----- Original Message -----
Cc: Bernard Combes
Sent: Thursday, October 31, 2013 9:44 AM
Subject: actualité - gouverner
Le miroir de la presse et de l'hebdomadaire satirique n'est pas le seul. Il y a le regard de ceux qui sont nés dans le service de l'Etat, ma génération, la vôtre encore, mais avec le trouble jeté depuis les années 1980 par les défroqués et les privatiseurs, l'ENA diplôme et le cabinet, surtout celui du Premier ministre, depuis Pierre Mauroy compris (qui n'en put mais), comme rampe de lancement dans des carrières pas forcément de service public.
Une très belle plaquette, il y a
dix ans, d'Edgard Pisani : Le sens de l'Etat, ou le collectif dirigé
par Jean-François Théry l'été de 1968 : Pour nationaliser l'Etat, ce
qui prolongeait l'Etat et le citoyen du club Jean Moulin, paru dans
l'ambiance de 1958-1960, les grands débuts.
Ce miroir maintenant est
affligeant. Le "pouvoir en place" serait à la recherche d'un directeur du Trésor
et d'un directeur du Budget, chacun convenable et loyal. Et ne les trouve pas.
Pas de connaissance intime des viviers pour l'ensemble de la haute
administration ? alors que tout est ouvert, transparent et que c'est censément
le même monde, que l'actuel ministre de l'Economie a déjà été ministre des
Affaires européennes, donc à un carrefour de l'organigramme de l'tEtat...
(nouvau signe de son insuffisance et je ne comprends toujours pas comment le
champion de DSK a-t-il pu passer de al direction de campagne de celui-ci à celle
de notre candidat, le futur Président). De Gaulle avait confiance dans l'Etat,
dans le personnel de l'Etat et se fiait à ce qui montait d'elle en proposition
de collaborateurs. En revanche, il commandait et faisait commander. Amertume
(une de plus) de Michel Debré dès les années 70 : l'administration n'est plus
commandée.
Le legs de Woerth et de Lagarde :
il n'y a plus de symbiose entre le ministre à Bercy (il devrait n'y en avoir
qu'un, avec éventuellement un secrétaire d'Etat au Budget pour la discussion des
crédits à un rang ministériel avec chacun des membres du gouvernement) et ses
administrations. Et ce qu'il se passe au Budget et au Trésor montre que cela
continue. Sans compter les prises de position publiques insolites de
Noyer. Ministres et administrations cuisinent chacun dans leur
"coin".
Il me semble que deux personnes
restent dans le coup pour vous conseiller les nominations. Même "anciennes",
elles ont mémoire des jeunes promotions qui ont maintenant l'âge du pouvoir :
Peyrelevade et Trichet.
J'espère que vous-même et le
Président regardez des émissions telles que celle d'avant-hier sur la finance
noire. Je ne sais pas les notes qui "remontent" vers lui et vers vous, mais je
les suppose uniquement factuelles, dans l'instant et en proposition de décision.
Il manque la fresque, le mouvement de l'histoire et le discernement des forces
en présence, tout le contexte donnant les repères pour décider même infimement.
Evocation de débat intime de Bérégovoy pour des ouvertures et dérégulations,
très lourdes de conséquences, en 1989, et cherchant à réfléchir en dehors de
Naouri.
Je ressens - mais espère me
tromper, mais si je me trompe alors quels effets de ce qui existerait sans que
cela paraisse - je ressens le manque de vraie connaissance mutuelle et de
délibération ensemble - le Président et la Chancelière - des vraies questions,
qui ne sont pas les ordres du jour des conseils européens, mais les décisions de
politique industrielle, de réglementation bancaire, de choix coup par coup de
jumeler toujours nos forces et nos projets avec l'Allemagne : notre intérêt
économique, son intérêt politique.
Toutes les "histoires" sur la
faiblesse du gouvernement ou du Président lui-même, sur les reculs, etc... sont
tout à fait mineures par rapport à ce que je prends la liberté de vous exposer.
Et que - j'en suis sûr - vous déplorez.
A l'occasion de ces nominations à
Bercy, pourquoi ne pas refaire l'organigramme, réinstituer en la fortifiant une
direction des relations économiques extérieures et du commerce hors Union
européenne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire