la matière d’un rebond ? Jje ne le sais pas mais ma vie sentimentale aurait tourné autrement, j’y aurai sauf grâce insigne beaucoup perdu. J’aurais sans doute gagné en expérience et avec les instruments qui ne m’ont pas été enlevés, tant ils me sont propres, et n’ont guère changé depuis mon adolescence (foi, curiosité, tolérance, patriotisme, goût d’aller au plus profond par le document pris comme tel et accepté en mentor au lieu d’être utilisé pour des propos qu’il ne suggère pas de lui-même), j’aurais sans doute eu encore plus à dire pour ce qui est de notre vie nationale et du monde dans lequel nous avons à vivre comme pays, peuple, histoire. A cette mise en jachère, j’ai gagné une écoûte plus dépouillée où les gens comptent encore davantage. Ceux que je rencontre et qui m’attirent sont désormais plus jeunes que moi, et en revanche il m’arrive maintenant d’entrer en conversation avec des femmes déjà bien plus âgées que moi et dont le regard, les fragments de récit donnant situation ou histoire, me passionnent, me fixent d’admiration et de sympathie. Le monde et moi nous nous entre-portons, ce qui n’est pas original. C’est le plus particulier qui nous enseigne l’universel. Les papiers actuels de l’Eglise ne le comprennent pas et ne le font pas comprendre. Par exemple pour le mariage. Le trésor humain et le trésor chrétien, plus que compatibles puisqu’ils sont de mêmes protagonistes et de même matériau, pourraient être exploités, dits, ouverts, montrés : ils ne le sont guère. On reste dans le manuel, l’homélie. Non situés, non personnels. Notre génération, partout dans le monde, a une soif de sacré et une conscience des droits de la dignité de l’homme que n’avaient pas les générations précédentes encore confiants dans les automatismes du progrès technique et de la démocratie. Nous savons maintenant que nous devons participer, être acteurs et diriger collectivement. Autrement dit, l’ambiance est appelante, mais ces nouveautés appellent du nouveau. C’est la vie qui donne le renouvellement en inspuration et en diction.
La vieillesse apporte deux choses décisives qui, ensemble, font la paix de l’âme même si l’esprit et la chair ont de la braise et du frustré ou de la tentation. Désintéressement de carrière, mes offres de service répétées ne visent pas l’emploi d’organigramme mais l’obtention des moyens et de la situation d’être utile même si je n’ai pas de précédent ni dans ma vie, ni dans celle de mes interlocuteurs. Cela vaut en politique, pour le clergé, même sans doute pour une entrée en édition, telle que je ne l’ai jamais eue vraiment. Paix de mon regard sur les femmes. Hier soir, à la piscine, autour des bassins, les plus sensuelles et à la guette du regard d’autrui étaient deux ou trois filettes, vues de loin, l’une surtout, plus soucieuse d’être repérée que bien des adultes dans ma mémoire aux divers âges. En revanche, les quelques mères de famille, d’âge indiscernable entre 25 et 40 ans, avaient des corps puissants, lourds, paisibles : décidément, la vue de PICASSO sur les demoiselles d’Avignon dit bien aujourd’hui les corps d’aujourd’hui, car ceux qu’il avait alors vus étaient sa transcription-transfguration des beautés 1900 et des recherches assez libres qu’eut la femme pour sa silhouette entre les deux guerres. Aujourd’hui, le décalage est complet : vingt ou trente ans de mannequins anorexiques tandis que le tout-venant veut surtout, de corps, dire un bien-être et un équilibre : sans doute peu de couple mais en phase avec des modes d’existence très voulus, et non plus subis. Aux époques les plus choyées de beauté et de corps, dans ma vie, où le multiple appelait inépuisablement le multiple, l’insatisfaction me terrassait parfois d’attente et de désir de toutes. Chaque fois que je me suis fixé, quelques semaines naguère et maintenant depuis quinze ans et plus que j’ai ratifié notre amour de couple par le mariage, le corps d’autrui quand il est femme me devient une action de grâces pour la beauté. Je ne suis plus prédateur donc angoissé de saisir, vulnérable aux fascinations ; au contraire, je suis gratifié du passage en présence, du calme d’autrui. C’était hier soir tandis que ma chère femme était pensive et que Marguerite, tellement à l’aise, était finalement heureuse de ma présence.
Prier…. Dieu est assez puissant pour vous donner toute grâce en surabondance, afin que vous ayez en toute chose et toujours tout ce qu’il vous faut et que vous ayez encore du superflu pour faire toute sorte de bien. J’en suis là, sauf que nous sommes au minimum de la ressource, donc au maximum de l’espérance et de l’incitation pratique à l’imagination la plus concrète. L’écriture depuis plus de cinquante ans me sauve, me récupère, m’aide, mais seule la prière, c’est-à-dire la recherche explicite de la présence – hic et nunc – de Dieu notre Seigneur et Sauveur, me met en mouvement. Je sais arriver au seuil de la pensée et de la prière, à ce point (tardif ?) de ma vie (mais une vie n’est pas longueur extensible du temps ni des événements, elle est qualitative, profondeur, intensité : je l’accepte, le comprends, le reçois et vais donc le vivre, s’il plaît à Dieu). Paul dit bien mieux et plus exactement ce que j’espère et ressens. Dieu, qui fournit la semence au semeur et le pain pour la nourriture, vous fournira la graine ; il la multipliera, il donnera toujiurs plus de fruit à ce que vous accomplirez dans la justice. Il vous enrichira en tout pour que vous soyez généreux, avec cette simplicité qui, par nous, monte vers Dieu en action de grâce. [1] C’est le Christ qui donne la pratique de ce que l’Apôtre présente en idéal, en perspective, en foi… que ton aumône reste dans le secret…prie ton Père qui est présent dans le secret. Rétribution non comme aimantation pour notre agir, mais comme élément de confiance et de dépouillement de nos obsessions pour le vivre, le couvert et l’immédiat. Sans doute un Dieu attentif : l’ostentation, la pose ne nous mettent en relation avec personne, ni Dieu ni homme, ni femme, ni enfant, ni vieillard, chacun en situation de hocher la tête, d’évaluer notre vide. Le secret est appel. Ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra. Voulons-nous en retour de ce que nous faisons, l’équivalent ? évidemment pas, ce serait si limité… nous voulons la totalité du tout, nous voulons Dieu et en Lui tout autre, nos amours, nos défaites, nos enrichissements de vie. Il te le revaudra… la vie éternelle commençant dans chacun de nos instants, selon chacun de nos instants. L’homme de bien a pitié, il partage ; à pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira et sa gloire ! Nous ne voulons Seigneur que Vous connaître et que Vous vouliez bien nous accompagner, nous aider, nous consacrer dans nos amours et notre foi. Bien avant d’enseigner ses discples et bien plus que de les enseigner, eux et les foules, Jésus a voulu qu’ils vivent quotidiennement, en tout, avec Lui, Dieu fait homme. Vivre ensemble. Esquisse tout humaine (et dont les évangiles ont évoqué constamment la précarité) de notre participation à la vie divine : l’espérance est une révélation.
fin d’après-midi
Effondrant.
Déjà hier, j’ai vécu une grande partie de la journée dans la sensation puis la certitude d’une hiérarchie catholique, en France, complètement décalée selon ce qu’elle publie depuis Septembre 2012 et il y a quelques jours, ne comprenant rien au temps actuel, rien à la jeunesse, rien à tout ce qui n’est pas ses ouailles, lesquelles sont de plus en plus les stricts disciples en esprit de Mgr. Lefebvre, lequel a finalement gagné à la manière dont le Front national a inspiré Sarkozy et maintenant l’U.M.P. Non que ce soit direct et impératif, c’est simplement un abreuvement aux mêmes soures, des sources découvertes par les intégristes des années 1970 et dont ils ont l’habileté de ne pas prétendre en être les gardiens excusifs. Même chose pour le Front. C’est de la très bonne propagation de la « foi ».
Aujourd’hui, Le Monde daté d’hier et Le Canard donnent un tableau de l’arbitrage Tapie atterrant. Depuis le début, j’avais été circonspect à propos des deux arbitres si voyants qu’ont été Jean-Denis Bredin (je savais par Pierre Messmer, élu secrétaire perpétuel de l’Académie parce que le brillant avocat et l’écrivain n’avait plus la santé ni la tête pour jouer le rôle) et Pierre Mazeaud, si complaisant à l’avènement de Nicolas Sarkozy, si voyants qu’ils en firent oublier le troisième : il est dit aujourd’hui que tout le travail ne fut fait que par lui. N’empêche que les honoraires de chacun (de mémoire, quelques trois cent mille euroos) leur ont été payés. On apprend que Christine Lagarde a été ou complètement tenue à l’écart et donc trompée par son cabinet dont Stéphane Richard, pourtant maintenu à la tête de France-Télécom. sur intervention personnelle et avouée de François Hollande, ou amnée par obéissance à Sarkozy à jouer les aveugles. Quoiqu’il en soit, nous atteignons donc le dernier degré du dépérissement de l’Etat – non selon une dialectique marxiste : mission remplie, mais selon le vœu du conglomérat des spéculateurs, des recéleurs, des carriéristes, d’un certain patronat : éliminer tout ce qui peut contrôler les avus, protéger l’intérêt national et les moins puissants – un Etat corrompu, un Etat démembré dont les dirigeants sont ceux-là même qui le détournent à leur profit. C’est sans précédent sous la Cinquième République , c’est plus que grave, c’est catastrophique. Il n’y a plus d’outil à la disposition de la démocratie, c’est de même nature qu’un pusch militaire : ceux qui doivent animer l’ Etat, en répondre, le captent à leur profit… et c’est évidemment par le ministère le plus symbolique de la puissance publique, celui de l’Economie et des Finances, que ces prédateurs et ces traîtres, opèrent. En l’occurrence par soumission à Pérol – le recel d’abus de prérogatives et de confusion des genres, auquel finalement la commission de déontologie présidée par mon cher Olivier F. n’a rien eu à opposer – et à Guéant – jouant déjà un rôle indigne dans la légitimation des putschistes mauritaniens à l’automne de 2008..
soir
Morceau d’entretien avec Jean-Marie Le Pen. Deux lacunes, celle des médias, sinon de l’ensemble des politiques : juger sans cesse le fondateur de ce mouvement extremiste selon des propos, toujours les mêmes, et des attitudes se rapprtant à des événements ou à des situations qui sont celles d’autres générations ou qui concernent d’autres pays. La seconde guerre mondiale, l’Allemagne nazie, les camps ne peuvent plus être les critères et les, thèmes de la politique actuelle. Ces réminicences grossières autant de la part des interrogateurs que de l’interrogé choquent d’autant plus que pour la stricte histoire de ces vingt ans, lesquels – eux – comptent pour comprendre le présent qui en découlent ls médias sont faibles et amnésiques. Seconde lacune qu’a soulignée le succès de rue et de plein-air d’une droite d’esprit mais non encartée, les mouvements de la manif.pour : les gens de droite notamment, l’U.M.P., sont fascinés par la capacité mobilisatrice du Front national, de Le Pen père et fille, se complétant (mais, je le pense, sans le vouloir). L’U.M.P. court donc après le Front au risque d’être doublé par celui-ci et commence de courir après la droite intégriste.
[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IX 6 à 11 ; psaume CXII ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim
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