jeudi 11 août 2016

au secrétaire général de la présidence de la République :


un tout à notre initiative

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

je suppose que vous avez lu - Le Monde daté du mardi 9 Août 2016, page 23 - deux papiers que nous pouvons considérer comme "majeurs", l'un de Chahla Chafiq et l'autre, traduit de l'anglais, de Charles Grant.

1° " soutenir l'islamisme, c'est entrer dans le djihadisme".

Le papier est calme, convaincant. Il faut en retenir que le sécuritaire (notre pratique actuelle), le rembarquement (les lepénistes et les ultra-sarkozystes) et aussi, quoiqu'elle ne le mentionne pas, la mission Chevènement, ne sont pas opérants. L'auteur parle d'elle-même. Le salut et la  guérison-prévention - autant qu'il est possible - des âmes, les effets violents viendront à la cure et la rémission par voie de conséquence, réside simplement dans notre confiance à placer absolument dans les Français musulmans, nos compatriotes de plus ou moins fraiche date, qui sont musulmans, mais qui sont aussi ancrés très volontairement dans notre esprit du fait de nos partages d'histoire contemporaine depuis un siècle ou deux. Les mots et concepts sont les nôtres et ils les aiment et pratiquent. Ils sont même venus pour cela. Et restent pour cela. Ce sont eux qui peuvent amener l'Islam à être pratiqué ou vécu, y compris sociologiquement, voire vestimentairement, comme la République a su finalement en convaincre l'Eglise en France... ce que les Français, de religion réformée, savaient et pratiquaient déjà. Ces derniers ont d'ailleurs beaucoup inspiré les premiers pas de la République (la Troisième) chez nous. Notre avenir est multi-ethnique et laïc. C'est à la fois un fait une chance qu'ont peu de pays au monde, même en Europe.

Avez-vous lu un jour ou l'autre la déclaration de Barmen et les thèses de Pomeyrol ? protestantes, évidemment datées, mais décisives contre toute dérive totalitaire. Vous ne pouvez faire campagne dans six mois pour une démocratie sincère et pratiquée avec précision et confiance, si par ailleurs le sécuritaire et, au Parlement, le vote par 49-3, continuent de vous caractériser. Je dis vous : le Président et vous.

2° " il n'y aura pas de nouveau traité européen majeur "

Tout y est dans ce papier remarquable d'observation et de logique, sauf qu'aucune solution n'est proposée.

Il faut au contraire une refonte des institutions, qui imposera de nouvelles relations entre les Etats membres, et entre l'entreprise européenne et ses ressortissants (et entre l'Allemagne et nous...). Tout faire débuter par un énième traité intergouvernemental concocté à huis-clos et à la va-vite : Amsterdam, Nice, Lisbonne, et alors que l'excellente méthode VGE-Dehaëne a été gaspillée, ne changera rien, car nous sommes actuellement gouvernés sur le sujet par l'opinion, des opinions et le simplisme. Et les calendriers électoraux.

Sans présenter aucun des risques très fondés de rejet si l'on va au referendum, il y a une autre voie : celle du suffrage universel direct cependant, celui de tous les citoyens européens, mais convoqués pour élire des personnes, non discuter un thème. Même les extrêmes et les "anti" ne peuvent refuser cette voie puisqu'ils ont - comme les "autres" - chance et ambition de placer des leurs. Donc, tout commencer par l'élection anticipée d'un nouveau Parlement européen, avec mission d'écrire une 
Constitution ou une loi fondamentale pour l'Europe, moyennant toutes les commissions et consultations que l'on voudra ou qui seront réclamées. Mais en même temps élection au suffrage universel direct d'un président ou d'une présidente de l'Union qui donnera une voix immédiatement à l'Europe dans le monde et à l'intérêt commun dans l'écriture de ce texte re-fondateur. Sans doute, ces deux scrutins ne sont pas dans les textes en vigueur - sauf erreur de ma part pour ce qui est du Parlement à mandat constitutionnel - mais un très bref traité intergouvernental (puisque l'on aime tellement l'intergouvernemental depuis l'échec de 2005) : deux articles, et l'on y va. La négociation du Brexit peut attendre. Elle attend d'ailleurs. La question du ou des modes de ratification attendra que le texte en projet existe, et surtout il y aura enfin quelqu'un, mandataire de tous et au-dessus de tous.

Evident : c'est la France qui peut le proposer, le crier, le faire plébisciter par les peuples et opinions. 

Et, comme je vous l'ai déjà couriellé, si c'est le Président qui déclare cela, d'une part il devient jumeau de Robert Schuman pour l'Histoire, et d'autre part sa réélection se gagne non par défaut ou sur du baratin "démophile" et "libertaire" contre les droites sarkozystes et lepénistes, mais en clivant fortement sur l'avenir : le seul souhaitable et le seul possible, la réunion européenne pour la seconde fondation de la Communauté européenne.

Pas accessoire : tous les musulmans d'Europe ne peuvent être que pour l'entreprise européenne. A eux de nous débarrasser de l'islamisme et du djihadisme, à nous de leur éviter l'accentuation du racisme, ces deux formes actuelles d'une proposition de totalitarisme par peur et recroquevillement.
Europe, sécurité, convivialité, démocratie forment un tout. Ce tout.

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