Mercredi 20 Juin 2012
Je suis à la recherche d’une continuité que je vis mais que je ne sais pas exprimer, notamment dans ce journal, que je ne tiens pas exhaustivement, factuellement alors que je le souhaite. Hier soir, devant la glace, mon corps une nouvelle fois changé, méconnaissable de buste, diaphane et défait, n’existant (déjà plus), et que figure bien le gros plan du ventre d’Homère Simpson sur la tasse que m’ont offerte femme et enfant, il y a déj)à quelque temps. Mais hier avec cette pluie de bienveillances du hasard qui n’est pas un Dieu, mais porte le nom faux que nous donnons à la grâce de Dieu quand nous ne comprenons pas pourquoi elle est si délicate et abondante, hier ce retour de notre chienne Finette, le retour tout autre que celui que j’appréhendais, de ma femme apaisée, la vérité de notre fille distanciée du trio que nous formions pour aller la reprendre à l’école : sa mère, la chienne que nous pensions à son tour perdue et morte empoisonnée elle aussi, et moi. Je m’étais mis en chandail mauve puisque le dessin pour la fête des pères m’avait dit cette prédilection, je le mettrai ces temps-ci pour lui plaire. Séquence de la cabane, de la querelle pour les ouvertures à placer, la maquette que Marguerite monte en papier, c’est la porte qui importe le plus avec un « judas » en forme de cœur et une serrure. – Dans la perspective de commencer une mise au net périodique de mon journal au Kazakhstan, aujourd’hui vingtième anniversaire du décret m’y nommant, j’ai repris ce que je tenais à l’époque : c’étaient mes premières saisies numériques. J’ai perdu, dès ces jours-là, mes premières pages : celles racontant la conclusion d’une course de dix ans à l’ambassade, ô République ! ô princes ! ô courtisans et serviteurs, ceux qui briguent et ceux qui, secrétaires de la main du roi, attribuent, et je vais devoir reconstituer ces prolégomènes immédiats. Mais il y a aussi le début de la version numérisée de ce journal intime. L’évidence qu’au contraire de beaucoup de mes « camarades », la carrière et son souci ne furent jamais que la diversion ou la toile de fond, obligée, de mes itinéraires et extases d’amour, toujours au féminin, et de plus en plus photographiés et écrits comme si la possession, l’instant et son arrêt, ne m’étaient plus possibles sans cette retenue : rassurante ? ou fixiste ? J’y revois trois, quatre, cinq héroïnes en même temps que j’y lis les derniers mois de ma mère. La mort de celle-ci allait me placer en chasteté complète pendant une année durant laquelle jamais je ne me suis autant donné à mon travail, mon métier et à cette véritable addiction-passion de faire valoir par tous les moyens, à tout instant et sous toutes ses formes la France dans un milieu, une région, une ambiance qui n’en avaient d’idée que quelques philosophes des Lumières, admis en précurseurs de MARX et de LENINE dans une Union soviétique où les diplomates ne pouvaient s’éloigner sans permission de plus de quarante kilomètres de Moscou. Héroïnes successives ou revenues, soudaines ou mobilisées après une latence de quelques années : elles m’ont inspiré des lignes et des pages, et l’une d’elles des images dont je suis fier et ne me savais pas riche. Mais tandis que dorment encore ma femme et notre fille, je sais depuis quelques années maintenant que la passion n’est pas l’amour, car si elle occupe à temps plein, à corps et esprit pleins, elle inquiète, assoiffe, l’âme n’est jamais tranquille. L’amour construit seconde par seconde et il permet tous les rattrapages, c’est la passion qui fuit, cher RODIN, puissant et merveilleux poète, pas l’amour. L’amour revient à chaque instant mais chacune de ses bénédictions est imprévue. Par bonheur, nos fantasmes et nos imaginations ne sont pas suivies par Dieu : cf. nos dialogues, Marguerite et moi, tandis que je cloue les premières planches de la cabane, plus habile au dixième ou douzième cloutage qu’au premier, ma fille me faisant que pour quelqu’un qui n’y connaît rien, je me débrouille pas mal… reste à nous accorder sur l’emplacement des ouvertures, pour le moment tout reste à faire, ce qui facilite la discussion. – Le bonheur total quand nous regardons ensemble, télévision, les Quatre mariages et un enterrement (les balbutiements de l’aveu d’amour retenu, la grâce d’un visage féminin plus expressif que toute description d’une nudité souvent traîtresse ou alors trop énivrante pour que l’âme ait sa multiplicité d’abords, le poème d’une communion du vivant au mort), film que j’avais regardé X fois dans un tout autre compagnie, ces temps-ci très présente mais désormais paisible en moi, et la mère et la fille se succédant entourée des chiens, pour p… dans l’herbe sous les étoiles, en riant à perdre haleine, et m’invitant à une même exécution. – Pages de mon journal de 1992 à peu près les mêmes jours et mois que maintenant, où je m’interroge, à mes quarante-neuf ans comment si laid, si vieux ai-je pu séduire ? posséder ? m‘enivrer à ce point sans atouts. Aujourd’hui, j’ai la réponse, ce que je vis maintenant et qui chaque jour m’est manifestement donné tant je ressens le miracle : pas d’atouts mais la grâce. Naguère, le pétillement des rencontres, la force d’un échange de regard qui ne fut pas que désir mais a été un acquiescement pour les autres vies, celles de l’éventuel, avec reconnaissance pour l’instant du carrefour, l’estime mutuelle… aujourd’hui, la puissance du quotidien. Le ciel est gris sans luisance, l’oiseau est en duo, sur ma table cette note d’observation politique pour la semaine que nous venons de vivre, cette autre pour discerner quelques repères à donner à mes amis mauritaniens sur eux-mêmes et sur ce qu’ils vont construire, repères d’abord pour moi-même mais les déblais en politique construisent davantage que les projets et les arrangements, et au préalable la relecture d’un court et transportant roman se vivant précisément, à peine en parabole, là-bas entre l’Atlantique, la barre, quelques pirogues, la dûne et ses herbacés, la silhouette compliquée du wharf et maintenant du port en eau profonde, là-bas entre l’Atlantique, Nouakchott la défigurée et le désert tous azimuts sauf vers un fleuve Sénégal dont j’apprends tous les jours combien forte aura été sa semence pour les Maures comme pour ses riverains. AQMI est superficiel. Bâtir une politique et une stratégie sur ce que l’on veut éradiquer parce qu’on ne l’a pas prévu et qu’au contraire des erreurs de plusieurs décennies l’avaient rendu peu évitable, est évidemment encore plus superficiel. Nous y fonçons mais notre nouvelle direction politique a cette stabilité et cette indépendance mentale – je le crois, plus que je ne l’espère – pour faire tête-à-queue quand la frappera l’évidence. Du bord du Penerf que masquent actuellement mes herbes à fourrage bien trop hautes, je m’y emploie depuis quatre ans (le putsch originel des actualités franco-mauritaniennes) avec l’acharnement que je déployais au bord de la steppe d’Asie centrale et au pied des monts Staline. Dans l’une et l’autre position, officielle, officieuse, je ne peux ni maintenant pour aujourd’hui, ni rétrospectivement pour hier, savoir si je serai, si j’ai été fécond. J’aurai fait ce que j’ai pu, je fais ce que je peux. En politique, la grâce se discerne bien moins que selon les gestes qu’elle nous inspire, sans les signer, chaque jour. Et l’on confond souvent le succès avec elle. En politique, la grâce c’est la rencontre durable ou pas entre un peuple et l’un des siens, capables ensemble de faire des circonstances autre chose qu’un choc ou un accident. Les échelles varient, l’union est d’une seule nature.
Prier… d’âme, de corps, de reconnaissance avant tout ce travail projeté. Offertoire… [1] Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Justes au sens de justesse, d’adéquation. La justice de Dieu n’est pas évaluation ni rétribution, elle est création, maintien, retour de la créature à son créateur, retour à l’image et à la ressemblance natives, promises. Alpha et omega. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi… Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle… mais toi quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra… Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite… Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la têtet lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret… Le signe de cette mutuelle présence : le dialogue intérieur, plus précisément la seule voix de Dieu et toutes nos parois intérieures éclatent, frémissent, font écho, écoutent…. Ceux qui ont en toi leur refuge, tu les caches au plus secret de ta face.[2] Le départ d’Elie, le désarroi d’Elisée, les formes alors d’une présence qui demeure. Dialogues déchirants puis calme des faits. Sais-tu bien qu’aujourd’hui le Seigneur va enlever ton maître au-dessus de ta tête ? – Oui, je le sais. Taisez-vous ! – Arrête-toi ici ; moi, le Seigneur m’envoie au Jourdain. – Par le Seigneur qui est vivant, et par ta vie, je ne te quitterai pas. – Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi. – Que je reçoive une double part de l’Esprit que tu as reçu ! – Tu demandes quelque chose de difficile… La preuve par le manteau d’Elie… Elie prit son manteau, le roula et en frappa les eaux, qui s’écartèrent de part et d’autre. Ils traversèrent tous deux à pied sec… Il ramassa le manteau qu’Elie avait laissé tomber, il revint et s’arrêta devant la rive du Jourdain. Avec le manteau d’Elie, il frappa les eaux, mais elles ne s’écartèrent pas. Emisée dit alors : « Où est donc le Seigneur, le Dieu d’Elie , ». Il frappa encore une fois, les eaux s’écartèrent, et il traversa. La foi transmise, le disciple et son maître (Narcisse et Goldmund, d’Herman HESSE). Cette marche de conserve, celle d’Isaac aux côtés d’Abraham, son père. Ces demandes fantastiques, les fils de Zébédée, les places, la coupe à boire. Table parée pour la prière ? non, richesses d’un goutte à goutte et des réminiscences de la journée, pour l’instant : les yeux clos. – Amen. La prière dépouillée, et cette continuité, l’écrit peut-être,s ans doute, mais la vérité est simplement que je la vive et en accepte joyeusement le don, les multiples signes tandis que s’approfondit quotidiennement la compagnie de mes aimées, celle aussi de toutes … et de tous… qui parcourent ces lignes du jour. Soyons bénis, ramassés dans la main divine, pour être, selon son gré et ses plans, semés à tout l’univers autant que de tout l’univers nous arrivent la grâce et son épreuve, vous tous qui espérez le Seigneur !.
matin
Sondage sur RMC, l’équipe de France peut-elle battre l’Espagne ? Non, à 68%. La parabole – raffarine – l’équipe qui gagne, modèle pour une France à remettre au travail, etc… a sa fin. Plus rien depuis 1998 (et la cohabitation gauche-droite consensuelle).
Soir
Dans l’après-midi, Christian Jacob, censément candidat de Jean-François Copé pour présider le groupe parlementaire UMP, est réélu, par 117 voix contre 63 à Xavier Bertrand, candidat de Fillon. Celui-ci aurait évité les journalisrtes et tout commentaire en quittant la salle. Evidence que Sarkozy fera tout pour l’empêcher de lui succéder à l’Elysée après la parenthèse socialiste. Il l’a utilisé mais craint, il a probablement été bien plus dominé que les apparences ne le faisaient croire, peut-être même ces dires sur "mon priemier collaborateur" étaient-ils un exercice d’exorcisme…
Le « sommet » de Rio + 20 est une imposture. Les Etats continuent de suivre leur logique propre qui est leur constitution économique et les renouvellements de mandat de leurs dirigeants, donc du couloir et de l’opinion, le tout à court terme alors que le sujet est éminemment prospectif et à long terme. Qu’en sus et surtout il est complexe, divers.
[2] - Ce psaume décrit la souffrance d’un homme aux prises avec la solitude, abandonné de ses proches et de ses amis, cible de toutes les agressions, dont toute la vie est faite d’angoisses et de soupirs ; il devient un objet de risée pour tous ceux qui le rencontrent ; il est pour ainsi dire « oublié comme un mort », « un objet perdu » dont nul ne se soucie plus. Alors il implore Dieu de ne pas le livrer à ses ennemis ; il lui confie « ses instants » car il sait qu’il « rendra muettes ces lèvres mensongères » qui médisent du juste avec orgueil et mépris. Sa prière peut être celle de n’importe quel individu dans une situation à peu près semblable, ou émaner du peuple d’Israël tout entier. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
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