lundi 16 novembre 2009

Inquiétude & Certitudes - lundi 16 novembre 2009



Lundi 16 Novembre 2009

Prier à perdre haleine pour nous-mêmes, pour notre moine frère de vie et de mort, pour ceux qui partagent explicitement et pour ceux qui reçoivent en silence et ne refusent pas. Un aveugle qui mendiait était asis au bord de la route. Entendant une foule arriver, il demanda ce qu’il y avait. Hier après-midi, en ville, notre fille nous bande les yeux à chacun, successivement : je n’aurais pas fait un pas, je poussais l’air de mes mains tendues et ne rencontrais rien, j’entendais et c’était mon seul repère. Il s’écria : ‘Jésus, fils de David, aie pitié de moi’. Pourtant le Seigneur ne lui avait été présenté que comme Jésus le Nazaréen.
[1] Le dialogue est de forme, les évangélistes nous y ont habitués (ou seulement Luc ? à vérifier…). Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je vois – Vois. Ta foi t’a sauvé. Déjà si souvent remarqué, nous sommes co-auteurs de notre gérison, Jésus semble ne seulement constater que l’effet de notre foi (nous ne croyions plus aux effets de notre foi, à notre propre foi…). Je regarde davantage celui que l’aveugle découvre de visu … il s’est arrêté, il a risqué sa réputation, la foule croit en ses « pouvoirs », et si « cela » n’opérait pas. Jésus est au-delà de toute certitude sur lui-même. Figure de la foule, dite : le peuple. L’apostasie au temps des Maccabées : parmi les Israëlites, beaucoup suivirent volontiers la religion du roi, offrirent des sacrifces aux idoles, et profanèrent le sabbat… tous les livres de la Loi qu’ils découvraient, ils les jetaient au feu après les avoir lacérés. Martyre des récalcitrants, cri du psalmiste : j’ai vu les renégats : ils me répugnent, car ils ignorent ta promesse. Mouvements de la foule : ceux qui marchaient en tête l’interpellaient pour le faire taire. Tohu bohu et prière. A l’instant-même, l’homme se mit à voir.

Berlusconi, plus cynique de Sarkozy. Défait de toute immunité juridictionnelle, il est absent à la première comparution qui lui est demandé au prétexte d’un « sommet » se tenant à Rome et auquel aucun autre chef d’Etat ou de gouvernement ne se rend, l’affaire est renvoyée au 18 janvier, date à laquelle sera entrée en vigueur, si sa majorité lui reste fidèle dans les deux Cambres, un projet de loi piur accélérer et rendre plus efficace la justice : ce projet tout simplement permet de clore sans qu’ils se soient tenus près de dix mille procès financiers, dont les siens.

Les réformes de la justice, voulues explicitement par Sarkozy, ne sont pas des tentatives de blanchiement ou de sauvetage personnels. L’actuel Président de la République bénéficie de tous les montages édifiés pour Jacques Chirac, et surtout de ce qu’il a compris des erreurs de ce dernier, il n’y a guère eu qu’une histoire de plus-value frauduleuse et fiscalement suspecte pour un appartement de l’Ouest parisien, classée sans suite dès sa prise de fonctions. En revanche, ces réformes font partie du doctrine : le moins d’indépendance possible pour les magistrats, selon ce qu’Edouard Balladur commente rétrospectivement dans ses entretiens avec François Mitterrand – sans aucune preuve qu’ils aient été tenus verbatim.

Sarkozy, jugé très négativement en bilan et en politique économique, va à la politique étrangère et au grand rôle de faiseur de paix, comme sous ses prédécesseuirs en pareille impasse intérieure. Mais son jeu est proportionnel à ce que nous vivons depuis trente mois. Il croit suppléer Barack Obama en étant plus attentif à Nettanyahou et en allant donner des conseils en savoir-faire à Mahmoud Abbas. Numéro d’équilibriste qu’il croit réussir par la carte syrienne qu’il joue depuis dix-huit mois. Ce rapprochement avec les Palestiniens est le contre-pied de ce qu’il a affiché depuis son avènement vis-à-vis d’Israël, car la question ouverte maintenant n’est plus tellement le gel des colonisations juives en Cisjordanie ni même de quelconques reprises de pourparlers, mais celle d’une proclamation unilatérale de l’indépendance palestinienne, la chose se jouant aux Nations Unies comme l’avait jouée Israël en 1948.

De même qu’avec le patronat, en s’en prenant notamment à tel banquier et pas à tel autre, et en soulevant des questions de personnes, et guère de procédures, quoiqu’il en discourt, Sarkozy se montre imprévisible pour ses amis d’origine, les Juifs dans le monde et en France.

Les chiffres : augmentation du SMIG, dès janvier 2019 au lieu de Juillet. 0,38%, soit 4,50 euros pour un emploi plein par mois. La Bourse pulvérise des records : hausse de 1,35%.

Je lis Challenge, le bilan à mi-mandat… l’art partagé avec le pouvoir : celui de la présentation, l’histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. L’AFP n’est pas en reste, 49% des Français jugent que DSK ne serait pas un « bon président ».

Les Champs-Elysées pavoisés aux couleurs irakiennes et donc affichant un verset décisif du Coran. But à ne pas commenter pour ce voyage : normaliser les relations avec ce pays et conclure des contrats. Dans le même temps, un livre fait un tabac, un journaliste (pourtant) du Figaro décrit l’ « Amérak », c’est-à-dire cette construction d’un archipel des bases et structures américaines en Irak sans prise sur le réel ni sur le pays, des troupes caquemurées devant les téléviseurs à se nourrir de glaces et de corn-flakes, d’ennui indicble pour de temps à autre une sortie avec pour seule hantise ne pas sauter sur une mine.

Nous-mêmes en Afghanistan, notre expérience des officiers SAS en Algérie, une réunion dite de « choura », des militaires, un général français haranguant des notables afghans sur le développement économique. Deux rockets, trois morts d’enfants, pas de victimes militaires… Témoignages de gendarmes, cent-vingt partant dans dix jours pour Kaboul, instructions des polices locales, huit ans après l’invasion … débat au Sénat sur notre engagement en Afghanistan. Tandis qu’Obama n’en finit pas d’examiner les options, il y en aurait quatre alors que chacun sait qu’il n’y en – à terme – qu’une seule, partir. Les peuples font tôt ou tard leur histoire eux-mêmes, les étrangers sont une aventure ou bien une immigration.

[1] - 1er Martyrs d’Israël I 10 à 64 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc XVIII 35 à 43

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