Lula fait face à de nouvelles accusations de
blanchiment d’argent et de trafic d’influence. Ses partisans crient au
complot.
LE MONDE | 11.10.2016 à 05h43
• Mis à jour le 11.10.2016 à 08h53 | Par Claire
Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Marcelo Odebrecht, héritier et ancien dirigeant du groupe de bâtiment et travaux publics (BTP) qui porte son nom ainsi que Taiguara Rodrigues, entrepreneur et neveu de la première épouse de Lula, ainsi que huit autres personnes, ont été mis en cause dans cette opération policière baptisée « Janus ». L’enquête vise des opérations menées entre 2008 et 2015, soit pendant et après le mandat présidentiel de Lula.
Défenseur de l’ex-syndicaliste, l’avocat Cristiano Zanin Martins dénonce une nouvelle accusation « frivole », fondée sur des arguments « fragiles et superficiels ».
D’un deux pièces au duplex
Auréolé pour avoir sorti de la misère des dizaines de millions de Brésiliens, l’ancien métallo, fondateur du Parti des travailleurs (PT, gauche) est suspecté d’avoir favorisé le groupe Odebrecht pour l’obtention de contrats en Angola en utilisant les crédits préférentiels octroyés par la Banque nationale de développement économique et social (BNDES).L’Angola, précise le parquet, pays africain lusophone dirigé depuis 1979 par José Eduardo dos Santos, a été l’un des principaux bénéficiaires des crédits de la banque publique. En « remerciement », Odebrecht aurait reversé de façon occulte 30 millions de reais (8,4 millions d’euros actuels).
Le ministère s’interroge sur le rôle exercé par Exergia Brasil, l’entreprise de Taiguara Rodrigues, possible « blanchisseuse » d’argent sale. Le parquet souligne ainsi les 17 contrats de sous-traitance au groupe Odebrecht en Angola obtenus subitement par la société en dépit de son « absence d’expérience dans le domaine de l’ingénierie ».
Pour ses services, écrit le parquet dans son accusation, l’entreprise a reçu d’Odebrecht 20 millions de reais entre 2009 et 2015. Et de mentionner l’ascension financière « inexplicable » de Taiguara Rodrigues qui vivait dans un deux pièces avant 2007 avant de s’offrir un duplex de 255 mètres carrés dans la ville de Santos ainsi qu’une voiture Land Rover à 200 000 reais en 2010-2011.
Une fois parti de Brasilia, Lula aurait, selon le ministère public, touché des « bénéfices indus » de la part d’Odebrecht en rétribution de conférences qu’il n’aurait pas réalisées. Soit 100 000 dollars (90 000 euros) et 479 000 reais en 2011 et 2014. Le parquet mentionne par ailleurs des avantages personnels indirects. Ainsi des services rendus au frère de Lula, José Ferreira da Silva, dit « Frei Chico », pour régler des mensualités de « plan de santé », équivalent d’une mutuelle, payées par Exergia.
Cette nouvelle mise en cause de Lula, qui doit encore être ou non acceptée par le juge Vallisney de Souza Oliveira, s’ajoute à deux inculpations de l’ancien président, l’une pour obstruction à la justice, l’autre pour corruption dans le cadre de l’enquête dite « Lava-Jato » (lavage express) portant sur le scandale de corruption lié au groupe public pétrolier Petrobras.
La Cour suprême a aussi mentionné le nom de l’ex-président dans une enquête pour appartenance à une « organisation criminelle organisée » d’hommes politiques ayant détourné des milliards de dollars de Petrobras.
Lula privé de candidature à la présidentielle 2018 ?
A écouter les proches de Lula, ce déballage judiciaire ne serait rien d’autre qu’une cabale visant à l’empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2018. Les soutiens du PT dénoncent la partialité de la justice soulignant l’absence de charges lourdes visant d’autres partis politiques pourtant régulièrement cités dans diverses affaires de corruption.« Lula a fait du lobby pour aider les entreprises. Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est mal ? Seule la justice peut s’exprimer sur le contenu des accusations, mais il y a une tentative de démolition de l’histoire et de l’image de Lula qui doit être replacée dans le contexte politique du Brésil », estime Gilberto Maringoni, professeur de relations internationales à l’université ABC de Sao Paulo.
Proche du Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche), M. Maringoni redoute aussi que cette accusation serve ponctuellement à faire « diversion » détournant le regard d’une mesure controversée du président Michel Temer, en cours d’examen au Congrès, visant à geler les dépenses publiques pendant 20 ans. « Je ne dis pas que les accusations sont fausses, mais pourquoi aujourd’hui ? », s’interroge-t-il.
Lula n’a jamais fait mystère d’avoir tenté d’aider les entreprises brésiliennes à décrocher des contrats à l’étranger. Mais l’accusation du parquet va au-delà du simple exercice de diplomatie économique, mentionnant un enrichissement personnel qui semble avoir bénéficié à un clan.
« ll y a un mélange de ressources utilisées pour le financement politique et pour lui-même », observe Marco Antonio Carvalho Teixeira, politologue à la fondation Getulio Vargas à Sao Paulo. Il juge l’image de l’ancien président, héros des plus démunis, fragilisée et sa possible candidature en 2018 de plus en plus hypothétique.
Claire
Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Vos réactions (6) Réagir
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Trindade Rodolphe 11/10/2016 - 13h56
Lula aux yeux de beaucoup en Europe, a une images romantique du pauvre
opprimé qui devient président, et implante une politique de redistribution des
ressources aux pauvres, le Robin de bois du 21eme siècles. Fausse vision de
quelqu'un et d'un partie (le PT) qui on eu que une vision politique e social,
celle de rester aux pouvoir coute que coute et par tous les moyens. La suite
fut un desastre économique et politique et un résultat de 12 millions de
chômeurs!
YTour 11/10/2016 - 17h45
Tapez "PIB Brasil" sur Google pour mesurer le "désastre
économique" des années Lula.
ALAIN BOULEY 11/10/2016 - 10h45
Une jeune démocratie qui a su faire preuve de courage face au populisme et à
la démagogie. Le Brésil a su réagir en se débarrassant du parti "des
travailleurs",-le PT-, avec la destitution démocratique de Dilma. Lula
s'est arrêté de travailler -dès l'âge de 29 ans , retraité pour avoir perdu un
bout de petit doigt. . L'enrichissement de Lula et de sa famille ne sont un
secret pour personne depuis son accession au pouvoir sauf de la part de
certains journalistes idéologues.
YTour 11/10/2016 - 13h23
L'enrichissement de Lula n'est un secret pour personne : depuis qu'il n'est
plus métallo, il vit mieux. A part ça, les articles le décrivant milliardaire
n'ont jamais apporté d'élément de preuve. En avez-vous davantage ? Le Brésil
est une mer de corruption. Les présidents des deux chambres, le chef du
tribunal suprême, une grande partie des juges et parlementaires en vivent. Et
la démocratie est en grand péril, en partie à cause de media (dont la Globo)
que même vous ne supporteriez pas.
YTour 11/10/2016 - 17h41
Ce metallo "retraité" que vous détestez a fait sortir quarante
millions de personnes de la faim, a obligé de déclarer tout salarié et de lui
donner des congés, il donné des bourses d'étude, permis à des noirs l'accès à
l'Université, donné des droits aux indiens et aux minorités, valorisé les
régions arides du Nordeste, créé un SAMU. Il a fait sortir le Brésil du
moyen-âge. C'était insupportable pour l'élite blanche qui le déteste et
trouvera bien quelque chose d'illégal pour l'enfermer.
YTour 11/10/2016 - 17h41
Ce metallo "retraité" que vous détestez a fait sortir quarante
millions de personnes de la faim, a obligé de déclarer tout salarié et de lui
donner des congés, il donné des bourses d'étude, permis à des noirs l'accès à
l'Université, donné des droits aux indiens et aux minorités, valorisé les
régions arides du Nordeste, créé un SAMU. Il a fait sortir le Brésil du
moyen-âge. C'était insupportable pour l'élite blanche qui le déteste et
trouvera bien quelque chose d'illégal pour l'enfermer.
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