mercredi 3 août 2016

présidentielle américaine : la provocation de trop de Donald Trump ? -- Le Monde



LE MONDE | 03.08.2016 à 10h35 • Mis à jour le 03.08.2016 à 15h21 | Par Nicolas Bourcier (Washington Envoyé spécial)

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Discours d’investiture de Donald Trump à Cleveland, le 21 juillet, lors de la convention républicaine.

Les propos provocateurs de Donald Trump n’ont cessé d’émailler la campagne présidentielle américaine depuis des mois. Encore ces derniers jours, le candidat milliardaire a invité le gouvernement russe à publier les courriels privés de sa rivale, Hillary Clinton. Il a multiplié les gaffes sur le conflit ukrainien, soutenu son épouse prise en flagrant délit de plagiat, fustigé aussi un gradé quatre étoiles venu soutenir l’ex-secrétaire d’Etat à la convention démocrate en le qualifiant de « général raté ». Autant de propos qui auraient coulé n’importe quel prétendant ; mais M. Trump, lui, a continué de talonner crânement Mme Clinton dans les sondages.
Le vent a peut-être tourné : en s’attaquant aux parents d’un officier musulman de l’armée américaine tombé au combat, le magnat de l’immobilier a provoqué une onde de choc d’une rare intensité. Avec ses mots répétés à plusieurs reprises ce week-end – critiquant le père du soldat Humayun Khan tué en 2004 en Irak, venu s’exprimer devant les délégués démocrates à Philadelphie, insinuant même que la mère, dans ce couple musulman, avait été forcée au silence –, M. Trump a libéré une parole publique au sein des plus hautes sphères de l’Etat jusque dans les rangs de son propre parti.
« Que le parti l’ait nommé ne lui donne pas le droit de diffamer les meilleurs d’entre nous. » John McCain, sénateur républicain, ex-prisonnier de guerre
Avec une férocité peu habituelle, Barack Obama a étrillé le candidat républicain en affirmant, mardi 2 août, qu’il n’était « pas qualifié pour être président ». Le fait que Donald Trump critique ainsi une famille « ayant fait des sacrifices extraordinaires pour ce pays » et « le fait qu’il ne semble pas avoir les connaissances de base autour de sujets essentiels en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, signifie qu’il est terriblement mal préparé pour ce poste », a-t-il lâché au cours d’une conférence de presse à la Maison Blanche. « Je ne suis pas le seul à le penser », a-t-il ajouté, avant d’interpeller les dirigeants du Parti républicain, qui soutiennent le candidat Trump tout en dénonçant certains de ses propos jugés outranciers : « Il y a un moment où l’on doit dire “assez” ! »
Le mot d’ordre a été repris au pied de la lettre par le représentant républicain de l’Etat de New York, Richard Hanna, qui a annoncé le même jour qu’il s’apprêtait à voter pour Mme Clinton. Il est le premier membre du groupe républicain à la Chambre des représentants à prendre position en faveur de la candidate démocrate contre M. Trump, qu’il considère comme une « honte nationale ». Certes, M. Hanna avait déjà annoncé qu’il ne soutiendrait pas M. Trump, mais sans pour autant appeler à soutenir sa rivale, personnalité décriée et largement rejetée dans son parti.
Une autre républicaine, Sally Bradshaw, ex-conseillère de Jeb Bush, qui avait tenté, après la défaite de Mitt Romney en 2012, d’ouvrir le parti républicain aux électeurs jeunes et issus des minorités, a annoncé qu’elle voterait pour Mme Clinton si la course devenait serrée dans son Etat de Floride. « Nous sommes dans un moment où le pays doit prendre l’avantage sur les partis politiques. Trump ne peut pas être élu président », a-t-elle martelé sur CNN.
Le malaise chez les républicains est devenu d’autant plus perceptible que le candidat Trump a refusé d’envoyer tout signe d’apaisement. Lundi matin encore, sur son compte Twitter, il a publié un message indiquant avoir été « vicieusement attaqué » par Khizr Khan, le père du jeune soldat, ajoutant à ses critiques des derniers jours. Au Congrès, l’influent groupe bipartisan des anciens combattants s’est insurgé contre cette nouvelle sortie. Suivi quelques heures plus tard par le sénateur républicain et ancien prisonnier de guerre John McCain, enjoignant au candidat de « donner [enfin] l’exemple » : « Bien que le parti l’ait nommé, cela ne lui donne pas le droit de diffamer les meilleurs d’entre nous », a-t-il insisté, sans pour autant lui retirer son soutien – du moins pour le moment.
Dans un pays où les militaires bénéficient d’un immense respect, M. Trump a commis, de l’avis des principaux analystes, un sérieux faux pas qui pourrait s’avérer coûteux. La délicate alliance que le candidat a tenté de rassembler autour de lui au sein du parti donne, sans surprise, de sérieux signes de fragilité. Paul Ryan, le président – républicain – de la Chambre, a écrit que le soldat Kahn était « un de ces exemples de courage » et que son sacrifice « doit être honoré à jamais. Point ». Même le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, jusque-là soutien indéfectible du candidat, a pris mardi ses distances avec les propos de M. Trump, qu’il juge « déplacés ».

Trump marque le pas sur Clinton
dans les sondages

« Personne ne trouve à redire quand Donald Trump attaque d’autres figures politiques ; en fait, les gens aiment ça. Il fait naître et éveille à un sens de leurs responsabilités qui n’existe pas. En revanche, ils n’aiment pas quand il s’en prend à de vraies gens », a affirmé au Washington Post le sondeur républicain Frank Luntz. Signe de ce trouble, le candidat a marqué le pas dans les dernières enquêtes d’opinion publiées cette semaine. Selon CNN, Mme Clinton obtient 9 points d’avance sur son rival républicain. Une enquête Ipsos-Reuters lui en donne 8.
Mardi soir, égal à lui-même, le candidat a réagi en affirmant qu’il ne soutiendrait ni John McCain ni Paul Ryan, tous deux candidats à leur propre succession au Congrès. Il a ensuite déclenché une énième controverse en remerciant, en Virginie, un ancien combattant qui lui a donné sa prestigieuse médaille Purple Heart. Le milliardaire a confié avoir toujours rêvé d’en avoir une, mais estimé « plus facile » de l’obtenir de cette façon. Donald Trump n’a jamais servi dans l’armée, bénéficiant de plusieurs dérogations pendant la guerre du Vietnam.

 Nicolas Bourcier (Washington Envoyé spécial)
Journaliste au Monde

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Obama : Donald Trump “pas qualifié pour être président”
Vos réactions (38) Réagir
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Andre Angle Hier
Clinton mene Trump de 10 points.
 
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free Hier
Trump est une espèce de Le Pen américain , populiste et richissime, capable de faire avaler n'importe quoi aux pauvres cons ou aux cons pauvres ! Il est temps d'arrêter ca par tous les moyens avant que ca ne dégénère !!
 
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Ulysse Hier
Comment un type pareil a t-il pu gagner autant d'argent et être candidat à l'élection américaine ? c'est à désespérer du bon ? peuple.
 
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Vincent Hier
C'est facile : il a hérité de sa fortune !
 
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Buber Hier
Les dénonciateurs de Trump lui font de la pub à chaque fois qu'ils interviennent. Il n'y a pas de mauvaise pub et lorsque les "élites" dénoncent Trump, même lorsque ce qu'il dit est faux ou abject, ses supporters jubilent. Hollande aurait mieux fait de se taire car l'intervention d'un froggy, étranger donc, ne peut qu'être contre-productive.
 
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TrancheChair Hier
Sauf parmi les lemmings qui suivent leur leader de culte Trump, je vous assure que la France reste bien respecté ici (Etats-Unis). Les opinions des dirigants européens pourraient etre signifiantes pour cette election.
 
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Dk Eric Hier
Je n’ai pas vraiment l’impression que ceux qui dénoncent son manque de respect pour les anciens combattants, ou ceux qui critiquent sa nonchalance pour l’arme atomique lui fasse de la pub, la campagne de Donald est proche du syndrome chinois.
 
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Samy 04/08/2016 - 12h07
Les dénonciateurs de Hollande lui feraient donc aussi de la pub à chaque fois qu'ils interviennent? Pourtant Hollande est au plus bas dans les sondages et ça n'est pas le cas aux Etat Unis avec Trump. Comment expliqueriez-vous cela? Au contraire il faut dénoncer et dire la vérité. Il faut que les gens sachent vraiment ce qu'il se passe.Au moins les républicains ne pourront pas dire plus tard qu'ils n'ont pas été prévenus.
 
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TrancheChair Hier
Mais tout sera pardonné par les médias americains du moment qu'il tente, au moins, a etre plus présidentiable. Alors, voila le "nouveau Trump." Tout comme les "nouveaux Nixons" des années passées.

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