Vendredi 2 Janvier 2009
Prier [1] … que monte vers Toi, mon Dieu, notre Dieu, ma prière-notre cri d’espérance et de confiance, que nos mains soient avec Toi à ton œuvre d’amour, que nous ayons ton regard de compassion et de curiosité pour toute notre époque, pour tous nos semblables, que nous soyons à l’affût de chaque commencement de bonheur et de chaque détresse pour augmenter partout la paix et la confiance en Toi…. Je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. Et pourtant le Baptiste est spirituellement intime du Christ, et Celui-ci le proclame le plus grand parmi tous les prophètes d’Israël et de notre humanité d’attente. Jean Baptiste qui ne dit rien de lui-même et ne fait que reprendre Isaïe : je suis la voix qui crie dans le désert, aplanissez le chemin du Seigneur. Préparez-vous, soyez vous-même, allez comme les vierges au-devant de l’Epoux, allez ! Il n’est personne, ce prophète, que la voix d’un texte décisif. Celle du présent, celle de l’accomplissement. Tout cela s’est passé à … avec quel soin, les évangélistes nous ont laissé les moyens de dater et de situer, même si beaucoup se discute en géographie et en chronologie. Mais on ne discute pas du néant. Ou de l’imaginaire. Nous serons sans honte devant lui, lors de sa venue. La rencontre finale, nos adolescences tendues vers l’amour inconnu, nos chemins de vie aux tâtons divers et peu efficaces, mais en gros dirigés vers la musique, vers la lumière et cette fraicheur-chaleur qui signifie pour nous le retour à l’accueil. Marie retenait tous ces événements… gardez en vous-même ce que vous avez entendu depuis le commencement… c’est lui qui vient … elle demeure en vous, l’onction par laquelle il vous a consacré, et vous n’avez pas besoin qu’on vous instruise… la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Commencer.
Il a supplanté le Premier ministre, il pratique ses fonctions d’une manière telle qu’elles n’ont plus de base constitutionnelle, il entend maintenant poursuivre sans mandat la présidence semestrielle de l’Union. La mission de la « troïka » censément présidée au Proche-Orient, à partir de lundi, va être protocolairement menée par lui qui s’y joint : voyage complet dans la région, le Hamas, le processus de paix. Cette observation de Maurice Couve de Murville, au début des années 1970, valant pour Georges Pompidou qui n’était pas inexpérimenté après avoir été Premier ministre du général de Gaulle pendant plus de six ans : en arrivant, le nouveau venu découvre la politique extérieure, domaine illimité pour l’ego et les apparences et ne présentant aucune difficulté pour qui s’y adonne. On ne fait donc plus que de la politique extérieure pour oublier le reste, soumis à sanction électorale ou selon les sondages. Le remède à « la crise » est donc trouvé : la stature internationale de Nicolas Sarkozy dont la plupart des Français n’ont pas les moyens ou ne prennent pas les moyens.
Démarche politique pas très nouvelle, mais correspondant surtout à une psychologie personnelle. Qu’est-ce qui fait donc courir Nicolas Sarkozy ? Quels sont ses buts ? Précisément, je crois aucun, que l’intensité de la vie au présent, dans l’instant. Dopé, drogué d’action. L’action politique telle qu’il la conçoit puisqu’il n’a aucun mentor qui lui ait donné le sens des perspectives ou une mise en profondeur de notre passé national pour en tirer des leçons de cohésion et parfois même quelques recettes pratiques (la planification souple dite « à la française », combinée avec le tripartisme en gestion et négociations sociales à la Libération et jusques très avant dans les années 1960 : outil exactement adaptée au consensus social et à l’imagination et aux mises en commun économique que la décennie de crise patente depuis l’automne requiert…). Pas de mentors, des cautions : Edouard Balladur et Simone Veil : le président régnant pourrait trouver plus mal, Jacques Chirac n’avait que Tillinac… donc pour Nicolas Sarkozy : pas de père intellectuel ni politique ni affectif, donc pas de passé structurant. Et pas d’avenir, car ce serait projeter des structures personnelles pour les parfaire. L’image de la dernière marche – le podium national dans un pays où l’Etat qu’on confond avec les dorures de l’exercice du pouvoir politique, a quelque effet d’image face à l’intelligence, à la culture et surtout à l’argent… donc l’instant, et ne pouvant s’étaler et prendre de grandes dimensions dans le temps, Nicolas Sarkozy les prend dans l’espace, il occupe tout le visuel, exerce toutes les compétences imaginables sur les scènes intérieure et internationale. Il ne brille pas par l’analyse, il ne convainc par une approche nouvelle ou éprouvée des grands sujets, il ne réagit que selon des critères indépendants de ce qui se présente ou de ce qu’il y a à traiter, mais il est là… un voyage en province tous les deux jours, des entretiens au lance-pierre avec les « grands du monde », une prise à partie directe, familière pour ne pas dire : parfois vulgaire, tient lieu de discours. Des éphémérides en continu.
Dans le cas du Proche-Orient, c’est dangereux à deux points de vue : la France ne peut financièrement et militairement apporter quelques garanties ou secours que selon l’Union européenne, et celle-ci sur le sujet, vu la pensée stratégique et diplomatique dominant Israël depuis que la France du général de Gaulle a cessé de suivre l’Etat hébreu pour la guerre des Six-Jours, doit agir au moins de conserve avec les Etats-Unis. Le solo ne sera pas efficace. Georges Pompidou, mieux disposé envers Israël que le général de Gaulle, s’en rendit compte : il en advint le dialogue euro-arabe et non pas un dialogue franco-arabe. Il peut surtout hérisser nos partenaires, les Etats-membres, car on ne parle pas au nom des autres sans mandat. Pas de mesure de rétorsion sans doute, puisque nous étions demandeurs pour ne pas observer les critères de Maastricht – et nous faisions plutôt exception –, mais aujourd’hui tout le monde est demandeur et l’accord sera général pour qu’on oublie le corset.
Entrée en vigueur de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités. Intitulé de plusieurs des titres, il y a quarante ans de la loi Edgar Faure d’orientation universitaire. Pris en exemple, l’Institut d’Etudes politiques de Bordeaux prévoit 20% de ses ressources dans les trois ans à provenir d’autres que l’Etat. Enseignant quelques années à Paris VIII, j’ai été atteint par la limite d’âge de 65 ans, et rien ne peut faire transgresser cette règle ces mois-ci, alors même qu’on ressasse l’avantage d’employer des seniors et que les recteurs d’université sont devenus plénipotentiaires, émancipés de surcroît des conseils qui impliquaient la collégialité dans la loi Savary. Alors l’autonomie – seulement pour « privatiser ». Et puis cette logique depuis deux décennies : procéder comme les autres, au lieu de perfectionner et cltiver nos propres voies, ou interroger patiemment nos besoins, nos actifs, nos lacunes pour en déduire l’outil le plus adéquat. Compétitivité de nos établissements ? cette seconde logique, issue de la première, a sans doute des effets financiers, dégager l’Etat, encourager les entreprises qui ne le feront pas gratuitement mais imposeront leurs besoins et leurs cultures – ce qui aboutit à une idéologie, encore plus dogmatique que dans ses applications économiques, et cette idéologie interdit que notre système produise des élites. Car une élite qui ne serait pas morale et libre vis-à-vis de l’argent, n’est qu’une classe potentiellement dominante et se reproduisant par cooptation et par hérédité. Exactement le contraire de la plupart des pétitions gouvernementales dans ces mêmes deux décennies. L’échec français me semble tenir dans cette tentative de plus en plus avouée, depuis quarante ans, de faire de l’université l’aliment du marché de l’emploi, directement. La loi Pécresse achève la tendance : le savoir est une marchandise et les établissements le dispensant doivent être considérés comme des entreprises. – Alors même que depuis trois mois, le système économique montre qu’en pratique il a failli. Les réformes, concoctées en 2005-2007 sont aujuourd’hui obsolètres qu’elles soient encore à mettre en œuvre ou qu’elles aient déjà commencé leur carrière. La plupart étaient inutiles et n’avaient comme fondement – l’armée, la justice, l’université – que des écéonomies budgétaires. Aujourd’hui que les vannes sont ouvertes et que l’on va doubler une dette déjà respectable avant cinq ans, que le déficit budgétaire a de bonnes chances de doubler en valeur absolue, et plus encore comparé à des recettes en peau de chagrin, les réformes sont nécessaires, mais dans un sens tout contraire de celui prétendûment plébiscité en 2007.
Christine Lagarde – se gardant de justifier le don du livret A à l’ensemble du système bancaire ni de rappeler que le logement social que finançait en partie cette épargne, est assuré autrement – explique que le taux d’intérêt va diminuer de moitié parce que l’inflation diminue et parce que les taux d’intérêts (les autres) diminuent. Elle expose mais n’explique pas. Daniel Bouton, « passant » à la télévision une première fois sur « l’affaire Kerviel », avait montré son incompétence : il ne savait pas le métier dont il était censé expliquer comment il avait pu dévier à l’insu de la hiérarchie. Christine Lagarde, ministre de l’Economie, sera sans doute un apaisant garde des Sceaux : elle n’a pas idée de l’instrument gouvernemental qu’est le livret A et combien, en cette période qui commence, il serait utile que les pouvoirs publics le connaissent et le manient.
Cinquantenaire de la révolution cubaine. Je retrouve, édité par François Maspero la révolution algérienne par les textes, documents présentés par André Mandouze . cahiers libres n° 16 . 4 Février 1961 : un peu plus de cinquante ans. Quelle est la vérité des relations franco-algériennes d’aujourd’hui ? qui peut la dire ? des Algériens ? des Français ? Y a-t-il quelque part dans le monde en ce moment un processus révolutionnaire ? distinct d’une tentative ou d’une rébellion nationaliste ? les guerres civiles à Ceylan, en Somalie ou au pays Basque ? en Corse ? des manifestes plus souverainistes que socialistes. L’archétype tibétain : l’occupation chinoise strictement contemporaine de la victoire de Fidel Castro.
Il a supplanté le Premier ministre, il pratique ses fonctions d’une manière telle qu’elles n’ont plus de base constitutionnelle, il entend maintenant poursuivre sans mandat la présidence semestrielle de l’Union. La mission de la « troïka » censément présidée au Proche-Orient, à partir de lundi, va être protocolairement menée par lui qui s’y joint : voyage complet dans la région, le Hamas, le processus de paix. Cette observation de Maurice Couve de Murville, au début des années 1970, valant pour Georges Pompidou qui n’était pas inexpérimenté après avoir été Premier ministre du général de Gaulle pendant plus de six ans : en arrivant, le nouveau venu découvre la politique extérieure, domaine illimité pour l’ego et les apparences et ne présentant aucune difficulté pour qui s’y adonne. On ne fait donc plus que de la politique extérieure pour oublier le reste, soumis à sanction électorale ou selon les sondages. Le remède à « la crise » est donc trouvé : la stature internationale de Nicolas Sarkozy dont la plupart des Français n’ont pas les moyens ou ne prennent pas les moyens.
Démarche politique pas très nouvelle, mais correspondant surtout à une psychologie personnelle. Qu’est-ce qui fait donc courir Nicolas Sarkozy ? Quels sont ses buts ? Précisément, je crois aucun, que l’intensité de la vie au présent, dans l’instant. Dopé, drogué d’action. L’action politique telle qu’il la conçoit puisqu’il n’a aucun mentor qui lui ait donné le sens des perspectives ou une mise en profondeur de notre passé national pour en tirer des leçons de cohésion et parfois même quelques recettes pratiques (la planification souple dite « à la française », combinée avec le tripartisme en gestion et négociations sociales à la Libération et jusques très avant dans les années 1960 : outil exactement adaptée au consensus social et à l’imagination et aux mises en commun économique que la décennie de crise patente depuis l’automne requiert…). Pas de mentors, des cautions : Edouard Balladur et Simone Veil : le président régnant pourrait trouver plus mal, Jacques Chirac n’avait que Tillinac… donc pour Nicolas Sarkozy : pas de père intellectuel ni politique ni affectif, donc pas de passé structurant. Et pas d’avenir, car ce serait projeter des structures personnelles pour les parfaire. L’image de la dernière marche – le podium national dans un pays où l’Etat qu’on confond avec les dorures de l’exercice du pouvoir politique, a quelque effet d’image face à l’intelligence, à la culture et surtout à l’argent… donc l’instant, et ne pouvant s’étaler et prendre de grandes dimensions dans le temps, Nicolas Sarkozy les prend dans l’espace, il occupe tout le visuel, exerce toutes les compétences imaginables sur les scènes intérieure et internationale. Il ne brille pas par l’analyse, il ne convainc par une approche nouvelle ou éprouvée des grands sujets, il ne réagit que selon des critères indépendants de ce qui se présente ou de ce qu’il y a à traiter, mais il est là… un voyage en province tous les deux jours, des entretiens au lance-pierre avec les « grands du monde », une prise à partie directe, familière pour ne pas dire : parfois vulgaire, tient lieu de discours. Des éphémérides en continu.
Dans le cas du Proche-Orient, c’est dangereux à deux points de vue : la France ne peut financièrement et militairement apporter quelques garanties ou secours que selon l’Union européenne, et celle-ci sur le sujet, vu la pensée stratégique et diplomatique dominant Israël depuis que la France du général de Gaulle a cessé de suivre l’Etat hébreu pour la guerre des Six-Jours, doit agir au moins de conserve avec les Etats-Unis. Le solo ne sera pas efficace. Georges Pompidou, mieux disposé envers Israël que le général de Gaulle, s’en rendit compte : il en advint le dialogue euro-arabe et non pas un dialogue franco-arabe. Il peut surtout hérisser nos partenaires, les Etats-membres, car on ne parle pas au nom des autres sans mandat. Pas de mesure de rétorsion sans doute, puisque nous étions demandeurs pour ne pas observer les critères de Maastricht – et nous faisions plutôt exception –, mais aujourd’hui tout le monde est demandeur et l’accord sera général pour qu’on oublie le corset.
Entrée en vigueur de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités. Intitulé de plusieurs des titres, il y a quarante ans de la loi Edgar Faure d’orientation universitaire. Pris en exemple, l’Institut d’Etudes politiques de Bordeaux prévoit 20% de ses ressources dans les trois ans à provenir d’autres que l’Etat. Enseignant quelques années à Paris VIII, j’ai été atteint par la limite d’âge de 65 ans, et rien ne peut faire transgresser cette règle ces mois-ci, alors même qu’on ressasse l’avantage d’employer des seniors et que les recteurs d’université sont devenus plénipotentiaires, émancipés de surcroît des conseils qui impliquaient la collégialité dans la loi Savary. Alors l’autonomie – seulement pour « privatiser ». Et puis cette logique depuis deux décennies : procéder comme les autres, au lieu de perfectionner et cltiver nos propres voies, ou interroger patiemment nos besoins, nos actifs, nos lacunes pour en déduire l’outil le plus adéquat. Compétitivité de nos établissements ? cette seconde logique, issue de la première, a sans doute des effets financiers, dégager l’Etat, encourager les entreprises qui ne le feront pas gratuitement mais imposeront leurs besoins et leurs cultures – ce qui aboutit à une idéologie, encore plus dogmatique que dans ses applications économiques, et cette idéologie interdit que notre système produise des élites. Car une élite qui ne serait pas morale et libre vis-à-vis de l’argent, n’est qu’une classe potentiellement dominante et se reproduisant par cooptation et par hérédité. Exactement le contraire de la plupart des pétitions gouvernementales dans ces mêmes deux décennies. L’échec français me semble tenir dans cette tentative de plus en plus avouée, depuis quarante ans, de faire de l’université l’aliment du marché de l’emploi, directement. La loi Pécresse achève la tendance : le savoir est une marchandise et les établissements le dispensant doivent être considérés comme des entreprises. – Alors même que depuis trois mois, le système économique montre qu’en pratique il a failli. Les réformes, concoctées en 2005-2007 sont aujuourd’hui obsolètres qu’elles soient encore à mettre en œuvre ou qu’elles aient déjà commencé leur carrière. La plupart étaient inutiles et n’avaient comme fondement – l’armée, la justice, l’université – que des écéonomies budgétaires. Aujourd’hui que les vannes sont ouvertes et que l’on va doubler une dette déjà respectable avant cinq ans, que le déficit budgétaire a de bonnes chances de doubler en valeur absolue, et plus encore comparé à des recettes en peau de chagrin, les réformes sont nécessaires, mais dans un sens tout contraire de celui prétendûment plébiscité en 2007.
Christine Lagarde – se gardant de justifier le don du livret A à l’ensemble du système bancaire ni de rappeler que le logement social que finançait en partie cette épargne, est assuré autrement – explique que le taux d’intérêt va diminuer de moitié parce que l’inflation diminue et parce que les taux d’intérêts (les autres) diminuent. Elle expose mais n’explique pas. Daniel Bouton, « passant » à la télévision une première fois sur « l’affaire Kerviel », avait montré son incompétence : il ne savait pas le métier dont il était censé expliquer comment il avait pu dévier à l’insu de la hiérarchie. Christine Lagarde, ministre de l’Economie, sera sans doute un apaisant garde des Sceaux : elle n’a pas idée de l’instrument gouvernemental qu’est le livret A et combien, en cette période qui commence, il serait utile que les pouvoirs publics le connaissent et le manient.
Cinquantenaire de la révolution cubaine. Je retrouve, édité par François Maspero la révolution algérienne par les textes, documents présentés par André Mandouze . cahiers libres n° 16 . 4 Février 1961 : un peu plus de cinquante ans. Quelle est la vérité des relations franco-algériennes d’aujourd’hui ? qui peut la dire ? des Algériens ? des Français ? Y a-t-il quelque part dans le monde en ce moment un processus révolutionnaire ? distinct d’une tentative ou d’une rébellion nationaliste ? les guerres civiles à Ceylan, en Somalie ou au pays Basque ? en Corse ? des manifestes plus souverainistes que socialistes. L’archétype tibétain : l’occupation chinoise strictement contemporaine de la victoire de Fidel Castro.
[1] - 1ère lettre de Jean II 22 à 28 ; psaume XCVIII ;évangile selon saint Jean I 19 à 28
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