lundi 22 août 2016

entretien accordé par François Hollande au journal les Echos - présentation par le Point et par le Nouvel Observateur . 29-30 juin 2016


 

Le Point.fr – 30 Juin 2016

Hollande dans "Les Échos" : un président en campagne

Dans un long entretien accordé au quotidien économique, François Hollande revient sur le Brexit. Il ébauche surtout un programme de campagne.

Modifié le 30/06/2016 à 11:11 - Publié le 30/06/2016 à 10:54 | Le Point.fr

François Hollande, le 7 septembre 2015.
François Hollande, le 7 septembre 2015. © AFP/ ALAIN JOCARD
Dans une longue interview, parue dans Les Échos, ce jeudi 30 juin, François Hollande ne s'est pas contenté de s'épancher sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne... Il ébauche les grandes lignes de ce qui pourrait constituer la plateforme programmatique de sa campagne présidentielle dans les mois à venir. Verbatim.

Sur le Brexit :

« Le choc a été d'autant plus fort qu'il n'avait pas vraiment été anticipé, y compris par les dirigeants britanniques qui avaient déclenché le référendum. »
« L'Union n'est pas un processus irréversible et le vote britannique ramène à l'essentiel. Quelle Europe veut-on ? Et avec qui ? »
« Le respect dû aux Britanniques justifie de procéder à la séparation. Toute autre réaction laisserait penser que, chaque fois qu'un référendum donne un résultat qui ne convient pas, il faut en toute hâte en organiser un second. »
« Son choix est irrévocable. »
« (La) montée du populisme en Europe n'a cessé de s'amplifier depuis une décennie. L'Europe doit regarder cette réalité en face. »
« Le Brexit aura surtout un impact défavorable pour le Royaume-Uni et c'est par le biais d'une éventuelle récession outre-Manche qu'il peut y avoir un risque pour la zone euro. »

Sur l'Europe :

« Au Conseil européen, j'ai demandé que l'Europe se concentre sur la sécurité, le contrôle des frontières extérieures, la lutte contre le terrorisme, la défense de notre continent, car les citoyens veulent d'abord être protégés. Nous devons également bâtir une Europe puissante autour de la croissance, des investissements et de l'emploi dont la jeunesse doit être la première bénéficiaire. »
« Il (faut) en finir avec les distorsions de concurrence en commençant par l'impôt sur les sociétés. (Il faut) ensuite créer un budget de la zone euro pour financer des investissements dans les secteurs stratégiques (numérique, transition énergétique...). »
« La zone euro ne peut être une addition de règles et de disciplines, elle doit porter des politiques communes en faveur de la préparation de l'avenir. »
« Le 60e anniversaire du traité de Rome en mars prochain sera l'occasion d'illustrer l'unité des Européens autour de cette nouvelle impulsion. »

Sur le couple franco-allemand :

« Sur la zone euro, je veux engager notamment avec l'Allemagne une harmonisation sociale et fiscale. »
« Angela Merkel est consciente qu'une nouvelle impulsion est nécessaire. Elle est très attachée au couple franco-allemand. Il a fait ses preuves ces dernières années sur le règlement de la crise bancaire, sur la Grèce, sur l'Ukraine et même sur les réfugiés. »

Sur la réforme du Code du travail et les manifestations :

« La loi sera votée et promulguée dans les délais prévus. (Si besoin est), il sera de nouveau recouru à l'article 49.3. »
« L'article 2 sera maintenu. »
« Il n'est pas acceptable que des radicaux viennent systématiquement casser et dénaturer les mouvements dans lesquels ils tentent de s'introduire. »

Promesses de campagne ?

« J'avais dit au printemps dernier qu'une baisse supplémentaire d'impôt sur les ménages était possible. (...) Je reste sur la même position : si, malgré le Brexit, la croissance (est) de 1,7 %, ce geste fiscal, qui ne pourrait être supérieur à 2 milliards d'euros, viendrait s'ajouter aux allègements accordés depuis 2014. »
« Afin de muscler les créations d'emplois générées par la reprise, j'ai décidé, avec le Premier ministre, de consacrer les 5 milliards restants au relèvement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi. »
« J'ai décidé de prolonger (la prime à l'embauche dans les PME) sur l'ensemble de l'année 2017. »
« (La question de la réforme des institutions) sera forcément présente dans la campagne présidentielle. Nous vivons en Europe et aux États-Unis une crise de la démocratie, là où précisément elle est née. La représentation politique doit être diversifiée, le non-cumul dans le temps introduit, les citoyens doivent être associés aux décisions qui les concernent. »

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NouvelObs. 29 Juin 2016

Interview de François Hollande : un président déjà candidat

Interview de François Hollande : un président déjà candidatFrançois Hollande ((STEPHANE DE SAKUTIN / AFP))

Discours très musclé contre la droite, volontariste sur la conjoncture économique, nouveaux cadeaux fiscaux... François Hollande a accordé un long entretien aux "Echos".



Plus que jamais en campagne, François Hollande a accordé un entretien fleuve aux "Echos" à paraître ce jeudi 30 juin. Politique fiscale, Notre-Dame-des-Landes, Brexit, loi Travail... François Hollande - au plus bas dans les sondages -, défend son bilan, attaque la droite et donne des gages à sa gauche.
Après son discours au théâtre du Rond-Point le 3 mai, cette interview semble acter la deuxième étape de sa désormais plus que probable entrée en course pour 2017. "L'Obs" fait le point sur ce qu'il faut en retenir.
  • Sur la politique fiscale :
Dans l'entretien accordé aux "Echos", François Hollande détaille la baisse d'impôt qu'il souhaite pour 2017, ciblée sur les classes moyennes et dans la limite de deux milliards d'euros, tout en rappelant qu'il fallait pour la mettre en place 1,7% de croissance l'année prochaine.
"Si, malgré le Brexit, la croissance était de 1,7% en 2017, ce geste fiscal, qui ne pourrait être supérieur à deux milliards d'euros, viendrait s'ajouter aux allègements accordés depuis 2014 et qui ont d'ores et déjà concerné 12 millions de contribuables", estime le chef de l'Etat, ajoutant avoir pour "préférence" une "mesure ciblée pour les classes moyennes"
  • Sur la prime à l'embauche et le CICE :
Autre "surprise", le chef de l'Etat annonce que la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) ne sera finalement pas totalement supprimée en 2017, au profit notamment d'un "relèvement" du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE).
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Cette possibilité, qui n'avait pas encore été arbitrée pour l'année prochaine, prévoit que cinq milliards d'euros du Pacte de responsabilité seront finalement consacrés "au relèvement du CICE - qui sera porté à au moins 7% de la masse salariale [6% aujourd'hui, NDLR] - et à la baisse de l'impôt sur les sociétés pour les PME", explique le chef de l'Etat.
"Je veux donner toute sa force au CICE qui est désormais pleinement compris et apprécié par les entreprises, notamment les PME et TPE, et qui a des effets rapides sur l'emploi, l'investissement et le pouvoir d'achat."
Il précise que sur l'impôt sur les sociétés, "son taux sera en baisse pour les PME" et annonce "une mesure d'allègement" pour les artisans qui ne bénéficient pas du CICE.
François Hollande annonce également la prolongation de la prime à l'embauche dans les PME tout au long de 2017, ainsi que celle du mécanisme de suramortissement des investissements pour encourager les PME à s'équiper maintenant plutôt que de reporter l'investissement.
"Nous allons franchir dans quelques jours le seuil des 500.000 embauches dans le cadre de ce dispositif. C'est un succès au bénéfice de l'emploi et des entreprises et j'ai donc décidé de le prolonger sur l'ensemble de l'année 2017, comme d'ailleurs le mécanisme du suramortissement des investissements", déclare-t-il.
  • Sur la croissance :
Particulièrement optimiste pour l'économie française, il sort de la réserve du gouvernement depuis deux ans sur les prévisions macroéconomiques et mise sur 1,6% de croissance et au moins 200.000 créations d'emplois en France en 2016 :
"Il y a bien une reprise en France et un début d'inversion de la courbe du chômage. C'est un fait indiscutable. Notre croissance sera supérieure à 1,6% cette année, ce qui nous permettra de créer au moins 200.000 emplois."
"Le Brexit aura surtout un impact défavorable pour le Royaume-Uni et c'est par le biais d'une éventuelle récession outre-Manche qu'il peut y avoir un risque pour la zone euro et pour la France. Nous devons les conjurer par un soutien encore plus consistant à l'investissement privé comme public", déclare le chef de l'Etat.
  • Sur la loi Travail et le "procès en trahison de la gauche":
Pas de changement de cap à prévoir. François Hollande réaffirme que l'article 2 de la loi Travail, au centre de la contestation, "sera maintenu dans sa rédaction actuelle" et que le gouvernement aurait à nouveau recours au 49-3 si besoin devant l'Assemblée.
Interrogé au sujet de la CGT, souvent mise en cause par les politiques, le chef de l'Etat estime que dans les manifestations qu'elle organise, "elle n'est pas responsable des violences, elle en a même été la victime".
Il récuse également le "procès en trahison" qui lui est fait par la gauche de la gauche, sur la loi Travail ou le projet de déchéance de nationalité pour les auteurs d'actes terroristes.
"Sur la loi Travail, je n'ai manqué à aucun de mes principes", affirme le chef de l'Etat, pour qui "cette loi va permettre de donner au syndicalisme des moyens qu'il n'a jamais eus dans notre pays".
"J'ai confiance dans le syndicalisme. Ce texte, c'est en réalité la prolongation des lois Auroux (de 1982) et de la première loi Aubry, qui avait fait de l'entreprise un lieu de négociation pour l'organisation du travail", poursuit-il.
Sur l'inversion de la hiérarchie des normes, "le verrou me paraît sérieux : seuls les syndicats représentant la majorité des salariés peuvent en prendre la responsabilité", affirme le chef de l'Etat.
"La conception que j'ai du progrès, ce n'est pas de figer des acquis mais de donner des droits et des libertés supplémentaires aux salariés", soutient-il.
Quant au projet d'extension de la déchéance de nationalité aux auteurs de terrorisme - abandonné le 30 mars -, il rappelle qu'il l'avait proposé "au lendemain des attentats du 13 novembre" à Paris et Saint-Denis. "Il est dommageable que l'opposition n'ait pas voulu adopter cette révision constitutionnelle parce que c'était l'occasion d'un rassemblement de notre pays", souligne-t-il.
"La trahison, c'eût été de laisser le pays dans l'état où je l'ai trouvé. Je m'en expliquerai devant les Français autant que nécessaire", affirme le chef de l'Etat, qui contrairement à Arnaud Montebourg et surtout à Jean-Luc Mélenchon n'imagine "pas régler les problèmes des Français par une VIe République".
  • Au sujet du "Brexit" :
Dans les "Echos", François Hollande met aussi en garde les "apprentis sorciers" qui plaident pour un référendum sur l'Europe en France et estime que "le rendez-vous démocratique sur l'Europe aura lieu lors de la prochaine présidentielle", en 2017.
"Pourquoi organiser un tel tumulte et une telle confrontation, si ce n'est pour quitter l'Union européenne ? Les mensonges, les simplifications, les outrances et même les violences que l'on a constatées pendant la campagne référendaire au Royaume-Uni ne suffisent donc pas à ces apprentis sorciers ? Il ne s'agit évidemment pas de se méfier du peuple. Mais le rendez-vous démocratique sur l'Europe, il aura lieu en France lors de la prochaine présidentielle", a déclaré le chef de l'Etat.
Parallèlement, François Hollande affirme vouloir "adapter" les règles françaises "y compris fiscales pour rendre la place financière de Paris plus attractive", en conséquence du prochain départ du Royaume-Uni de l'Union européenne.
"Le Royaume-Uni redevenant un pays tiers, le passeport financier européen devra disparaître, de même que ce sera la fin du passeport commercial et du passeport européen tout court", a-t-il rappelé, ajoutant : "et nous devons adapter nos règles, y compris fiscales, pour rendre la place financière de Paris plus attractive."
  • Sur Notre-Dame-des-Landes :
"Les travaux s'engageront prochainement" sur le site de Notre-Dame-des-Landes assure le président de la République après la victoire du "oui" dimanche au référendum sur la construction de cet aéroport.
"Les travaux s'engageront prochainement dans le respect du droit et la ZAD sera donc évacuée", a-t-il affirmé, lui qui avait déjà promis dimanche de "respecter" le résultat du référendum organisé dans le seul département de la Loire-Atlantique.
  • Sur Donald Trump et la campagne américaine :
Fait plutôt rare pour un chef d'Etat, François Hollande se livre également à une critique très forte du futur candidat des Républicains à la présidentielle américaine, Donald Trump. Une victoire de celui-ci "compliquerait les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis" et "oui", son entrée à la Maison-Blanche serait dangereuse, juge-t-il.
"Ceux qui affirment que Donald Trump ne peut pas être le prochain président des Etats-Unis sont les mêmes qui prétendaient que le Brexit ne serait jamais voté.
Et d'ajouter : "Ses slogans diffèrent peu de ceux de l'extrême droite en Europe et en France : peur de la déferlante migratoire, stigmatisation de l'islam, mise en cause de la démocratie représentative, dénonciation des élites... alors même que Donald Trump, par sa fortune en est l'incarnation la plus évidente." Le chef de l'Etat ajoute que "oui", son entrée à la Maison-Blanche serait dangereuse.

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