Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
permettez-moi
d’ajouter à mon message d’hier sur ce que le Président se doit et nous
doit, à proportion - paradoxalement - de son échec. Plus encore
que l’honneur, il y a le devoir.
Quel que soit le successeur du Président, si ce n’est pas
lui-même, ce sera pire pour notre avenir, car il n’y aura eu aucun examen de
conscience. Nous croirons et l’on nous fera croire à qui mieux mieux que tout a
été de la faute d’un homme : François Hollande, le mauvais président,
alors que la « faute » est globale. Nous courons ou nous nous
rongeons les ongles depuis plusieurs années sans réfléchir. Il nous faut
d’abord une réflexion nationale et européenne, une prise de conscience. Je
reste dans la ligne de nos évêques, seuls par leur état de vie et par leur responsabilité
spirituelle, à avoir pu faire ce travail, ou plutôt à avoir pu nous y
introduire. Si le Président déclare maintenant – comme « on » l’en presse
– qu’il ne se représente pas, nous allons avoir six mois de complet désordre mental,
encore plus que politique.
Au contraire, si la déclaration de candidature qui peut tout
à fait attendre, se fait au terme d’une réflexion structurée du Président sur lui-même,
sur le moment national et européen – particulièrement critique puisque tout jugement,
tout discernement se perdent – l’humilité et le dévouement d’être seulement l’outil
d’une prise de conscience nationale, peuvent être compris.
L’élection qui va venir doit être autre que l’élection d’une
personne ou d’une personnalité, ou qu’un concours aux bonnes idées (presque toujours
de gestion comptable ou de découverte du coupable universel). Elle doit être notre propre élection.
L’impopularité du Président, ce qu’une espérance de gauche trahie
peut à juste titre lui reproche, l’abaissement-même de la fonction présidentielle
à raison de sa vie censément privée et de publications montrant à quelle solitude
conduit l’exercice d’une fonction quand elle n’est pas vécue devant l’Histoire,
devant le peuple et en suscitant constamment
la délibération ouverte et la collégialité, sont autant d’arguments pour montrer
que nous nous y prenons de plus en plus mal, nationalement. Que nous ne situons
plus le politique et le pouvoir comme ils devraient l’être : un service.
Abandonner serait déserter devant la peur d’être battu. Ce ne
serait pas aider les Français à discerner, ce que nous avons à être et à faire.
Un journal, comme le Monde, ou nos évêques ne peuvent pas être seuls
pour structurer
notre raison. Et même quantité d'associations, et aussi de grands
fonctionnaires, et autant d'invisibles pas répertoriés
institutionnellement.
Il faut une réaction institutionnelle. Elle ne peut être que le fait d'une institution, précisément l'institution
présidentielle. Celle-ci a pour titulaire l'élu de 2012. Ce n'est pas
immédiatement une question de candidature, c'est présentement
l'incarnation nécessaire de la prise de conscience nationale. Je ne
crois pas être abstrait ou "prêchi-prêcha". L'élection présidentielle doit être conclusive. A
la croire, depuis déjà deux ou trois, ou la vivre miraculeuse ou
décisif nouveau commencement, nous la manquons depuis vingt ans. Elle
est un outil, pas un but, en tout cas un but pour la nation
Quelques initiatives sont urgentes :
-
le vote blanc, et le quorum de participation des électeurs
sans lequel aucun scrutin public de quelque nature qu’il soit n’est valide,
-
l’entreprise européenne à faire redémarrer : le Parlement
européen constituant et le président de l’Union
et des mises en garde, argumentées autant que tranquilles, doivent
être articulées :
-
des piliers du droit international public sont maintenant en
cause : les retraits du Burundi et de l’Afrique du sud, de la Cour pénale internationale ;
l’UNESCO et ses intitulés maladroits dans la question de Jérusalem et des Lieux-Saints,
déjà en elle-même si sensible et complexe ; les armes de destruction massive sont à l'oeuvre en Syrie
-
des novations en droit international privé sont en train de se
perpétrer selon les traités transatlantiques en voie d’aboutir. De même que le Brexit
a eu l’immense mérite (même si ce n’était pas le but de la consultation en Grande-Bretagne)
de montrer le total découplage de l’Europe et des opinions, de même le refus wallon
de l’accord euro-canadien ne doit pas être regardé comme une incapacité institutionnelle
de l’Union, mais comme un révélateur, une fois de plus, que l’opinion ne veut pas
de certains nivellements dont aucun ne nous est favorable.
Je reste convaincu que le Président peut, à ce dernier moment
qui arrive, s’avérer à la hauteur de notre moment national et européen. C'est
plus affaire d'honnêteté que de génie. Le discours de Wagram a été
tiré d'un très bon tonneau. Il faut que s'établisse, s'invente, se
constate entre le Président et les Français une toute nouvelle
compréhension mutuelle : la conscience ensemble du moment actuel.
Pensées et vœux.
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