Lundi 9 Novembre 2009
Prier… vous êtes le Temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en vous. La dignité de l’homme tient à sa création et à la rédemption dont il est l’objet – je dois écrire (contorsions parfois à cause de notre langue, idem. pour le manque explicite du genre neutre qui nous a obligés à féminiser écrivain ou ministre…quand il est question d’une femme et depuis qu’après des millions d’années est apparue la quête de parité) dont il est le sujet. Chaque mois, ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Et quel est ce Temple, où est-il bâti ? C’est nous, répond l’Apôtre, et c’est Moi suggère Jésus, l’homme parfait : Détruisez ce Temple, et en trois jours, je le relèverai. Mortels et indestructibles, séparés de Dieu et de nos racines, pourtant emportés par le cours de notre salut, nous en avons l’intuition et le doute, que nous soyons « croyants » ou distraits. Le Temple, dont il parlait, c’était son corps. Pas une religion ni un enseignement pour les ectoplasmes, la chair, le sang, l’eau. [1]
matin
J’éclate… nous excellons à qualifier, analyser et condamner le passé (croyant d’ailleurs nous mettre comparativement en valeur ou ayant trouvé de quoi nous distraire du présent, dont nous sommes responsables, autant que nos ascendants l’ont été de ce passé aujourd’hui en question). Shoah, colonialisme, esclavage et maintenant mur de Berlin, système soviétique. Avec le haro sur les survivants de ceux dont nous croyons qu’ils incarnèrent et fondaient ces régimes. J’éclate car les excuses que nous réclamons pour ce passé que nous ne cherchons nullement à comprendre dans ses racines et ses causes, nous ne les aurons – quand viendra notre tour d’être jugés avec la même souplesse – que dans vingt ou cinquyante ans. Les charters et les camps de rétention, l’autocratie qui mène la France au rebours de ses nécessités et à la destruction de ce qui la constitue et la structure, on ne les condamnera que plus tard. Aujourd’hui, la tolérance est aussi générale, la cécité aussi recommandée avec le silence qui va avec, que pour les massacres et les exactions d’antan. C’est un système épouvantable tandis que – « people » oblige – nous regardons les dirigeants que nous secrétons danser, mais il n’y a que nous sur le volcan, eux, les autistes nantis, sont en mongolfière avec friandises et rafraichissements.
J’écoute sur France-Infos. la fin d’un débat, Hans Modrow est pilonné par quelques anonymes (pour moi) et par Bernard-Henri Lévy, qui fut expert pour, à propos de Jorg Haider, dénoncer le retour d’Hitler en Autriche contemporaine. Quoique Emmanuelle Béart vaille, à tous égards, Arielle Dombasle, je ne l’avais pas vu rejoindre la première à Saint-Bernard pour les sans-papiers en Avril 1996 : l’ « affaire Garaudy » et la traque (bien oubliée aujourd’hui) de l’Abbé Pierre qui s’était solidarisé entre anciens députés de la Libération, allaient délicieusement commencer. La voix du dernier dirigeant de la République démocratique est particulièrement émouvante et prenante, et elle a vieilli. Il est accablé par les adversaires qui ont la même dialectique obtuse que sans doute celle qu’on assénait aux récalcitrants dans les régimes communistes. Je ne crois pas qu’il y ait eu « glaciation » des âmes, je crois que ces gens, ces dirigeants communistes étaient de chair, qu’ils étaient convaincus, qu’ils vêcurent en état de si-siège mental et qu’ils voulaient sincèrement un bond dans l’histoire humaine. Les engrenages et circonstances les empôrtèrent comme elles firent Hitler, le plan Marshall, la guerre du Vietnam. Je préfère qu’on cherche à comprendre pourquoi ce système messianique perdit son lait de tendresse humaine, et par quel miracle il n’y eut pas de résistance physique aux chutes diverses des régimes communistes et soviétiques ? J’attribue l’écroûlement du système – quant à moi, et selon mon expérience au Kazakhstan et dans les rues de Moscou, quelques mois après l’implosion soviétique, c’était dans le courant de 1992 – par une perte répandue de la foi chez les dirigeants. Ce n’était pas du tout une glaciation, mais ce fut mentalement une sorte de perméabilité à tout autre chose que ce qui se vivait, s’était voulu, avait été tenté depuis soixante-dix ans. Il me semble que cet écart puis cet effondrement psychique est – aujourd’hui – la parabole de cette démocratie idéale (Nicolas Sarkozy la veut et la dirait exemplaire et irréprochable, ses prédécesseurs pour les révisions décisives du quinquennat et de l’inversion forcée des calendriers électoraux, ne parlaient que de modernité, du vide hier, aujourd’hui du mensonge). La réalité n’est pas démocratique et nous sommes contaminés par de nouveaux totalitarismes, qu’il s’agisse de l’économie, de la société, des médias, de la politique, des relations internationales, la contrainte et la dogmatique sont aussi fortes, le poids est permanent pour brider les âmes et leur assurer que toute contestation est vouée à l’échec, que la révolte est inutile et stérile et qu’il n’y a aucune alternative. En sorte que faute que les hommes et notre génération dirigent notre sort commun, ce seront des engrenages qui auront raison de nos mensonges et de nos cécités : effondrements financiers, sociaux, climatiques… pauvreté spirituelle.
[1] - Ezéchiel XLVII 1 à 12 ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens III 9 à 17 passim ; psaume XLVI ; évangile selon saint Jean II 13 à 22
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