jeudi 31 octobre 2013

courriel à l'Elysée - actualité : gouverner

----- Original Message -----
Sent: Thursday, October 31, 2013 9:44 AM
Subject: actualité - gouverner

 Le miroir de la presse et de l'hebdomadaire satirique n'est pas le seul. Il y a le regard de ceux qui sont nés dans le service de l'Etat, ma génération, la vôtre encore, mais avec le trouble jeté depuis les années 1980 par les défroqués et les privatiseurs, l'ENA diplôme et le cabinet, surtout celui du Premier ministre, depuis Pierre Mauroy compris (qui n'en put mais), comme rampe de lancement dans des carrières pas forcément de service public.

Une très belle plaquette, il y a dix ans, d'Edgard Pisani : Le sens de l'Etat, ou le collectif dirigé par Jean-François Théry l'été de 1968 : Pour nationaliser l'Etat, ce qui prolongeait l'Etat et le citoyen du club Jean Moulin, paru dans l'ambiance de 1958-1960, les grands débuts.
 

Ce miroir maintenant est affligeant. Le "pouvoir en place" serait à la recherche d'un directeur du Trésor et d'un directeur du Budget, chacun convenable et loyal. Et ne les trouve pas. Pas de connaissance intime des viviers pour l'ensemble de la haute administration ? alors que tout est ouvert, transparent et que c'est censément le même monde, que l'actuel ministre de l'Economie a déjà été ministre des Affaires européennes, donc à un carrefour de l'organigramme de l'tEtat... (nouvau signe de son insuffisance et je ne comprends toujours pas comment le champion de DSK a-t-il pu passer de al direction de campagne de celui-ci à celle de notre candidat, le futur Président). De Gaulle avait confiance dans l'Etat, dans le personnel de l'Etat et se fiait à ce qui montait d'elle en proposition de collaborateurs. En revanche, il commandait et faisait commander. Amertume (une de plus) de Michel Debré dès les années 70 : l'administration n'est plus commandée.


Le legs de Woerth et de Lagarde : il n'y a plus de symbiose entre le ministre à Bercy (il devrait n'y en avoir qu'un, avec éventuellement un secrétaire d'Etat au Budget pour la discussion des crédits à un rang ministériel avec chacun des membres du gouvernement) et ses administrations. Et ce qu'il se passe au Budget et au Trésor montre que cela continue. Sans compter les prises de position publiques insolites de Noyer. Ministres et administrations cuisinent chacun dans leur "coin".


Il me semble que deux personnes restent dans le coup pour vous conseiller les nominations. Même "anciennes", elles ont mémoire des jeunes promotions qui ont maintenant l'âge du pouvoir : Peyrelevade et Trichet.


J'espère que vous-même et le Président regardez des émissions telles que celle d'avant-hier sur la finance noire. Je ne sais pas les notes qui "remontent" vers lui et vers vous, mais je les suppose uniquement factuelles, dans l'instant et en proposition de décision. Il manque la fresque, le mouvement de l'histoire et le discernement des forces en présence, tout le contexte donnant les repères pour décider même infimement. Evocation de débat intime de Bérégovoy pour des ouvertures et dérégulations, très lourdes de conséquences, en 1989, et cherchant à réfléchir en dehors de Naouri.


Je ressens - mais espère me tromper, mais si je me trompe alors quels effets de ce qui existerait sans que cela paraisse - je ressens le manque de vraie connaissance mutuelle et de délibération ensemble - le Président et la Chancelière - des vraies questions, qui ne sont pas les ordres du jour des conseils européens, mais les décisions de politique industrielle, de réglementation bancaire, de choix coup par coup de jumeler toujours nos forces et nos projets avec l'Allemagne : notre intérêt économique, son intérêt politique.  


Toutes les "histoires" sur la faiblesse du gouvernement ou du Président lui-même, sur les reculs, etc... sont tout à fait mineures par rapport à ce que je prends la liberté de vous exposer. Et que - j'en suis sûr - vous déplorez.


A l'occasion de ces nominations à Bercy, pourquoi ne pas refaire l'organigramme, réinstituer en la fortifiant une direction des relations économiques extérieures et du commerce hors Union européenne.

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