vendredi 17 mai 2013

« Livres blancs » et conception française de la défense nationale : continuité dogmatique ou débat politique ?

pour la revue Défense nationale

 
Le livre blanc «  Défense et sécurité nationale 2013 » remis au président de la République le 29 Avril dernier, est le quatrième d’une série, initiée par Michel Debré, ministre d’Etat sous Georges Pompidou. Deux minces volumes alors, respectivement publiés en Juin 1972 et Février 1973. Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand n’avaient pas continué l’exercice et la seconde publication, le 23 Février 1994, est le fait d’Edouard Balladur, alors Premier ministre de « cohabitation » et candidat dominant à la présidence de la République. Les deux dernières éditions sont chacune préfacées et solennisées par le président régnant, celle de Nicolas Sarkozy publiée le 17 Juin 2008, suscitant aussitôt une vive critique d’un collectif anonyme d’officiers [1] – ce qui fut sans précédent et ne s’est pas renouvelé – ainsi que l’intention d’un futur candidat à l’Elysée de faire un jour élaborer le sien [2].

Quoique motivant chacun, pour l’opinion nationale et les personnels et administrations concernés, une loi de programmation pour quinze ans, les quatre « livres » n’ont d’analogue que la présentation. Leur esprit, même si beaucoup y est répétitif, a changé et témoigne implicitement d’une évolution de la relation des dirigeants politiques à la « chose » militaire.

Michel Debré avait personnellement porté le poids de la très difficile discussion parlementaire des crédits de la force de frappe, à une époque – celle de la guerre d’Algérie – où le gouvernement du général de Gaulle n’avait pas de majorité assurée [3] et il pouvait douter de la détermination de son successeur à Matignon, lui-même successeur à l’Elysée de l’homme du 18-Juin. Son initiative, en tant que ministre [4] de la Défense, fut donc explicitement de « verrouiller » le legs gaullien, au moment où avait été adopté par la coalition des partis de gauche un Programme commun de gouvernement optant pour l’abandon de la « dissuasion » [5] nucléaire et où le renouvellement de l’Assemblée nationale pouvait ne pas se faire à l’avantage du nouveau président de la République [6]. Il s’est agi alors d’une opération de communication et de persuasion de l’opinion publique tandis qu’un mouvement lycéen manifestait l’impopularité, alors, du service national que le ministre voulait pourtant, sans le leur rendre obligatoire, ouvrir aussi aux filles.

Les premiers successeurs : Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, chacun soupçonné par les épigones du général de Gaulle,  de défaire les institutions qu’il avait établies et de revenir à l’obédience atlantique, ne tinrent pas à trop formaliser leur fidélité inattendue aux deux principaux choix opérés de 1958 à 1969. Quoique Michel Debré ait explicitement jugé « utile de prévoir désormais, à des intervalles de trois à cinq ans, une refonte complète de cet important travail », il n’y eut donc plus de livre blanc pendant vingt ans… jusqu’à ce qu’une considération personnelle en fasse reprendre l’idée à la veille d’une nouvelle succession, celle de François Mitterrand, en 1995. Aujourd’hui, la tradition semble établie : Michel Debré l’avait voulu aussi, lier une programmation budgétaire à un état du monde appelant notre réponse en concept et en pratique [7]. Programmation sur quinze ans, mise à jour de nos analyses et prévisions.

La réflexion, le débat et les décisions principalement financières depuis quarante ans ont surtout varié dans les mises à contribution. En 1972-1973, la rédaction est le fait du ministre et de proches collaborateurs : elle est une mise au net à l’adresse du président régnant et à celle d’état-majors des diverses armes ne travaillant pas assez en symbiose, autant qu’une exhortation à une participation populaire, fondant la crédibilité de notre dissuasion nucléaire. En 1994, une commission est à l’œuvre, présidée par Marceau Long, vice-président du Conseil d’Etat et que composent vingt officiers généraux et hauts fonctionnaires représentant les administrations concernées ; six personnalités s’y adjoignent [8]. En 2007-2008, la commission est présidée aussi par un conseiller d’Etat, Jean-Claude Mallet, et des parlementaires y sont introduits. L’exercice 2012-2013, présidé cette fois un conseiller-maître à la Cour des Comptes, Jean-Marie Guéhenno, fait état d’une centaine de participants dont des parlementaires, des préfets outre-mer compris, et de sept groupes de travail. Innovation : des autorités étrangères (Chine, Allemagne, Grande-Bretagne, Pologne, Espagne, Suisse notamment) ont été auditionnées et les grands chefs dans le cadre de réserve aussi. Thierry de Montbrial, Bruno Racine sont les seuls à avoir participé aux trois exercices. Mais aucune des rédactions n’évoque des débats qui lui aient été extérieurs et dont elle tiendrait compte : la question générale d’un diagnostic sur notre degré de préparation [9], la protection de notre patrimoine scientifique et industriel dans la forme de guerre contemporaine qu’est la compétition commerciale et dont sans doute les délocalisations montrent que nous l’avons perdue [10], enfin l’interrogation sur avenir-même des armes nucléaires françaises sans qu’il s’agisse là de revenir sur le choix de cette dissuasion [11].
La manière d’élaborer et de justifier financièrement les concepts ou leur évolution, est dans tous les cas une analyse des menaces. En 1972, « aucune menace très grave ne se dessine aujourd’hui et le fait nucléaire y est certes pour une grande part » [12]. En 1994, « la guerre froide est terminée mais l’ère nucléaire continue » ; l’affaire du DC 8 d’Alger, a fortiori les attentats dans le métro parisien sont postérieurs, le terrorisme n’est pas encore dans la pensée militaire, au moins en version publique ou il n’y figure qu’au titre d’Etats le pratiquant, comme la Libye ou la Syrie. « La prolifération des armes de destruction massive nucléaires, biologiques, chimiques, associées ou non à des vecteurs balistiques » est le problème nouveau. Six scenarii sont envisagés : « conflit régional ne mettant pas en cause nos intérêts vitaux…conflit régional pouvant mettre en cause nos intérêts vitaux… atteinte à l’intégrité du territoire national hors métropole…  mise en œuvre d’accords de défense bilatéraux… opérations en faveur de la paix et du droit international » [13]. Le catalogue est à peu près complet, il n’y manque que la cybernétique ; la leçon des Malouines est retenue ; la « françafrique » n’a pas encore ses déviances et son discrédit de maintenant. En 2008, « les hypothèses d’engagement » ne changent pas mais « il n’est plus guère possible de concevoir une opération militaire qui ne serait pas accompagnée d’une action civile » [14] et « renforcer la résilience de la nation (en) amélioranr le dispositif de communication, d’information et d’alerte de la population » est un énoncé nouveau. La mûe n’est que conceptuelle : « le multilatéralisme demeure un principe fondateur » [15]. Nicolas Sarkozy justifie ainsi notre retour dans l’organisation intégrée, et Hubert Védrine dans son rapport d’évaluation de notre participation à l’O.T.A.N. valide cette analyse des relations internationales. L’exercice 2013 est explicitement en continuité de celui de 2008 et prend pour cadre la loi de programmation du 29 Juillet 2009 ; il ne revendique aucune originalité et nonobstant l’instrument nucléaire [16], qui nous est propre en Europe continentale mais dont il est implicitement plaidé que ce n’est une gêne pour personne, il se justifie par «  une démarche analogue à celle de la plupart de ses grands partenaires et de l’Union européenne. » [17]. L’engagement de la France dans l’O.T.A.N. et dans l’Union européenne est donc confirmé. La commande passée à Hubert Védrine qui, ministre des Affaires étrangères, avait enrayé le processus voulu par Jacques Chirac, semble n’avoir eu pour but que d’exonérer la commission Guéhenno de toute interrogation sur le cadre multilatéral de notre défense. La lutte contre le terrorisme, contre les cybermenaces et la protection du patrimoine scientifique et technique sont énoncés plus nettement qu’en 2008.

Banalisant chaque fois davantage, ce qui avait été le débat le plus constitutif de notre volonté d’indépendance et de souveraineté par suite de notre résurrection de 1940 à 1944, les livres blancs ne sont donc pas l’expression d’un renversement de tendance ou la publication de décisions révolutionnant l’organisation de notre défense. Celles-ci sont réfléchies ou exposées ailleurs et autrement, souvent à huis clos. La pensée du chef des armées est une mise à jour, elle n’est plus personnelle comme elle le fut à l’origine de notre République.

Par une réflexion et une œuvre publiées avant-guerre [18], par ses démarches auprès des principaux personnages politiques de son époque, le général de Gaulle avait présenté le livre blanc putatif de la défense française. Dans la même forme indirecte, dès son « retour aux affaires » et avant même que soit acquise la fin de nos guerres coloniales, il fait de la force de frappe et notre retrait de l’organisation intégrée de l’Alliance atlantique le cadre nouveau de notre stratégie de défense. Pas de livre blanc, mais le Général s’explique – familièrement mais publiquement devant la hiérarchie militaire [19]  et en des termes très personnels [20] et tête-à-tête, en s’entretenant avec le président des Etats-Unis, alors Dwight Eisenhower, en compagnon d’armes des années 1940. Mais devant l’Assemblée nationale, le débat [21] que soutiennent Michel Debré, Pierre Messmer et Pierre Guillaumat est le plus vif et le plus complet que la France ait jamais eu à propos de sa défense, pour l’époque contemporaine : avant le livre en forme de 1972. Il en sera de même pour les relations atlantiques [22]. Chef d’état-major des armées, le général Ailleret, aviateur, résume sobrement notre doctrine : non plus une défense dirigée, mais une défense tous azimuts [23]. Les négociations franco-américains et franco-allemandes ont abouti, notre premier sous-marin nucléaire stratégique a été lancé, à Cherbourg, le 10 Mars 1967, entre les deux tours du difficile renouvellement de l’Assemblée nationale.

C’est paradoxalement celui des présidents successifs de notre République, qui pouvait le plus légitimement se référer au général de Gaulle dont il avait été un des très jeunes ministres, et qui avait une expérience unique d’avoir travaillé avec ses trois successeurs, si différents les uns des autres : Jacques Chirac, qui va innover. Sans mettre en cause les récapitulations de nos acquis par Edouard Balladur, son rival malheureux, ni les faire siennes cependant, il opère deux ruptures : il réexamine nos relations atlantiques, au moins pour leur forme, et il met en cause le service militaire… [24] . Deux fondements.

Jusqu’à ce que le nouveau président de la République lance à ce sujet, le 22 Février 1996, un « débat national », il était entendu que le « service national » est « un cadre nécessaire (et que) l’armée de métier ne permettrait pas de répondre à l’ensemble des missions, sauf à imaginer des dépenses budgétaires et un flux d’engagements qui paraissent déraisonnables, voire hors de portée » [25] : l’allocution radiotéléviséee suit la réunion d’un conseil de défense à l’Elysée  et l’annonce par le gouvernement d’Alain Juppé, d’un plan de restructuration des industries d’armement. A elle seule, elle équivaut à tout un livre blanc [26]. Le gouvernement de Lionel Jospin choisit l’attentisme, puisque le service national n’est que suspendu par la loi du 28 Octobre 1997 [27] mais dans les faits, il n’a plus eu cours depuis 2001. Or, les considérations [28] d’Edouard Balladur et de François Léotard demeurent actuelles et les évidentes tensions sur le marché de l’emploi et dans l’ensemble de société qui perd chaque année davantage ses éléments d’amalgame, motivent fortement la mise en place d’un moment obligatoire et universel rassemblant successivement chacune de nos générations à son sortir de l’adolescence pour la faire devenir capable de contribuer à la défense opérationnelle du territoire et pour lui faire accomplir œuvre utile à l’intérieur ou à l’extérieur de nos frontières européennes.

Le même gouvernement de Lionel Jospin est conservateur, aussi, à propos de nos relations atlantiques. Examinant du 28 au 30 Janvier 1997 le projet de loi sur le nouveau service national, l’Assemblée nationale ddoit d’emblée se saisir d’un « nouveau concept stratégique franco-allemand » signé secrètement le 9 Décembre 1996. Le débat, à la demande de l’opposition de gauche, est accepté contre le vœu du gouvernement par Philippe Séguin qui préside, et il tourne à la dénonciation d’une prééminence de l’O.T.A.N. sur la stratégie française. Laurent Fabius, qui votera non le 29 Mai 2005 parce que le projet de Constitution européenne consacre la référence atlantique en matière de défense du Vieux monde, stigmatise alors « une certaine dérive vers la soumission aux Etats-Unis ». Le 27 Juin 1997, tandis que se met en place le gouvernement de la gauche, le processus de réintégration de la France dans l’O.T.A.N. au sommet de laquelle (8-9 Juillet) le nouveau Premier ministre ne participe, est arrêté : « sans préjuger de l’appréciation présidentielle, il semble que les conditions posées à la poursuite du processus ne soient pas remplies ». Pendant la première cohabitation, François Mitterrand, déjà, s’était vivement heurté à Jacques Chirac à ce propos. A peine devenu à son tour le président de la République, ce dernier avait décidé, à l’occasion de la crise bosniaque, de faire siéger la France au conseil des ministres de la défense et au comité militaire de l’organisation : c’est ce qu’avait annoncé, sans commentaire d’opposition, Hervé de Charrette, le 5 Décembre 1995, lors de la conférence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance atlantique. L’exposé des motifs fut alors celui qu’a repris Hubert Védrine dans son rapport [29] d’évaluation des avantages et inconvénients à revenir ou pas sur la décision de réintégration de l’O.T.A.N. prise par Nicolas Sarkozy : nos partenaires restent attachés à l’Alliance avant tout, nous nous les concilions pour établir un « pilier européen de défense » (formule de John Kennedy) en revenant dans l’organisation intégrée, enfin sur certains théâtres d’opérations nous voulons être présents ou y sommes déjà. Un peu vite, il était en sus constaté que nos partenaires européens ne souffrent en rien d’échager protection contre obéissance puisqu’ils n’ont aucune ambition de politique étrangère, en dehors de leur région propre…  

Ces deux thèmes : la ressource humaine et le cadre d’emploi fe nos forces quelles qu’en soit la nature, ont en revanche été discutés en 2007-2007 et en 2012-2013. Les derniers livres blancs n’en donnent cependant qu’une analyse partielle. Or, d’eux dépendent en grande partie les chances et les conditions de notre avenir, si nous demeurons convaincus de la nécessité européenne pour la France. Le service national universel est un des éléments de cette démocratie concrète et sociale dont manquent notre pays en ce moment et le fonctionnement de l’Union. La référence atlantique de toute organisation de la défense du Vieux monde est le principal empêchement – mental – à l’indépendance et à la crédibilité européennes, et de chacun des Etats membres de l’Union : plus profondément, c’est un acquiescement collectif à une position de spectateur dans l’évolution des relations internationales au début du XXIème siècle. La France, à partir de 1958, avait fourni le contre-exemple [30].

Un troisième thème – constamment évoqué comme la principale mûe dans la gestion des crises contemporaine et pour l’emploi de nos capacités – celui de nos projections extérieures et de nos participations à des opérations en territoires étrangers pour des causes qui ne sont qu’indirectement les nôtres et celles de l’Union européenne, n’est toujours pas traité en tant quel. Alors même qu’il tend à caractériser les vocations et les budgets militaires. Les négociations, toujours aléatoires même quand elles sont réussies comme, aujourd’hui, à propos du Mali, montrent qu’il faut un cadre juridique ad hoc mais universel et que soient décidées la permanence de l’outil sécuritaire multinational, et sans doute son intégration dans l’organigramme des Nations Unies. La France, à peine libérée – physiquement de l’Occupation allemande, et mentalement de sa défaite du dramatique printemps de 1940 – avait eu cette intuition et formulé sa proposition. A priori dirigée contre des récidives allemandes.

Dès le printemps de 1944, le Comité français de la libération nationale, à Alger, avait postulé qu’ « un véritable état de paix requietrt l’tablissement d’une justice et d’une autorité internationale supérieures aux Etats nationaux et largement indépendante de ces Etats » ainsi qu’une force internationale permanente [31]. L’organisation à créer (ce sera celle des Nations Unies) doit pouvoir « prendre d’urgence des mesures de caractère militaire » et seuls des « contingents de toutes ares «  peuvent mener à bien des opérations de « police internationale : occupation d’une zone ou d’un territoire disputé, protection de missions internationales, dispersion de troupes irrégulières, blocus, etc… ». La France préconise le stationnement de certains éléments de la force interntuionale dans des « zones de sécurité », déterminées par le Conseil de sécurité et organisées, sous son contrôle, au moyen d’ « arrangements régionaux », donc hors de leur territoire national d’origine.

Il manque aux livres blancs sur la défense et la sécurité nationales autant qu’à l’organisation-même de celles-ci, le souffle d’une participation populaire qui ne peut être seulement le frisson des drapeaux pour la commémoration des grands armistices, ou les larmes à l’alignement des cercueils drapés de tricolore pour l’ultime retour. La France et son armée [32] ne sont pas une conséquence l’une de l’autre, elles sont l’âme et le moyen d’un peuple, sans doute la projection la plus patente de notre être national. Michel Debré le disait mieux : « la défense est l’affaire de tous, et l’armée l’expression de nation ». Aujourd’hui, il semble que la défense ne soit plus une identification de la nation mais un outil de présence au monde [33]. Est-ce seulement question de mots ? et surtout notre stratégie et nos moyens doivent-ils être adaptés aux circonstances ou (au contraire…) à notre capacité budgétaire ?  En ce sens, le débat entre l’armée de métier et l’armée de conscription universelle, entre une défense par les experts et une défense populaire serait tranché par le primat financier. La continuité française demeure pourtant : le pays se doit de « posséder les capacités militaires cohérentes avec sa politique » [34]. C'est-à-dire que l’objet de notre politique de défense est bien plus qu’un souci de sécurité.

Reste ce que traitèrent par excellence l’homme du 18-Juin et ceux qui le rejoignirent parce que son « appel », en fait, leur répondait : « ce qui sera fait, ou ne sera pas fait, c’est ce qui sortira, ou ne sortira pas, non point de l’ordre dictatique, mais des cerveaux et des caractères » [35].

Bertrand Fessard de Foucault, mercredi 15 . jeudi 16 Mai 2013




[1] - SurcoufLe Figaro du 18 Juin 2008 : malgré « l'approbation de tous ceux qui ont fait le choix de la carrière des armes et qui ont souffert, ces dernières années, de l'immobilisme des institutions de défense. Et, dirions-nous, plus que l'approbation, le désir, avec volonté et discipline, de faire passer ce souhait dans la réalité. La vérité oblige à dire, cependant, qu'au-delà des déclarations, la volonté présidentielle a été largement dénaturée par ceux, politiques, militaires ou personnalités qualifiées, qui avaient la charge de la mettre en œuvre. Voici pourquoi. »

[2] - intentions précisées le 11 Mars 2012 à Paris

[3] - à telle enseigne qu’aboutit alors une motion de censure pour la première et seule fois sous la Cinquème République – plus tard il est vrai et à un tout autre propos, le 5 Octobre 1962… mais les votes de confiance suivant la procédure, devenue ensuite fameuse de l’article 49-3 de la Constitution, furent serrés : censure votée en première lecture par 207 députés, bien davantage que les 5 Mai (122) et 28 Novembre 1959 (109)… 214 en seconde lecture, 215 en troisième lecture puisque le Sénat est en majorité hostile

[4] - de Gaulle avait choisi la qualification la plus pratique pour le ministre des Armées, marquant ainsi une responsabilité particulière pour la maintenance d’un outil mais la participation de l’ensemble des pouvoirs publics, voire du peuple, pour la concption et la vie de notre défense nationale – de Gaulle parti, Michel Debré et Georges Pompidou aprrès lui s’entendirent ad personam sur une mise en valeur exceptionnelle du rôle du premier sous le second : ministre d’Etat, chargé de la Défense nationale ; pour les suivants, la sobriété sans grade ni adjectif ; le retour à l’appellation du fondateur de nos outils et concepts modernes marquerait aussi une meilleure compréhension de ce que doit être ce portefeuille pour son titulaire et pour ses collègues

[5] - le livre blanc de 1972 institue le terme « dissuasion », employé par de Gaulle dans les conversations diplomatiques, de préférence à celui de « force de frappe » pour les commentaires

[6] - le 8 Février 1973, dans un entretien radiotélévisé peu avant le renouvellement de l’Assemblée nationale, Georges Pompidou président de la République n’est pas emphatique : « la France a les moyens de sa politique générale actuelle, et la preuve en est qu’elle la mène depuis quinze ans et qu’elle a pu préserver son indépendance sans menacer nos alliances, tout en e tetenant des relations de plus en plus amicales avec tous les pays, y compris les pays de l’Est et naturellement l’Union soviétique. Quant à l’aspect financier, notreb budget militaire est inférieur à notre budget d’éducation nationale, ce qui est sans précédent chez nous et, je crois, sans exemple dans les grands pays. La force de dissuasion nucléaire ne représente qu’environ 20% de nos dépenses militares et elle est beaucoup moins coûteuse que ne le seraut une importante armée conventionnelle. Et puis, au total, nous ne prétendons pas, même avec cet effort, repousser toute agression quelle qu’elle soit. Nous nous bornons à essayer de dissuader l’agresseur. Autrement dit, nous cherchons à préserver la paix et non pas à gagner la guerre. »

[7] - Michel Debré, dans ses mémoires, tome V : Combattre toujours . 1969-1993 (Albin Michel . Novembre 1994 . 331 pages) pp.64 et ss. l’expose en détail – le général Maurin, chef d’état-major des Armées de 1971 à 1973 en témoigne (colloque tenu le 5 Avril 2001 sur « Michel Debré et l’Europe »  pp. 142 et ss. des actes édités par l’Association des amis de Michel Debré

[8] - Thierry de Montbrial, fondateur sous Michel Jobert du Centre d’analyse et de prévison au Quai d’Orsay – Ramond Lévy, ancien PDG de Renault – Jean Prada de la Cur des Comptes – Gabriel Robin, ancien conseiller diplomatique de Valéry Giscard d’Estaing – Mary-Jean Voinot, inspecteur général des armées – le recteur Michel Alliot, un des collaborateurs d’Edgard Faure pour la loi d’orientation uinversitaire après Mai-68

[9] - le général André Dubroca, La France sans défense ? Demain un nouveau Mai 40 ? (Plon . Juillet 1986 . 206 pages) pose notamment deux questions vitales, quoique très différentes : protéger les civils du choc nucélaire ? investir l’espace ?

[10] - Intelligence économique et gouvernance compétitive, sous la direction de Serge Perrine (Documentation française . Juin 2006 .  399 pages)

[11] - Lucien Poirier & François Géré . La réserve et l’attente (Economica . Aril 2001 . 329 pages)

[12] - livre blanc 1972, p. 10

[13] - livre blanc 1994, pp. 79 & 89 à 95

[14] - livre blanc 2008, pp. 128 & 131 & 187

[15] - ibid. p. 113

[16] - livre blanc 2013, pp. 75 & 135

[17] - ibid. p. 11

[18] - Vers l’armée de métier (Berger-Levrault 1934 & Plon 1971 251 pages) – La France et son armée (Plon 1938 & 1971 212 pages)

[19] - 3 Novembre 1959, discours à l’Ecole militaire (Discours & Messages, tome III, po. 125-129) : « Il faut évidemment que nous sachions nous pourvoir, au cours des prochaines années, d’une force capable d’agir oour notre compte, de ce qu’on est convenu d’appeler ‘’une force de frappe’ susceptible de se déployer à tout moment et n’importe où. Il va de soi qu’à la base de cette force sera un armement atomique – que nous le fabriquions ou que nous l’achetions – mais qui doit nous appartenir. Et, puisqu’on peut détruire la France, éventuellement à partir de n’importe quel point du monde, il faut que notre force soit faite pour agir où que ce soit sur la terre. Vous vous rendez compte comme moi de l’envergure de cete obligation, de tout ce à quoi elle va nous conduire. Au point de vue national, il faut avoir le courage de la regarder en face ; toute la nation doit y être associée. Il faut avoir le courage de la vouloir et celui de la remplir. Dans le domaine de la défense, ce sera notre grande œuvre pendant les années qui viennent. »

[20] - « … nous voulons tenir dans nos mains notre destin, lequel dépendrait surtout du fait que nous serions, ou non, victimes des engins nucéaires. Il nous faut donc avoir de quoi dissuader tout agresseur éventuel de nous frapper chez nous, ce qui exige que nous soyons en mesure de le frapper chez lui et qu’il sache que nous le ferions sans attendre aucune permission du dehors. Dans une leutte contre l’Ouest et l’Est, vus, Américains, avez assurément les :oyens d’anéantir l’adversaire sur son territoore. Mais il a ceux de vous mettre en pièves sur le vôtre. Comment nbous, Français, serions-nous spurs, qu’à moins que vous soyez bombardés directeent sur le sol des Etats-Unis, vous vous mettriez dans ce cas que la mort cous tombe sur la tête, même si, en expirant, vous pourriez croire que le peuple russe dusparaît en même temps que voys ? … pour la Russie et pour l’Aérique, la disuasion existe, ais elle n’existe pas pour les alliés respects de celle-ci et de celle-là.. Si l’Europe, roulant au malheur, devait être un jour tout entière conquise par vos riavux, il est vrai que les Etats-Unis seraient bientôt mal en point… Mais, entre le début et la fin du compte, qu’adviendrait-il de mon pays ? … Afin que notre dissausion puise être efficace, il nous suffit d’avoir de quoi tuer l’adversaire une fois, même s’il possède es moyens de nous tuer dix fois »  - Mémoires d’espoir p. 226

[21] - présentation le 13 Octobre 1960 par le Premier ministre, à la suite des débats en commission depuis le 6 et discussion générale en première lecture, du 18 au 25 Octobre, puis en seconde lecture du 17 au 22 Novembre, chacune assortie d’une motion de censure

[22] -  débat de censure les 19 et 20 Avril 1966, seulement 137  votes hostiles

[23] - revue Défense nationale – Décembre 1967

[24] - établi par le Conseil des Cinq-Cents, le 5 Septembre 1798, à l’initative du député Jean-Baptiste Jourdan, il devient gravement inégalitaire, à partir de 1802 par la possibilité offerte aux plus frtunés de s’achater un remplçant… La loi Cissey du 27 Juillet 1872 y met fin. Le service universel est rétabli pour les hommes mais sa durée varie suivant le numéro que l’on tire au sort. Il est mis fin à cette autre ingéalité par la loi André ou Berteaux du 21 Mars 1905, ayant donc valu jusqu’en 2001

[25] -  « l’armée de métier pose une réelle difficulté de recrutement … L’hypothèse d’un format nettement inférieur pour l’armée de terre, de 160 à 180.000 hommes, serait probablement compatible avec les possibilités de recrutement. Mais ce format, s’il permettrait en concentrant les effectifs en question sur les forces opérationnelles, de répondre aux missions envisagées, supposerait de confier l’ensemble des autres missions à du personnel civil … Il nécessite donc un fort accroissement des dépenses de personnel au détriment des dépenses d’équipement et d’investissement livre blanc sur la Défense 1994, p. 127

[26] - réduction en six ans d’une armée de métier de 500.000 hommes à 350.000 ; démantèlement du plateau d’Albion ; maintien de l’Eurocorps franco-allemand ;  suppression du service national d’ici 2001 remplacé soit par un service civil obligatoire qui risque d’être contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, prohibant le travail obligatoire, soit par un service volontaire militaire ou civil

[27] - même si, en parallèle à cette suspension, le service civique volontaire a été créé pour « apporter un concours personnel et temporaire à la communauté nationale dans le cadre d'une mission d'intérêt général et à développer la solidarité et le sentiment d'appartenance à la Nation »

[28] - « La conscription, par le potentiel qu’elle recèle, est et sera en mesure de fournir les ressources humaines qui rendront possible le format des armées permettant de faire face avec l’ensemble de ces moyens, aux risques du futur. Le service natuional demure le meilleur gage de l’attachement de la nation et des citoyens à leur défense. Il renfirce ainsi la crédibilité de la dissuasion exercée par les forces nucléaires qui dépend, aussi, de la détermination que les Français montrent à préserver leur existence. Il conforte la légitimité des actions extérieures que la France engage, au nom du respect de l’Etat de droit, des droits de l’homme et de la démocratie. La conscription rest, également un moyen qui permet de fournir des réserves, rches notamment d’un nombre de spécialstes suffisant… La participation d’unités militaires, composées d’appelés, à la défense civile, et notamment aux missions de service public, telles que la protection des populations et des biens, renforce ce sentiment d’osmose. Enfin, chacun a pleinement conscience du rôle que le service militaire a joué dans la création de l’identité nationale et dans la défense de l’Etat républicain. Face aux difficultés inhérentes, à la fois la polaarisation urbaine de l’espace français et aux atteintes à la cohésion sociale et si une telle situation ne saurait justifier, à elle seule, le maintien du service national, celui-ci contribue déjà à la lutte contre les exclusions. Il doit demeurer un creuset d’intégration, une école de civisme, un modèle d’appartenance des Français à la France. » - livre blanc sur la Défense 1994, pp. 126-127

[29] - remis au nouveau président de la République, le 24 Novembre 2012, il a donné lieu à une polémique avec Régis Debray dans le Monde diplomatique en Mars et en Avril 2013 . n°  708 et 709

[30] -  «  L’OTAN est encore utile mais l’intégration enlève aussi bien aux peuples qu’aux gouvernements ou qu’aux commandements le sentiment delurs responsabilités vis-à-vis de leur défense ; on s’en remet à un instrument extérieur ; les pays membres deviennent des spectateurs » - compte-rendu de l’entretien du général de Gaulle avec le président Eisenhower, le 2 Septembre 1959, dès l’arrivée de celui-ci à midi à l’Elysée (Documents diplomatiques français 1959, tome II, p. 278)

[31] - la littéralité et la gestation de ces propositions est à établir – elles ressortent de l’analyse française des prpositions de Dumbarton Oaks pour l’établissement d’une organisation internatuionale générale » (Documents diplomatiques français, 1945, tome I, pp. 127 et 132  - significativement, le rapport a été préparé par Pierre Cot
[33] - exhorde de la version 2013 par le président François Hollande : « [Le Livre blanc] tient compte de l’évolution de nos moyens de défense et de sécurité dans la contrainte budgétaire que nous connaissons. Une priorité claire est affichée au bénéfice de capacités autonomes et réactives de projection reposant sur des forces bien entraînées, bien équipées et bien renseignées. Elles devront être en mesure d’avoir un impact décisif dans les régions où les menaces sont les plus grandes sur nos intérêts et ceux de nos partenaires et alliés. Elles exigent que la France soit prête à assumer ses responsabilités, comme elle l’a fait au Mali »

[34] - livre blanc 1972, p. 11

[35] - discours l’Ecole militaire, ibid. p. 129 – ce qui reprend Le fil de l’épée (Berger-Levrault 1932 & Plon  1971 202 pages)

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