jeudi 15 janvier 2009

Inquiétude & Certitudes - jeudi 15 janvier 2009

Jeudi 15 Janvier 2009


Prier… [1] Jésus à notre portée, le paralytique descendu par le toit, saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient… Chacun est exaucé, les porteurs sont accueillis, le malade est guéri, les objecteurs sont rencontrés sur leur terrain et ont leur réponse. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant ‘’Nous n’avons jamais rien vu de pareil’’. Combien ce sera différent devant Pilate, Anne et Caïphe, et pourtant Jésus parlera et raisonnera de la même manière, il guérira l’oreille du soldat blessé par Pierre. Cette lutte contre l’incroyance jusqu’au sang et qui – du vivant terrestre du Christ comme du nôtre à présent – reste si souvent du domaine de la spéculation, est présentée par l’apôtre comme le suspense du septième jour de la création. Entrer dans le repos de Dieu achevant son œuvre : On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! Toujours l’enjeu, la destinée et la promesse de notre divinisation. Cependant la parole qu’ils ont entendue ne leur servit à rien, parce qu’ils l’ont entendue sans la recevoir en eux avec foi.




Discours de Vesoul, ce que le Président de la République exige des banques. Si ce n’était que démagogie, le pouvoir n’en serait pas amoindri, mais c’est la confirmation de l’aveu – initialement fait à l’université d’été du Medef en Août 2007 – que Nicolas Sarkozy n’a pas la culture de son sujet et surtout que vingt mois d’exercice de ses fonctions n’ont pas fait son apprentissage. C’est d’ailleurs le lot aussi des ministres chargés du domaine économique. Les hésitations sur le taux de rémunération du livret A le montrent, depuis qu’a été prise la décision politique d’en retirer le monopole à La Poste et à l’Ecureuil – cadeau concret aux banques s’il en est, alors que les propos sur le bonus des dirigeants ou sur le maintien du crédit aux entreprises ou aux particuliers ne sont pas entendus.

Il n’y a pas dans le propos présidentiel qui tient lieu de l’ensemble des mises en perspectives gouvernementales de réflexion sur l’économie et sur les prérogatives de l’Etat en la matière. Il n’y a pas d’observation sur la chaîne de causalités entre la production, la rémunération des différents facteurs de celles-ci, la place à donner juridiquement et politiquement à ces facteurs dans la direction stratégique des entreprises, la distinction à opérer entre les divers modes de financement de l’investissement et surtout l’évidence que la consommation domine tout aujourd’hui. Les deux éléments d’une relance tant nationale qu’européenne et mondiale ne sont donc pas vus par le Président de la République : la relance par la hausse du pouvoir d’achat (salaires et retraites) et la protection de cette relance vis-à-vis d’importations qui tueraient la rentabilité des investissements consentis par nos entreprises au vu de ce rebond de la capacité à consommer. Importations qui n’ont pas de succès par leur qualité mais par leur bas pris et parce qu’elles tendent au monopole en ayant éliminé les producteurs nationaux ou européens. Nicolas Sarkozy prépare le G 20 de Londres, prévu en Avril prochain, comme il a suscité celui de Washington en Novembre dernier – mais sans travailler le fond : des protectionnismes régionaux, des disciplines mondiales pour éradiquer les « dumpings » fiscaux et sociaux, en échange de quoi de nouvelles régles commerciales entre grandes zones homogènes économiquement et socialement, et des aides des uns aux autres seraient établies.

Manque de culture, manque d’apprentissage et donc défaut d’imagination devant une crise qui a ses causes lointaines – sans doute liées aux déficits américains que causait principalement la guerre du Vietnam et qu’ont tenté de pallier les décisions unilatérales prise en 1971 d’abandonner le système de Bretton Woods et la référence du dollar à l’or. Or l’imagination n’est pas fille de la volonté, elle l’est de l’observation et de la liberté. Nicolas Sarkozy en prétendant sans cesse nous émanciper des tabous, détruit nos structures sans les connaître – il y faudrait un autre parcours professionnel et un autre atavisme héréditaire. On ne choisit pas sa date d’entrée dans la communauté nationale quand on y est né mais, ayant conscience d’un certain manque de mémoire historique, on commence par respecter l’existant, le faire fonctionner . Les réformes ne sont plus alors des bouleversements institutionnels, mais une écoûte des besoins réels. L’a priori du changement pour le changement le cède à une analyse sans révérence du malheur des gens et des accaparements par certains. Paradoxalement, depuis vingt mois, tout ce qui peut protéger les gens est démantelé, tout ce qui constitue des repères parfois ancestraux est bousculé, et en revanche ce qui exploite ou paralyse le pays n’est pas attaqué, notamment nos institutions bancaires : ce ne sont pas les personnes en place qu’il faut attaquer, c’est leur stratégie, c’est le mode de recrutement des dirigeants, ce sont les modes de pensée véhiculés dans les entreprises internationales ou plutôt supranationales et dans les conseils d’administration, creuset de la cooptation qui nous fait périr et lieux de la corruption financière et idéologique du pouvoir politique, qu’il faut changer. C’est l’idéologie dominante que n’a ébranlée dans aucun esprit installé ni chez aucun nanti la première phase de « la crise », phase d’apparition ne donnant lieu à aucun repentir et à aucune imagination alternative.

Le discours de Vesoul est un bouche-trou.

Mettant pour la troisième année consécutive, notre fille de quatre ans et un mois sur les planches, au pied de pistes célèbres, je suis rencontré par des photographes de profession. L’un depuis trois jours, devient de plus en plus intéressant. Un Turc d’Anatolie qui m’ouvre deux registres et de fil en aiguille, m’apprend.
La dialectique du Premier ministre Erdogan et la place des Etats-Unis dans le système politique et stratégique de la Turquie ces années-ci. Je ne me souviens plus de la date de son arrivée au pouvoir et donc si la résistance du Parlement d’Ankara à un stationnement, dans les bases de l’O.T.A.N., des troupes américaiens d’assaut vers l’Irak, date de son époque, déjà, ou de celle de Bullet Eçevit ? mais pour mon homme, enturbanné et tout de noir habillé, les appareils à téléobjectifs sur le ventre, la barbe à l’italienne, l’œil flibustier, l’actuel Premier ministre est un franc-maçon, lié aux Américains et docile à des intérêts juifs américains. Ceux-ci auraient investi dans la Stamboul culturel et spéculé sur des terrains concernés par les barrages du centre de l’Anatolie. Sa fille et sa femme, études aux Etats-Unis. Islamiste par opportunisme, corrompant avec les deniers publics pour s’assurer l’ensemble du pouvoir local. Il est en réalité un soutien d’Israël.

L’islamisme ou l’intégrisme… racines historiques d’un dévoiement total ces années-ci. Le Prophète a comme premiers convertis ou adeptes, sa femme et son gendre Ali. Extrême prédilection de Mahomet pour Ali qu’il présente comme au seuil du paradis, et devant qui l’on s’incline avant d’y pénétrer. Ali, homme de guerre qui fit tous les succès militaires du Prophète, le défendit, prenant une fois sa place dans son lit pour lui éviter l’assassinat, et homme de science tout autant. A la mort du Prophète, ce n’est pas lui qui est élu khalife mais Abou Bekr, il ne sera que le quatrième, assassiné comme ses deux fils par la descendance d’un rival personnel et constant du Prophète, Mervan ( ?), son fils Yazid. Les deux fils d’Ali assassinés. Hassan par sa propre femme contre paiement, et Hussein dans un combat à un contre mille autour de Bagdad. Pour mon enseignant, les choses sont claires, importance initiale des femmes dans le véritable Islam, vérité de la succession d’Ali que recueillent spirituellement les Alevi (dont il est – centre-sud-est de l’Anatolie), et Mustapha Kemal venant d’Albanie a été à l’école Bektachi. Comme Méhémet-Ali, fondateur d’une magnifique Egypte moderne, avec laquelle celle de Moubarak ressemble à une barque à la dérive. L’Islam personnel et donc tolérant. Mahomet lui-même se dit arabe et non arabe. Dialectique subtile – et probablement décisive pour le proche avenir – entre l’arabité et l’Islam. De même que le centre de gravité – démographique et culturel – n’est plus en Europe, de même pour l’Islam vis-à-vis de la péninsule arabique. Les Saoudiens, les princes pétroliers, corrompus, sa propre expérience sur la Côte d’Azur, la débauche et l’alcool, portes fermées. J’ai opiné que l’Islam ottoman était particulièrement cultivé et tolérant, donc successeur très légitime en la personne des sultans des grands kahlifats abbassides et ommeyades, et qu’il n’a donc pas de successeur. Mon ami conclut que les atrocités actuelles au nom de l’Islam et l’intolérance des intégrismes ont leurs racines chez les adversaires du Prophète lui-même et que ce que ce dernier a subi, est exactement ce qui est subi par tant, à commencer par la situation des femmes, aujourd’hui dans le monde arabe. Selon lui dévoyé.

Pour moi, l’Islam tel que je l’approche en Mauritanie est lumineux, austère et sobre, capable de tendresse et surtout pudique. Les dictatures, surtout celle qui s’installe en ce moment, s’appuient sur les dévoiements, l’ostentatoire et l’obscurantisme, fabriquent du dévoiement. A creuser… Quant à la Turquie, comme je l’ai enseigné à mes étudiants de Paris VIII pendant six ans, nous lui avons promis l’adhésion à terme depuis les traités d’association de 1963 et leurs suites et avenants. Elle nous met en situation d’observation et même de force dans les conflits israëlo-arabes. Son intégration européenne est la meilleure manière pour nous d’y faire progresser les droits de l’homme, l’ordre constitutionnel, et en fait d’y faire continuer le kémalisme. Détail qui a son importance, vêcu pendant mon affectation à Athènes (sous Andreas Papandréou, de 1982 à 1984) : la Turquie est francophile de toujours (François Ier et Souleiman, le lycée Galatasaraï de Constantinople, les échelles du Levant, toute notre position au Proche-Orient grâce aux sultans) tandis que la Grèce est tournée depuis sa naissance moderne vers l’Allemagne.

« Grilles de lecture ». Tous éléments factuels et de personnages historiques à vérifier.


[1] - lettre aux Hébreux IV 1 à 11 ; psaume LXXVII ; évangile selon saint Marc II 1 à 12

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