dimanche 11 janvier 2009

Inquiétude & Certitudes - dimanche 11 janvier 2009


Dimanche 11 Janvier 2009

Prier… [1] les paroles définitives, là est la source vêcue de la religiosité de l’homme, son retour à notre époque, note-t-on de toutes parts dans l’ensemble euro-américain (Europe occidentale-Canada-Etats.Unis). Nos besoins, le chritianisme ne répond pas par des ersätze mais par leur étanchement promis à terme, avec accomptes intimement reçus : vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez et vous vivrez. Comparaisons très concrètes, fréquentes dans notre Ecriture (la rechercher dans le Coran et dans le bouddhisme), celles du repas, de la nourriture, pas du tout des bien-être abstraits dont la psychologie moderne est friande. Repas et noces, abondance et gratuité. Mais c’est du concret que l’on va non à l’abstrait mais au spirituel, l’âme irriguée par l’esprit. Richesse des deux affirmations désisives, de ces exhortations qui sont autant d’éléments d’identification d’un Tout-Puissant accessible pourtant : cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche… mais un Dieu tout autre que l’idée que nous nous faisons de Lui ou de ses volontés ou inspirations… car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins. … Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, mes pensées, au-dessus de vos pensées. Comment franchir la distance, comment communier, s’entretenir, voir ? étreindre ? Le Christ, désigné par le Baptiste, authentifié mystérieusement mais nettement, selon l’évangile : du ciel, une voix se fit entendre : ‘’ c’est toi, mon Fils bien-aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ‘’. D’une certaine manière, c’est de père à fils, la salutation de l’ange à Marie. Alleluia. Conclusion du disciple que Jésus aimait : ce qui nous a fait vaincre le monde, c’est notre foi. … Le témoignage de Dieu, c’est celui qu’Il rend à son Fils. La vision de la colombe, évoquant l’Esprit, quand Jésus sortait de l’eau, venant d’être baptisé par son cousin, est la vision du Christ lui-même, tandis que la voix se fait entendre de tous. L’Eglise primitive, l’enseignement de Pierre attachent de l’importance à cette séquence. Dieu fait homme, en la personne du Fils, mais la relation constamment affirmée du Fils au Père et du Père au Père, la prière de Jésus, fréquemment observée par les disciples, les interventions du Père, soudaine : mise en scène, le ciel, l’Esprit, la Trinité, le cosmos, l’incarnation, fresque immense et intimiste que nos soifs et faims, la nécessité de notre rédemption et de nos conversions, nous font voir.

Nous lisons – ma femme lit et me commente, tandis que je suis à mon écritoire ou à descendre la piste d’initiation de ski avec notre fille de quatre ans un mois – le Ravensbrück de Germaine Tillion [2]. Il n’y a guère que le court récit de Geneviève Antonioz-de Gaulle qui tienne face à ce livre. En regard, l’autobiographie de Simone Veil, pour la période concentrationnaire, alors même que Denise Jacob, résistante et déportée, dédicataire du livre de Germaine Tillion, n’est évoquée que pour dire sèchement l’absence de relations entre les deux sœurs. La comparaison pour ce qui fait aujourd’hui une autorité morale, est tristement éloquente. Germaine Tillion fut l’un des trois orateurs au meeting du premier tour de la campagne présidentielle de Décembre 1965, meeting pour de Gaulle.

Mouvement… invention française 2009, qui n’est pas laide maois qui ne fait pas l’unanimité, je la teste en l’évoquant dans ces rencontres de rues, de commerces, de file d’attente. Le boycott des réunions où le président régnant prend la parole, les magistrats dans leurs enceintes, les professeurs en Bretagne. Le refus de la Légion d’honneur quand elle est donnée sans consultation de l’impétrant : deux journalistes la semaine dernière, Figaro et Observateur, la fille de Maurice Audin maintenant refusent la Légion d’honneur – dont le règlement est changé pour que Simone Veil en fasse partie à un grade aussitôt convenable…

Je lis avec retard le discours présidentiel aux parlementaires – décidément Nicolas Sarkozy n’ose pas user de la prérogative nouvelle que lui donne la révision constitutionnelle de Juillet dernier. « Ma conception d’une démocratie saine et exemplaire », comment ne pas rapprocher cet adjectif : "saine", de celui si courant dans les dictatures du XXème siècle, communiste, nazie, fasciste, l’hygiène étant naturellement défini sans discussion par le pouvoir établi. L’opposition est bonne pour l’asile psychiatrique. Application immédiate : un Parlement fort sans doute mais au droit d’amendement limité. Quant à l’allusion transparente au prédécesseur, Jacques Chirac, « roi fainéant », elle décide de toute la mentalité du président régnant, sans structure familiale personnelle, sans père véritable et respecté, sans exemple ni mentor politiques – pas la moindre idée du général de Gaulle, discussion que rapporte Libre avec Edouard Balladur en cours de la campagne présidentielle de 1995, manière pour le prétendant de trente ans d’exercer la fonction présidentielle enfin acquise telle que Jacques Chirac n’exerça aucune emprise intellectuelle sur l’ambitieux maire de Neuilly, et se fit gratuitement un ennemi de François Fillon – Nicolas Sarkozy n’existe que sur scène. L’y voir in vitro est inoubliable. L’Express raconte que le second mari d’Angela Merkel, l’actuel, lui a offert une compilation de Louis de Funès pour qu’elle comprenne son partenaire obligé. Les réunions au sommet de cet automne ont fait apparaître – pour le président français – la comparaison avec un « lapin cocaïnomane ».

Tout cela occupe – comme la chronique de Rachida Dati tant intime que politique (félicitations présidentielle en conseil des ministres pour l’heureuse naissance, mais rôle rapté par Nicolas Sarkozy pour annoncer le changement de statut ou de mode du juge d’instruction, dans la si courte période où la garde des Sceaux était alitée) – mais fait oublier le fond à traiter.

Diplomatie : Paris, c’est-à-dire l’Elysée « se félicite » de la prise en considération au Proche-Orient du plan franco-égyptien. On se félicite d’être lu, alors que le seul point à considérer est tout bêtement le résultat souhaité : les combats s’arrêtent-ils, c’est-à-dire le processus par Israël d’éradication du Hamas à Gaza ? et cela perpétré – dans la paralysie du Conseil de sécurité, voulue par les Etats-Unis – vers quoi va-t-on cette année et dans une génération ?


[1] - Isaïe LV 1 à 11 ; cantique Isaïe XII 2 à 6 ; 1ère lettre de Jean V 1 à 9 ; évangile selon saint Marc I 7 à 11

[2] - Points Histoire au Seuil . Février 1997 . 517 pages


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