Vendredi 27 Novembre 2009
Prier…[1] j’arrive à cet autel reçu par Marguerite de Savoie (+ 1464), notre fille a combien de patronnes et saintes protectrices, c’est peu ordinaire, combien nous, ses parents, en avons besoin, aujourd’hui plus encore. Les évangiles, le « génie du christianisme » par rapport au judaïsme ou au sens de Dieu que nous recevons du Coran, est de nous donner accès à Dieu par son Fils, Dieu fait homme. L’histoire de Dieu se raconte parmi nous, son visage a été vu, son visage d’homme. Expérience personnelle de la spirituelle, vie de l’Esprit en nous, certes et décisivement, mais fait historique. Mes paroles ne passeront pas. Assurance personnelle du Christ que jamais avant ni après lui n’ont eu aucun prophète ou envoyé ou chef spirituel. Et quel est le message ? au-delà ou en deçà de tous les appels à la fois et à la conversion, le fait que le royaume de Dieu est proche. Jésus n’est que faits, bien plus encore que parole. Il est LE fait. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. Passage de Daniel dont je voudrais tant l’exégèse et qui ne m’a jamais été donnée, car lire comme un Fils d’homme, n’est pas lire dans l’évangile, le Fils de l’homme. Le genre apocalyptique… la révélation n’est pas tant les catastrophes que le salut à la clé qui est l’avènement définitif de Dieu, c’est-à-dire la création retrouvant son état final et originel. Dans la bataille actuelle sur les responsabilités dans le dérèglement climatique, humaines ou pas humaines, la Bible a la piste de réponse : responsabilité humaine (le péché originel) et possibilité de remédier (l’homme ayant mission de dominer et cultiver la terre, avec hiérarchie et connaissance sur l’ensemble du monde vivant). Cantique de Daniel anticipant celui de François, les oiseaux du ciel, les fauves et troupeaux, baleines et bêtes de la mer, plantes de la terre, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !
La composition de la Commission donnée dans l’après-midi par Barroso, qui retrouve la vedette et va sans doute l’exercer effectivement. Les deux innovations de la Constitution de 2004 – version VGE – reprises par le traité de Lisbonne – version Sarkozy – sont d’application tellement ternes : le choix du président du Conseil européen et du ministre des Affaires étrangères, que ces choses sont mortes-nées. Le paradoxe va être la remise en évidence du président de la Commission et probablement, à terme, si Barroso était enfin touché par le génie de la démocratie et de l’appel au peuple avec l’appui du Parlement, supplanter potentiellement la concertation des chefs d’Etat et de gouvernement qui a montré sa limite puisque d’une part il n’y a toujours pas de projets communs mais qu’apparences et paroles, embrassades de famille, et parce que d’autre part les seules institutions qui pouvaient faire émerger l’Europe sont gaspillées aussitôt. On va donc revenir à nos débuts, la Commission et sa prétention – que battit froid la France au temps de Couve de Murville et du Général – mais cette fois les temps sont autres. La Commission et le Parlement ont leur chance. Barroso et le peuple, le Parlement se saisissant de la question constitutionnelle.
Sarkozy en parfait démagogue, constatant sa déconfiture totale dans l’opinion pour sa politique économique et ses différents cynismes et sans-gêne, tâche de se redorer le blason par l’écologie et d’en faire la continuité de son règne – Chirac s’y était essayé par une inscription de la chose dans le « marbre » de la Constitution. Donc, agitation intense et déplacements et invitations tous azimits avant Copenhague pour y paraître en maître d’œuvre. Déjà, il décerne les brevets à la Chine et aux Etats-Unis. Donc, l’équipée de Manaus, les invitations de Paris ; Carla est gratifiée de prendre un repas avec le Premier ministre indien, et notre parvenu figure à côté de la reine d’Angleterre, belle joueuse puisqu’exclue des cérémonies anniversaires du débarquement de 1994, elle le tolère à son sommet du Commonwealth.
Sarkozy est un Chirac en encore plus culotté, avec un souci de paraître que son prédécesseur n’avait pas et avec une prudence pour ne pas s’accrocher au derrière des casseroles que l’autre n’a pas eu non plus. Le mépris de l’opposition, des personnes, de la gauche, et le dogme que toute notoriété s’achète et s’annexe sont également de son seul crû. Mais la racine est la même, le rameutement des voix lepénistes, le populisme. Un Chirac qui réussit. Le thème de la rupture était celui de VGE, Sarkozy le surpasse en personnalisation et annexion de tout. A l’écrire et à le réfléchir, les différences avec ces deux prédécesseurs me deviennent manifestes, il y avait chez chacun de ceux-ci quelque retenue, quelque révérence pour le legs passé, et tout de même soit une certaine culture et des études personnelles, soit un certain usage à force et longueur de temps qui donnait finalement quelque maintien.
Politique… les gens souffrent de celle menée par l’exécutif. On ne dit plus le gouvernement, puisqu’il a été absorbé en image, en compétences, en activisme par le seul président de la République qui en abaisse d’autant l’exercice de sa fonction. On dit donc l’exécutif. C’est nouveau en France depuis 1871. Après l’apparition en fin du règne de Bernadette Chirac, de l’appellation « première dame ». Les gens souffrent et la politique n’est crédible que si elle est remède proposé, cri poussé à la place de tous. Si au contraire – ce qu’elle semble trop, notamment à gauche – elle n’est que heurt des appétits et des carrières, au lieu d’être le concours et l’attelage de tous les talents et de toutes les forces pour sortir le pays du pétrin, elle est évidemment aussi impopulaire et inadéquate que le pouvoir en place. La droite totalement asservie par le prince régnant n’a pas ce problème d’apparence, elle n’est que soutien et discours d’une efficacité dont l’impopularité serait le critère. Pitié pour nous !
[1] - Daniel VII 2 à 14 ; cantique de Daniel III 75 à 81 ; évangile selon saint Luc XXI 29 à 33
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