Jeudi 29 Janvier 2009
Passé au cimetière… l’emplacement prolongeant le mien reste vide, je ne sais pourquoi ni depuis quand. Tranquillité et absence de tout. Je me suis demandé à quoi je croyais, ce qui, je ne le réalise qu’en l’écrivant, n’est pas la bonne question. La vraie, l’efficace, c’est à qui je crois ? ou ne crois pas ? Ou alors j’affirme qu’il n’y a personne. Ma réponse à ma question : autisme ? était une sorte de néant apaisé. En repartant, la pensée précise de ma mère m’est venue, je crois à sa présence, je crois à notre éternité, je crois donc à la résurrection, à la vie, et donc à… me voici, mon Dieu, pour ce moment quotidien plus précis. Dans ma totale misère au sens concret du terme, dans celle des miens, dans le paysage cynique et désespéré de notre pays qui n’a plus de bergers ni de gouvernants, au sens vrai et beau de ces termes, je viens à Toi. A Vous. Les textes d’hier, l’explication des paraboles : Quand il resta seul, ses compagnons, ainsi que les Douze, l’interrogeaient sur les paraboles. Les Douze, par vocation, par appel, institués pour fonder et encadrer l’Eglise, certes ! soit ! c’est décisif. Mais autour du Christ enseignant et restant ensuite dans son intimité, comme un premier cercle : ses compagnons, nous, les lambda… voici le peuple de ceux qui te cherchent. [1] Comment sont-ils gratifiés ? rien n’est caché sinon pour être manifesté, rien n’a été gardé secret sinon pour venir au grand jour … celui qui a recevra encore, mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Notre véritable avoir, notre identité fondamentale, c’est de chercher. Voici Jacob qui recherche ta face. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle celui qui a promis. Ainsi soit-il ! ainsi soyons-nous… et déjà l’absentéisme à la « messe », l’auteur de la lettre aux Hébreux le relève : ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous…
matin
Ma postière (rappel du titre du Monde : la poste s’interroge sur ses bureaux ruraux…) : « il rigole bien, là-haut ». Titre du Monde : « le pouvoir politique redoute un grand mouvement social ». On n’ose plus évoquer le gouvernement, puisqu’il n’y en a pas vraiment depuis vingt mois. France-Infos. fait grève tout en rappelant le mot d’ordre des manifestations : emploi, pouvoir d’achat, service public. Il est clair que ces trois thèmes ne sont pas ceux de Nicolas Sarkozy. Suppressions d’emploi dans toutes les administrations, numéros de prestidigitation pour exposer depuis Novembre 2007 que la baisse des prix par accroissement de la concurrence en grandes surfaces diminuera la dépense des ménages, fermeture à tour de bras des casernes, des tribunaux, des bureaux de poste et projet de fusion des conseils généraux de départements avec les conseils régionaux.
De même qu’il n’y a pas d’analyse par le pouvoir actuel des causes et des conséquences de la crise, et qu’il ne s’agit donc que de renflouer sans changer aucune donne ni aucune tête, ni a fortiori aucune pensée (on ne change pas une équipe qui perd !), de même il n’y a pas d’analyse par l’ensemble des Français des responsabilités de ce pouvoir dans la crise. La France a été démantelée, endettée, désarmée systématiquement par une volonté politique dite « libérale », soit mal informée, soit cynique. Elle est bien moins à même que d’autres grands pays à se sauver et à contribuer au sauvetage universel ; elle n’a pas même un apport d’idées vraiment indépendantes et prospectives. Son dirigeant unique ne produit que du spectacle, l’Express que je lisais hier et datant de l’automne, le rabaissait au niveau du sketche… L’analyse ne sera efficace, côté manifestants, que lorsqu’elle conclura à la prise d’assaut du château. Et au renversement de ce pouvoir.
Politiquement, il est imprenable, tant que d’autres paramètres – le mouvement social, précisément – n’interviennent pas. De 1974 à 1995, la droite parlementaire avait toujours eu deux rivaux au premier tour, une primaire, pour elle bien plus dangereuse que pour la gauche. Faute de compétiteur de cette sorte, l’élection de 2002 fit apparaître l’extrême-droite pour le deuxième tour. L’équation de 2007 fut aussitôt écrite : empêcher tout compétiteur et toute primaire (donc détruire Dominique de Villepin : Clearstream et C.P.E.), avoir les voix de Le Pen (donc le karcher dans les banlieues). Les livres qui, sur le moment, passent pour complaisants, sont terribles de confidences et de révélations quand la suite leur donne rétrospectivement la perspective que ne leur voyaient sans doute pas leurs auteurs : Yasmina Reza, L’aube le soir ou la nuit [2]. « Je vous dis une chose. Si on n’avait pas l’Identité nationale, on serait derrière Ségolène. On est sur le premier tour mes amis. Si je suis à 30%, c’est qu’on a les électeurs de Le Pen. Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge ». L’énigme du mandat en cours, ces électeurs sont-ils fidélisés par un président qui n’a pas d’ascendance française à deux générations ? et qui a plusieurs grands-parents juifs ? qui place au gouvernement Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara ? pour ne prendre que des thèmes d’apparence frontiste ? Quant au compétiteur dans le camp même de Nicolas Sarkozy, il n’y en aura pas. La soumission ne produit que des égaux (‘et aussi de la haine pour soi-même et pour celui qu’on s’oblige à révérer).
soir
A F P : un million et demi à deux millions de manifestants. Du même ordre donc qu’en Novembre-Décembre 1995, mais sans le moindre effet, puisque « ce n’est pas le chaos ». Nicolas Sarkozy double ou décuple la mise d’Alain Juppé – il ne le dira évidemment, et au contraire va ré-assurer qu’il apprécie de « travailler avec les syndicats ». Pour commencer à établir un rapport de forces, il lui faut la grève générale illimitée et dix millions de personnes dans la rue. Mai 68 fut sans haine… et de Gaulle n’a manqué d’être renversé que par les « siens » : « Il n’y a plus de général de Gaulle. Maintenant, c’est moi qu’il faut suivre » [3].
Nouvelle du jour : 500.000 euros de bijoux volés « au domicile de l’ex-épouse » du président de la République, mais laquelle ? la première ou celle de l’automne 2007 ? Cécilia est présentée par l’A.F.P., elle aussi comme ancienne mannequin. Jean, quant à lui, sera rejugé le 5 Mars pour délit de fuite.
Claude Mauriac, Un autre de Gaulle [4]. J’y lis – du Général, les 4 et 5 Août 1948… « C’est Vichy qui recommence : le pays trahi par ses élites . . . Si je n’étais pas là, la France serait déjà entièrement dans les mains de l’Amérique, n’en doutez pas ! ». On termine à peine le blocus soviétique de Berlin, pas un an auparavant les communistes quittant le gouvernement de Paul Ramadier, ont tenté la grève insurrectionnelle, et de Gaulle ne dit pas que le pays pourrait tomber aux mains des communistes, mais bien des Américains.
Le Monde, mardi 27 « Le pouvoir politique redoute un grand mouvement social » - mercredi 28 « La France devient-elle une zone de tempêtes ? » - jeudi 29 « Journée de colère et de désarroi des salariés ». Et si quelqu’un parlait pour les retraités qui seront bientôt aussi nombreux que les « actifs » : déferlante de leurs votes pour le pouvoir d’achat et le niveau de vie. Deux scenarii. La violence dans la rue. Des élections faisant apparaître de nouveaux clivages : le Mouvement poujade de 1956 est-il possible avec notre actuel mode de scrutin. Des électeurs « thématisés » faute d’être politisés ?
[1] - lettre aux Hébreux X 19 à 25 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Marc IV 21 à 25
[2] - (Flammarion . Août 2007 . 190 pages) – p. 130 . in fine, elle marque sa « reconnaissance à Nicolas Sarkozy pour la liberté qu’il m’a offerte, à Cécilia Sarkozy qui a approuvé ce projet »
[3] - Jean Mauriac . L’après de Gaulle (Fayard . Novembre 2006 . 540 pages) p. 384
[4] - (Hachette . 15 Décembre 1970 . 408 pages) – p. 324
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