Lundi 21 Mars 2011
Prier…[1] la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Constant renversement de la loi du talion. Fondement divin, et non humain : l’application de la révélation essentielle, primordiale de toute la Bible, notre création (homme et femme) à la ressemblance, à l’image de Dieu. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. … Une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier. … A toi, Seigneur, la justice ; à nous la honte au visage… nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu ; nous n’avons pas suivi les lois qu’il nous proposait par ses serviteurs, les prophètes. Solution entrevue par la foi mais à la discrétion divine : délivre-nous, efface nos fautes, pour la cause de ton nom !
matin
L’identité de l’U.M.P., logique pas seulement en stratégie de pouvoir (à conserver, comme elle l’a conquis, croit-elle en 2007) mais en identité. Jean-François Copé la dit bien : pas de consigne de vote, nos électeurs choisiront. C’est l’aveu, indiquer la préférence pour le PS c’est perdre le premier tour de l’élection présidentielle et il n’est pas utile de recommander le Front national, l’électeur UMP, haïssant les « socialos » votera pour lui. La probabilité est une augmentation de l’abstention qui rendra, en suffrages exprimés, l’avance socialiste encore plus forte.
Dialectique vis-à-vis du Front national, elle n’appartient pas à l’U.M.P. ni à la droite, mais à l’ensemble de la société française, qui doit, se doit de produire deux intégrations. La première intégrer (ou assimiler, mon cher Marceau Long me rappelle les travaux d’un Haut Comité il y a quinze ans ou un peu plus, sur ce distinguo et cette novation). La seconde, réintégrer le Front national. Est-ce un mouvement analogue à celui observé dans les années 1970-1980 vis-à-vis du P.C., intégré par noyade, perte de son électorat (passé où ? partout ? ou au F.N. ?) ou par obsolescence de ses thèmes. L’affadissement de la référence soviétique, d’ailleurs, avec Gorbatchev, et déjà avec la fin de la guerre froide, n’avait pas favorisé une remontée d’un communisme « plus présentable ». Il y aurait donc une part de l’opinion française qui aime le simplisme et la radicalité des extrêmes.
fin de matinée
Libye… je courielle à l’Elysée ce qui me vient depuis ce matin, que conforte en partie l’amiral Lanxade qui diagnostique et évalue notre action, mais ne donne pas de remède et n’évalue pas l’adversaire.
----- Original Message -----
From: Bertrand Fessard de Foucault
To: Christian Frémont, directeur du cabinet du président de la République
Sent: Monday, March 21, 2011 1:31 PM
Subject: aube de l'odyssée
Cher ami,
je ne suis informé que selon nos médias et n'ai pas encore de réactions d'amis arabes.
Quelques réflexions-suggestions si vous le voulez bien :
1° évidence du soutien majoritaire des Français au moment de la décision. Plus les choses dureront, plus des voix discordantes s'élèveront, moins ils soutiendront. Inopérant en tout cas pour 2012 : Valéry Giscard d'Estaing, l'avant-veille du scrutin décisif, avait évoqué Kolwezi comme modèle de décision, donc de personnalité, de caractère et d'envergure. Cela tomba à plat.
2° si les choses durent, l'opinion arabe basculera contre nous. Alors que les révolutions depuis le début de Janvier sont matures, et selon les facteurs locaux, avec cependant une grande cohérence et parenté de réactions, donnant à voir et comprendre que l'oumma - que la nation arabe n'est pas morcelée mentalement et spirituellement comme elle l'est politiquement et économiquement. La moindre "bavure" - et elle est instant par instant à redouter - accélèrera cette désaffection. Cf. la Ligue arabe, le mandat rien que le mandat. Jusqu'à présent, aucune des révolutions n'a été anti-"occidentale". Khadafi et les despotes qui se cramponnent attendent ce retournement anti-"occidental" qui est leur vraie chance de survie. - Ban Ki Moon a été très bien, sur le "une seule voie" en rappel à l'ordre de la Ligue arabe, mais (architecture de gouvernance, mais plus encore de démocratie mondiale, pas seulement entre Etats, mais par entrée en lice des peuples...) les Nations Unies n'ont aucune influence directe sur l'évolution des organisations régionales.
3° dans cette ligne, n'est-il pas envisageable une fois créé le no man's land entre les gens de Khadafi et le grand Benghazi, de cesser toute action, mais avec promesse de reprendre les pilonnages ciblés, si Kadhafi refait mouvement. Autrement, être en veille très précise et permanente, mais cesser les frappes. Au moindre mouvement, la frappe. Question adjacente : la Grèce ? la Crète est le meilleur porte-avion, et le plus proche. Pourquoi ne l'avons-nous pas avec nous ?
4° on va vers une partition de fait - ce que déteste l'Union africaine, les pays au sud du Sahara plus encore que les Méditerranéens. Partition qui donnera lieu à réunification, soit pacifique à la disparition de Khadafi, soit belligène à l'initiative de ce dernier quand le temps - quelques mois - aura passé et que nous aurons remballé nos sacs de couchage et tenues de veille.
5° la non-organisation structurelle des diverses interventions et cependant l'efficacité de chacun fournit un modèle futur pour une obsolescence de l'OTAN et une autre écriture des organigrammes de l'Alliance. Il faudrait y penser assez vite et donner nos propositions tant que nous avons l'actuel prestige de l'initiative politique, du succès diplomatique et que la démonstration de notre capacité aérienne (le ... Rafale) est appréciée positivement.
Bien amicalement.
P S - l'amiral Lanxade sur France-Infos avant midi
. partition de fait
. trois scenarii
1° les opposants sont capables de mouvements vers Tripoli et d'investir la capitale = peu probable
2° départ de Khadafi, provoqué de l'intérieur = peu probable
3° le scenario le plus probable, la partition consacrée
. pas d'intervention au sol, donc aucune comparaison avec Irak et Afghanistan
. une aide aux populations pour qu'elles trouvent elles-mêmes le chemin vers Tripoli
. plus le temps passe, plus cela devient difficile
après-midi
Enquête de Challenge, d’il y a six semaines… « Les nouveaux réseaux catho. L’internationale des patrons. La filière des Versaillais. Sarkozy et les catholiques. La stratégie de l’Eglise. » Je vais la lire avec un très fort parti-pris d’hostilité. Manière de faire du couloir et du réseau pour l’Eglise, manière de se dédouaner pour des patrons justifiés dans leurs comportements de chefs d’entreprise par la doctrine, exposée ou rappelée dans ses acceptions les plus laxistes, de l’Eglise en matière économique et sociale. Ainsi un « think-tank » des Versaillais : l’un d‘eux, Aletheïa, réunit désormais qatre fois par an des catholiques « en situation de responsabilité » autour d’une personnalité. Ces 130 membres, qui se recrutent par coopétation et paient un droit d’entrée substantiel, comptent dans leur rang un tiers de moins de 30 ans, un tiers de 30 à 45 ans et un derniers tiers plus âgé. Dans ce public très trié… face aux participants, des pointures. Evocation évidemment du succès du film Des hommes et des dieux et commentaire de l’évêque de Fréjus-Toulon… « Une société sécularisée travaillée par la question du sens, du spirituel… l’intérêt pour le christianisme repose aujourd’hui, je crois, sur une sagesse, un art de vivre, une mémoire culturelle ». Génération Opus Dei et saint Balaguer, réseaux à la franc-maçonne. Un prêtre du diocèse de Versailles organise des sessions d’Acteurs d’avenir… réunissant des « étudiants, fine fleur des grandes écoles … Former de futurs décideurs chrétiens » … à la tribune, le cardinal Barbarin, Laurent Wauquiez, Xavier Fontanet, Emmanuelle Mignon (l’ancienne directrice du cabinet de Sarkozy), le patron du GIGN.
Evocation du livre de Sarkozy par le co-auteur le dominicain Philippe Verdin. Evocation aussi : « beaucoup de ces personnalités politiques parlent de leur vie de prière. C’était inimaginable il y a cinq ans ». Exactement, comme les femmes ministres jouent de la maternité et de la petite culotte ou que l’on vient au conseil des ministres – le premier et le seul – à l’ouverture du quinquennat actuel, à vélo. Faire jeune, écolo., féminin si l’on est une femme, jouer sur tous les tableaux. Parfait, droit de chacun à ses convictions, Augustin de Romanet, ancien de l’Elysée et patron de la Caisse des dépôts, mais qu’est-ce que cela change à leur action ? de même la femme en politique, est-elle différente de l’homme, qu’apporte-t-elle d’autre que l’homme ne sait pas ou ne peut pas apporter ?
Je lirai cela et vais faire le circuler parmi les destinataires de ma méditation du matin. Leur opinion… L’évangile en donne deux, apparemment contradictoires : les fils de lumière à imiter (l’intendant infidèle mais astucieux, se faire des amis avec l’argent trompeur) et le recrutement des apôtres, à part Matthieu, des travailleurs plutôt pauvres. Congar, un des inspirateurs du dernier Concile : « pour une Eglise servante et pauvre ».
fin de journée
Passionnant. Sarkozy aurait dit à un UMP dont France-Infos. ne dit pas le nom, que ceux qui au gouvernement demande de voter socialiste en cas de duel avec le Front national – Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet – sont seulement à tenter de se construire une personnalité politique ! Les dépêches montrent un charivari de fin de règne. Sarkozy se dit officiellement opposé à un Front républicain contre le Front national, tandis que Fillon franchit le Rubicon et recommande dans une réunion à huis clos de l’U.M.P. de voter contre le F.N. Borloo recommande de voter socialiste. Les deux pensent à leur propre chance à l’élection présidentielle, même si c’est se démarquer du président régnant. Claude Guéant continue sur son thème F.N. Il me semble que de ce lendemain du premier tour des cantonales, date le début d’une abdication intime de Sarkozy qui va courir au suicide, de plus en plus isolé.
début de nuit
[1] - Daniel IX 4 à 10 ; psaume LXXIX ; évangile selon saint Luc VI 36 à 38
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