jeudi 13 octobre 2016

"poutinophobie" ... "poutinophilie".... ce que j'écris depuis vingt ans 2 - X Y Z et nous


… nous et Poutine, et le Djihad, et la Chine, et nous-mêmes

réflexion sur la voie d’une contagion




Apathiques, surmenés, « stressés », les « Occidentaux », les Européens, les Français. Les Français sans la France depuis que leur Etat a été bradé ce qui a permis toutes les manipulations du patrimoine, des actifs, des savoir-faire et du salariat. Les Européens et l’espérance d’après-guerre réduite à des mœurs scolaires de gestion, de pourcentages, toutes les fonctions publiques devenues celles de commissaires aux comptes. Les « Occidentaux » qui se sont crus gagnants parce que de la contagion libertaire et populaire, ils sont passés, croyant l’inventer, à la jungle économique, à la course aux accaparements et aux dépeçage de chacun par chacun, au sauve-qui-peut individuel pour les uns quand les bateaux ont coulé faute de repères et faute d’identité, et à l’habileté souveraine des dictatures pour profiter de la faiblesse des autres et rentabiliser la docilité de celles et ceux qu’ils oppriment.

Nous n’avons pas encore compris que cette apparente diversité, cette successivité d’adversaires et de menaces qui nous inquiètent, nous agressent, nous font nous interroger sur nous-mêmes et nos propres capacités à continuer d’exister en tant que nous-mêmes n’a qu’une nature, et que cette nature nous doit beaucoup. Ce qui nous étreint – mais n’aura pas raison de nous – est la démonstration de ce qui dégènère quand nous oublions nos origines, nos objectifs, notre idéal.

Poutine, l’homme du K.G.B., l’expression-même d’un grand peuple que le marxisme-léninisme, sous prétexte d’une mission quasi-religieuse de conversion universelle à une dialectique économique et sociale (qui continue de rendre compte d’à peu près tout, même si presque plus personne, et aucun Etat, ne sait l’exprimer… le face à face de deux doctrines de rédemption pendant le XXème siècle, Staline et Pie XII, le matérialisme et la lutte des classes, la rédemption et le salut par la conversion), avait porté à son maximum de puissance à tous égards, a tiré sa force de notre cécité quand s’est effondrée l’Union soviétique et que, par force mais aussi – décisivement – par intellignce humanité, spiritualité de Gorbatchev, elle a laissé s’échapper les pays dits de l’Est. Le moment de la liberté a peu duré. Nommé par opiniâtreté et raccroc pour représenter notre pays dans la plus stratégique des anciennes Républiques fédérées soviétiques (et je pris mon « rôle » avec extension, représenter l’Europe à son plus ambitieux d’indépendance et de personnalité par sa diversité, son pluralisme mêmes, incarner la fille aînée de l’Eglise… ce dont je compte bientôt écrire comment avec quelques co-équipiers, quelques partenaires et malgré l’administration en charge à Paris de nos relations extérieures, je m’y pris), je fus hanté par l’évidence que mettre le pied dans la porte serait miraculeux et ne pouvait attendre. L’Ukraine est ainsi arrivée trop tard, historiquement. Entretemps, nous avions bâclé les adhésions à l’Union européenne, nous avons confirmé qu’elle est satellite des Etats-Unis, et anciens ou récents membres de celle-ci, nous avons communément frustré la Russie qui est passée assz vite d’une direction par un pantalon, Eltsine qui a eu raison de Gorbatchev et avait fait de celui-ci l’homme qui reste le plus haï de son peuple. Parce qu’il l’a rapetissé et lui a fait perdre son impérium. D’étape en étape, d’opérations en Irak à des invasions en Afghanistan, à un manque total de perspicacité quand se sont éveillés initialement à la démocratie, les peuples des rives sud de la Méditerranée, l’arriviste de Pétersbourg devenu maître au Kremlin a compris que le champ lui est libre. De crise en crise, laissée à ce qui est redevenu l’ « Occident » mais sans le nerf du « réarmement moral » ni l’espérance européenne et de la « troisième voie » des années 1950, Poutine a su trouver et joue maintenant la guerre moderne : moyens apparemment immatériels, mais résultats pratiques. Celle-ci n’est pas encore analysée, elle nous effraye. Elle a pourtant son antidote.

Le Djihad est la nouvelle peur de ce même « Occident », avec sa version française des « petits-blancs » analysant chômage et déficit des comptes sociaux par l’invasion des immigrés. Plus que la dénonciation du « plombier polonais » alors que le maçon italien des années 1900 avait été courtisé pour les bals populaires ou les guinguettes des bords de Marnes, c’est l’islamophobie, l’intoxication récente d’un énorme amalgame : la France islamisée, les garçons déguisés en fille et l’homosexualité devenue la norme par influence des « lobbies », les catholiques persécutés par des gouvernants franc-maçons. Le dérèglement mental d’une lecture religieuse intégriste, dont l’Islam n’est pas l’inventeur et dont l’ « Occident » des croisades, des pogroms, de la shoah et de l’Inquisition ou du Saint-Office a connu de grandes heures, avant les aberrations consécutives aux attentats du 11-Septembre, résurgence d’un maac-carthysme affamé de l’explication unique et de l’ennemi universel, omniprésent, est aujourd’hui mutuel. Le Djihad prend autant l’esprit de ceux qui s’y vouent que de ceux qui veulent le combattre. L’anti-communisme, la réplique du Djihad, des guerres par illumination et au nom du spirituel. Mais avec des conséquences aussi cruelles que pratiques. Des Etats menacés au Sahel, des quartiers suburbains stigmatisés en France, un pouvoir politique sombré dans l’impopularité faute de respecter sa propre identité et celle de ses électeurs y trouve son seul champ libre : interventions militaires sans avoir su trouver le soutien de nos frères d’Europe, conférence contre Boco Haram hier après-midi, et pour des raisons stratégiques et d’alliances logistiques et en ressources humaines, le soutien paradoxal qu’accorde et maintient la France, censément combattante de la liberté, à des dictatures bonasses ou afficheés, Cameroun et Tchad notamment, quand ce n’est pas la Mauritanie, apparemment hors champ. Engrenage et étreinte de deux logiques, autre forme de « guerre froide », celle-là spirituelle mais avec d’atroces prises d’otages, des enlèvements et l’alimentation purrulente des extrêmismes des deux côtés de la société et de l’eurafrique avec son foyer au Proche-Orient. L’antidote existe pourtant.

La Chine, demanderesse de considération depuis les traités inégaux d’il y aura vite deux siècles, elle aussi, comme son partenaire russe dans les ambiances staliniennes, experte en maintien et en mûes de son identité nationale, ayant su transformer ses lacunes en matières premières en une stratégie qui n’a de précédent ou d’analogue que la constitution par l’Amérique de ses réserves stratégiques, et disposant – comme seul avant elle Israël a su le faire – d’une diaspora mondiale, totalement dévouée à la patrie, commerçante et nationaliste… cette Chine, intégrée censément dans le système international, faisant jeu commun avec la Russie au Conseil de sécurité, principale financière des déficits américains, est devenue puissance spatiale de premier rang et l’une des deux économies régulant l’ensemble des conjonctures boursières et marchandes de la planète. Elle triche paisiblement par une lucide combinaison, jusqu’à présent gagnante, de la dictature politique et d’un capitalisme sauvage, avec d’autant plus de facilité qu’elle est trop grande, trop massive pour être vraiment pénétrée par des observateurs et une analyse exhautisve. Avec la Chine, nous ne sommes qu’en peur et en déduction. La consommation européenne lui est dédiée puisque le Vieux Monde ne produit pas ou plus ce qu’affectionnent ses propres ressortissants. L’antidote existe pourtant.

Elle est à notre portée, elle nous ferait sortir de l’impasse dans laquelle nous a embourbées la reprise par les Etats-membres de la conduite européenne, loin des esprits et des dialectiques de nos fondations, elle tirerait le pouvoir actuel en France de son impopularité et rendrait à l’Etat national sa vigueur et ses moyens. Elle s’appelle démocratie.

L’élection directe du président de l’Union européenne par l’ensemble des citoyens de celle-ci changera tout dans l’entreprise européenne. Un traité nouveau organisant, en cas de besoin, la sécession des Etats-membres autant que lur réintégration, et faisant à tous les mêmes obligations, sera une loi fondamentale pour les solidarités entre peuples européens, à menu unique, à fiscalité analogue. Le président, élu au suffrage uinversel, pourra soumettre au referendum européen, tout texte dans les matières données par les Etats à l’Union. Il organisera une défense proprement européenne. Il négociera avec les autres grands ensembles du monde, chacun ayant sa cohésion sociale, fiscale et culturelle, les complémentarités marchandes : ce ne sera pas du protectionnisme, ce sera simple salubrité et éradication des spéculations financières et des dumpings et dégagera des contributions universelles au développement humain et au salut physique de la planète.

Les relations entre Etats ne peuvent plus être celles des siècles passés, dominées par les ambitions territoriales, les conquêtes militaires de débouchés et de marchés et par la libido de dirigeants incontrôlés, aujourd’hui relayés par des groupes et des individus ayant à leur discrétion les manettes économiques et financières. Le critère opératoire doit être le respect des droits de l’homme, et donc leur encouragement par tous moyens, aussi bien chez nous – il y a immensément à faire, cf. les récents propos gouvernementaux à propos des Rroms au mépris même du droit positif national et européen – que chez tous vis-à-vis. Il y a à inventer pour que les peuples, n’ayant pu organiser leurs insstitutions publiques en propre, leur Etat, diposent cependant de ce qui peut en tenir lieu, et que, notamment dans l’Union européenne, ils aient droit, selon ces institutions leur donant prérgatives et devoirs, à être représentés et à délibérer à l’instar des Etats. En France, où il est question de réforme territoriale, cela veut dire que quelles que soient les tailles et statistiques, des régions nouvelles comme cela a été institué en Corse, puissent apparaître, une région basque par exemple, même si elle a la taille d’un arrondissement, et avec la possibilité juridique de s’accorder avec Santander et Bilbao. Ls peuples migrants, génieux selon leur registre, ont droit à leur représentation au Parlement européenne et à une citoyenneté européenne, indépendante de toute nationalité d’un quelconque Etat membre.

Poutine est intervenu dans le procesus ukrainien, ce qu’il n’avait pas fait en 2004, car il n’était pas encore en possession complète de la Russie, parce qu’il a craint la contagion démocratique. Sans doute, le désordonné de celle-ci, autant que la disponibilité nationaliste de ses compatriotes chez lui et dans toute l’ancienne Union soviétique, lui a fourni moyens et arguments. Referendum en Crimée, au Donbass ? soit ! mais alors en Tchétchénie et les chez les Tatars. Jeu d’échiquier pour le libre accès de la Russie à Sébastopol ? soit ! mais alors l’oblast de Korolev (ex-Kaliningrad, ex-Koenigsberg) est monnaie d’échange qu’isole de la fédération de Russie les Républiques baltes couvertes par l’Alliance atlantique. Le jeu de go aurait pu etre joué. Il ne l’a pas été, mais la carte résiduelle à Kiev, dans le Donbass et à Moscou, c’est la démocratie. De même que l’antidote à l’hégémonie américaine, forme contemporaine de l’isolationnisme de Monroe et des Etats-Unis à peine réchappés de leur guerre dite de Sécession, puisqu’isolationnisme et hégémonisme ont comme pratique commune de ne parler d’égal à égal avec personne… fut le peuple américain lui-même, cf. la fin de la guerre au Vietnam, de même la dictature de Poutine, et celui-ci le sait bien, c’est la passion et la foi démocratique des Russes, même si apparemment elle est minoritaire. De Gaulle à Malraux : j’étais minoritaire, j’en conviens, mais je savais que je ne le serai pas toujours. Sans intervention directe, certes, mais sans crainte, tout démocrate doit aider tout autre démocrate. La langue de bois entre dirigeants du monde ou entre citoyens encartés couvre l’inacceptable. Les gouvernants en caution anti-Tibet lors des jeux olympiques de Pékin, anti-démocratie et anti-Tchétéchnie, lrs des jeux olympiques de Sotchi… mais le début de succès de la pression internationale pour que le Qatar, préparant son auto-célébration par la prochaine manifestation sportiv mondiale, commence de réformer le droit des mains-d’œuvre immigrées chez lui…

Au lieu d’un quart d’heure d’entretien du président français – prédécesseur de l’actuel – avec le Dalaï-Lama en Pologne, et non à l’Elysée, très franchement l’accueil aux dissidents. Les Suédois du prix Nobel le pratique depuis Pasternak. La Chine avec un tiers de sa population musulmane, avec ses révoltes sociales de plus en plus avérées, n’a encore jamais su cumuler sa centralisation à peine de sécessions ou d’apparition de « seigneurs de la guerre » avec la démocratie. La Russie des tzars (souverains pacifistes, inventeurs du premiet tribnal d’arbitrage, sis à La Hay, déjà) avait connu Stolypine et la Chine post-impérial connu Sun Yat Sen. L’humanité est libertaire, Eve, contre tout bon sens, et contre tout confort physique et spirituel, l’a montré… la liberté et l’identité personnelle de chaque être humain ne font qu’un et le constitue. C’est là-dessus que doit se fonder l’évolution des Etats, la mûe des relations internationales. La France naturellement doit en donner l’exemple, elle peut casser l’engrenage de son expropriation d’elle-même par des nationalisations instaurées et organisées par la pratique référendaire, l’entreprise quels que soient les prérogatives et les rôles mécaniques du travail et du capital doit se régir démocratiquement et les comités d’entreprises en savent généralement mieux et plus sur les stratégies, marchés et gains possibles de compétivité que les dirigants cooptés et parachutés sans atavisme. Le cours politique inversé en Europe put devenir exemplaire des médications de la crise économique et des malversations financières mondiales. Chaque peuple peut donner un exemple universel. Subissant le génocide, Tibet ou Tchétchénie, peuples arctiques ou amazoniens éveillent des consciences.

Les situations que nous vivons appellent des autorités morales, des révoltes, cf. le succès de publication et parfois d’insurrection dont a bénéficié, il y a deux-trois ans un opuscule pourtant austère et très décalé (l’évocation du Conseil national de la Résistance française) : Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.

C’est dans les esprits que commencent les choses, y compris celles apparemment de gestion. La dictature, le racisme sont un penchant aux multiples racines potentielles, ce ne sont pas les normes humaines. Le Djihad a pour auti-dote, plus encore que les si fortes et ingénieuses dictatures russe et chinoise actuelles, les musulmans eux-mêmes. Les aurtorités de l’Islam en France le montrent depuis longtemps. Toute fréquentation, toute amitié avec des musulmans – et j’ai l’honneur et la chance, depuis mon service national en République Islamique de Mauritanie, il y aura cinquante ans dans moins d’un an, d’en compter d’admirables, fidèles et inspirantes – crie l’évidence. Pas plus que l’intégrisme ou la manif.pour tous ne sont l’Eglise, ni en France ni ailleurs, pas davantage le djihadisme n’est l’Islam contemporain. Les insurrections libertaires en Tunisie, en Egypte, en Syrie, et certainement un jour en Iran, si fin et si universel, ont été d’abord une pétition de mise en pratique de la plupart de nos « valeurs » y compris celle d’une laïcité, signifiant respect mutuel d’âme à âme, de cultures ataviques à convictions reçues ou acquises. Les dégénérescences soit militaires soit intégristes ne sont venues qu’ensuite. Nous n’avons pas compris au début des années 1990 ce qu’il arrivait en Union soviétique puis dans les satellistes communistes d’Europe centrale et orientale, nous n’avons pas compris les « printemps arabes », et en France nous ne comprenons pas la dégénérescence d’une démocratie moderne qu’avait pourtant refondée l’homme du 18-Juin. La trahison des électeurs du 7 Mai 2012 par incapacité d’imaginer autre chose en économie et en gestion financière publique que la dogmatique qui a foiré, au moins depuis l’automne de 2008, a pour origine la défiance du peuple, du sens commun par des dirigants qui ne sont pourtant pas de droit divin.

Il est symbolique (et magnifique) qu’un Jésuite d’outre-Europe et qui prend ses repas couramment en réfectoire (François à Sainte-Marthe) ait reçu le Français, symbole des systèmes bancaires contemporains : Jérôme Kerviel, et que celui-ci ait eu le mouvement d’aller marcher, aller-retour de France à Rome. Marche qu’avait entreprise vers (et non sur) Rome, à l’automne précédent, un curé de paroisse savoyarde (la confession du vicaire savoyard) commis de bonne foi dans la franc-maçonnerie : Pascal Vesin de Megève.

Si nous ne savons pas répondre à Poutine, au Djihad, à la Chine, c’est parce que nous sommes aveugles sur notre propre abandon de ce qui peut être notre force. La conversion démocratique doit commencer chez nous.




Bertrand Fessard de Foucault,
matin du dimanche 18 mai 2014

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