mardi 24 novembre 2009

Inquiétude & Certitudes - mardi 24 novembre 2009



Mardi 24 Novembre 2009

… espérer. Prier [1] : une interprétation à usage particulier de l’histoire politique d’un royaume et d’une dynastie, le sens de l’histoire, le discernement rare, celui qu’en a Daniel, le surdoué de sa génération et le favori du prince, lui est donné. Une escathologie dont se sert également le Christ. Nous sommes – dans le dire de l’Ancien Testament comme du Nouveau – devant un champ de ruines. Seul mot du Christ. Ne vous effrayez pas. Il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. Humainement, nous ne savons rien de l’avenir, si peu du présent, et si mal du passé. Ce ne sont pas nos dimensions. Ne marchez pas derrière eux !

Barack Obama : confidence ou mot répandu à propos de l’Afghanistan… finir la tâche. Faire le boulot, surtout ne pas lâcher le mot de guerre. Tout est conceptualisé de nos jours en commerce, en élection et évidemment en stratégie, en termes de guerre, mais le mot, jamais, n’est public. Au contraire, redondance du principe de précaution et du « pour éviter tout risque ». La guerre du Kosovo, banc d’essaio entre autres, de ces logorrhées de guerres humanitaires, le tapis de bombes et les rations alimentaires avec trousse de secourisme, largués par les mêmes avions…. Finir la tâche : c’est exactement la problématique de Bush junior et le mot, tant en Irak qu’en Afghanistan. Le livre électoral d’Obama racontant son voyage là-bas l’année précédant la campagne, le montre totalement acquis à la stratégie de se dégager à terme de l’Irak et de tout focaliser sur l’Afghanistan. D’ailleurs, le maintien du secrétaire à la Défense de Bush junior au même poste dans l’administration démocrate signifie, on ne peut plus clairement, la continuité totale de la politique militaire des Etats-Unis d’un président à l’autre. Le « job » : un emploi en franglais, mais aux Etats-Unis le métier, c’était l’appréciation de la révélation de Bush junior le 11-Septembre : trouvé tapi dans son Etat d’origine à l’annonce des attentats, le président si mal élu trouve sa dimension, he does the job jolly well. Le mimétisme du rôle attendu par les badauds, Jacques Chirac arrive aussitôt et parade sur le même ton, et le vote pour un mandat des Nations Unies d’envahir l’Afghanistan au prétexte que celui-ci – quel que soit son régime, qui n’était pas alors tant en question – refuse de livrer Ben Laden. Quel était au vrai l’intérêt stratégique initial de l’Amérique ? sinon se venger spectaculairement pour ne pas perdre la face après la première atteinte physique subie sur son sol national depuis la Guerre d’Indépendance ? aujourd’hui, la situation stratégique est exactement celle engendrée par la guerre du Vietnam, la précarisation de tout le voisinage, et tôt ou tard un retrait peu glorieux laissant le pays dans un état pire qu’à l’invasion. Différence de taille cependant : l’Afghanistan est devenu la raison d’être de l’Alliance atlantique, donc de la sujétion européenne, et à terme de sa distraction. Encore des décennies de perdues pour la mise sur pied d‘une inédependance stratégique de l’Union européenne.

Sarkozy et sa considération des votes parlementaires. Sur le ton de ses rodomontades données acoudé à la banque d’un bistrot, et prenant à témoin de sa propre logique un public toujours plus imaginaire que celui auquel il s’adresse, le Président intervient vingt-quatre heures après le vote du Sénat sur le rétablissement de la TVA à taux fort dans la restauration. Celle-ci n’a manifestement tenu ni son engagement de créer 40.000 emplois ni son engagement de baisser le prix au client. N’importe, le Président est lui-même législateur et il a ses propres clients.

La rencontre à l’hôpital vannetais d’un SDF ? L’histoire de Jean : 57 ans, pour le moment au chaud et nourri puisqu’en examens divers de radiologie. Au chômage depuis sept ans, après avoir travaillé – mécanicien – chez Citroën pendant onze ans, à la rue depuis trois. Marié vingt-deux ans, une femme qu’il aimait et dont il était aimé, cancer, morte. Son fils a honte de lui et ne l’aide donc pas. Je lui indique les services sociaux du département, il répugne aux logements d’accueil des sans-abris, on y est violent, l’on s’y bat et l’on s’y vole. Il vient de recevoir un gifle d’un quidam à qui il demandait au seuil de l’hôpital une cigarette.

Les réformes, c’est cela, que cela ne puisse plus exister.

[1] - Daniel II 31 à 45 ; suite du cantique de Daniel III 57 à 61 passim ; évangile selon saint Luc XXI 5 à 11

Aucun commentaire: