lundi 7 mars 2011

Inquiétude & Certitudes - lundi 7 mars 2011

Lundi 7 Mars 2011

Prier…[1] tout y est pour le romanesque, le livre de Tobie, dont Sylvie Germain a su tirer un chef-d’œuvre [2] et l’enseignement sur le mariage, qui comme celui d’Isaac, se fait par des truchements providentiels et suggère ce à quoi je fus tant attaché dès mon adolescence, la rencontre et l’union par prédestination. Mais combien longtemps je me suis trompé sur la figure de celle-ci… Pour l’heure, c’est d’un rite essentiel, la piété envers le smots, envers ce qu’il nous reste (quelque temps) d’appréhensible d’un homme revenu à la vie éternelle. Ambiance qui est celle du livre des Maccabés. Tobie craignait Dieu plus que le roi. Le rite sans doute, mais au risque capital : tous ses proches le critiquaient. Parabole des vignerons homicides. Les deux récits donnent la société humaine – bien contemporaine de la nôtre. Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, fera périr les vignerons, et donnera la vigne à d’autres. Jusques là, rien que d’humain, la loi du talion. Mais en quoi Jésus provoque-t-il la haine de ses auditeurs, la hiérarchie religieuse ? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. … Ils avaient bien compris que c’était pour eux qu’il avait dit cette parabole. Etonnante mutuelle fascination des chefs des prêtres, des scribes et des anciens, tous coalisés (leur situation et leur prestige en question devant le peuple, qu’ils sauront ultimement manipuler) et le Christ qui ne les repousse pas, se laisse entourer et tâche de les enseigner. Sans illusion. Parabole de ma résistance, de mes incrédulités face à la grâce, face à la radicalité de la foi, et surtout de l’appel à la charité. – Revenant au début de nos textes du jour, je remarque que l'ensemble du prologue de Tobie se situe dans ces repas dont Jésus se sert si souvent pour évoquer le royaume des cieux et les manières d'en manquer l'entrée. Il y a aussi cet appel au partage, et enfin, puisque l'époque était à la persécution, il y a le cercle de la fidélité eucharistique. Rite ou liturgie ? Nous ou Dieu ? Tout est organisé par nous, et voici l'épreuve de notre foi ou plutôt de notre appartenance : un jour de fête du Seigneur, où l'on faisait un bon repas dans la maison de Tobie, celui-ci dit à son fils : 'Va chercher quelques hommes fidèles à Dieu, appartenant à notre tribu, pour qu'ils festoient avec nous.' Le fils s'en alla, mais revint lui annoncer qu'un Israëlite, étranglé, gisait dans la rue.

Parisianisme ? manques de repères et d’autorités morales ? débats ouverts gratuitement sauf pour des bénéfices électoraux, le « déplacement » de Sarkozy au Puy et ce que les chrétiens (la France catholique et ses deux éditorialistes,, dont l’un m’est, de très longue date, vraiment sympathique, Gérard Leclerc) ont entendu comme « les racines chrétiennes de la France » mais qui a été énoncé de manière bien plus restrictive : « l’héritage chrétien de la France » par distinction sinon opposition aux « racines juives de la France » (dîner du CRIF…), cette dernière affirmation étant totalement infondée à tous égards… suscitent du commentaire.

Pour moi, tout est ici simple et il ne s’agit nullement de laïcité à fonder, refonder, moderniser, actualiser ou discuter…

1° ce que dit maintenant Sarkozy n’a plus aucun poids ni valeur, que pour l’éventuel affichage électoral ou quelque recueil des discours dont il a donné l’objectif mais pas le texte. Plus aucun poids parce qu’il est probablement battu d’ici un an, il n’engage plus que le candidat, lequel succombera sous le fatras de son bilan et de bien trop de discours au regard de fort peu de réalisations et encore moins d’écoute. Plus de valeur puisqu’il aura tout dit et son contraire depuis son élection : sans doute, il a produit un livre dans les années 1990 qui, rétrospectivement pour les thuriféraires, fait préface et gage la continuité de ses dires présidentiels, le thème avait alors étonné, mais quel chrétien conséquent peut admettre l’exemple de la famille tellement recomposée, d’un homme marié trois fois et qui a tenu le discours raciste de Grenoble, l’été dernier. Absolution peut-être de la Commission européenne et du pape personnellement, quels qu’aient été les réflexes très explicitement réprobateurs de chacun, mais condamnation absolue, selon moi.

2° des actes ! pour les chrétiens du Proche-Orient et d’ailleurs immédiatement (horreur de ce double assassinat au Pakistan, celui d’un ministre chrétien et d’un gouverneur de province musulman hostiles à un projet de loi sur le blasphème – j’ai diffusé ce matin les dépêches de Zenit, agence proche du Vatican, avec un commentaire bref explicitant mon souhait d’une prière œcuménique de suffrage : Quand la religion devient un enjeu de politique intérieure, à la discrétion de gouvernants en mal de popularité... cf. .... Un premier acte, cette saisine du Conseil de sécurité par la France. Si elle a un héritrage chrétien, si elle est s’est longtemps reconnue, avec orgueil, la fille aînée de l’Eglise, elle doit le faire, elle le peut, ce sera une percée juriique, ce sera un repère pour l’immédiat et un précédent. Quant à la charité et au respect des droits de l’homme, on peut être ingénieux : réviser les traités européens pour que puisse se prendre la citoyenneté de l’Union sans avoir à choisir une nationalité, en sorte que des populations migrantes comme les Roms, ou des objecteurs en mal d’une patrie qu’un Etat refuse de leur reconnaître en son sein, aient un refuge juridique et puisse s’organiser en communauté, non-étatique, mais reconnue par l’Union et éventuellement représentée en tant que telle au Parlement européen, moyennant quelques étapes pour siéger à égalité avec les ressortissants des Etats membres nationaux

Ni radio. ni A.F.P., simplement un titre du Monde déjà ancien : après les avions, les chars… Khadafi a encore de la réserve. Challenge donne des indications sur la fortune « personnelle » des dictateurs en train de tomber et aussi sur les monarques du pétrole.

[1] - Tobie I 1.2 & II 1 à 9 ; psaume CXII ; évangile selon saint Marc XII 1 à 12

[2] - Tobie des marais (Gallimard) l’action se passe dans les années 30, la plume est parfois de Bernanos pour le curé de Lumbres, l’ange et le chien sont magnifiques ; crime passionnel à la fin

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