Les courriels échangés entre la candidate
démocrate et ses collaborateurs montrent ses revirements sur plusieurs sujets.
LE MONDE | 12.10.2016 à 06h45 • Mis à jour le 12.10.2016
à 16h51 | Par Stéphane
Lauer (New York, correspondant)
Depuis le 7 octobre, chaque jour apporte ainsi son lot de révélations plus ou moins croustillantes tirées de la correspondance de John Podesta, ancien chef de cabinet de la Maison Blanche sous Bill Clinton et aujourd’hui directeur de campagne de l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Les premières fuites sont passées quelque peu inaperçues, toute l’attention des médias se portant sur l’enregistrement de 2005 dans lequel Donald Trump tient des propos obscènes sur les femmes, un document qui est en train de torpiller la campagne du candidat républicain.
Mais, mardi 11 octobre, une troisième série de courriels a été diffusée. La quotidienneté avec laquelle WikiLeaks distille ses informations et la nervosité, pour ne pas dire la panique, que cela suscite dans l’entourage de Mme Clinton montrent que ces révélations sont en train, à leur tour, de perturber la stratégie de la candidate démocrate. Celle-ci dispose toutefois d’une confortable avance – de 9 points – sur son adversaire, selon un sondage Wall Street Journal-NBC publié mardi.
Digne de « House of Cards »
Le porte-parole de Mme Clinton, Brian Fallon, accuse ainsi M. Assange de « comploter avec le gouvernement russe pour aider Trump ». « Les médias doivent arrêter de traiter WikiLeaks comme quelque chose du ressort de la liberté d’informer », a-t-il lancé, lundi, tandis que la correspondance de M. Podesta était reprise en boucle par les médias.Pourtant, le goutte-à-goutte organisé par WikiLeaks n’est pas près de s’arrêter : la structure créée par Julian Assange affirme détenir plus de 50 000 courriels qui dévoilent les arrière-cuisines de la campagne de Mme Clinton au gré des échanges de ses collaborateurs.
On se croirait plongé dans le scénario d’un épisode de la série « House of Cards ». On y apprend ainsi que sa fille, Chelsea, a un comportement « d’enfant gâtée ». On découvre les réticences de la candidate démocrate à utiliser le terme d’« Américain ordinaire » dans ses discours ou bien encore les conseils du patron de Starbucks qui trouve que sa campagne « sent le renfermé ».
Plus gênants encore sont les revirements de Mme Clinton sur différents sujets. Tout au long des primaires, malgré l’insistance de son challenger, le sénateur du Vermont Bernie Sanders, elle s’est refusé à publier le contenu des discours grassement rémunérés qu’elle avait prononcés devant les milieux d’affaires, quelques années auparavant.
A la lecture des courriels révélés par WikiLeaks, on comprend pourquoi. Ainsi, dans un courriel daté du 25 janvier, l’un des responsables de la campagne de Mme Clinton, Tony Carrk, évoque des extraits de ces discours susceptibles de nuire à l’image de l’ancienne secrétaire d’Etat et qu’il faudrait « gommer ».
Des conférences pour 21 millions de dollars
Lors d’un événement organisé en 2014 par la banque d’affaires Goldman Sachs et le fonds d’investissement BlackRock, Mme Clinton admet ainsi qu’elle est « déconnectée » de la réalité que vit le pays. Elle évoque son père qui « aimait à se plaindre des grandes entreprises » et de son appartenance à la classe moyenne. « Maintenant, évidemment, je me suis éloignée de cela à cause de la vie que j’ai vécue et de la fortune dont mon mari et moi profitons », confie-t-elle. Au total, ces conférences lui ont rapporté plus de 21 millions de dollars (19 millions d’euros).On découvre également qu’en 2013 la future candidate rêve de « frontières ouvertes et de libre commerce au sein du monde occidental » et appelle à « résister au protectionnisme ». Des déclarations qui mettent à mal les positions qu’elle a soutenues au cours de la campagne contre les accords de libre-échange sous la pression de M. Sanders.
Un an après, lors d’une conférence chez Deutsche Bank, Mme Clinton estime que la régulation financière « doit vraiment venir du secteur lui-même ». Elle se vante aussi de sa relation privilégiée avec Wall Street lorsqu’elle était sénatrice de New York. « Je représentais et travaillais avec un grand nombre de banques et je faisais tout ce que je pouvais pour être sûre qu’elles continuent à prospérer », assure-t-elle, alors qu’aujourd’hui elle ne cesse de faire des appels du pied à l’électorat de M. Sanders en promettant de mettre Wall Street au pas.
Cynisme politique ? Hillary Clinton se justifie dans ces courriels en revendiquant la nécessité pour le personnel politique d’avoir « une position publique et une position privée ». Voilà qui ne va pas aider à redorer son blason auprès des électeurs américains, dont les deux tiers pensaient déjà que la candidate démocrate n’était pas honnête ou digne de confiance.
- Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Correspondant à New York
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Vos réactions (93) Réagir
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galanterie américaine il y a 6 jours
Dans le flot wikileaks de révélations "audacieuses" sur Hillary
Clinton comme dans les innombrables assertions trumpettistes où rien de sordide
ne nous est épargné depuis le début de la campagne présidentielle, notons qu'un
aspect au moins n'est jamais exploité: l'obsession d'Hillary de cacher ses
grosses jambes sous d'éternels pantalons et de censurer impitoyablement toute
photo récente d'elle en jupe. Curieux alors qu'on ne cesse de voir les bimbos siliconées
de la famille de l'autre.
bobo il y a 2 semaines
Clinton se moque bien du langage "publique" et du
"privé" quand il s'agit de Trump !
Habib Al Arabi il y a 3 semaines
Y a vraiment pas de quoi fouetter un chat avec ces pseudos revelations. Ce
qu'elle dit est banal voire sensé.On a tous un langage privé et un langage
public plus formel, pesé, policé et cela sans faire de nous des hypocrites.
Kazadi Jean il y a 3 semaines
Qui en Amerique croit que les Clinton font partie de la classe moyenne? en
quoi cela est-il genant si elle le dit elle-meme? En Amerique les gens ne se
genent pas de dire qu'ils sont riches et gagnent beaucoup d'argent, ce n'est
pas Trump qui dira le contraire. Si la fille Clinton (enfant unique) se
comporte comme une enfant gatee, en quoi cela impact la campagne de sa mere?
Voila pourquoi les media ne se sont pas trop interesses a
ces"revellations".
fadieze il y a 3 semaines
Vous noterez par contre que tout ce qui sort à charge contre Donald Trump -
les vidéos de vestiaires par exemple - intéresse les médias toutes tendances
confondues au plus haut point.
Mark il y a 3 semaines
Pour qui roule Assange ? Cette histoire abracadabrante de résidence à
l'ambassade d'Equateur, un pays dont l'hostilité aux USA semble être la seule
raison d'abriter un homme demandé par la justice suédoise, en qui n'importe
quel être humain doué de bon sens fait infiniment plus confiance qu'à la
justice équatorienne !
pour qui roulez vous ? il y a 3 semaines
Assange est en Equateur parce que personne n’a osé l’abriter et s’attirer
les foudres des USA. La poursuite de la justice suédoise, elle, sent le complot
à 10km : une femme passe la nuit avec Assange, sort avec lui le lendemain, rencontre
une autre femme à cette occasion et sur les conseils de cette dernière porte
plainte contre Assange pour un 2ème rapport qu’il aurait eu avec elle au cours
de cette fameuse nuit mais cette fois sans préservatif… assimilé à un viol en
Suède.
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