Personne
ne connaît vraiment la Syrie actuelle, et personne ne sait faire la synthèse
des relations internationales dans leur état actuel. Il y a certes des
utilisateurs d’une connaissance partielle et de la Syrie et de la carte
géo-stratégique du monde depuis deux-trois ans : les vraies intelligences
en cela, quoiqu’à court terme sont sans doute la Russie et l’Iran, s’étant
dotés depuis une décennie ou quelques semaines de dirigeants correspondant tout
à fait à leur moment, en « interne » et « à l’international ».
Mais
la véritable lutte a un tout autre champ ; elle est certainement l’âme des
combats et la vérité du débat, est de même nature que celle qui inspira et fit
véritablement les années 1940 par delà les éphémérides de la guerre, par delà
même les atrocités commises par les futurs vaincus mais aussi, quoique dans une
bien moindre mesure et sans qu’ils en aient pris l’initiative et l’aie planifiée
à l’avance comme les Allemands version nazie et les Japonais version
militariste, ceux qui l’emportèrent finalement, et devaient l’emporter. Une
lutte, difficile à expliciter et à dénommer parce qu’elle a été anticipée, et
même d’une certaine manière voulue mentalement par deux sortes de faiseurs de
conception, envoyant ensuite au combat, à la mort et surtout à des
désorganisations et à des déséquilibres durables des milliers de bonnes
volontés égarées ou de gens de bonne foi. Lutte du bien et du mal ? lutte
menés par des « fous de Dieu » contre les infidélités accumulées par
les siècles, les renégats, les colonialstes, les impérialistes et tous tièdes
de toutes nations. Les intégristes parvenant même à soulever dans les pays les
plus laïcisés comme la France des centaines de milliers de compatriotes pour de
nouvelles croisades et une nouvelle version de la haine, sinon de la guerre
civile, au moins dans les cœurs. Ceux que l’implosion soviétique laissa sans
motif immédiat de mobilisation, sans raison de refuser le désarmement, de
déclarer à l’instar du pacte de Varsovie l’obsolescence de l’Alliance
atlantique, et qui analysèrent les suites possibles, les substituts probables,
souhaitables même parce que fonctionnellement utiles pour maintenir des cohésions
que l’esprit démocratique et la simple intelligence, dans le genre humain et
parmi les nations ne suffiraient pas à assurer : l’ennemi commun fut
retrouvé, ausitôt. Un conflit nord-sud, inspiré du banquet de Malthus, nourri
des bandes dessinées au début des histoires universelles, les hordes d’au-delà
de l’Oural ou traversant la muraille de Chine, bien autres que les noyés de l’énième
chaloupe aux rives de Lampeduza. Donc, l’intégrisme religieux, donnant du
souffle à la droite française que l’U.M.P. et même le Front national ne
parviennent plus à endoctriner, l’intégrisme religieux semblant faire la
dialectique des printemps arabes qu’on avait d’abord cru un réveil
démocratique. Plus subtilement, des résurgences des années 30 quoiqu’en habits
différents et en textes plus camouflés, les totalitarismes russe et chinois
avec leur instrumentalisation d’un nationalisme revanchard puisque ces deux
pays sortent d’humiliations séculaires pour l’un, d’une vingtaine d’années pour
l’autre.
Je
vois donc comme opposition donnant âme aux conflits actuels et à ce que
pourrait être un débat sincère, le regard du politique, de la politique, de la
stratégie, des intérêts de toute nature sur l’homme. En Syrie, en Russie, en
Chine et dans certaines de nos pratiques sécuritaires françaises, c’est la
question des droits de l’homme qui domine. Il est décisif que le XXIème siècle la
pose ainsi en termes d’urgence – partout vécue, la question israëlo-palestinienne,
israëlo-arabe en a assuré la permanence, les forts d’aujourd’hui craignant d’être
faibles demain à en oublier qu’ils furent faibles comme ceux qu’ils dominent
maintenant – et en termes d’explication universelle. Les droits de l’homme et a
démocratie sont de même sorte, autant pratique que spirituelle.
Cette
interprétation des courants et forces labourant et modifiant sans cesse les
donnes quotidiennes ne doit pas faire conclure au manichéisme. A la fois parce
que ce ne serait pas la réalité et parce que ce ne serait pas la manière
efficace de combattre pour que gagnent – précisément – démocratie et droits de
l’homme. En chaque pays, en chaque conflit, en chaque personne, il y a la
flamme et la tension d’une considération pour autrui, que l’on en ait peur ou
que simplement on ne sache pas s’y prendre pour le connaître et pour l’approcher.
Pour enfin travailler ensemble : le développement économique, social, culturel
et la sauvegarde de la planète avec l’exploration du cosmos qui va avec sont le
véritable enjeu. Certainement pas la domination de quelques-uns sur chacun des
peuples ou de certains peuples sur des nationalités privées d’Etat ou d’expression,
déniées d’autogestion sinon d’indépendance partout dans le monde, jusques dans
les territoires de l’Union européenne.
La
cause du respect des droits de l’homme est sans doute au début de notre siècle
l’expression actualisée de cette conscience universelle – bien différente de ce
qui est appelée la communauté internationale, pas seulement parce qu’elle n’est
pas organisée, mais parce qu’elle est susceptible de mobiliser « tout le
monde » et qu’elle ne peut être contestée qu’en fait, mais jamais en
droit, même pas par un discours. Cette
cause est fondatrice et d’application multiple. Ceux qui l’embrassent répondent
de l’avenir pour quelques générations et disposent – seuls – des outils propres
à organiser le monde plus complètement que c’est tenté depuis un siècle. Bien
entendu, tout pays, tout parti, tout mouvement qui se consacrerait
principalement à cette ambition serait soutenu par ce qui depuis quelques
décennies – en humanitaire, en protection de l’environnement, en bénévolats divers
de tous niveaux de l’individuel au national et au continental – a commencé d’essaimer.
A l’inverse, un régime qui en quelques semaines est à la montre pour la mise à
mort lente d’une opposante et pour l’emprisonnement de défenseurs de l’environnement,
avoue qu’il n’a pas le génie politique que ferait croire sa capacité à bloquer
le Conseil de sécurité des nations unies, puis à le rouler tout en président,
chez soi, un G 20 de façade…
*
* *
Dans
cette ambiance, les pièces de l’échiquier conventionnel de la géostratégie
mondiale sont bien éclairées par la question de Syrie.
1° chaque question
nationale peut devenir internationale, généralement par manque de vigilance des
partenaires et observateurs, et par la difficulté d’identifier les enjeux et
les forces en présence. Le mouvement syrien a paru de même nature –
démocratique, libertaire – que celui soulevant la Tunisie et l’Egypte, faisant
frémir l’ensemble du « monde arabe » du Maroc à Bahrein. Des
répressions certaines n’ont pu aboutir, ainsi le Yémen, mais la plupart ont
étouffé ce qui n’a paru qu’en Egypte et en Tunisie. La Syrie, soutenant jusqu’à
sa fin, le régime de Khadafi avait donné son identité. Des clivages, datant
souvent du second avant-guerre : Frères musulmans, Baas, nationalisme
religieux ou nationalisme laïc, avaient été perdus de vue par les analystes et
les diplomaties. La médiatisation de l’exercice du pouvoir dans tous les pays,
y compris les pays démocratiques à l’européenne ou à l’américaine, est telle qu’elle
privilégie l’observation de chacun des chefs du moment, bien moins celle des
peuples. L’imprévision à propos de la Syrie a été double : la contestation
d’abord, aussi imprévue qu’ailleurs, et les deux dégénérescences, celle d’une
guerre civile, celle des forces d’opposition
La particularité de la
question posée par la Syrie est que ce pays ait impliqué autant de puissances
étrangères et ait même provoqué des face-à-face, ce qui n’a pas été le cas pour
les deux autres « printemps arabes » dont la gestation n’est pas
davantage terminée.
2° comment un pays devient-il test des rapports de force entre des tiers ? et quelles conséquences, cela a-t-il ?
2° comment un pays devient-il test des rapports de force entre des tiers ? et quelles conséquences, cela a-t-il ?
Conséquences évidentes :
le heurt de deux interprétations extérieures pour un conflit interne. L’opposition
est-elle pire que le pouvoir qu’elle conteste ? les djihadistes sont-ils
cette opposition majoritairement ? ce qui empêche les appuis initiaux de
continuer à se manifester au moment où cela aurait pu être décisif :
fournitures d’armes anti-aériennes par les « Occidentaux », craignant
maintenant de ravitailler les djihadistes. Divergences aussi d’appréciation
parmi ceux-ci : l’opposition reste-t-elle encore dirigée par les
démocrates (thèse gouvernementale française) ou par les djihadistes (mouvement
des opinions européennes polarisées par le danger islamiste depuis l’affaire
des caricatures de Mahomet puis le règne de Morsi au Caire – hésitation américaine
à poser un diagnostic). Thèse négationniste de la Russie : les atrocités
sont le fait de « terroristes » dominant la contestation à Bachar El
Assad. Evidence que Vladimir Poutine tient son opinion nationale par les
affaires du Caucase et singulièrement la cause tchétchène que renforcerait,
selon lui, une victoire djihadiste en Syrie.
Manifestation qui n’a
eu de précédent que le bras de fer de 1962 à Cuba : une intervention
aérienne par missiles et drones qu’allait déclencher dans la nuit du 31 Août l’alliance
franco-américaine aurait eu un répondant, la mise en œuvre à partir d’une véritable
enclave portuaire russe en Syrie (cf. l’escale soviétique en Albanie pour les
sous-marins nucléaires en Méditerranée de la « guerre froide ») d’un
bouclier anti-missiles. Confrontation des matériels et de bien davantage.
Ce que ni le bouclier
soi-disant anti-iranien qu’ont disposé les Etats-Unis en Europe centrale de l’Est,
donc en territoire anciennement contrôlé par l’U.R.S.S., ni l’échec chronique
des conversations SALT et suivantes, ni les successions au pouvoir en Ukraine
que se disputent l’Union européenne et la Russie résiduelle… n’avaient révélé,
vient de l’être par la Syrie. Etats-Unis et Russie ont composé. Apparemment,
Moscou l’a emporté : pas de frappes aériennes et le recours à la force reporté
non seulement à l’été prochain mais surtout conditionné par un nouveau vote en
Conseil de sécurité, tandis que la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne,
l’opposition syrienne aussi doivent se contenter d’une destruction des armes
chimiques et d’une reconnaissance implicite par Damas et par Moscou qu’elles
sont bien en la seule possession de Bachar El Assad. En réalité, la Russie et
singulièrement Poutine ne sont pas allés à l’épreuve de force. En 1990,
Gorbatchev n’y était pas allé non plus, en soutien à Bagdad, mais pour des
raisons appréciables par les tiers, et qui étaient aussi celle de François
Mitterrand (la mutuelle compréhension des deux hommes d’Etat est
rétrospectivement manifeste en presque tout, pour la période) : ne pas
donner un précédent koweitien à une extension illimitée ou presque de la « réunification »
allemande (la contenir à la seule absorption de la République démocratique,
sans que soient concernées les territoires allemands d’avant le 2 Août 1914) et
aussi... humanitaires. Tempérament qui permet l’escalade du mur de Berlin
malgré les appels d’Honecker. Pourtant, les Américains n’ont pas joué de cette « révélation »
que les Russes mis devant le fait d’une détermination absolue, et techniquement
crédible : Cuba avec Khrouchtchev (qui y gagna cependant le démantèlement
des rampes de lancement en Turquie, du même ordre de dissuasion et de
proximité), Berlin avec Staline, savent reculer.
3°
question de lieu ? et révélation des cœurs
La Syrie, en géographie
comme en histoire, est un centre. Turquie, Irak-Iran, Israël font une
confluence, c’est un véritable échiquier, le moindre mouvement change tout. La
guerre des Six Jours qui a bouleversé et la carte politique et le psychisme de
chacun dans la région, est une affaire de cours d’eau.
L’affaire syrienne
comme celle de Libye, le coup militaire mettant fin à l’expérience d’exercice du
pouvoir par les Frères Musulmans ont en commun de montrer que le panarabisme et
le panislamisme n’ont été une réalité politique et stratégique qu’en ambiance
laïque, nationaliste et anti-occidentale. Livrés à eux-mêmes, ces mouvements –
en sont-ils un seul ? – sont divisés selon des clivages purement
étatiques. Les monarchies pétrolières ne forment pas même une cohérence
diplomatique et militaire. Si la confrontation Russie-« Occident »
avait eu lieu aux premières heures de Septembre, deux points intéressants
auraient été tranchés. Celui tout technique d’une bataille entre missiles :
une première historique, dont il est d’un intérêt mondial qu’elle ait lieu en
termes de compétition quasi-sportive de manière à ce que Moscou et Washington
sachent et fassent savoir si ces boucliers divers et ces arbalètes de la
science-fiction valent les investissements et les cycles de négociations dont
ils sont l’objet depuis des décennies. Le second a été évoqué par la partie
française : quelle aurait été dans la réalité la participation militaire
de quelques-uns des pays arabes désireux que Bachar El Assad soit éliminé, et
quels sont ces pays ? puisque depuis 1967, l’Egypte et la Jordanie n’ont
jamais été accompagnés dans leurs combats avec Israël.
Les printemps arabes et
la dérive syrienne, degré ultime des confrontations internes propres à chacun
des pays islamo-arabes, Tunisie et Egypte offrant d’autres degrés, tandis que
tout le reste de ce monde a vécu ou vit une crise et une répression seulement
souterraines ou analysée en paramètres seulement locaux, ont coincidé avec une
décantation de la Turquie et de l’exercice de son pouvoir d’Etat par un parti
nommément islamique. Jusqu’il y a quelques mois, le gouvernement Erdogan
semblait donner la priorité à sa présentation la plus appropriée pour une
adhésion européenne, mutuellement consentie. Puisque l’Union européenne a un
flanc exposé au conflit israëlo-arabe et aux difficultés proche-orientales, la
Turquie peut constituer une masse de manœuvre autant qu’une capillarité très
fortes. Or, ces temps-ci le raidissement du régime, la confrontation sourde
avec l’armée et, donc, avec le legs fondateur d’Ata Turk, donnent à Ankara un
tout autre visage et à l’alliance puis à l’intégration euro-turc de plus en
plus d’éléments risquant de faire conclure à cette incompatibilité tant
souhaitée par certaines opinions dans l’Union européenne et en France,
notamment. Chacun a beaucoup à y perdre.
4°
la grande inversion des tendances
La Syrie vient de
donner à deux pays en attente de réintégration, la grande occasion. La Russie
voulait, veut être de nouveau considérée à son rang d’avant 1914, d’avant
1991 : c’est fait. La coincidence, en quelques jours et quelques mois, du
G20, des négociations sur une « sortie de crise » pour le plus chaud
(les échanges possibles de missiles – l’image de l’échiquier est parlante, les
pions en avant-garde sont aussi les meilleurs marqueurs) et des jeux de Sotchi
l’ont mis en vedette et surtout en situation d’être priée. L’Iran qui a cinq
mille ans d’ambition universelle, quels que soient les époques et les régimes,
ne peut comprendre que lui soit contesté le droit au nucléaire : je ne
sais pas le détail de ses engagements internationaux, mais très probablement si
le traité de non- prolifération que de Gaulle ne signa pas (mais fit appliquer,
il l’avait fait avant la lettre dans la semaine de son retour au pouvoir et à
l’instigation de Couve de Murville, à propos d’Israël et de l’Allemagne) porte
la signature de Téhéran, cela date du shah et les mollah sont tout à fait
justifiables quand ils demandent quelque chose en échange de leur ratification
politique, même si le juridique a au moins trente-cinq ans. Ils vont
naturellement l’obtenir puisqu’il n’y aura pas de solution durable en Syrie ni
en Irak sans eux. Le fauteur de troubles, le prédécesseur de Ben Laden comme
ennemi mondial n° 1 pour les Américains : le régime de Khomeiny, va
redevenir comme au temps des Pahlavi le point fort des Euro-Atlantiques et le
partenaire convoité de Moscou.
Il est probable que le
statut nucléaire à consentir à l’Iran et le rôle stabilisateur que le pays va
jouer en politique, et d’équilibre dans les rivalités et dissensions
religieuses pour toute la région, sinon la communauté musulmane elle-même
(chiites/sunnites) auront des conséquences sur l’appréhension à Washington et
en Europe de ce que représente Israël. La sécurité de l’Etat hébreu ne peut, à
perpétuité, être assurée par l’instabilité de son environnement. Tôt ou tard,
il faut y réfléchir et en inventer les conséquences avant que celles-ci ne
s’imposent. Les diasporas juives aux Etats-Unis et en France (qui en a la
seconde dans sa composition ethnique et religieuse) doivent y contribuer. Dans
cette réflexion, la Russie a une partition à part. Elle a toujours été l’un des
foyers ardents de l’antisémitisme, au contraire d’une Allemagne et d’une
Autriche-Hongrie devant tellement au ciment, au patriotisme et à l’ensemble des
apports juifs (en cela, Hitler et son obsession, furent, me semble-t-il, une
aberration historique – de même que la révolution marxiste n’a été russe que du
fait de la Grande Guerre, elle devait être allemande selon son
« concepteur » du fait de l’essor industriel de l’empire wilhelmien).
La Russie est démographiquement, surtout depuis la chute de l’Union soviétique
et l’ouverture de celle-ci à l’émigration, une des racines de l’Israël de
maintenant. La Syrie n’a pas de rapport ni de sang ni d’histoire avec elle, ce
pays n’a été que le prétexte très judicieusement discerné par Poutine, tandis
qu’Israël a de la Russie comme de la France et de l’Allemagne, de l’Afrique
maghrébine aussi, dans son sang, dans ses veines.
5°
les mauvais dénouements
Il est probable que le
volitif importera moins dans l’avenir proche, pour ce qui est de la crise
syrienne – crise intérieure et objet de relations inter-étatiques – que
l’accidentel. La disparition de Bachar se fera forcément sous la contrainte. Le
pays n’a pas l’atavisme libanais pour des combinaisons institutionnelles
faisant un semblant de concorde nationale. D’ailleurs, celles-ci sont
aujourd’hui très précarisées par la crise syrienne dont les violences essaiment
au moins à Tripoli et à Saïda. Il n’y a pas actuellement de l’Atlantique à
l’Indus de modèle démocratique du crû de chacun de ces pays et adapté à leur
commune aspiration à un certain degré d’union : la religion n’étant, à
bien y réfléchir qu’un des vecteurs ou l‘un des paravents pour une oumma qui a
des potentialités laïques et pacifiantes certaines. Il faut beaucoup d’erreurs
ou beaucoup d’égoisme au nord et à l’ouest de sa mouvance et de sa tradition
géographique et historique pour qu’elle devienne nos épouvantails et
l’exaspération djihadiste.
*
* *
Sans
que ce puisse être une conclusion, une évidence s’impose qui produit une ligne
d’action immédiate au moins pour la France vis-à-vis de ses partenaires. L’Union européenne moins que jamais, dans
la crise syrienne, a disposé d’une diplomatie et fait entendre une voix
unique, délibérée et forte. Moins que jamais l’Union a disposé, s’il avait
fallu en découdre ou quand il faudra finalement agir, à peine de perdre toute
crédibilité – le compte-à-rebours va jusqu’à l’été de 2014 et à une nouvelle
impasse au Conseil de sécurité des Nations Unies quand il faudra voter le
recours à la force faute qu’ait été détruit l’arsenal chimique de Bachar El
Assad – des moyens militaires unifiés. Ni politique étrangère proprement
européenne, ni ensemble de la panoplie moderne en logistique, en
renseignements, en robots, l’Europe n’a pas même su concerter ses procédures
parlementaires nationales pour décider d’une attitude commune de ses Etats
membres. Soixante ans après les débats sur la Communauté européenne de défense,
c’est brillant. Cela semble le désistement des invités au banquet de noces,
selon l’évangéliste rapportant la parabole fameuse.
Bertrand Fessard de
Foucault
dimanche 6 . lundi 7
Octobre 2013
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