Législatives de Mars 1967 – extraits de mon journal intime
+ Vendredi 3 Mars 1967
21 heures 15
L’ennemi absolu de l’amour est vraiment l’égoisme, le moi qui ressurgit sans cesse, qui s’inquiète de lui-même, qui réclame tout pour lui, qui veut réduire l’autre à la servitude, qui le nie, dans son existence, dans sa façon d’être. Je l’expérimente sans cesse, et cela me frappe. Et il me faut, et me faudra tout l’amour de Nicole pour sortir un peu de moi-même, pour l’aimer vraiment, et pour l’aimer en Dieu, notre sauveur et rédempteur.
Conscience plus accrue de notre condition de pécheur, de crature faible et dépendante, pendant que nous vivons ces fiançailles. Même au paroxysme de la volonté d’aimer et de se donner totalement à l’autre, l’on mesure combien cela est imparfait dans l’instant et dans la durée, combien le moi, le péché restent et combien Dieu seul, Dieu fait homme, Dieu d’amour et de misércorde, peut racheter tout cela, et exaucer notre désir d’amour et de bonheur.
Perçu aussi que je ne connaissais rien de l’amour, et que pour la première fois, je le vivais. Que ce qui m’attache à Nicole, me fait mettre mes relations avec elle, son bonheur à elle, la confiance qu’elle me fait, au-dessus de tout, ne peut être analysé, saisi, expliqué. C’est absolument irréductible, irrésistible et pourtant totalement libre. De tout moi-même, je suis poussé à m’unir toute ma vie à Nicole.
Rythme de flux et de reflux dans notre amour (ce que symbolise aussi l’acte physique). Sorte d’alternance aussi dans la conscience que chacun a de son amour de l’autre. Tantôt l’un, tantôt l’autre se fait plus attachant, plus tendre, plus amoureux. C’est vraiment frappant. Mais dans la profondeur, dans tout ce qui est réellement et qui nous enveloppe tellement qu’on ne peut le saisir et l’individualiser, monte et grandit quelque chose d’irréversible, et qui semble avoir toujours existé.
Nicole, profondément féminine, s’exprimant de façon particulière qu’il me faut apprendre à déchiffrer, et pourtant si simple et franche. Et qui m’aime, j’en suis sûr maintenant, et que j’aime, j’en suis sûr chaque jour davantage, et de façon chaque fois différente, mais chaque fois Nicole.
*
* *
Fin de la campagne électorale. Demain, discours du Chef de l’Etat. Dimanche, 1er tour (et aussi . déjeuner de fiançailles . et remise de la bague à Nicole).
Campagne assez peu animée finalement et qui n’avait pas le coefficient d’inconnu de l’élection présidentielle, dans les derniers quinze jours .
A la télévision, révélation de Mitterrand comme orateur. Mais toujours pas de programme, pas d’accords réels avec le P C. Toujours des oppositions, et pas une opposition. Le contrat de majorité ne sera débattu qu’après les élections, etc… Mais la critique porte. Vous pouviez le faire, vous ne l’avez pas fait. Trop tard, M. Pompidou, trop tard. Cependant rien de constructif, rien, absolument rien.
Lecanuet se dit prêt à appuyer la majorité dont il postule qu’elle sera réduite. Mais il est clair que les gaullistes le refusent. On peut cependant se demander si l’homme lui-même propre et intègre – ne serait pas le meilleur président en 1972, à condition qu’il se soit réconcilié avec de Gaulle auparavant, et qu’il en soit le dauphin. Peut-on espérer cela ? La grâce et la jeunesse de Lecanuet, le leadership et la vigueur de pensée de de Gaulle.
Le choix est assez simple :
– continuer ce qui se fait depuis neuf ans : la majorité le garantit même si ce n’est pas le Pérou, mais il faut reconnaître que la France en elle-même impose des limites à toute politique
– ne pas le continuer : mais l’opposition ne dit pas que faire à la place, et quand elle tente de le dire, elle ne serait pas capable de l’exécuter . car elle est divisée, en plusieurs.
Il me semble de plus en plus nettement, qu’en dehors de tout manichéisme, de toute panacée, il n’y a guère qu’une politique à faire ou peu s’en faut. Mais il faut avoir les moyens de le faire, il faut le traduire aux yeux de l’opinion, il faut le contrôler. Pour cela, incontestablement, un chef. Stabilité, leadership, personnalisation, sont nécessaires absolument.
De Gaulle assure la condition de forme : le leadership,
et partiellement les conditions de fond : une politique, la politique a été définie, mais est-elle suffisamment expliquée, suivie, contrôlée.
Là aurait pu porter la critique. Au fond . c’est le fond du procès au Général de Gaulle : Mon Général, vous pouvez faire encore davantage, encore davantage. Ce fut frappant pour l’affaire algérienne. Ce l’est pour l’Europe. .
+
Mais quel changement en France, que d’avoir .
– créé cette situation de force : le leadership, le rôle du chef de l’Etat qui en est un
– défini cette politique, latente dans les esprits mais qu’il faut appliquer.
+ Dimanche 5 Mars 1967
19 heures 40
A Télé-Soir, on donne la participation électorale, à 17 heures : 76,75 %, un record .
On présente le vote de .
de Gaulle
Pompidou
Guy Mollet
Waldeck Rochet
Couve de Murville
Giscard d’Estaing
Chaban-Delmas
Lecanuet
Yvon Bourges
Pierre Mendès-France
François Mitterrand
20 heures
Participation . alentour de 79 %
Pompidou . 63 % élu
Peyrefitte . 60 % élu
Mitterrand . 1104 . sur 1700 exprimés
P M F en 2° position
Edgar faure élu .
Maziol . en tête . mais ballottage
Marc Jacquet 700 sur 1300
Jacquinot . Giscard d’Estaing : élus
Vanier en tête à Grenoble c/ P M F
Yvon Bourges : élu . mais résultat partiel
Louis Joxe : en tête de ballottage
20 heures 10
sur 326 . 000
V° 38,61 % des suffrages exprimés
Féd. 20,01 %
PC 18,32 %
CD 13,25 %
PSU 2,36 %
Mesmer . en tête de ballottage
André Bettencourt . en tête de ballottage
Chaban-Delmas . ‘’
Maurice Schumann ‘’
Michel debré . élu à la Réunion .
Guy Mollet . en tête de ballottage
20 heures 20
Min. Int. confirme élection du P Ministre .
20 heures 30
sur 365.730 suffrages exprimés
V° Rép. 39 %
Féd. 22 %
PCF 20,21 %
CD 11 %
PSU 2,31 %
20 heures 40
sur près de 1 million
Féd. 19,57 %
PC 17,21 %
PSU 1,75 %
V° Rép. 42,29 %
CD 13,83 %
1962 1967
V° Rép. 37,81 % 42,29 %
élus Pompidou
Michel debré
Edgar Faure
Triboulet
Giscard d’Estaing
Peyrefitte
Bourges
déclaration de Frey à 20 heures 25 .
– pas de lame de fond contre la V ° Rép.
– maintien des positions
Vanier 43 % . P M F 33 %
Royer . Tours . réélu
+
Observations .
– Féd. + PC auraient autant de voix que la V ° rép.
s’ils s’unissaient .
(mais la V ° République en aurait peut-être plus alors : par peur des P C ) .
– agaçant que ce label V° République alors que la V ° République est à tout le monde au moins à toute la France (il est vrai que certains partis modifieraient la Constitution s’ils venaient au pouvoir)
20 heures 50
sur 1,5 million 1962
V° Rép. 40,86 % c/ 37,81 %
Féd. 19,51 % c/ 20,23 %
P C 18,01 % c/ 21,84 %
C D 5,05 % c/ 16,74 %
Mitterrand réélu
(curieux que l’on fasse la comparaison avec 1962 puisque le Centre démocrate et la Fédération n’existaient pas) .
en ballottage Joxe
Pisani
Fouchet
Vendroux
Defferre
M. Faure
Schmittlein
Chaban-Delmas
Guy Mollet
Marcel Dassault réélu
20 heures 45
sur 39 sortants, 27 V° Rép., 7 réélus, 4 en ballottage
sur 31 circonscriptions de Paris,
1,5 millions inscrits – 76% de votants ¹ 66% 1962 et municipales
¹ 82% présidentielles
Robert Poujade (candidat V° Rép.) en tête de ballottage, résultats partiels ¹ Chanoine Kir en 4ème position
André Bord élu 57%
21 heures
On rappelle la totalisation sur 1,5 millions
21 heures 05 sur 2 millions
V° Rép. 38,80%
Féd. 20,37%
PC 18,42%
CD 12,91%
divers 7,42%
PSU 2,06%
21 heures 20
Fouchet en ballottage
Jacquinot réélu
sur 2,8 millions
V° Rép. 37,52%
Féd. 20,67%
PC 20,46%
CD 14,08%
divers 5,54%
PSU 1,70%
21 heures 35
André Brulu en tête du ballottage
Jean de Broglie id°
sur 62 sièges
29 V° Rép.
1 PC
1 CD
1 Féd.
ballottage V° Rép. 14
Féd. 10
CD 3
21 heures 40
Benedetti
abstentions . record battu par leur faiblesse
participation record
stabilité de la V ° Rép. 37,52 %
égalité PC Féd.
progression du CD d’une totalisation à l’autre
sièges de Meck et Pflimlin . non présentés
remportés au 1° tour . par la V ° rép.
1962 . record . 96 élus dès le 1er tour .
tout porte à croire qu’on va l’atteindre
Terrenoire réélu
ballottages spectaculaires . PMF . Chaban-Delmas
sondage PMF 42 % . Vanier 30 %
ou 34 % . 42 %
21 heures 50
La majorité sera probablement reconduite.
Immense responsabilité de cette majorité.
Pouvoirs totaux à de Gaulle depuis 1962.
Olivier Guichard en tête du ballottage à Guérande
21 heures 55
sur 3,9 millions
V° Rép. 37,58%
Féd. 22,13%
PC 20,99%
CD 12, %
divers 5,08%
PSU 1,47%
sur 4,5 millions
V° Rép. 38,24%
Féd. 21,87%
PC 20,68%
CD 12,55%
divers 4,96%
PSU 1,58% à 22 heures
Benedetti . PC 4 ballottages
Féd. 1 élu et 15 id°
divers 2 id°
V° 38 élus 43 id°
CD 1 élu 7 id°
Paul-Marie de La Gorce
– majorité a le même % . qu’en 1962
– C D n’est pas très fort .
ce qui peut être fâcheux rayé aura de l’influence au 2ème tour, pour les désistements, car C D n’aurait pas les 10 % pour se maintenir
Pierre Limagne
Le gaullisme devra être très prudent pour exploiter sa victoire. C’est sa dernière victoire facile :
– intervention de de Gaulle
– électorat le plus jeune
Quid en 1972 ?
Observations : repolitisation de la France , la France suit la politique
élection : le pire n’était pas à craindre même s’il n’y avait pas eu de majorité
Bousquet en tête devant Alexandre-Debray
22 heures 25
sur 6 millions suffrages exprimés .
V° Rép. 37,85 %
Féd. 22,09 %
P C 20,16 %
C D 12,96 %
sur 106 circonscriptions
39 V° Rép. 27 ball. Sortants
2 C D 12
1 P C 3
3 Féd. 17
1 div. mod. 1 P S U
2 non-inscrits
Messmer en ballottage
Louis Joxe .
Couve de Murville mène devant Frédéric-Dupont
Edgar Faure . 66 % . élu
23 h 00
Quimper : 7 candidats . 52.000 votants
PC 11.000
PSU 5.000
Féd. 5.000
Michelet 15.000
etc…
sur 7.845.000 = 1/3 des suffrages exprimés
V° Rép. 38,09%
PC 21,85%
Féd. 21,63%
CD 13,68%
PSU 1,81%
divers 2,91%
Fauvet : assez remarquable stabilité, progrès V° Rép. et Féd.
surprise : aux dépens du C D = recul par rapport à 1962 et 1965
position ambiguë, pensait que C D aurait été plus en position d’arbitre
2ème tour : désistements à gauche, comment se comporteront les C D
C D se désistera plus pour la V ° Rép. que pour gauche
Lecanuet a le choix
– jouer un rôle au Parlement . ne pas se désister
– aller aux présidentielles . se désister
23 heures 15
Waldeck Rochet en ballottage
Jacquinot n’est pas élu : en ballottage
23 heures 40
Baumel . ballottage favorable
sur 8,5 millions
V° Rép. 38,74 %
Féd. 19,57 %
P C 19,11 %
C D 14,50 %
P S U 2,53 %
sur 260 circonscriptions
P C 4
Féd. 2
V° Rép. 57
C D 3 à 23 h 50
Jean Daniel . France Obs .
unité de la gauche . au 2ème tour
victoire du gaullisme . qui a absorbé le C D atterrant
André Frossard ne croit pas à l’unité de la gauche
minuit cinq
Sudreau en tête de ballottage à Blois ; les autres aussi en Loir-et-Cher
sur 9,4 millions
V° Rép. 38,43%
PC 19,62%
Féd. 19,38%
CD 14,49%
Waldeck Rochet : réélu en fait
Lundi 6 Mars 1967
13 heures . aux nouvelles
80% de votants . 78 candidats élus dès le 1er tour
V° Rép. 8,3 millions de voix + 1,5
PC 5 + 1
Féd. 4,2 + 0,5
PSU 427.000 voix + 79.000
CD – 205.000
ballottage général à Paris :
V° Rép. 43% ¹ 38% moyenne nationale
Premier Ministre et 10 ministres élus au 1er tour
+ Giscard d’Estaing . Schumann
+ Mitterrand
+ Waldeck Rochet . François Billoux, etc…
+ René Pleven
près de 600 éliminés . condition de 10% vg. Chanoine Kir
PC – 52 Féd. – 74 V° Rép. – 2 PSU – 80 CD – 151
dans 195 circonscriptions, PC en tête
170 id° Féd. en tête
8 id° PSU en tête
Mardi 7 Mars 1967
17 heures 50
Quelques réflexions sur les résultats du 1er tour.
80% de participation, intérêt et calme : deux données nouvelles, et rarement réunies en France
V° Rép. 38%
PC 22%
Fédération 20%
Centre démocrate 12%
PSU 2% environ
Majorité pas usée par le pouvoir. Va probablement se retrouver aussi forte et plus qu’après 1962. Gaullisme nettement sur la défensive depuis les présidentielles
– attitude de Giscard d’Estaing prenant ses distances (mais contraint de rentrer dans le rang, y compris sur le plan des affiches)
– attitude de Lecanuet, surtout dans son dernier discours : le pays ne comprend pas, etc… , la montée du Centre démocrate
Lecanuet et Giscard – comme je le pensais d’ailleurs, sans trop l’affirmer – broyés entre la gauche et le gaullisme
PMF que l’on présente comme le remplaçant de de Gaulle : le « poids lourd » de l’opposition, n’arrive qu’en 2ème position à Grenoble, et il lui faudra l’appui massif des communistes pour l’emporter, et son parti n’a que 2%. Il sera cependant un des « ténors » au Parlement. Pourtant, on ne comprend pas. Il semble toujours rêver d’un régime qui n’a pas sa place en France, et également bien vieilli. Contraste entre l’audience qu’on lui prêtait en France et à l’étranger (cf. New York Times) et l’audience qu’il a réellement.
Grand perdant est Lecanuet. Contraste entre ses discours, son optimisme, ses exigences et les résultats concrets. C’est pourtant le seul homme intéressant de l’opposition. Son manque de netteté l’a perdu. Cf. MRP depuis 1945 : ni pour, ni contre, être au centre, être disponible, etc…
Pompidou confirmé comme chef de la majorité.
De Gaulle : profonde transformation de la vie politique en France, et des structures de pensée et d’action, grâce à lui. Processus unique dans l’histoire de la France.
+
Nicole, merveilleuse. Je suis comblé.
+
22 heures 35
Demi-heure électorale à la TV , tout à l’heure. Pierre Abelin, au nom du Centre démocrate, prend le virage : hostilité au gaullisme, et se demande comment on a pu croire qu’il n’était pas contre. Ce faisant, quel sera le résultat ? il ne crache pas sur le gaullisme, et encore moins sur la gauche. Il ne peut que maintenir – au mieux – ses voix du 1er tour.
Mitterrand : un candidat unique de la gauche au 2ème tour. PC et Fédération font 43%. Normalement, ils devraient avoir la majorité des sièges. S’ils ne l’emportent pas, c’est qu’ils ne sont pas arrivés réellement à l’unité de candidature. C’est aussi que les modérés et centristes auront voté pour le gaullisme, par peur du Front populaire. C’est enfin que le découpage des circonscriptions ne leur sera pas favorable. Ce sera, cependant, essentiellement un défaut d’unité.
P M F n’a guère parlé qu’au nom de son miunuscule P.S.U., ne s’attendait qu’à une dizaine de députés, et absolument pas en homme de gouvernement. Pétition de principe pour la gauche.
La majorité semble avoir choisi de détailler ses arguments et son compte-rendu de gestion en faisant parler les ministres techniques : Jeanneney, Couve de Murville, Messmer.
Force est de reconnaître quand même que du « cartel des non », agitant une République poussiéreuse, et une soudaine passion démocratique – de 1962 – à la Fédération promettant – peut-être en en rajoutant un peu trop – une gauche loyale et généreuse, ayant vocation à gouverner, et étant d’ores et déjà majoritaire, il y a un immense progrès de fait. On va vers le bipartisme. Un scrutin uninominal à un tour, aurait donné selon Le Monde, 357 sièges à la majorité alors qu’elle n’en aura que 250 à 290 (ce qui reste une bonne majorité).
+
Nicole me manque terriblement ce soir. Coup de téléphone écourté par notre faute à tous deux. Surtout la mienne : PMF, que je voulais écoûter. Elle recevait Didier C. Lui faire totalement confiance. L’aimer vraiment, pour elle, et non pour moi.
Mon Dieu, merci. Je te confie notre amour et notre vie, et tout ce que tu voudras en faire.
Papa, Maman, Tipère [1], Claude, Nicole …
+ Dimanche 12 Mars 1967
20 heures 55 radio
Messmer battu, Robert Boulin élu
V° Rép. a les 8 sièges du Bas-Rhin et les 5 du Haut-Rhin
particicipation d’ensemble sur 181 circonscriptions : 75,8%
sur 107 circonscription sans résultat : V° Rép. en tête sur 63
21 heures 15 télévision
Pisani élu.
Je me demande – à écouter les énumérations circonscription par circonscription – si la Vème République va garder la majorité. On n’entend que des élus de l’opposition. Au vrai, s’il y a une candiature unique de la gauche, voire d’opposition (ce qui était le cas, chez nous), c’est 62% ¹ 38% et la Vème devrait être battue. C’est le test de l’unité de l’opposition. Si elle est réellement unie, elle emporte la majorité. Si la majorité l’emporte, l’opposition est réellement désunie.
21 heures 25
sur 297 sièges, PC 38
Féd. 67
div. gauche 3
CD 19
V° Rép. 162
div. mod.
21 heures 50
sur 336 pourvus des 486 au total à pourvoir
y compris
PC 42
Féd. 87
div. gauche 1
CD 22
V° Rép. 173
majorité serait de 169 – la Vème République garderait la majorité, mais beaucoup plus étroite que prévu
Jacques Fauvet
- majorité plus étroite que prévue, beaucoup plus étroite que prévue,
- unité de la gauche a porté ses fruits : il n’y a pas eu que les électeurs communistes de disciplinés, la Fédération aussi est disciplinée ; les voix du Centre démocrate ont souvent arbitré, et contribué à faire battre la Vème République
Charpy
erreur de l’analyse : on a cru que le succès du 1er tour déterminerait celui du 2ème tour et que comme aux présidentielles, les modérés au 2ème tour, feraient le succès de la Vème République. Ce n’est pas ce qui se produit.
Jacques Fauvet
le Centre démocrate en position d’arbitre dans l’électorat, si faible soit-il à l’Assemblée nationale, si la majorité perd la majorité de quelques voix
- incontestable poussée à gauche, surtout communiste
- modérés se portent sur le candidat de la gauche
Au fond, les fourchettes, après le 1er tour, étaient de 250 à 290 voix. Maintenant – plutôt à l’heure actuelle – la majorité est en question. Rien ne sera sûr avant les derniers résultats. Avec le système actuel, le gouvernement peut subsister sans la majorité = Jacques Fauvet.
Le Centre démocrate ne voterait pas tout le temps, de motion de censure.
22 heures
sur 3,8 millions de suffrages exprimés
PC 11,97%
Féd. 31,63%
V° Rép. 40,21%
CD 11,10%
Divers 5,09%
sur 366 sièges, en tenant compte du 1er tour
PC 43
ex. gauche 2
Féd. 99
div. gauche 5
V° Rép. 183
modérés 9
CD 25
sur 380 sièges
PC 44
extr. gauche 3
Féd. 102
divers. ga. 5
Vème Rép. 191
div. mod. 9
CD 26
22 heures 10
Charbonnel battu par Dumas. Chirac, à Ussel, élu.
Frédéric-Dupont élu – bat donc Couve de Murville
énumération impressionnante
sur 393 sièges, PC 47
ex. ga. 4
Féd. 106
div. ga. 5
V° Rép. 195
div. mod. 10
CD 26
En 1962, entre les deux tours, la la Vème aura-t-elle la majorité absolue ? Maintenant, le perdra-t-elle ? En tout état de cause, si elle la garde, si faible que soit la marge, c’est un immense succès.
22 heures 35
sur 412 sièges, PC 52
ex. ga. 4
Féd. 112
div. ga. 5
V° Rép. 202
div. mod. 11
CD 26
Sanguinetti battu
239 voix de différence entre Frédéric-Dupont et Couve de Murville : on réeffectue le compte
22 heures 40
Mendès France 34.000 élu
Vanier 28.000
à Paris, 31 députés UNR : 3 ont déjà perdu leur siège. Missoffe élu
dans l’ensemble, d’un côté comme de l’autre, les élections se font à quelques centaines de voix.
23 heures
Poujade élu, occupe le siège du Chanoine Kir . éliminé au 1er tour
23 heures 40
à Paris, sur les 31 députés à élire
PC 6
CD 2
Féd. 1
V° Rép. 22 (¹ 31 en 1962)
23 heures 45
Premier Ministre : les résultats ne correspondent pas aux pérvisions, certains ont cru que c’était déjà joué, désistements ont joué à plein. La Cinquième République aura à peu près la majorité absolue. Augurer du prochain gouvernement : ce n’est pas mon affaire. Un gouvernement Cinquième République ne court pas de risques à la prochaine Assemblée
Minuit
sur 469 sièges
PC 72
ex. ga. 4
Féd. 116
div. ga. 5
V° Rép. 231
div. mod. 12
CD 29
Minuit vingt
sur 420 sièges, 204 à la Cinquième République , ce ne serait pas la majorité.
Bernard Lefort : de Gaulle va tenir compte des résultats qui traduisent un mécontentement social.
Minuit trente
sur 480 sièges,
PC 72 ¹ 41 en 1962.1966
ex.ga. 5 ¹ 5
Féd. 116 ¹ 87
div. ga. 5 ¹ 3
V° Rép. 240 ¹ 280
div. mod. 12 ¹ 12
CD 30 ¹ 41
Il reste encore 6 sièges à pourvoir.
01 heure du matin
Je ne crois pas que les pourcentages de voix aient changé du 1er au 2ème tours, mais l’unité de la gauche a joué à plein. Cette alliance électorale – que l’on reverra probablement en 1972 – ne résoud ps du tout une unité pour le gouvernement.
Résultats qui manquent : 1 Corse, 3 Guadeloupe, 1 Polynésie, 1 Martinique – peuvent se faire attendre.
1 heure
Je me couche. Ce soir idées noires. Aimer, mais aussi aimer de la bonne façon. Etre aimé, mais pas forcément de la façon que l’on souhaite. Nature exclusive et sentimentale, probablement à l’excès tant pour moi, que pour les autres.
Déception pour les élections. Majorité perdue ou gagnée à un ou deux sièges près. Ce n’est pas la majorité massive que l’on pouvait escompter après le 1er tour. Et l’avenir, l’après-gaullisme, n’est nullement assuré, tant sur le plan des forces politiques, que sur celui des institutions.
+ Lundi 13 Mars 1967
11 heures 00
Toujours et toujours me décentrer de moi-même. Me centrer réellement sur Nicole. La faire passer avant moi. Faire son bonheur. Penser à son bonheur. Ne pas penser sans cesse à « mon » bonheur, à ce que j’attends mais à ce qu’elle attend, ce qu’elle veut, ce pour quoi elle est faite. Et aussi espérance en Dieu, en sa grâce, en sa force.
*
* *
Elections.
– le régime a su aboutir au bipartisme. Mais ce bipartisme n’est pas assorti de l’ « agreement on fundamentals » des Anglais. Le bipartisme semble aboutir à la coupure du pays, des esprits, à la contestation du Chef de l’Etat, du régime, de ses institutions. loin de renforcer le régime, il le détruit à terme. Comment arriver à l’ « agreement on fundamentals » ?
– échec relatif de la « Vème Rép. » (le titre reste gênant, car il devrait s’agir d’un parti, et non d’un régime, alors que ce devient le régime d’un parti). Majorité sera d’une ou deux vois maximum. Pas de réelle marge de manœuvre. Cette majorité restera-t-elle homogène et unie ? Ministres importants battus : Messmer et Couve de Murville, et ayant valeur de symbole. Id° pour Charbonnel.
– succès relatif de la Cinquième République : a maintenu son pourcentage de 1962. N’a pas perdu la majorité. Usure du pouvoir n’a pas réellement joué, mais pouvoir ne l’a pas fortifié.
– opposition : incontestable succès des accords de désistement au 2ème tour, mais unité de l’opposition se retrouverait-elle au gouvernement ? elle est surtout de gauche, mais aussi de droite.
– dans l’ensemble, situation difficile pour le régime, dans le présent, dans l’avenir. Dommage qu’un changement de majorité éventuel doive entraîner un de régime, semble-t-il.
21 heures 30
Je suis à un carrefour dans nos fiançailles. Je vois bien qui est Nicole, ou du moins je le vois mieux. Je me rends compte de la chance miraculeuse que j’ai de la rencontrer, par tout ce qu’elle a et ce qu’elle est, et tout ce qu’elle m’apporte, surtout sur le plan du perfectionnement et du dépassement de moi-même, auxquels elle m’appelle.
Je peux la perdre, ou à tout le moins ne pas la rendre heureuse, si je ne me domine pas, si je me laisse aller, si je fais passer avant tout sentiments et sensibilité, si je ne suis pas ce qu’elle attend que je sois : gai, libre, détendu. Aimer un être, n’est pas l’accaparer, l’éteindre, le questionner, l’inquiéter, l’enfermer dans un dialogue incessant et tendu. C’est le comprendre, lui donner encore plus de possibilités d’être heureux, de vivre, d’aimer.
L’amour de toute la vie, ne peut se construire en un jour. Et ces premiers temps de l’amour, doivent etre tout à l’amour, et non à l’angoisse, et à l’égoïsme, à l’inquiétude et à l’obsession. Le laisser-aller n’est pas ce qu’il faut. J’ai incontestablement un très gros effort à faire, pour répondre à cette attente de Nicole. De cela dépend, au minimum, le plein épanouissement de Nicole, à mes côtés, et au pire, le maintien et le progrès de son amour pour moi.
Mon Dieu, aie pitié de moi, de nous. Aide-moi. Je suis faible et impuissant, à me sortir de moi-même.
Résultat des élections.
sièges PC 73 % voix 21,55%
PSU 4 0,99%
extr. ga. 1
Féd. 116 24,01%
div. ga. 5
CD 27 8,86%
div. mod. 15
V° Rép. 244 ¹ 284 42,99%
Au fond, deux surprises.
- au 1er tour, surprise de la majorité se soit maintenue depuis 1962 (% de voix étant même plus fort)
- au 2ème tour, surprise, que sur le plan des sièges, la Cinquième République recule de quarante.
*
Deux mois après l’avoir « conquise », je peux te perdre, déjà, et ce serait ma faute, alors que tu es exactement la femme que j’attends, qui peux me rendre meilleur, qui comble mes aspirations, et à qui je peux donner quelque chose, et tout moi-même. NICOLE
+ Jeudi 16 Mars 1967
23 heures 30
Situation politique.
Toutes les petites difficultés techniques sur le plan parlementaire, vu la précarité de la majorité. Dommage que l’équipe ministérielle soit à nouveau remaniée.
Déception devant l’ingratitude des Français pour de Gaulle qui a – tout de même – profondément transfirmé les structures politiques de la France , a créé les posibilités d’un pouvoir fort et stable, a redonné à la France sa place dans le monde. Haine de toute une partie des Français pour lui personnellement. Les état-majors politiques y ont aidé, et surtout Mitterrand, qui a pris dès le départ le parti de dénigrer et de faire de la démagogie. L’opposition de Gaston Defferre eût été plus « dynastique » et n’aurait pas autant contribué à diviser la France.
Avenir profondément incertain, alors qu’une majorité large, l’aurait assuré, et permis une succession dans « l’huile ». C’est presque rageant, car jamais un parti n’a eu 40% des voix à des élections législatives. Candidature unique de la gauche amènerait « front populaire », démagogie, et impuissance.
Irritant que les hommes politiques et les journaux s’accordent à faire « mousser » PMF, alors que je le considère vraiment comme une vieille lune, usée, racornie, et se répétant. Sa photo. sur les affiches P.S.U. et ses interventions à la télévision ont accentué mon impression, et son élection à Grenoble, n’a vraiment rien de triomphal ou de flatteur. Au 2ème tour, et avec un soutien massif du PC.
+
Nicole.
Reparlé, hier soir et ce matin, de repousser de quelques mois la date de notre mariage. Cela m’a rendu soucieux. Ce ne serait bon, ni pour chacun de nous, ni pour nous deux.
Union totale et profonde, est difficile et ne se fait pas en un jour. C’est pourtant mon désir grandissant, et de plus en plus profond, et la condition de notre bonheur, vu notre amour l’un pour l’autre.
Précieux conseils de Maman.
Communauté de pensée, union de prière. Y oarvenir, avec la grâce de Dieu. Respect physique, délicatesse, c’est difficile et pourtant si important à tous points de vue.
Seigneur, mon Dieu, ce soir, et toujours, regarde-nous avec amour, donne-nous ton amour, bénis-nous, fais-nous progresser vers Toi, et unis-nous à jamais. Amen !
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