jeudi 15 novembre 2012

réflexion politique sur le quinquennat - 03 - 9 au 21 Juin 2012


constatations & attente

III




9 au 21 Juin 2012  

Choisir n’est pas décider



. . . nous sommes mortels mais notre dignité d'hommes et de femmes,
notre condition d'être humain, c'est de permettre à d'autres de vivre après nous
et mieux que nous. Tel est le sens de ma présence ici.
François Hollande, président de la République française au sommet de Rio+ 20

Avec mon élu, j’ai fait une alliance.
psaume LXXXIX


Les faits… et les dits… 

9 Juin – quatre soldats français tués en Afghanistan dans une attaque-suicide – plan de sauvetage des banques espagnoles pour 100 milliards d’euros

10 Juin – premier tour de scrutin en France pour le renouvellement de l’Assemblée nationale : 42,77 d’abstentions, le Front national à 13,77% est présent dans 62 circonscriptions pour le second tour. Parti socialiste : 34,43% et l’UMP avec le Nouveau Centre et divers droites : 34,10% . Le Front de gauche : 6,94% mais Jean-Luc Mélenchon en 3ème position face à Marine Le Pen. Les Verts : 5,57% et le Modem : 2,33%. A la Rochelle, un dissident socialiste se maintient contre Ségolène Royal. Rama Yade éliminée – Libye, la commission électorale reporte au 7 Juillet les élections à la Constituante prévues pour le 19 Juin - irle

11 Juin – l’U.M.P. décide le ni-ni : ni le Front national, ni le Front républicain contre le Front nationa – Christiane Taubira gèle l’extension à huit cours d’appel de l’expériemntation des jurés populaires – la même souhaite préciser la protection des sources des journalistes Sea France peut reprendre son activité en coopérative grâce à l’achat par Eurotunnel de trois navires – le père de Mohamed Mera porte plainte contre X pour le meurtre de son fils avec circonstances aggravantes – François Hollande reçoit Mahamadou Issourou, président du Niger

12 Juin – twitter de Valérie Trierweiler au compétiteur de Ségolène Royal, à l’insu du président de la République – le président de la République assure au Conseil économique et social : « la croisssance, elle ne naîtra de dépenses publique supplémentaires, au moment où les Etats connaissent un endettement élevé » – Lionel Jospin réagit dans une lettre adressée au Monde aux propos d’Ariel Goldmann, vice-président du CRIF, selon lequel la communauté juive auirait gardé un mauvais souvenir de la période de son gouvernement – « journée de la Russie » et manifestations rassemblant à Moscou cent mille personnes – en Tunisie, instauration du couvre-feu après une nuit de violences entre police et salafistes – Syrie, un rapport des Nations Unies dénonce l’utilisation d’enfants comme boucliers humains – annonce d’un referendum sur le statut des Malouines – à Bruxelles, le conseil des ministres de la pêche est incapable de décider contre la surpêche – en France, date-limite des dépôts de candidature pour le second tour : 34 triangulaires

13 Juin – le Conseil des ministres adopte un nouveau projet de loi réprimant le harcèlement sexuel et le plafonnement  à 450.000 euros des salaires des dirigeants d’entreprises publiques – François Hollande, président de la République, reçoit les dirigeants du SPD, le parti socialiste allemand pour préparer le sommet européen des 28 et 29 Juin à Bruxelles – suspension des autorisations de forage de Shell au large de la Guyane française – Saab repris par des investisseurs sino-japonais – Roger Garaudy meurt à 98 ans

14 Juin – François Hollande s’entretient à Rome avec Mario Monti – en Egypte, la Haute-Cour constitutionnelle annule le scrutin législatif de Novembre 2011.Janvier 2012

15 Juin – fin de l’immunité présidentielle pour Nicolas Sarkozy : Karachi, les sondages, le financement de la campagne de 2007 avec le soutien de Liliane Bettencourt sont évoquées

16 Juin – téléconférence réunissant Angleterre, Allemagne, France, Italie

16.17 Juin – en Egypte, deuxième tour du scrutin présidentiel : les Frères musulmans revendiquent la victoire de leur candidat, Mohamed Morsi

17 Juin – en France, deuxième tour de scrutin – en Grèce, les nouvelles élections législatives donnent l’avantage à la Nea Demokratia, pro-européenne – à Collobrières, meurtre de deux femmes gendarmes

18 Juin – François Hollande au Mont-Valérien pour le 72ème anniversaire de l’appel du général de Gaulle – Patrice de Maistre libéré – six familles de victimes de l’attentat de Karachi portent plainte contre Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux– en Egypte, les forces armées se gardent le pouvoir législatif et la prérogative de nommer Premier ministre et gouvernement -

20 Juin – G 20 à Los Cabos (Mexique) – entretien du Président avec le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan

21.22 Juin – sommet de Rio + 20 : participation et discours de François Hollande, absence de Barak Obama et de Hu Jin Tao

21 Juin – le groupe parlementaire socialiste désigne son candidat à la présidence de l’Assemblée nationale : Claude Bartolone, contre Jean Glavany, Elisabeth Guigou et Daniel Vaillant,  ainsi que son propre président : Bruno Le Roux – en Grèce, formation d’un gouvernement de coalition présidé par le conservateur, les Finances et la négociation européennes confiées au président de la Banque nationale de Grèce

22 Juin – à Rome, « pré-sommet » européen à quatre : Allemagne, Espagne, France, Italie

. . .

26 Juin – ouverture de la XIVème législature : élection du président de l’Assemblée nationale

28-29 Juin – Conseil européen à Bruxelles


Apparences rassurantes. Un pouvoir établi, selon plus que des apparences et que la lettre de nos instsitutions, sur un système de réseaux et d’argent, ayant pratiqué pendant cinq ans une « mithridatisation » délibérée de l’esprit français aux thèses les plus typiques du Front national : islamophobie et xénophobie, étant allé au paroxysme du cynisme à propos de l’attentat de Karachi et du financement de la campagne présidentielle de 1995, à propos des abus de faiblesse de Liliane Bettencourt et du financement de la campagne présidentielle de 2007, à propos des sources des journalistes, des présomptions d’innocence, des marchés publics truqués (sondages commandés par l’Elysée et « Pentagone » à la française) a « dégagé »… tout simplement parce qu’un scrutin très disputé à tranché par 51,68 %. Les principaux policiers de la « garde rapprochée » du système déchu ont été remplacés sans difficulté. Démocratie qu’un changement de main sans complot, sans bruits de botte, sans manifestations que d’affection dans la salle de la Mutualité pour saluer le partant, place de la Bastille après celle de la cathédrale à Tulle (République laïque) pour saluer l’arrivant. Démocratie, oui, en comparaison d’une grande majorité des Etats dans le monde actuel, mais par rapport à notre idéal, par rapport à la refondation de 1958 ? Nous ne sommes pas un pays où l’on peut s’accrocher au pouvoir, quelqu’envie qu’on en ait ou quelque prétexte ou motif qu’on en fournisse : ce n’est pas la démocratie qui est élective, c’est la dévolution du pouvoir dont le mode est intangible. En perspective historique, le fait est nouveau, nous avons vécu mille ans selon une dévolution héréditaire mais très codifiée, puis soixante-dix ans selon une coutume exclusivement parlementaire ; l’élection du président de la République au suffrage direct aura, dans son principe, seulement cinquante ans cette année. Les réseaux, habitudes, tolérances et peut-être crimes qui vont avec un exercice du pouvoir sont défaits en quelques heures, mais nous n’avons pas encore de reddition des comptes, de sanction des recels d’abus. Cette éventuelle jurisprudence éludée pour ce qui fut le parcours de Jacques Chirac, sera peut-être donnée par Nicolas Sarkozy, à son corps défendant. Nous sommes en Etat de droit, ce qui oblige les citoyens autant que les élus et les dirigeants mandatés par ces derniers.

Evidence du sérieux de la nouvelle équipe, sans doute parce qu’elle n’a pas le métier des précédentes, de toutes les précédentes depuis une vingtaine d’années et même plus, tellement la droite de 1993 ressemblait à celle de 1986 et de 2002 à celle d’un gaullisme travesti matinée d’une U.D.F. qui n’avait pourtant jamais rétabli son fondateur et meilleur acteur (Valéry Giscard d’Estaing), sans doute aussi parce que la gauche socialiste est plus inventive de jeunesse, en quoi Nicolas Sarkozy en 2007 sut être autant novateur pour la ressource humaine que Lionel Jospin en 2007. Bien sûr, quelques vétérans comme Alain Juppé à droite et Laurent Fabius à gauche, ce qui en impose aux administrations mais n’est pas gage d’indépendance des nouveaux  hiérarques vis-à-vis des fonds de dossiers et des dogmes. Des jeunesses donc en 2012 comme en 2007. La novation du nouveau pouvoir tient certainement davantage à la manière du nouveau président de la République et tout autant du nouveau Premier ministre qu’à ce renouvellement du gouvernement. Comparé à celui de 2007, son sérieux se mesure à sa discrétion et à ce qui commence de s’éprouver : une réelle répartition des compétences entre des fonctions – l’Elysée, Matignon, le Parlement – qu’a écrite notre Constitution.

Alternance au pouvoir, sérieux des arrivants et pourtant tous les motifs d’une inquiétude. Elle dépasse le nouveau pouvoir et ces nouveaux gouvernants. Les questions à résoudre, évidemment. L’éradication des poisons du « sarkozysme » et de son vivier idéologique : le Front national pas en tant que parti, tout parti est légitime quand il n’est pas clandestin et s’expose au vote comme au commentaire, libres chez nous, mais le Front national tel qu’il est regardé par l’U.M.P., ses candidats et le premier de ceux-ci, le président gagnant en 2007 et battu en 2012. Le Front qui a un autre fonds de commerce que celui que croit l’U.M.P. Je fais confiance autant au nouveau gouvernement pour traiter l’ensemble de la France et à beaucoup de gaullistes et d’humanistes dans l’U.M.P. pour que se résorbent poisons et simplismes. Les gros dossiers de l’économie, de la société et la difficulté de faire adopter par les opinions nationales, à commencer par la nôtre, et par les dirigeants de nos partenaires de l’Union européenne, la grande voie de la solidarité entre Etats-membres. Celle-ci n’est politiquement et psychologiquement possible que si les charges inégalement réparties d’une solidarité entre nous sont expliquées, vécues dynamiquement, civiquement par l’instauration de la démocratie directe dans les institutions de Bruxelles et leur fonctionnement. Les dirigeants ne croyant qu’à l’intergouvernemental, c’est-à-dire à leur efficience propre en concert. Les abstentionnistes de plus en plus nombreux. Tête-à-tête ?

La question de la démocratie vivante – thème, intitulé, militance de Michel Jobert, décédé il y a juste dix ans – est décisive et toujours pas posée, ni chez nous : à preuve l’ensemble du commentaire et peut-être aussi de la résolution des votants considérant qu’entre le 6 Mai et le 17 Juin, tout s’est décidé pour cinq ans, irrévocablement, rigidement, ni en Europe : la méthode intergouvernementale qui, précisément, a produit à huis clos les traités de Maastricht et de Lisbonne, si compliqués, si peu prévoyants qu’aucune sécession ni suspension n’est textuellement prévue, continue d’être la règle et le comportement. La Commission longtemps aussi décisive que les Etats a « disparu des radars » depuis 2007 quelle que soit la qualité de beaucoup de ses membres : Barroso, Reding, Barnier tels que je les pratique (par courriel). C’est cette bousculade populaire – organisée en forme de scrutin, ou improvisée par des révoltes à venir partout si les dogmes ne sont pas renversés par leurs actuels pratiquants (gouvernants, banques, organisateurs et garants institutiuonnels des marchés) – qui me paraît l’enjeu décisif pour les systèmes actuels, le nôtre rafraîchi mais pas restauré selon son esprit d’origine, l’européen. Le fait que la nouvelle majorité au pouvoir ne dispose cependant pas des trois cinquièmes au Congrès du Parlement va imposer – très heureusement – le referendum pour beaucoup des engagements électoraux du Président

Ni en économie ni en politique, les questions de fond dont seront déduits des remèdes hors de la plupart des lignes actuelles, suivies depuis l’émergence de « la crise », ne sont pas encore posées. Ni en France, ni dans le monde. Le raisonnement et le débat continuent de porter sur l’amenuisement de la dépense publique et l’Etat, au moins en France, va donner le mauvais exemple aux grandes entreprises qui ne demandent que cela : la réduction des coûts s’obtient en diminuant la masse salariale. Chercher d’autres gisements d’économies ou penser en termes de croissance économique et de mieux-être social ne fait toujours pas école. La crise persistera et s’approfondira selon des contagions géographiques ou thématiques (le « systémique » a déjà fait son œuvre, malgré les dénégations initiales, en 2008, des plus hautes « autorités » scientifiques ou politiques, tous ces tests uropéens sur al solidité des banques sans intégrer la variable grecque…) tant que les remèdes resteront ceux de ces années-ci.

I – Les résultats du scrutin pour la nouvelle Assemblée nationale

Ils sont éclatants. Tous les ministres du gouvernement Ayrault qui avaient eu le courage ou la routine de se présenter ou de se représenter devant le suffrage universel, alors qu’ils avaient été prévenus que leur échec les chasserait aussi du gouvernement, ont été réélus. Marie-Arlette Carlotti, à Marseille, est emblématique tant son défi était risqué. La défaite de Claude Guéant (et aussi de son fils, à Ploërmel, pas loin de chez moi, malgré un clientélisme affiché pendant cinq ans) est autant emblématique : le vice-président, le porte-voix de la thématique raciste suppléant le discours présidentiel après l’exhorde du 30 Juillet 2010, a été rejeté. Nadine Morano en appelant à ses valeurs communes avec le Front national, aussi. Le navire sarthois abandonné par François Fillon est symptomatique de certaines manières de se « battre » pour l’élection ou la réélection. Donc, 302 sièges pour le seul Parti socialiste avec les divers gauches (ses dissidents), 13 pour les radicaux de gauche, 18 pour les écologistes, 10 pour le Front de gauche., soit 343 députés pour la gauche contre 206 à l’U.M.P. et divers droite, 14 pour le Nouveau Centre, 9 pour les radiaux tendance Borloo. Le Front national a trois députés – contraste observé dès Novembre 1958, les communistes tombant à moins de vingt sièges alors qu’en voix ils avaient obtenu autant que l’Union pour la Nouvelle République, soutenant le général de Gaulle – et le Modem, deux députés. L’élu du 6 Mai et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ont donc l’outil parlementaire qui convient. Eux et la France sont donc identifiables pleinement pour l’étranger où seul Wladimir Poutine a, lui aussi, son élection (celle-ci contestée et contestable au contraire évidemment des nôtres) comme socle. Angela Merkel, Barak Obama, David Cameron sont fragiles, monnayables pour beaucoup de leurs propos qui ne peuvent plus être libres (il n’y avait guère que de Gaulle considérant certes les élections au point d’y engager son mandat même si elles n’étaient pas présidentielle, mais  découplant toujours son propos du scrutin à venir.

Négatifs, les échecs de François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royal. Chacun représente un courant de pensée qui doit exister, qu’il faut faire exister chez nous [1]. Un comportement libre aussi, ce qui est exceptionnel au Palais-Bourbon – sauf mûe dans les mœurs parlementaires et les disciplines de groupe, encore plus significative qu’une alternance droite/gauche dans les grandes instances et fonctions. Chacun, il est vrai, était candidat dans une circonscription pas acquise comme celle de l’ancien Premier ministre, à Paris VIIème. Ces trois personnalités sont – pour l’immédiat – victimes de leur qualité. Ce ne sont pas des prudents ni de langage ni de pensée. Ils me rappellent, mutatis mutandis, Pierre Mendès France, et son relatif (et orgueilleux) isolement. Signe de valeur. Les prendre au gouvernement eût donc été une manifestation exceptionnelle de l’indépendance du président de la République dans des circonstances intérieures et extérieures qui vont lui en demander beaucoup. Important, la réélection de Nicolas Dupont-Aignan, chez lui, à 43% pour sa circonscription contre 9% à l’U.M.P. et même à 60% dans « sa » ville de Yerres ; son mouvement, Debout la République, apparemment pas significatif dans les urnes, a tout de même atteint ou dépassé le 1% de suffrages exprimés pour 101 de ses trois 300 candidats, ce qui le finance (un peu). Ces personnalités transcendent les partis, Nicolas Hulot a voté pour Jean-Luc Mélenchon qui, au gouvernement, aurait été une voix décisive pour renforcer et diversifier analyses et efforts d’Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan a véritablement réarticulé le « souverainisme », Ségolène Royal a introduit au Parti socialiste une fraîcheur pas seulement de présentation et d’une élégance décisives pour l’image du pays à l’étranger, mais de thème, la psychologie du désir en politique – où l’on parle depuis deux campagnes, à l’image du sport, de l’envie, de la préparation, et qu’avait bien discerné Catherine Nay dans sa biographie d’un Nicolas Sarkozy pré-électoral, aujourd’hui précédent pour celle donnée par Serge Raffi du François Hollande à 3% d’intentions de vote. Enfin, François Bayrou incarne la tentative qui commande l’avenir : pas tellement celle d’un parti centriste (deux blocs = violence, ou tous pourris, ou la bande des quatre), l’entre-deux n’étant pas électoralement possible dans notre régime, mais celle d’une liberté personnelle prêchant aux familles d’esprit le retour de chacune à l’esprit de leur fondation au lieu de la remorque et des alliances purement électorales, le plus souvent aux antipodes d’une culture, d’une tradition et aussi d’une nécessité nationale. Les personnalités ne sont sans doute pas un outil de gouvernement, elles sont une réserve présidentielle, elles témoignent de la France souhaitable, et qui ne souhaite celle-ci ?  

Et évidemment, la question de la représentativité. Du fait de leur accord avec le Parti socialiste, les écologistes forment aisément un groupe parlementaire alors que leur candidate, en propre, à l’élection présidentielle n’a pas obtenu 3% des suffrages exprimés. Au contraire, faute d’accord avec l’un des deux grands partis, le Front national et le Front de gauche n’ont respectivement que 3 et 10 élus, alors qu’ils totalisent autant de voix à la présidentielle que l’UMP ou le PS à la législative. La représentation proportionnelle, mais comment ? sur le modèle tout écrit et déjà expérimenté de ce qui règla en 1986 le renouvellement de l’Assemblée nationale ?  Le scrutin de liste n’accentuera-t-il pas la main-mise des partis sur les candidatures, puisque la confection des listes leur appartiendra : les gens d’appareil, comme pour les élections européennes, auront des sièges sans lien avec les électeurs. Ya-t-il une tierce voie ? C’est l’un des deux exercices de réinvention ou d’approfondissement de la démocratie à mener pendant ce quinquennat.

L’abstention, en hausse sensible pour chacun des scrutins législatif depuis 1958, est-elle liée comme il est répété à ce calendrier couplant trop manifestement le renouvellement de la Chambre avec l’élection ou la confirmation du président de la Répulique ? Telle qu’elle est – plus de 44% cette année – elle augmente encore la pénalité des partis autres que le PS et l’UMP puisque le maintien au second tour est drastiquement conditionnée et s’obtient par rapport aux inscrits et non pas aux votants. Instituer le vote obligatoire ? une majorité de Français y semble opposé.

Le vote Front national est diversement interprété en signification brute, en présage de péril pour la démocratie. Je penche pour l’analyse du Canard enchaîné [2]observant les scores accomplis lors des triangulaires ou des duels. Il n’y a plus de séparation mentale entre la droite dite parlementaire et la droite extrême, alors que persiste, dans la gauche socialiste comme dans l’ensemble de la droite, un réflexe anti-communiste dont le fond a certes changé : de la peur du « grand soir », de « l’homme au couteau entre les dents », de l’invasion soviétique, on est venu au dédain ou au mépris, à la moquerie de toute utopie égalitaire, partageuse, de l’humanisme quand il s’applique à l’économie.


II – Le jeu des partis, ses contrariétés et les parcours personnels

Non prévus par les textes ni par la jurisprudence… deux faits, en série longue, ont marqué ce scrutin.

Les dissidents ont été nombreux et la plupart ont gagné, quoique respectivement exclus du Parti socialiste et de l’U.M.P. Les « parachutages » ou les appuis de la direction nationale n’ont généralement pas réussi aux candidats qui en bénéficiaient. Les consignes de ne pas se présenter ou de se désister pour le second tour n’ont – dans certains cas spectaculaires – été respectées. Ces dissidences proviennent généralement d’une militance ancienne et implantée. Des novices de la politique nationale mais des habitués de la politique et des réseaux locaux : Forlani à La Rochelle mais Hervé Pellois chez moi (1ère circonscription du Morbihan) l’ont nettement emporté. Le maire de Boulogne-Billancourt sur l’ancien ministre de l’Intérieur, bras droit du président battu. Xavier Bertrand, Michel Vauzelle gagnant de justesse.

La relation des partis avec les notoriétés et les grandes carrières n’est pas toujours la relation de celles-ci avec les électeurs. Mais les cas de figure précisément résistent à l’énoncé de règles, sinon peut-être que l’époque a vraiment changé et qu’à la briéveté de l’instant de décision correspond une grande longueur de parcours dans le temps. Décisivement, l’unité de lieu. Une continuité d’ancrage. Presque partout, les situations locales ont été décisives. La droite s’est affaiblie en dix ans d’exercice du pouvoir davantage dans ses relais et porte-parole locaux, qu’à proportion du rejet de Nicolas Sarkozy.

L’invocation ou le refus des étiquettes, l’appel à des électeurs en reprenant les thèses de leur candidat de premier choix ont caractérisé le Modem et l’UMP. Du premier, beaucoup de candidats ont refusé l’étiquette au vu du score décevant de François Bayrou à l’élection présidentielle. Dans la seconde, les courants existent de fait : la Droite populaire, en tant que telle, pourrait constituer un groupe parlementaire ; elle a déjà été un groupe de pression sur le gouvernement pendant la précédente législature. Les ententes pour le second tour n’ont donné lieu qu’à des ententes locales et le plus souvent le maintien ou le retrait du troisième arrivé en ont tenu lieu. A gauche, la disciplinaire « républicaine » : le désistement en faveur du candidat le mieux placé, a spontanément joué, sauf dans l’espèce rochellaise où le vote de l’U.M.P. n’aurait eu aucune incidence si le dissident s’était désisté comme cela lui fut demandé de toutes parts, sauf de la base. S’il a été répété que Ségolène Royal n’était pas parachutée puisqu’elle préside la région et ne changeait que de département, il n’a pas été précisé que la circonscription où elle avait cédé sa place en 2007, l’aurait certainement élue. Son mouvement des Deux-Sèvres à la Charente maritime a été d’abord un égard pour son ancienne suppléante, désormais élue sans mal.

Mais pour la statistique, les options des directions nationales continuent d’être décisives. Elles se fondent sur un présupposé d’appartenance politique des circonscriptions, elles-mêmes regardées en trois classes : les sûres, les possibles à conquérir, les inintéressantes sauf pour y poster des candidatures répondant, sans chance électorale, aux injonctions de parité homme/femme.

Les votations en champ clos ont été – tristement – exemplaires le 21 Juin dans la majorité socialiste de la nouvelle Assemblée nationale. Le comportement du Parti socialiste a été analogue à celui de l’U.M.P. en Septembre 2008 pour la présidence du Sénat. La désignation en groupe parlementaire, champ d’une primaire fermée aux autres groupes, du candidat de la majorité régnante équivaut à son élection. L’élection n’est plus directe ni ouverte à l’ensemble des parlementaires. Jean-Pierre Raffarin, empêché d’être le candidat de son parti, aurait certainement obtenu des voix au centre et au gauche pour la présidence au palais du Luxembourg, et Elisabeth Guigou aurait, quant à elle, débordé de son camp. La rigidité et l’intolérance de cette votation augurent mal de ce qu’il conviendrait de rendre monnaie courante au Parlement pour que les débats soient éclairants et les scrutins de conviction. La considération de l’opinion publique pour l’institution parlementaire ne dépend pas du nombre d’émissions consacrées aux débats mais à la vérité de ceux-ci, sans récitation ni élément de langage. La discipline parlementaire ne devrait être invoquée que selon la question de confiance posée par le gouvernement ou la motion de censure déposée par les opposants. L’élection du président de l’Assemblée nationale n’est pas une question de gouvernement, un dilemme de programme législatif, elle est le choix de la personnalité la plus consensuellement reconnue dans son aptitude à animer, apaiser, susciter le débat. La tradition d’une non-participation du président de l’une ou l’autre des deux chambres, aux votes même très serrés n’a été transgressée en près d’un siècle et demi de parlementarisme républicain qu’en 2008 pour assurer une révision constitutionnelle très discutée. Or, la vie politique et en particulier parlementaire est riche d’amitiés transcendant les appartenances : le vote pour la présidence aurait pu manifester ces sympathies et cette vérité des personnes. Dommage…  

Les leçons ne sont pourtant pas tirées. Les carrières politiques continuent d’être aménagées par des combinaisons ce qui ne rétribue pas forcément les services rendus au pays, seule est organisée la suite (et la fin) des parcours présidentiels, d’une manière d’ailleurs discutée à présent, le siège de droit au Conseil constitutionnel. La Troisième République a eu, à ses débuts, ses sénateurs inamovibles. L’agencement des partis continuent de prétexter des anathèmes dans chaque camp et le régime électoral ne produit pas une représentation fidèle du pays, il n’est conçu que pour la capacité du pouvoir à en imposer aux élus. Les alliances à droite entre Front national et Union pour une majorité populaire ne sont pas en elles-mêmes illégitimes, ce sont des thèmes qu’il faut mettre hors discours et hors la loi. Ils le seraient d’ailleurs facilement si le Front national était associé à des reponsabilités exécutives, selon les scrutins où il compte déjà beaucoup plus cette année que par le passé. Bien évidemment, le Front de gauche et les communistes sont nécessaires à tous les niveaux de la vie et des gestions publiques. Enfin, il est anormal que ni le vote blanc, ni un grand parti du centre, sans affiliation à la droite ni à la gauche soient dédaignés par la loi puis par les électeurs, ce qui est d’ailleurs contradictoire de la part de ceux-ci. L’initiative est ici autant au nouveau président, inspirant en cela son gouvernement, qu’à la majorité sortante. La recomposition de la droite ne peut plus ignorer le Front national et la refonte de l’U.M.P. passe certainement par un examen de sa conscience politique. Si la « guerre des chefs » pour le contrôle du parti initialement mais si lointainement gaulliste, a un sens c’est dans cette recherche identitaire et idéalement dans un retour aux sources. Plutôt qu’un rassemblement énième, une élection par l’ensemble des militants, sinon même un genre de primaire à la socilialiste, ouverte aux sympathisants, anciens, nouveaux, encartés ou pas, et surtout des assises ouvertes tout autant, mais surtout aux courants d’idées. Il est probable que Nicolas Sarkozy, entrainé par une analyse simplement électorale depuis 2002 et le succès de Jean-Marie Le Pen à l’époque, reviendra sur l’option dominante de son quinquennat. Il est psychologiquement logique qu’il entrave la candidature de son Premier ministre pour la prochaine élection présidentielle et que dans l’indécision qui devrait caractériser le mouvement si longtemps chiraquien et dont la seule constante a été le culte du chef, ce soit une voie d’attente qui l’emporte : le retour de Nicolas Sarkozy pour 2017 me paraît probable. Ce serait une première dont les Républiques précédentes et le général de Gaulle ont produit l’expérience, pas négative.


IV – Le changement est au moins d’ambiance


Tout au long du précédent mandat, le changement, l’originalité de la dialectique du nouveau pouvoir ont été supposés affaire de communication. Il est très vite apparu que cet exercice l’emportait sur le fond et la maturité des décisions, appelait nécessairement des politiques réactives et faisait entrer l’exécutif en dépendance des sondages avec la hantise des électeurs qui va avec… Le contre-pied semble pris jusqu’à présent, au moins dans la forme. Sauf quelques annonces en matière d’éducation ou de logement, rien dans la geste gouvernementale entre les deux tours du scrutin législatif n’a été publié en vue de celui-ci. Le président de la République contrairement à tous ses prédécesseurs n’est pas intervenu ex cathedra pendant la campagne. L’image de liberté vis-à-vis de l’enjeu électoral [3]– une fois celui-ci dit, ce dont personne ne doutait – ne semble pas mensongère. Le remaniement ministériel a été peu conséquent et n’a pas correspondu aux attentes des commentateurs. Le président de la République a reçu avant le premier tour du scrutin législatif, à deux exceptions, les principaux responsables de mouvements politiques, sans distinguer entre leurs succès ou leurs défaites [4] et sans lien avec les activités présidentielle et gouvernementale. Celles-ci ont été également découplées du renouvellement de l’Assemblée nationale. Les candidats et les électeurs ont été – volontairement – laissés face à face par le président de la République. Le Premier ministre et la Première secrétaire du Parti socialiste tenant ensemble deux réunions nationales.

En politique extérieure, François Hollande n’a éludé aucun des rendez-vous déjà arrêtés avant son élection, et il en a ajouté, en sorte qu’en cinq semaines le nouveau président a rencontré la plupart de ses partenaires, personnes physiques, et a participé à toutes les formes de réunions « au sommet ». La densité de cet apprentissage accéléré par un calendrier qu’il n’avait pas organisé pour l’essentiel prolonge opportunément la maturité d’une réflexion sur les principaux dossiers de l’heure. Rien n’a été énoncé en termes d’une stratégie à long terme, rien n’a été réactif. Il est vrai qu’aucune des rencontres – bilatérales ou multilatérales – n’appelait la sanction ou la conclusion d’une décision. La relation entre l’Elysée et le Quai d’Orsay obéit à de fortes traditions et la nomination d’un ministre de notoriété et d’envergure connues comme le sont celles de Laurent Fabius n’a qu’un précédent et immédiat : Alain Juppé. Ni le nouveau président ni le nouveau ministre ne sont particulièrement identifiés à aucune des grandes questions actuelles : stratégie, diplomatie, conflits en cours vont donc être regardés soit selon leur inertie quitte à ce que les agencements changent d’eux-mêmes, ainsi la « françafrique » que François Hollande s’est engagé à périmer [5]ce que semble confirmer le choix de Pascal Canfin et de l’intitulé du ministère confié à celui-ci…, soit selon leur dépendance vis-à-vis d’autres plus immédiates, ainsi la question d’Europe. Aucune fresque pour répondre à celle-ci n’a été encore esquissée, mais l’alternative reste ouverte entre des propositions révolutionnaires et donc unilatérales dans leur première expression, et une certaine docilité au courant dominant et à la mise en œuvre des procédures existantes [6]. En revanche, une certaine méthode, la posture s’affirment, les circonstances confortant le tempérament : elles sont évidentes vis-à-vis de l’Allemagne [7]. Comportement désormais de la France, mais assurance qui pourra continuer de surprendre sans que fanfaronne, tout au contraire,  l’élu du 6 Mai, censément sans expérience [8].

En politique intérieure, la main a été laissée au seul gouvernement et celui-ci n’est pas composé d’une manière hiérarchique. Sans doute pourrait-il être moitié moins nombreux, la plupart des ministres délégués disposent de peu d’administrations centrales et celles-ci pourraient agir davantage en synergie si elles n’étaient dirigées, chacune, que par un haut-fonctionnaire travaillant directement avec le ministre en titre, comme fonctionnaient les premiers gouvernements du général de Gaulle. La préparation du collectif budgétaire est discrète, celle de la prochaine conférence sociale est affichée. L’insistance sur le respect de la répartitions des compétences constitutionnelles participe du maître-mot pour le nouveau cours : le dialogue. Plusieurs intitulés ministériels en dérivent et pour cela que le Conseil économique, social et environnemental a droit à la première visite présidentielle à une institution délibérative : « votre assemblée, celle qui permet le dialogue », le 12 Juin. Mais dialogue entre qui et qui ? les syndicats de salariés et le pouvoir politique, seulement ? ou bien les partenaires sociaux dont le gouvernement ferait partie, ainsi ce qui semble se vivre à propos de l’augmentation du SMIC entre la décision en conseil des ministres du coup de pouce déjà souvent annoncé en campagne et dès la prise de fonctions et le pourcentage à publier le 26, toutes consultations institutionnelles et légales achevées. Le pouvoir et le patronat ?

Avec quelle circonspection, le gouvernement accueille ses premières épreuves : le quinquennat législatif de Lionel Jospin est resté dans la mémoire collective pour l’impuissance affichée à propos de la désertion de son site belge de Vilvorde par ce qui fut longtemps l’exemplaire régie nationale Renault, et des « licenciements boursiers » opérés par Michelin, cela dans les premiers jours du retour de la gauche au pouvoir. La fermeture du site de PSA-Citroën à Aulnay-sous-Bois et la suppression de 5.120 emplois chez Air France d’ici la fin de 2013 sont doublement stratégiques : que va faire le gouvernement et singulièrement son ministre du Redressement productif ? Arnaud Montebourg  qui a choisi le défi, puisqu’il n’a pas concouru à l’élection de député. Les grands groupes français sont-ils donc périmés s’ils restent d’obédience nationale ?  

Est-ce à dire que des nouveaux cadres se mettent en place aussi bien pour l’ensemble des politiques françaises que pour le jeu des acteurs, gouvernants ou opposants ? Plus rien n’est dit sur une réforme électorale, le discours présidentiel en Afghanistan ne laisse pas prévoir, au contraire, un nouveau retrait français de l’organisation intégrée du traité atlantique. Ni réactive ni fondatrice, la nouvelle posture ne vise aucune échéance ni aucun interlocuteur ou partenaire particuliers. Le mystère de la suite est là : dessein non dit mais à long terme ? attentisme jusqu’à ce que se précisent les impasses et les voies libres ? Peut-être, est-ce une nouvelle conception du pouvoir qui serait un état, une situation des dirigeants et non pas une action.


Deux éléments de trouble empêchent de conclure à la pérennité du changement. Apparemment hors du registre politique et très différents l’un de l’autre, sont-ils superficiels ? Ils pourraient éroder vite la statuaire d’un Président à l’éétat de grâce encore plus éphémère, et contre qui se retournerait même l’ambition de « normalité ».

Le premier est l’usure du vocabulaire dans les médias à force de tics de langage : le fief électoral, le collimateur de la justice, le ballet diplomatique et tout ce qui apparente la politique à ce qu’elle n’est pas, du sport (mouiller sa chemise), de l’exercice universitaire ou de grande école (le grand oral des comparutions pour le premier tour, à règles et temps d’antenne identiques). Cette contrainte linguistique du commentateur politique introduit pourtant à des notions aussi vagues que sacralisées. Les valeurs, la tradition républicaine. François Hollande n’est adepte ni de ces invocations ni de ces facilités, mais elles l’enserrent puisque sa propre démarche est décrite dans cette langue-là. Qu’il faille se référer à des normes républicaines pour avoir la simple politesse ou un minimum d’honnêteté et deréalisme face au vainqueur d’un scrutin et ainsi le féliciter, serait grandiloquent si les habitudes d’entendre de telles excuses n’étaient déjà prises. La liturgie politique, si elle n’avait la contribution du militaire et, malgré la laïcité, les messes avant la gerbe du monument aux morts, serait au mieux le défilé syndical, à quoi se refusent résolument les organisateurs de ces démonstrations-là. Pour inverser cette tendance, recoloriser le discours politique – de même que le vote de conscience revaloriserait le débat parlementaire et justifierait les échanges de discours, les polémiques de tribune autres que les manifestations grégaires que le téléspectateur ressent infantiles, forcément – le verbe présidentiel, le rythme gouvernemental même mieux articulés, plus raisonnables que ceux du précédent exercice du pouvoir ne vont pas suffire. Pour que se périment les commentaires usuels convainquant le parterre du théâtre public que chaque camp ressemble à l’autre, que seuls les visages et quelques étiquettes changent d’un scrutin à l’autre, il faut qu’effectivement tout change : des moyens aux fins. L’inédit fera trouver de nouveaux mots, criera la différence par absence de précédent : décider l’emprunt citoyen, réinstaurer la planification pluriannuelle, appeler les opinions de nos partenaires européens à l’élection directe du président de l’Union, nationaliser les banques et pourquoi pas les grandes entreprises qui étaient encore publiques, il n’y a pas vingt ans, et par là rendre à la France son rôle de boute-feu et de torchère [9], faire redémarrer l’Histoire en Europe et pour elle, étouffera le ronronnement auquel la politique a dû consentir pour sauver face au foot-ball son temps d’antenne. Culturellement, François Hollande le sent, mais politiquement pas encore. Il est possible que des impasses parlementaires, puis dans les réunions européennes l’inclinent à soudainement couper court. Nicolas Sarkozy, l’impétueux selon sa biographe moins inspiré pour un récit de règne que pour celui d’une ascension, n’a jamais eu que des audaces domestiques : physiquement, la réunion entre collègues de « sommet » ne diffère pas d’un cercle de parlementaires ou de syndicalistes convoqués à l’Elysée, du huis-clos sans sanction, de l’agenda pas de la bataille. 

La seconde cause de trouble est inattendue, quoique quelques signes précurseurs étaient publics dès l’entrée en campagne de celui qui l’a finalement emporté. L’énergie du culot ou l’omniprésene déployées par Nicolas Sarkozy avaient habitué les Français à ce qui, autrement et pour un quidam, serait de la disgrâce physique et de la laideur. Seul était devenu rédhibitoire le discours, pas dans son fond, le public ayant été soumis à une accoutumance très délibérée, mais dans son ton, sa langue, ses mimiques. Il s’y ajouta sans vraiment peser car le règne se finissait déjà, ces mensonges à propos d’une participation personnelle aux premiers coups de pioche donnés dans la nuit du 9 au 10 Novembre 1989 au mur de Berlin, ou quelques jours avant la défaite électorale, à propos d’une visite effectuée à la centrale-même de Fukushima. Les addictions sexuelles ou les dragues par abus de position en vue – il en faut beaucoup pour discréditer un personnage de premier rang : D.S.K., V.G.E. – et même la vie double à la tête de la République : François Mitterrand. Mais la situation dans laquelle se trouve François Hollande telle que l’a révélée le « twitt » de sa compagne le mardi 12 Mai, ne sera pas longtemps admise sans qu’il en soit diminué. Se maintenir dans une profession de parole et d’écrit public, s’exprimer en rivale de celle qu’on a supplantée dans la vie du premier magistrat et se faisant s’exposer à la critique aussi bien des journalistes de profession que des politiques d’appareil et d’élection, a sans doute de la logique par Valérie Trierweiler, mais quand une liaison est présentée aux Français, aux serviteurs de l’Etat et aux acteurs constitutionnels comme l’équivalent d’un couple dûment marié, le rôle de l’épouse n’appartient pas à celle-ci. Or, il apparaît que le paroxysme dont a pâti Ségolène Royal, qui s’était mise elle-même en posture difficile, a eu des précédents et aura probablement des répliques. Il se dévoile aussi que le président de la République qui se veut depuis son élection sans plus d’attache organique avec son parti de naissance et de maturité politiques, fait siens, avec une vigilance conjugale, les déboires et les ambitions de la femme de ses enfants, de ses débuts et des plus difficiles de ses combats. Deux amours dispersent alors que la charge suppose une liberté d’esprit qu’a François Hollande vis-à-vis des processus électifs et des sondages mais qu’il ne peut avoir en situation mentale de bigamie. Qu’il y ait – pour une réflexion politique et un examen des conditions dans lesquelles commencent le nouveau quinquennat - à ne pas taire ce qui n’est pas épisode mais état de fait, est certainement dommageable à l’image présidentielle. La naissance à l’Elysée d’une fille du président régnant vivant son troisième mariage en même temps que son premier mandat, ne lui avait rien apporté, mais les faisceaux de contradictions que constitue l’immixtion de la compagne en titre dans le milieu politique pour abattre la rivale demeurée telle, pourraient vite amoindrir politiquement et psychologiquement François Hollande. Les contre-feux organisés pour sauver la candidate à la Rochelle ont été disproportionnés. L’affichage des ambitions de Ségolène Royal : l’hôtel de Lassay, explicitement visé par celle-ci depuis des mois, et maintenant les combinaisons peu discrètes pour qu’elle ait « un point de chute » choquent, ainsi que le traitement de faveur de sa suppléante devenue ministre, puis changée de portefeuille pour un meilleur confort. Au contraire, son soutien à l’ancien compagnon, spectaculairement manifesté au Zénit de Rennes, et l’écrit de celui-ci en encadré de la profession de foi rochellaise, unique pour l’ensemble des candidats investis socialistes, seraient passés pour un apaisement mutuellement cherché et une exemplaire estime que beaucoup de couples séparés prendraient pour modèle. La résorption de cette querelle est-elle possible ? la discrétion et la stabilité matrimoniale doivent-elles faire partie des conditions de l’exercice présidentiel ? En 1920, le « père la Victoire » fut interdit d’Elysée par crainte de funérailles nationales seulement civiles. En 2007, Match pavoisa : « enfin une famille d’aujourd’hui à l’Elysée », et afficha la photo. : l’élu, sa femme, cinq enfants dont deux seulement du même lit. 



V – L’Histoire peut-elle prendre figure et changer de cours ?


Les circonstances font la grandeur ou balayent la médiocrité, quelle que soit la légitimité initiale de celui qui doit en répondre. Les actuelles paraissent d’abord nationales : une société d’inégalités en voie de communautarisations diverses, des institutions poussant à l’abstention des électeurs, une économie ayant perdu ses cadres et qui n’est plus majoritairement nationale, des handicaps budgétaires et financiers sérieux. Sans doute, est-ce fort peu au regard des circonstances qui rappelèrent le général de Gaulle au pouvoir : le drame algérien avec deux rébellions en cours (celle des musulmans, celle des pieds-noirs), l’inconnue de l’entreprise européenne de désarmement douanier et d’une certaine supranationalité, le vide institutionnel.

François Hollande, en dépit ou à cause de l’improbabilité et de son investiture et de sa victoire, a publié beaucoup plus que ses compétiteurs. Nicolas Sarkozy n’a argumenté sa demande d’être réélu que verbalement au motif de l’expérience acquise puis du danger pour le pays que représentait son adversaire. En campagne, son discours a paru d’un ton suranné et de thèmes contraints, composés. Mais une fois dans la fonction, le verbe est divers, le ton juste, chaque fois adapté. A la fondation Joliot-Curie, son hommage ressenti le plus émotionnellement par ceux qu’ils visitent n’a pas été transcrit. Avec nos troupes d’Afghanistan, il est en parfaite empathie [10].  Le discours présidentiel convient, la réaction ou l’émotion ont un bon terreau. La posture minimale est acquise.

L’Histoire ne choisira cependant François Hollande qu’à raison de deux exceptionnalités qui ne sont pas encore les siennes.

La première est évidemment sa solution à la crise nationale et européenne, la contribution à la crise mondiale. Ce qui suppose une analyse, des propositions et une efficacité. Ce sera le miracle français. La campagne présidentielle, les cinq premières semaines d’exercice du pouvoir donnent la certitude d’un tempérament réfléchi et tout ce que François Hollande a publié ou dit – en termes explicites, et aujourd’hui rappelés préparation délibérée à cet exercice – procède d’un sens certain du long terme, d’une capacité à saisir lses situations et à s’y introduire sans provoquer d’inimitiés ni non plus d’attentes exubérantes. Les ingrédients sont assez nouveaux pour l’histoire de notre pays. Ceux proposés par Nicolas Sarkozy avaient le principal défaut qui en fit l’échec : trop personnalisés, trop liés à un tempérament s’imposant et ne délibérant pas. Reprendre l’expérience des grands temps de crise du siècle dernier et de ses unissons aussi : le keynésianisme, le New Deal, le programme du Conseil national de la Résistance dont Stéphane Hessel a su – à l’improviste – faire une exportation française aussi populaire en 2011 que les essais d’Illitch et Marcuse en 1968, et le legs du général de Gaulle, de la Libération et des fondations de notre régime actuel. Le « modèle social français » n’a commencé d’être invoqué, sans inventaire, qu’une fois abandonné par la révérence mondialiste, l’extinction des habitudes et des institutions de la planification (la suppression par Lionel Jospin, au profit d’un conseil d’analyse économique, caricaturé plus tard par un conseil d’analyse social, version François Fillon-Luc Ferry…, Henri Guaino ayant été l’ultime commissaire au Plan…). Il y a tout à imaginer, mais la combinaison à opérer est bien celle de l’économique et du social, la rencontre de tous les acteurs, y compris l’Etat et les collectivités publiques pour la prévision et la décision, pour la mise en commun des objectifs. Et bien entendu, nationaliser aussi bien les banques que certains de nos fleurons quand la philosophie qui a partout échoué et qui réclame subventions et passe-droits, fait mettre la clé sous la porte. Nationalisations d’un type nouveau puisque temporaire. Le nerf de la guerre et le désendettement par l’emprunt citoyen, à divers niveaux : naional, européen ou celui des collectivités locales, l’appel direct à l’épargnant et non aux banques, aux investisseurs, etc… évidemment, c’est un test de confiance, déjà un referendum. A gouverner ainsi le pays, avec un an d’avance sur les possibles victoires des gauches européennes l’an prochain, François Hollande devient un initiateur

L’autre exceptionnalité serait peut-être plus grande encore, car la crise européenne, la minoration du Vieux Monde relativement aux pays émergents et aux hégémonies déclarées ne sont pas durables si chacun se ressaisit et vit selon ses normes, règles et atavismes au lieu de révérer des théories aussi inhumaines que furent les applications du matérialisme soviétique… tandis que la question du pouvoir et de la démocratie est permanente et qu’en ce moment, par inertie et routine du jeu des partis, par pétition d’expérience et d’expertise de ceux qui persistent à imiter les Danaïdes, la démocratie n’est plus expressive des peuples.

La grandeur d’un grand personnage, chez nous, produit par nous, en ce début de nouveau siècle nous concerne. L’influence dans le monde en sera la conséquence logique, ce n’en a jamais été la cause. C’est le rapport au peuple qui fait l’efficacité d’un pouvoir et la grandeur de celui qui l’exerce, quelles que soient le moment et les institutions. Le pouvoir n’est plus de droit divin, même si la providence explique souvent le hasard et que la ténacité porte quelques fruits. Son exercice n’est précisément fructueux que par le consentement du plus grand nombre aux efforts, la participation du plus grand nombre à l’imagination et celle-ci – révolution – ne peut naître que par l’aiguillon du souhaitable et non selon la contrainte du possible. Le lien entre le président de la République, seul élu au suffrage de tous, et le peuple constitué par tous, ne doit pas être celui d’un instant de sacre (et de défaite d’un adversaire trouvant vite les arguments, puis les moyens de la revanche…), il doit être permanent. Seul, de Gaulle trouva la formule. Le 18 Juin 1940 et le 27 Avril 1969 l’expliquent. En 1940, de Gaulle répond à une attente désespérée, intime de beaucoup. Parce que celui qui appelle est en symbiose avec le plus fort de notre conscience nationale, par atavisme et par réflexion, parce qu’il a l’expertise pour le défi du moment, chacun peut le recevoir, quand il l’entend et finalement tout le monde l’entendra, pour soi : le collectif, le sursaut part de chacun. De Gaulle a catalysé, l’appel est une réponse, l’Histoire la consacrera, après les faits et évidemment un talent exceptionnel médusant chacun des protagonistes et des partenaires, comme « la » réponse. Elle suppléera à la puissance, elle réécrira tout. Et évidemment elle fonde le pouvoir pour la suite, une légitimité sans égal ni précédent en 1958. Mais de Gaulle, en politologue consommé, ayant vécu à Londres puis en arrivant à Alger, et enfin à Paris, qu’un pouvoir ne nait que du consentement d’au moins quelques-uns, invente – quoiqu’il ait lu Carré de Malberg théorisant, à la fin de son œuvre et de sa vie, le referendum – cette vérification périodique de l’acquiescement, de la participation populaires. Il y risque, à court terme, son prestige en se prêtant au scrutin présidentiel de 1965 : sa mise en ballotage diminue son emprise sur le parti qui commencera de moins se réclamer de lui (résultat : aujourd’hui l’U.M.P.…) et sur le Premier ministre d’alors. Il analyse Mai 68 comme un découplage d’avec le peuple et, en toute logique, soumet toute la suite, y compris le nécessaire redressement économique du pays, à la vérification du consentement populaire. Son échec référendaire est accessoire puisque sa démission fonde et légitime l’étendue des prérogatives présidentielles : elle relativise le mode d’élection du chef de l’Etat puisque les conditions de naissance d’un pouvoir à la durée limitée par la Constitution (trop aujourd’hui par le quinquennat et l’interdiction de trois élections de suite) ne suffisent ni pour l’efficacité ni pour la légitimité pendant tout son exercice.

Aussi bien le président de la République que les élus à tous niveaux ont à trouver moyens, instances, manières, rythmes et thèmes pour un renouvellement, presque permanent, de la confiance des électeurs. Mais ceux-ci – en citoyens – doivent contribuer à ce lien. Aujourd’hui, les Français cumulent – ce qu’ils ne veulent pas de leurs élus et de leurs gouvernants – plusieurs états et qualités : la revendication sociale, la votation démocratique, des participations de formes diverses à la marche de leur entreprise ou des associations ou de leur commune ou de leur communauté religieuse ; ils entreprennent, ils portent des responsabilités affectives, financières, une créativité ou une expérience ; mais l’ensemble unifie peu chacun et n’est guère partagé à tous. Le lien avec le pouvoir n’est pas plus déficient que le lien de chacun à tous, de tous entre tous. Naguère, les crises et les drames nationaux faisaient un temps l’unisson. Nous sommes en voie de destruction, la mise en cause esst substantielle mais lente, nous ne la lisons qu’en termes de revenus ou de chômage (envers et endroit d’un même dépérissement). Est-ce assez dramatique pour nous stimuler ? à commencer par notre élu du 6 Mai 2012. Le précédent mandat ne se reconnaissait qu’une seule sanction : la non réélection de l’impétrant. Le nouveau est au défi de la démocratie nationale et européenne. Le suffrage populaire est le grand moyen, l’échéance est quotidienne. Le pouvoir doit susciter le peuple, le peuple doit exiger du pouvoir. Les élus ne sont qu’aux électeurs, pas aux partis. Les partis – selon la lettre si juste de la Constitution – concourent à l’expression populaire. C’est bien tout le contraire d’une communication abrutissante et d’une pédagogie au mieux paternaliste, mais souvent ressentie comme méprisante – telles que nous les avons vécues pendant cinq ans. Sans doute, ces qualificatifs sont excessifs, mais c’est alors le signe que communiquer unilatéralement et gouverner selon la contrainte de logiques dogmatiques impliquant le déni et l’illégitimité de toute alternative, n’a pas été opérant./.







Bertrand Fessard de Foucault
mardi 19 . mercredi 20 . vendredi 22  Juin 2012




sur demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur l’élection présidentielle :
seize pour celle de 2007 et autant pour celle de 2012
avant ouverture d’une nouvelle série : constatations & attente
à la manière des observation & réflexions (17 notes rédigées en 2007.2008 et 2009)
– avant la tenue d’un blog. Voir & Entendre http://bff-voirentendre.blogspot.com

Annexe I

12 Juin 2012

Discours de M. le Président de la République
au Conseil économique, social et environnemental

Discours de M. le Président de la République au Conseil économique, social et environnemental

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Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames, Messieurs les ministres,
Monsieur le Président du Comité économique et social européen,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie d'abord, Monsieur le Président de m'avoir invité au lendemain de l'élection présidentielle, à la veille du second tour des élections législatives, à un moment où le pays sort d'un grand débat citoyen, de m'avoir invité ici dans votre assemblée, celle qui permet le dialogue.
Je tenais à m'exprimer devant vous au début d'un mandat, celui qui m'a été confié par le peuple français, dans un contexte particulièrement difficile au plan européen, avec une crise de l'euro qui n'en finit pas et qui peut menacer non seulement la cohésion entre nos pays mais aussi le pacte que nous avons noué au sein même de l'Union européenne. Vous m'invitez aussi avant des décisions qu'il conviendra de prendre au Parlement, au sommet de l'Etat, dans la négociation avec les partenaires sociaux pour assurer l'avenir de notre pays. Et je voulais à travers votre invitation honorer le défi que vous m'aviez lancé : exprimer devant vous les grands choix qui attendent notre pays.
Il y a d'ailleurs une certaine logique à entreprendre cette démarche ici au Palais d'Iéna car votre Conseil atteste par l'exemple que notre Nation peut être réunie, rassemblée non seulement au-delà de ses différences, que je vois ici devant moi , mais à travers elles. Vous êtes l'une des expressions de la vitalité de notre société, de la variété de ses formes, de la multiplicité des engagements, des sensibilités. Au Conseil économique, social et environnemental s'agrègent toutes les France qui font la France.

La
France du travail d'abord qui veut concilier justice sociale et performance économique.
La France des salariés dont je sais la grande qualification et en même temps dont je mesure les attentes et parfois les inquiétudes.
La France des entreprises dont je connais les performances mais aussi les difficultés face aux défis de l'économie mondialisée.
La France des agriculteurs, des commerçants, des artisans, des professions libérales, des acteurs de l'économie sociale et solidaire, vous tous devant moi.
La France de l'engagement, celle du mouvement associatif, du mouvement familial, des bénévoles. A cette France-là je veux exprimer aussi ma reconnaissance, ma volonté d'explorer toutes les pistes qui permettront d'instituer enfin un véritable statut pour les bénévoles même si les bénévoles ne demandent rien d'autre que de servir leur pays et en même temps peuvent-ils échapper à toute protection et à toute reconnaissance ?
Je suis devant la France des territoires, à travers les Conseils économiques, sociaux et environnementaux des régions et je tiens également à ce que la force de leurs propositions soit mieux utilisée, mieux organisée.
La France de toutes les générations, des plus jeunes à ceux qui représentent les plus anciens, l'alliance des âges que j'ai revendiquée tout au long de ces derniers mois. Car mon ambition dans ce quinquennat c'est de faire que dans notre France les enfants vivent mieux que leurs parents, faire en sorte que la génération qui arrive puisse réaliser le rêve de celle qui s'efface où en somme le mot, la notion même de progrès retrouvera tout son sens. Le Conseil économique, social et environnemental joue déjà par sa composition, par ses travaux et je viens interrompre l'examen d'un rapport, je vous présente mes excuses, surtout sur la jeunesse, mais le Conseil traduit l'esprit, celui du dialogue et un rôle irremplaçable, celui du rassemblement. Ce rôle peut encore se renforcer d'abord parce que, j'en suis sûr, le Parlement tel qu'il sera renouvelé pour l'Assemblée nationale la semaine prochaine aura tout avantage à mieux articuler ces travaux avec ceux du Conseil.
Je ne suis pas là pour donner la leçon mais il pourrait y avoir des saisines plus fréquentes, il pourrait y avoir des rapporteurs, ceux de votre assemblée, qui puissent être entendus par les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat. De même, le lien entre votre assemblée et nos concitoyens peut-il être simplifié. Vous l'avez évoqué, Monsieur le Président : une loi organique, celle du 27 juin 2010, a bien introduit la possibilité d'une saisine directe mais avec un seuil si élevé, 500 000, que ce droit nouveau est resté lettre morte. Pourquoi ne pas abaisser ce seuil ? Pour ce qui me concerne, j'y suis prêt. Mais pour ce qui relève de ma propre responsabilité, celle du Premier ministre, les membres du gouvernement auront là aussi toute liberté, voire même si elle peut être sollicitée davantage, pour venir présenter le bilan de leur action devant votre Conseil. Mais je suis le chef de l'Etat et je viens vous dire ma conception de l'Etat dans la place qui est la sienne pour permettre à notre Nation de retrouver confiance.
L'Etat c'est l'instance qui oriente, qui arbitre et qui dans bien des domaines décide. L'Etat c'est une puissance, ce n'est pas la seule, protectrice, anticipatrice, redistributrice. Elle garantit l'idée même du bien commun par-delà la confrontation des égoïsmes ou des corporatismes ou l'exubérance des attentes parfois irraisonnées. L'Etat c'est la référence collective, l'incarnation de l'intérêt général même si l'Etat ne détient pas par lui-même le monopole de l'intérêt général. Car l'Etat est au service de la Nation, il n'est pas la Nation à lui seul. Et l'Etat ne peut pas prétendre tout faire tout seul s'il ignore la multiplicité des organes qui constituent le corps vivant, le corps social, alors il se condamne à l'inefficacité et parfois même à l'impuissance. L'Etat doit être respecté, à condition qu'il respecte les autres partenaires.
Les collectivités locales : c'est dans cet esprit que j'ai annoncé, et je réaffirme cet engagement ici devant vous, une nouvelle étape de la décentralisation. François MITTERRAND avait eu ce bon mot de rappeler que la France avait eu besoin de la centralisation pour se faire et qu'elle avait maintenant besoin de la décentralisation pour ne pas se défaire, et c'est encore vrai aujourd'hui. Mais nous devons faire le clair sur les différents niveaux d'administration, sur les modes de financement, nous devons donner une plus grande lisibilité à notre organisation territoriale et confier davantage de responsabilités à celles et ceux qui sont au plus près de nos concitoyens.
Les régions devront, au-delà de leurs compétences aujourd'hui reconnues, avoir davantage de moyens pour l'intervention en matière de transport, de formation professionnelle, et je veillerai avec le Premier ministre à ce qu'elles soient associées à la gestion de la Banque publique d'investissement. Les départements, et il y a encore quelques semaines je présidais la destinée de l'un d'entre eux, doivent essentiellement se tourner autour des politiques de solidarité et de proximité. Mais nous avons aujourd'hui de nouvelles collectivités qui ont surgi de la réalité de la vie, les métropoles, les agglomérations qui doivent être des leviers de croissance. Les territoires, à condition qu'on leur apporte confiance, peuvent être des facteurs de mobilisation mais, ils ne doivent pas organiser une administration qui se surajouterait à toutes les autres.
L'Etat doit également respecter les partenaires sociaux car la démocratie doit avoir à la fois le sens de l'urgence, répondre aux sollicitations des citoyens, mais aussi le sens de la patience pour agir bien et dans le long terme. L'enjeu est bien là et ce n'est un paradoxe que d'apparence : pour répondre à l'urgence, mieux vaut prendre son temps, celui de la concertation et de la réflexion. Le temps de transformer les idées en projets et les projets en actes, cela s'appelle le dialogue. Le dialogue n'est pas un problème, il n'est pas non plus la solution, il est le point de passage. Il n'est pas un obstacle sur le chemin des décisions, il permet de les prendre librement, de les assumer pleinement et surtout de les appliquer efficacement. Les économies les plus robustes sont celles qui ont été capables de tisser cette confiance et d'organiser ce système de relations sociales fondé sur la négociation. Je m'y suis engagé devant les Français et donc le dialogue social ne sera pas réservé à des moments d'exception ou à des réponses à des manifestations - ça peut être le cas - ou à des sommets convoqués pour la circonstance, non, le dialogue doit être un processus constant et cohérent. Et c'est la raison pour laquelle j'ai proposé de l'inscrire dans la pratique, celle que mettra en œuvre le gouvernement, mais aussi dans la lettre de notre Constitution. Aucune loi, plus exactement aucune proposition ou aucun projet de loi modifiant le statut, les conditions de vie au travail, les salariés et leurs droits mais également les entreprises ne devra être établi ni adopté sans une étroite concertation préalable avec les organisations qui les représentent. C'est d'ailleurs tout l'esprit de la grande conférence sociale qui va se réunir ici, quel plus beau symbole, réunissant donc Etat et partenaires sociaux. Ses conditions d'organisation ont été précisées par les rencontres que le Premier ministre a menées avec les partenaires sociaux. Un programme de travail a été présenté, un agenda sera discuté sur la base de grands objectifs que nous avons à poursuivre les uns et les autres à nos niveaux de responsabilités.
Au premier rang de nos priorités il y a l'emploi. Trop de Français, quatre millions, sont privés d'emploi et combien d'autres vivent en contrat précaire, en temps partiel, très éloignés des formes que nous souhaitons pour le salarié. Et pour la valeur travail qui est une valeur républicaine, l'emploi des jeunes et des seniors constituera notre responsabilité la plus immédiate. C'est l'idée du contrat de génération, lutter d'un même mouvement contre le chômage des jeunes et contre la mise à l'écart des seniors de l'entreprise. Nous devons assurer cette alliance des âges, cette transmission des savoirs, des expériences. C'est la condition non pas pour faire baisser le chômage, il y faudra de la croissance, mais pour permettre la valorisation de ce que certains appellent le capital humain et qui n'est rien d'autre que la force que nous pouvons mettre à la disposition de l'économie française, celle du travail. D'autres sujets seront abordés, et vous y avez fait vous-même référence, Monsieur le Président : souffrance au travail, santé au travail, conditions de travail, égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il y aura également le thème de la protection sociale, les retraites, dans la perspective du rendez-vous qui a été fixé en 2013, mais également de la santé sur laquelle nous aurons aussi à réfléchir dans son mode d'organisation, dans son financement, dans la qualité des prestations, dans le droit pour chacun de pouvoir y accéder.
J'attacherai aussi du prix, et le Premier ministre y sera particulièrement attentif, à la question de la sécurisation des parcours professionnels. Nous savons bien qu'il y a des mutations, qu'il y a des mobilités, qu'il y a des aléas dans la vie économique. Mais nous ne sommes pas là pour les empêcher, les interdire- parfois pour les prévenir, pour les freiner. Mais en même temps, il y a une mobilité organisée et nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait des salariés qui soient écartés de la vie au travail, sans qu'il y ait l'anticipation, la préparation et l'élévation, de façon à ce que d'une mauvaise décision, puisse sortir une mutation utile pour l'économie et pour le salarié.
Autre sujet de la conférence sociale, le développement de la formation tout au long de la vie et également le redressement productif, c'est un grand thème qui est sorti de la campagne présidentielle et qui a été d'ailleurs évoqué par beaucoup des candidats qui se sont présentés. Nous sommes conscients qu'il y a eu une détérioration depuis plusieurs années de la compétitivité de notre économie et donc de son industrie, la perte de nombreux emplois industriels, la fermeture d'entreprises qui avaient pourtant des conditions de rentabilité, l'abandon de certains territoires. Donc, le redressement productif sera aussi au cœur des débats. Comment pouvons-nous, les uns et les autres, nous efforcer de renforcer les conditions de notre croissance ?
L'objet de la conférence sociale, c'est aussi de préciser ce qui relèvera de la loi, ce qui n'empêche pas la concertation et ce qui appartiendra au domaine de la négociation. Et puis aussi, ces sujets qui finalement appellent une responsabilité partagée. Voilà l'état d'esprit, voilà le pacte, voilà l'agenda qui peut nous rassembler, voilà, même s'il y aura forcément des différences qui seront dans le débat.
La grande question à laquelle nous devons répondre, c'est : Quel modèle social pour la France de demain ? Depuis trop longtemps, justice sociale et performance économique ont été opposées, comme s'il fallait choisir entre l'une et l'autre. Ma conviction, c'est que nous avons besoin d'un environnement social qui lui-même permette de donner une protection contre les aléas de la vie et en même temps, d'une performance économique dans la concurrence qui est maintenant face à nous, au sein même de notre pays. Pour parvenir à allier la performance et la justice, nous avons besoin d'inventer, d'inventer de nouveaux instruments, d'inventer de nouveaux modes de financement, d'inventer de nouveaux modes de relation.
J'ai placé le thème de la croissance au cœur des discussions, aussi bien au G8, où je me suis rendu au lendemain de mon investiture, que dans le débat européen. Le monde, l'Europe, la France- nous avons besoin de croissance. Elle ne naîtra pas simplement de l'incantation, pas même de communiqués au terme de réunions européennes ou mondiales. Mais elle doit être notre préoccupation, notre engagement. La croissance, elle ne naîtra pas non plus de dépenses publiques supplémentaires, au moment où les Etats connaissent un endettement élevé. Alors, elle peut surgir d'une volonté commune, celle que l'Europe peut affirmer, de mettre en place des instruments nouveaux. Euro-obligations, instruments financiers, notre imagination peut être grande. Nous avons besoin qu'il y ait davantage d'investissements, privés comme publics, de mobiliser une épargne qui est aujourd'hui mal orientée, de protéger notre système financier, y compris de ses propres dérives, et nous en voyons une illustration venant de l'Espagne. Nous avons besoin que la finance soit au service de l'économie. Parce que finalement, elle risquerait d'affaiblir l'économie et de mettre en difficulté tous les Etats.
La volonté de croissance, elle n'empêche pas le sérieux budgétaire. Nous devrons réduire la dette publique, revenir à l'équilibre de nos finances publiques d'ici la fin du quinquennat, nous doter des disciplines nécessaires. Mais je vais vous faire cette confidence : aussi grandes seraient les disciplines, aussi lourdes seraient les sanctions, s'il n'y a pas de croissance, il n'y aura pas d'objectifs qui pourront être atteints en terme de réduction des finances publiques. A l'inverse, si nous ne mettons pas bon ordre à un certain nombre de dérives, il n'y aura pas de retour à la croissance. Les deux se tiennent et vont de pair.
Le redressement de la France reposera sur cinq grands enjeux dont votre Conseil s'est finalement saisi lui-même. Le premier, je l'ai dit, c'est la compétitivité de notre économie, un rapport a été fait ici même et son constat, je le partage. Nous avons perdu des parts de marché, notre déficit commercial dépasse 70 milliards d'euros, quand les Allemands en dégagent 150 milliards- oui, mais d'excédent. Il nous faudra donc faire le choix d'une réindustrialisation de notre pays. Cela passera par une réorientation de notre politique fiscale en faveur des PME, des entreprises de taille intermédiaire, mais aussi par un soutien aux politiques à l'exportation et également une relocalisation des investissements sur notre territoire national. Nous devrons, et c'est une évidence, permettre que les grands groupes tirent les PME, aussi bien pour l'industrie que pour les services, pour les emmener sur les marchés internationaux.
Je crois à l'industrie, ce n'est pas une activité dont nous devrions penser que par l'évolution des techniques, elle aurait vocation à disparaître. Au contraire, elle prendra d'autres formes. Industrie, services, je n'oublie pas l'agriculture qui est au service, elle, d'une grande industrie, l'industrie agroalimentaire, j'y reviendrai. Nous avons besoin de production et c'est tout le sens de la Banque publique d'investissement, elle n'a pas, cette Banque publique d'investissement, à se substituer aux banques elles-mêmes, je mets en garde contre cette facilité. Car ce serait d'abord obérer les moyens de cette banque, elle ne parviendrait pas à répondre à tous les besoins. Et surtout, ce serait exonérer les banques qui ont vocation, elles, à financer l'économie. Mais cette Banque publique d'investissement, doit rassembler l'ensemble des instruments de financement qui existent déjà pour les PME ou pour l'innovation ou pour les entreprises de taille intermédiaire et en faire un point d'entrée unique pour les chefs d'entreprise, afin que leurs projets de développement puissent être accompagnés, voire même amplifiés. L'Etat actionnaire engagera de même une réflexion sur son propre rôle dans l'économie, pour comprendre ce à quoi sert une entreprise publique, ce qu'elle peut apporter de spécifique, combien son comportement doit être exemplaire, y compris en matière de rémunération.
Nous mènerons également, toujours dans cet esprit de redressement et c'est un second grand enjeu, la transition énergétique. Cette transition énergétique, nous allons en débattre lors de la Conférence de Rio+20. Votre Assemblée, là encore, a adopté, le 22 mai dernier, un avis particulièrement intéressant qui souligne l'urgence des changements à conduire. Nous devons aller vers un bouquet énergétique bien plus diversifié, promouvoir un modèle de consommation plus sobre, plus efficace, plus durable. Face à la raréfaction des ressources, au renchérissement de leur prix, nous n'avons pas d'autre choix que de faire de la transition énergétique une nouvelle frontière.
Je vois ce que font les Allemands, comment ils ont anticipé, parfois en prenant des décisions que nous pouvons contester, il n'empêche. Nous avons à inventer, créer des sources nouvelles d'énergie, des méthodes industrielles, sur lesquelles nos entreprises ont d'ailleurs souvent un temps d'avance, pour l'efficacité énergétique. Moi, je suggère qu'il y ait un certain nombre de sujets qui puissent être identifiés sur ce thème de la transition énergétique et nous pourrions chercher les financements indispensables au plan national comme au plan européen pour leur donner une traduction. De même que nous devons mieux gérer l'accès à l'eau, à l'électricité, au gaz, biens essentiels, à travers une nouvelle tarification. Mais nous devons également prendre conscience que de nouvelles filières industrielles génératrices de nombreux emplois peuvent, dans le domaine de l'environnement, être sollicitées.
Le troisième enjeu, c'est la formation et c'est l'éducation et c'est la jeunesse. Votre Assemblée en débat donc aujourd'hui, je ne pourrais pas m'inspirer de ses travaux encore, mais je les lirai avec beaucoup d'attention. Chacun a bien compris que c'est par la formation des cadres, des salariés, des entrepreneurs que nous pourrons avoir un avantage compétitif. C'est pourquoi je souhaite, au-delà de l'urgence, pour assurer la prochaine rentrée, un nouveau pacte entre l'école et la nation. Ce pacte définira les priorités qui sont devant nous : conforter la mission donnée à l'école primaire où beaucoup se joue ; rétablir la formation professionnelle des enseignants, car c'est un métier, à travers des écoles supérieures du professorat ; mieux respecter les temps de l'enfant ; voir comment nous pouvons améliorer la formation professionnelle, donner une place et une reconnaissance à l'apprentissage avec aussi des diplômes reconnus. Je sais pouvoir compter sur la mobilisation de tous pour cette grande cause qui est celle de la jeunesse et celle de l'éducation. Car, c'est la promesse de la République, c'est ce qui nous permettra aussi de répondre à d'autres interpellations, celle de l'intégration, celle de l'égalité, celle aussi de la réussite, de la promotion de chacun, de la confiance qu'il peut avoir, au moins pour ses enfants, quant à la capacité de la République d'assurer un destin différent de celui que nous pouvons connaître.
Avec une dimension, celle de la culture, parce que nous devons, là encore, briser bien des barrières, lever bien des tabous. L'art, l'esthétique, le beau n'appartiennent pas à des classes sociales particulières et ont vocation à être diffusés largement. C'est aussi un moyen de permettre à la jeunesse de prendre confiance en elle et conscience de sa place dans notre société. Il en est de même pour le sport : sport à l'école, sport en dehors de l'école, sport pour les jeunes, sport pour toute la société. Parce que le sport porte des valeurs, le respect des règles d'engagement collectif, là encore, permettant à la jeunesse d'avoir le sens de l'effort, l'habitude de l'endurance, le goût de la performance. Ce sera une dimension aussi de l'action publique.
Et puis, il y a le maintien du service public de l'éducation sur tout le territoire. Dans les choix difficiles que nous aurons à faire pour arbitrer entre les différentes ressources, priorité sera donnée à deux territoires. Celui des quartiers les plus difficiles de nos villes, là où nous nous sommes habitués, avec trop d'insolence, trop d'indifférence, à vivre différents les uns les autres, sans la mixité sociale indispensable et avec des inégalités qui se sont creusées, avec le sentiment de déclassement et d'injustice pour les uns, de protection pour les autres dans les établissements qui sont considérés comme les meilleurs.
Eh bien nous devrons affecter les moyens là où il y a, justement, le plus de retard par rapport à ce que doit être l'enjeu de l'excellence. Et dans tous les lycées de France, il y aura une partie des élèves -- ceux qui auront fait l'effort d'être les meilleurs -- qui pourront aller vers les établissements d'enseignement supérieur de grande qualité.
Le quatrième enjeu, que nous avons à relever, c'est l'égalité entre les territoires. Les Français vivent de plus en plus dans les villes. C'est d'ailleurs une tendance qui mérite d'être corrigée. Autour des villes plus que dans les villes et avec un éloignement de plus en plus grand par rapport au centre et donc par rapport à ce qu'est la décision, le commerce, la culture et un sentiment, pour beaucoup de nos concitoyens, d'être relégués avec les conséquences que l'on sait quant à un certain nombre de comportements.
Eh bien nous aurons à créer davantage de logements. Voilà ce qui permettra d'allier la réponse à un besoin social avec une nécessité d'activité économique et de création d'emplois. Nous ferons -- et le Premier ministre en sera, là encore, chargé -- une politique qui mettra le logement comme la grande priorité et avec des moyens de financement qui devront être trouvés et notamment des fonds d'épargne.
Le second territoire sur lequel je veux un moment attirer votre attention, c'est ce qu'on appelle la ruralité. Bien sûr, l'agriculture en est la richesse principale et je veux une politique agricole qui mobilise qui les ressources, qui assure là aussi une pérennité pour l'occupation et le travail du territoire, qui permette aux agriculteurs d'avoir une visibilité sur le prix de leurs produits et également des conditions qui doivent permettre d'améliorer encore la qualité. Ce sera l'enjeu de la politique agricole commune, pas seulement. Nous devrons aussi établir une relation entre la France et les agriculteurs. Parce que ce n'est pas une question qui ne concerne que les agriculteurs, c'est la question qui concerne notre alimentation et notre souveraineté.
Mais la ruralité, ce sont aussi des hommes et des femmes qui ont choisi de vivre ou de continuer à vivre sur ces territoires et qui doivent pouvoir accéder, dans de bonnes conditions, à des réseaux de communication -- c'est tout l'enjeu du haut débit, voire même du très haut débit -- et également d'une offre de santé qui doit pouvoir être accessible.
L'égalité territoriale, c'est aussi donner toute la place aux outre-mer. J'étais très frappé -- je sais qu'ici, il y a plusieurs représentants des outre-mer -- par la gravité de la situation, notamment de la jeunesse, en outre-mer, du chômage, de la difficulté d'avoir là encore des investissements durables compte tenu de l'extrême volatilité des règles fiscales ou des règles administratives où, à chaque fois, les conditions changent. Eh bien nous devrons là encore faire que les outre-mer soient une chance pour la République. C'en est une ! Variété de nos territoires, biodiversité, qualité environnementale, ouverture sur tous les continents. Eh bien là encore, c'est le défi que nous devons nous lancer à nous-mêmes.
Sommes-nous capables de vivre ensemble ? Sommes-nous capables, sur tous les territoires de la République, d'avoir des conditions de vie sans doute différentes mais au moins le même mode de vie, la même conception de la vie à travers également des principes et des règles dont la laïcité fait partie, la capacité de vivre ensemble ?
Reste un dernier défi, c'est celui de la justice sociale et de la solidarité entre les générations. Là encore, votre Conseil a engagé des réflexions très précieuses sur le vieillissement, sur la dépendance. Que de fois a-t-on entendu un certain nombre de promesses ! Et il y a même une séance du Conseil économique qui avait été consacrée à la question de la dépendance. Donc, là aussi, nous aurons à en tirer toutes les conclusions mais avec un temps de réflexion qui sera moins long parce que, là encore, c'est notre système de santé qui est directement concerné, c'est la présence d'une population sur notre territoire et c'est l'égalité. Pour beaucoup de familles, c'est devenu insupportable. Pour des ménages où il y a un parent dans cette situation, c'est devenu une charge malgré tous les efforts que font les départements et à travers notamment l'allocation personnalisée à l'autonomie.
Donc l'autonomie des personnes âgées et je dirais aussi des personnes handicapées, c'est un combat et nous le mènerons. La justice sociale, c'est également l'égalité devant la santé et ce sera tout l'enjeu d'une nouvelle loi hospitalière qui sera présentée et également d'une bonne organisation de la santé sur le territoire avec le souci que nous devons avoir que les professions de santé, professions libérales -- qui doivent le rester --, puissent être encore mieux associées au travail que mène l'ensemble des professionnels de santé. Nous avons besoin de tous pour assurer l'égalité de tous. Et la prévention, l'information par rapport aux risques devront être, là aussi, largement renforcées contre les addictions (les drogues, l'alcool, tabac), contre les modes alimentaires qui conduisent à l'obésité ou à de nouvelles maladies, contre les souffrances psychologiques des enfants, des adolescents.
Tout cela fait partie également de ce que nous avons à relever et qui n'est pas sans lien avec l'économie parce que pour avoir une bonne économie, il faut aussi avoir une capacité où nous pouvons traiter tous les besoins des générations. Et enfin il y a le défi du financement. Je vais conclure par là. J'aurais pu commencer car sans le financement, le reste a peu de poids. Sans doute faudra-t-il changer des modes de financement. Tout ne relève pas d'abord des finances publiques. Il y a une mobilisation de l'épargne. Il y a ce que peut faire le système bancaire lui-même. Il y a aussi les ressources qui peuvent être mobilisées localement. Mais il est vrai que nous avons aussi à réfléchir, et à décider -- car maintenant, nous en sommes là, à décider -- d'une modification de mode de financement. Financement de la protection sociale qui ne peut pas peser sur le seul travail avec des conclusions qui peuvent être différentes selon les uns ou selon les autres mais qui peuvent partir du même constat. Et moi, je suggère d'appeler des financements multiples si nous voulons répondre correctement au défi qui nous est lancé.
Réforme fiscale. Là encore, c'est une de nos priorités, non pas tant pour rechercher de nouvelles ressources -- ce sera utile --, mais pour faire que ces ressources soient prélevées sans qu'il y ait de conséquences sur l'appareil productif et sans qu'il y ait non plus aggravation des inégalités. Comment admettre que nous puissions accorder des largesses fiscales à celles et ceux qui en ont déjà reçu beaucoup ? Et là aussi, il y a un patriotisme à appeler. Moi, je suis toujours sensible à ceux qui demandent de l'effort. Mais qu'ils commencent par eux-mêmes ! C'est souvent le meilleur exemple que l'on peut donner pour convaincre. Là encore, le patriotisme est d'appeler chacune et chacun à participer au travail commun avec une égale contribution en fonction de ses revenus ou de son patrimoine.
Nous aurons aussi à changer notre mode de tarification de beaucoup de produits par rapport à l'enjeu de la transition énergétique, par rapport aussi à l'arbitrage qu'il faut faire entre producteurs et consommateurs. Il y a une conception de la concurrence qui a fait qu'au nom des consommateurs, on a fini par affaiblir les producteurs. Or, s'il n'y a pas de producteurs, vous trouverez difficilement après des consommateurs. Nous devons aussi modifier des arbitrages entre les générations. Je ne veux pas les opposer mais la priorité doit être donnée à la jeunesse parce que c'est elle, aujourd'hui, qui se retrouve dans la situation la plus difficile, y compris même pour les diplômés, y compris même pour ceux qui ont reçu le plus et qui peinent à trouver l'emploi ou le statut qui correspond à leur effort ou à leur mérite. Alors pensez à ceux qui ont reçu le moins, les cent cinquante mille jeunes qui ont été écartés du système scolaire et dont, après, on s'interrogera pour savoir où ils sont passés. Dans la déscolarisation, dans l'exclusion et, finalement, là aussi, dans l'assistanat. L'assistanat pour des personnes qui, je le rappelle, ne peuvent pas bénéficier, si je puis dire, du RSA. Attention à une jeunesse qui serait en rupture. Donc nous avons à modifier nos arbitrages par rapport aux générations.
Voilà, vous connaissez nos enjeux, notre méthode, celle du gouvernement. Vous savez que c'est le gouvernement qui détermine et conduit la politique de la nation.
Ce seront donc le Premier ministre, les ministres qui viendront régulièrement à vos travaux. Je leur fais la plus grande confiance, à condition qu'ils trouvent une majorité au-delà de l'élection pour les appuyer. Mais je veux leur donner ce conseil aussi : le gouvernement ne réussira que s'il est capable d'aller au-delà de sa majorité, au-delà du Parlement, que s'il est capable d'emmener une grande partie de la société vers des objectifs communs, d'avoir le respect de toutes les sensibilités, d'avoir l'écoute à l'égard des groupes que vous constituez, d'avoir aussi la volonté de les associer et, en même temps, à un moment, de prendre la responsabilité de la décision car nous avons besoin de décisions.
Cinq ans, c'est bien court, il ne faut pas perdre de temps. Mais le début détermine souvent la fin. Donc il faut commencer avec une bonne méthode, une bonne démarche. J'ai besoin, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, de votre engagement, de ce que vous représentez, de votre liberté, de votre indépendance, de vos exigences mais, en même temps, de votre capacité de vous organiser, comme vous le faites ici, dans une société qui est capable de se parler. Le message que j'ai voulu vous transmettre en venant ici devant vous, devant ce Conseil, est simple : ensemble, nous devons redresser la France. Nous avons à la réconcilier avec elle-même et nous avons besoin de la contribution de tous.
Oui, j'ai confiance. J'ai confiance dans la société française, dans ses capacités, dans sa lucidité, dans sa volonté d'être un grand peuple qui est capable d'avoir un grand avenir. Rien n'est inaccessible à la France telle qu'elle est, même avec ses handicaps, même avec ses difficultés. Rien n'est inaccessible à un peuple lucide, conscient de lui-même et confiant dans son propre destin.
Merci au Conseil économique, social et environnemental de le comprendre et surtout de le prouver. Merci pour votre invitation.
Merci, Monsieur le Président

Annexe II

20 Juin 2012

Conférence de presse
de M. le Président de la République à Los Cabos

Conférence de presse de M. le Président de la République à Los Cabos

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LE PRESIDENT -- Je vais vous dire ce que je pense de ce G20 à ce stade et, ce que l'on peut en attendre. Et puis ensuite je répondrais à vos questions, c'est le plus simple. Moi, j'ai trois objectifs dans ce G20. Le premier, c'est de mettre la croissance au coeur de nos discussions. Le second objectif, c'est de poursuivre le travail qui a été engagé depuis déjà plusieurs années, pour la régulation du système financier. Le troisième objectif, c'est d'envoyer un message de stabilité au marché, notamment par rapport à la cohésion de la zone euro.
Sur ces trois objectifs, je pense que le premier, mettre la croissance au coeur de nos débats est atteint. La réunion d'hier, qui a été longue, a été essentiellement consacrée à un constat, c'est que la croissance ralentie partout, pas simplement dans la zone euro ou en Europe. La Chine qui avait une croissance très élevée à deux chiffres connaît aujourd'hui un ralentissement et il y a également aux Etats-Unis, une inquiétude par rapport à l'activité de fin d'année.
Donc, c'est une prise de conscience déjà présente il y a plusieurs semaines qui s'est confirmée. J'avais déjà avec d'autres porté l'objectif de croissance dans le G8, c'est maintenant le cas dans le G20 et avec une unanimité pour en faire au moins le constat. Sur les solutions on doit considérer que les pays qui sont en excédant de balance des paiements courants, c'est-à-dire qui ont un commerce extérieur suréquilibré doivent faire un effort de soutien de la demande intérieure. Et les pays qui sont en déficit et qui connaissent des problèmes de compétitivité, doivent faire un effort de redressement, pas simplement de leurs fonds publics, mais de leur capacité exportatrice.
Sur la croissance toujours, nous avons souligné que la relativité des prix des matières premières, et notamment du pétrole, étaient une contrainte supplémentaire. Et un certain nombre de pays, notamment producteurs a également reconnu qu'il y avait besoin pour les producteurs comme pour les consommateurs, une stabilité du prix des matières premières.
Enfin, sur le commerce, sur le soutien à l'emploi, notamment à l'emploi des jeunes, il y a eu également une grande convergence de vues pour que la plupart des pays, y compris les pays émergents, mettent davantage l'accent sur cette dimension sociale de la croissance.
Sur le second objectif, c'est-à-dire la régulation du système financier. Il y a eu des progrès, nous verrons jusqu'à quel point puisque les délibérations ne sont pas achevées, notamment à travers l'institutionalisation du conseil de stabilité financière qui peut devenir à terme une organisation mondiale pour la finance. La lutte contre ce que l'on appelle les paradis fiscaux a été une nouvelle fois affirmée, treize pays jugés non coopératifs ont été identifiés. De la même manière les grandes entreprises multinationales, vous les reconnaîtrez aisément qui pratiquent l'évasion fiscale seront sûrement rappelées à l'ordre et davantage appréhendées.
Sur la régulation de la finance, c'est vrai que la taxe sur les transactions financières qui jusqu'à présent figurait dans le communiqués des G20 n'y est plus. Ce qui veut dire que si l'on veut avancer sur la taxe sur les transactions financières, ne recherchons pas l'unanimité. Elle est impossible ou alors on est dans l'ordre du voeux pieux. Ce sera la responsabilité d'un certain nombre de pays qui sont convaincus de l'utilité de cet instrument, et de son rendement d'avancer soit au sein de l'Europe, par une coopération renforcée, soit et ce n'est pas d'ailleurs exclusif, par la mise en place d'un outil commun avec des pays de plusieurs continents. La question de où va la recette correspondante sera alors posée. Nous en reparlerons, cela fera partie des discussions que nous aurons aussi au Conseil européen de la fin du mois de juin.
J'en arrive donc au troisième sujet, troisième objectif de ce G20, la stabilité. Les regards étaient tournés sur la zone euro. Cela ne veut pas dire que les autres zones monétaires soient stables. Mais il y a des interrogations.
La première sur la Grèce a été pour partie levée. Un gouvernement doit être constitué aujourd'hui. Des messages ont été envoyés de part et d'autre : volonté des Grecs de rester dans la zone euro et de respecter les engagements ; volonté des Européens, en tout cas la mienne, de pouvoir accompagner la Grèce.
La seconde sur l'Espagne, c'est-à-dire un pays qui a un problème bancaire et qui a eu le soutien de l'Europe la semaine dernière. Là encore, il y a eu une grande cohérence des pays de la zone euro et il y aura un mécanisme qui sera prochainement mis en place.
Enfin, il y a une interrogation sur l'union économique et monétaire et le Conseil européen de la fin du mois de juin. Chacun est conscient de sa responsabilité. Et donc, il y aura des mesures sur la croissance, conformes à ce que le G20 aura comme conclusion et des mesures sur la stabilité.
Sur l'intégration, ce sera fonction de ce que nous mettrons dans l'union bancaire et dans l'union budgétaire. Et à chaque étape, il est normal qu'il y ait un progrès de l'intégration.
Mais ce sommet du G20 n'était pas un sommet européen, il ne devait d'ailleurs pas l'être. C'est un sommet mondial avec des pays qui représentent tous les continents. Il y a eu aussi pour cette objectif de stabilité une volonté commune qui s'est affirmée et notamment de pays qui ont accepté d'apporter des ressources au fonds monétaire international.
Au-delà même de ce qui était donné comme chiffre. On parlait de 430 milliards d'euros, ce sera 456 ou peut être davantage. A mesure que le tour de table se faisait hier dans cette première réunion chacun a fait part de son apport, parfois pour des sommes faibles, parfois pour des sommes plus importantes pour doter autant qu'il était possible le fonds monétaire international.
Je vais d'ailleurs dire la chose suivante pour conclure. C'est très important que nous ayons des mécanismes, fonds européen que l'on appelle le mécanisme européen de stabilité qui va prendre la suite du FESF, fonds monétaire international. C'est bien qu'il y ait des sommes importantes qui soient dégagées, après c'est une question de rapidité.
Face à un certain nombre de pression, ce qui fait l'efficacité d'un dispositif, ce n'est pas son existence, c'est sa capacité à être mise en oeuvre rapidement. En tout cas, c'est ce que j'ai plaidé au cours de la réunion d'hier.
QUESTION -- Est-ce que concernant les projets européens, il y a eu un rapprochement avec Angela MERKEL, est-ce que vous l'avez rencontrée déjà ou est-ce qu'on est toujours dans une forme de rapport de force comme on a connu ces derniers jours ?
LE PRESIDENT -- Je vous confirme que je l'ai rencontrée. Nous étions à la même table à la fois dans cette première réunion plénière et ensuite au dîner. Et nous avons été cohérents, parce que nous devions affirmer la volonté des Européens de régler toutes les questions qui se posent dans la zone euro. C'est notre responsabilité, c'est la mienne. Nous pouvons avoir des points de vue qui parfois diffèrent. Qu'est-ce que nous mettons sur la croissance, qu'est-ce que nous mettons sur la compétitivité, qu'est-ce que nous avançons comme réforme structurelle. Mais nous avons, Madame MERKEL et moi-même la conscience que l'Europe doit avoir sa propre réponse. Elle ne doit pas nous être donnée de l'extérieur et que la France et l'Allemagne, compte tenu de leur place dans l'Union européenne, de leur force économique, doivent travailler ensemble. Il y aura donc plusieurs rendez-vous. Le 22 nous allons nous retrouver à Rome, à quatre, et ce sera déjà l'occasion de marquer un certain nombre de convergences. Restera bien sûr, un certain nombre de questions qui seront soumises au Conseil européen, nous chercherons le compromis.
Mais j'ai l'impression que sur le paquet croissance, les choses avancent bien.
QUESTION -- Monsieur le Président, David CAMERON, hier, s'est livré à une critique extrêmement acerbe du décret sur le départ à la retraite à 60 ans et aussi sur la taxe à 75% en estimant qu'il allait dérouler le tapis rouge pour que les entreprises françaises puissent venir investir en Grande-Bretagne et payer leurs impôts. Est-ce que vous considérez que c'est inamical ou habituel de sa part ?
LE PRESIDENT -- Ma responsabilité dans ce sommet, c'est de faire qu'il y ait une confiance dans l'Europe, une cohérence dans les points de vues qui sont affirmées, une convergence dans l'action qu'il convient de mener. Donc, je ne me dissiperai pas, je ne m'échapperai en aucune manière des objectifs que je me suis fixé, parce que c'est trop important, parce que ce n'est pas simplement l'Europe qui nous regarde, c'est le monde qui s'inquiète du ralentissement de la croissance, qui peut douter d'un certain nombre d'instruments. Rien ne me fera donc détourner de mon objectif.
QUESTION -- En terme de réformes de compétitivité. En terme de réformes de structure on vous a souvent reproché de considérer que la croissance pouvait être financée par des dépenses.
LE PRESIDENT -- Sur ces reproches qui peuvent être faits à la France, j'imagine qu'ils avaient été donnés avant que je n'arrive. Nous sommes là depuis à peine un mois et encore, j'allais dire quelques jours depuis qu'une majorité a été largement trouvée à l'Assemblée nationale. C'est vrai qu'il y a des observations qui sont faites sur notre compétitivité. La Commission européenne notamment a fait un rapport qui est disons inquiétant sur la perte de nos parts de marché depuis une décennie. Donc, nous aurons à travailler pour le redressement de notre industrie, notre compétitivité. Mais cela doit se faire là encore dans un plan d'ensemble.
QUESTION -- Certains comme Barack OBAMA, estime qu'on pourrait aider la croissance en révisant en quelque sorte le plan de rigueur qui a été imposé à Athènes, d'autres comme Madame MERKEL estiment que l'on ne peut pas assouplir, qu'il y a des engagements qui ont été pris et qu'il faut s'y tenir. Où vous situez-vous ?
LE PRESIDENT -- Si je vous dis au centre, je serai mal compris. Les Grecs ont voté et nous attendions ce moment. Ils ont dit qu'ils voulaient rester dans la zone euro et qu'ils étaient prêts à respecter les engagements. L'Europe doit faciliter cette démarche non pas en remettant en cause les obligations qui ont été souscrites, mais en faisant en sorte que la croissance, que les aides qui peuvent venir des fonds structurels puissent être stimulées et mobilisées. Je me situe là. Donc, le dialogue va s'engager, un gouvernement de coalition va être constitué. Et c'est avec ce gouvernement qui va se tourner vers l'Europe que l'Union doit travailler, parce que nous devons maintenant aller vite. La grande affaire pour l'Europe c'est d'aller vite. Nous sommes dans cette course permanente entre les événements, la spéculation et la décision politique. Il faut que la décision politique aille plus vite que l'incertitude.
QUESTION -- Est-ce que la victoire de la gauche en France aux élections législatives vous a permis de défendre plus facilement ici vos positions ou vos objectifs ?
LE PRESIDENT -- Tous les participants m'ont félicité. C'est qu'ils étaient donc informés de la situation née du vote des Français dimanche. Ils étaient impressionnés par l'ampleur de cette majorité et surtout par la cohésion et la cohérence qui pouvaient être données au gouvernement et au Président de la République. Ça compte pour les pays de savoir s'il y a une incertitude de plus liée à une coalition qu'il convient de former ou s'il y a une stabilité à travers une majorité solide et claire.
Donc, je vous réponds oui, cela a été un appui et je remercie les Français.
QUESTION -- Une question peut être franco-française, est-ce que vous souhaitez qu'à l'Assemblée une femme préside et soit au perchoir ? Deuxième question, pour revenir sur les attaques du Premier ministre Cameron, le fait qu'un Premier ministre anglais s'attaque directement à l'une de vos mesures phares et invite les entreprise française à rejoindre la Grande-Bretagne, est-ce que c'est quand-même pas inamical. Vous qui parlez de cohérence des Européens au G20, est-ce que là, cette cohérence n'est pas mise à mal ?
LE PRESIDENT -- Je ne vous répondrai pas sur la première question. Sur la seconde, chacun doit être responsable de ce qu'il dit, je le suis. Et donc, dans un moment où la cohésion des Européens doit être forte, je ne ferai rien qui puisse l'ébrécher. Après sur les politiques fiscales, nous ferons la comparaison.
QUESTION -- Il y a aussi un rapport de force entre le Président américain et la Chancelière allemande. Quelle est votre analyse ? Est-ce qu'on peut dire qu'il y a un gagnant ? Est-ce que c'est l'austérité contre la demande qui a gagné ? Qui a gagné ce match ?
LE PRESIDENT -- Je ne suis pas sûr que l'on puisse parler de match comme l'on fait souvent à l'occasion des sommets européens. Ce qui compte c'est d'arriver à la bonne position. Et dans ce G20, sur la croissance, il y a eu une très grande convergence. Cela ne veut pas dire que l'austérité dans certains pays ne doit pas un moment s'imposer quand il y a eu des endettements considérables, mais l'austérité ne peut pas être la solution pour trouver de la croissance. Cette leçon-là a été donnée. Si toutes les zones monétaires, tous les grands pays pratiquent l'austérité, il ne sera pas possible d'avoir le retour à la croissance.
Donc cela veut dire que certains pays, soit parce qu'ils ont rétabli leur fonds public depuis plusieurs années, soit parce qu'ils ont des excédents commerciaux, comme la Chine ou des grands pays émergents qui ont atteint un niveau économique tout à fait considérable, doivent soutenir leurs activités économiques. Il en est de même en Europe. En Europe, si nous voulons arriver à ce que certains pays fassent le retour aux équilibres, il faut bien que d'autres, non pas relâchent leur discipline, mais stimulent leur demande intérieure.
Donc, vous me posez la question, est-ce que c'est par des dépenses publiques supplémentaires que nous allons trouver de la croissance ? S'il s'agit des dépenses de l'Etat ou des Etats, non.
Mais là, j'en arrive au débat européen de la fin du mois de juin. Ce que nous devons imaginer ce sont des instruments qui nous permettent de mobiliser de l'épargne, de mobiliser des fonds, d'augmenter le capital d'une banque, en l'occurrence la banque européenne d'investissement pour qu'il y ait des investissements sources de croissance et vertueux quant à leur financement.
Donc voilà pour le match ou les matchs, il y a peut-être plusieurs matchs, il y a plusieurs partenaires, je pense que ce qui compte c'est qu'il y ait un match gagnant pour tous les participants.
QUESTION -- Vous évoquiez la nécessité d'aller vite pour la zone euro. Est-ce que vous estimez que du point de vue des dirigeants du G20 des garanties ont été données lors de ce Sommet ? Deuxième question, en ce qui concerne le résultat des élections législatives en France, quels enseignements en tirez-vous sur le point de l'analyse électorale et de la suite des opérations politiques en France ?
LE PRESIDENT -- Je ne parlerai pas de la France ici à l'occasion de ce Sommet. Je vous l'ai dit, la majorité qui a été donnée pour que le gouvernement conduise la politique de notre pays est une majorité forte, est une majorité solide, est une majorité cohérente, qui d'ailleurs ne se réduit pas au seul parti socialiste et c'est cette majorité qui permettra de donner là encore de la stabilité, de la confiance et de la durée. Et c'est un atout dans la compétition économique.
Permettez-moi de le dire quand je vois bon nombre de pays européens ou pas qui sont gouvernés par des coalitions avec des négociations permanentes pour savoir si cette décision peut être prise ou pas. On parlait de l'Allemagne, Mme Merkel qui est dans une coalition aussi et en plus avec un système parlementaire extrêmement exigeant, le rappelle souvent. Cela l'amène à avoir des discussions voir des négociations sur sa propre position pour faire passer notamment le budget. Nous avons en France par les institutions c'est vrai, mais aussi par le vote des Français, une capacité pour agir plus rapide que d'autres. C'est ce que je voulais dire.
C'est ce qui me permet de faire le lien entre la situation de la France et la position du Chef de l'Etat dans les grands rendez-vous, celui du G20, celui de Rio, demain et à l'évidence le Conseil européen.
QUESTION -- sur les garanties données...
LE PRESIDENT -- C'est sur la rapidité. Vous savez, là aussi, ce qui est difficile à comprendre pour certains pays, c'est le fonctionnement de l'Europe. Cela veut dire que c'est aussi difficile à comprendre même pour les Européens et même pour des chefs d'Etat et de gouvernement européens. C'est vrai je l'ai dit, l'Europe à 27 avec une zone Euro à 17, avec des processus de décisions qui exigent parfois la modification des traités, ou des décisions qui doivent passer par le Parlement européen, cela s'appelle la démocratie, cela s'appelle aussi un processus d'intégration. Nous devons veiller dans les mois qui viennent, ce sera aussi un enjeu du rendez-vous de la fin du mois de juin, à ce que la démocratie soit renforcée mais en même temps que la décision soit facilitée. C'est vraiment l'union économique et monétaire qui doit trouver son débouché politique.
QUESTION -- M. le président je me permets une question sur votre politique en France parce qu'il s'agit aussi d'une mesure phare de votre projet. Certains dans la majorité doutent aujourd'hui qu'il soit possible de mettre en œuvre le droit de vote des étrangers aux élections locales puisque vous n'avez pas la majorité des 3/5ème et qu'un référendum serait risqué. Qu'est-ce que vous en pensez ?
LE PRESIDENT -- Personne n'imaginait que nous pourrions avoir la majorité des 3/5ème. Je veux bien penser que les Français voulaient me donner tous les moyens pour gouverner mais à ce point, donc la question n'est pas modifiée par ce qui vient de se passer dimanche.
QUESTION -- Vous avez rencontré le président HU Jintao, c'était la première fois que vous vous voyiez est-ce que vous pouvez nous raconter comment cela s'est passé ? Et puis pardon d'y revenir, mais est-ce que vous avez eu un petit entretien avec David CAMERON, est-ce que vous vous êtes parlé ? Vous disiez que vous aviez vu Mme MERKEL, que vous étiez assis à la même table. Est-ce qu'il y a eu un petit peu plus avec M. CAMERON ?
LE PRESIDENT -- Je reconnais l'habileté de votre question et je veux saluer cette façon de revenir au sujet. Donc, je vais vous parler du Président Chinois. Ce n'est pas vrai que nous nous sommes vu pour la première fois, notre relation était plus ancienne. Il y a 11 ans, il s'en souvenait et moi aussi, nous nous étions vus à Paris. Voilà pour l'antériorité de notre relation. Je vous dis tout.
Ensuite sur la qualité de l'échange, oui, il y a eu la volonté de part et d'autre - compte-tenu de l'arrivée d'un nouveau président en France -- de poursuivre et surtout d'amplifier les relations économiques, commerciales, industrielles avec la Chine, également culturelles et universitaires. Le Premier ministre sera informé de cet échange, le ministre des Affaires étrangères se rendra en Chine prochainement et j'aurai l'occasion d'aller en Chine après que nous ayons poursuivi ce dialogue stratégique.
QUESTION -- Avez-vous évoqué la question de la Syrie ?
LE PRESIDENT -- J'ai évoqué la question de la Syrie.
Le
Président chinois n'a pas voulu rentrer dans trop de détails sur la Syrie. On connaît la position traditionnelle de la Chine de non-ingérence dans les affaires des pays. En revanche, nous avons parlé de l'Iran aussi puisqu'il y a cette négociation à Moscou qui pour l'instant n'évolue pas. Mais ce n'était pas le moment de rentrer dans le détail des sujets internationaux. C'était vraiment sur la relation bilatérale que nous avons passé l'essentiel de l'échange.
QUESTION -- Dans les discussions entre Barack OBAMA et les principaux dirigeants européens, la croissance est-elle au centre du débat ?
LE PRESIDENT -- La croissance n'a pas fait de débat, il y a eu vraiment une très grande convergence. De ce point de vue l'objectif est atteint parce que la situation l'exige et parce que des positions, celles de M. OBAMA, celles que je peux défendre sont entendues très largement. Les pays émergeants sont encore plus sensibles parce que eux, qui pensaient être invulnérables par rapport à ce qui se passait en Europe et aux Etats-Unis, constatent que cela atteint leur niveau d'activité, notamment la Chine ou le Brésil et même l'Inde. Le Premier ministre qui est un économiste réputé à fait une intervention particulièrement nette là-dessus. Ce n'est pas sur la croissance que l'échange va avoir lieu avec Barack OBAMA et les Européens, c'est plutôt ce que je vous disais sur les mécanismes qui permettent de lutter contre la spéculation. Il n'est pas acceptable que des pays qui font des efforts comme l'Italie, redressent leurs comptes publics aient des taux d'intérêts qui soient de l'ordre de 5 points aujourd'hui sur leur dette souveraine. Il n'est pas acceptable que l'Espagne qui vient d'avoir la promesse d'un soutien ait des taux d'intérêt de l'ordre de 7 %, donc c'est là-dessus que nous devons montrer une capacité d'intervention beaucoup plus rapide.
Non, là-dessus, j'ai senti que c'était une volonté commune que le FMI soit utilisé partout où il est appelé.
QUESTION -- Les Américains et les pays émergents, considèrent que le rôle du FMI est plutôt d'intervenir ailleurs que dans des pays développés.
LE PRESIDENT -- Surtout quand ce sont les pays émergents qui apportent un certain nombre de prêts ou de capitaux. Ils le font également pour modifier l'équilibre dans la décision au sein du FMI mais c'est vrai que le FMI n'est pas là pour renflouer la zone Euro. Cela peut arriver qu'il s'y associe, on l'a vu pour la Grèce, on peut le voir pour d'autres pays, on verra bien mais ce n'est pas sa vocation.
QUESTION -- Pour poursuivre sur Barack OBAMA, vous voulez dire que ça peut être un allié pour vous pour convaincre les Allemands de laisser la Banque centrale....
LE PRESIDENT -- Je ne veux pas moi, à la différence d'autres, je ne veux mettre personne en difficulté ou en accusation, ou en différence. Voyez, c'est un état d'esprit, c'est une noblesse d'âme, c'est un sens des responsabilités donc avec l'Allemagne ce serait à mon avis la pire des méthodes aujourd'hui que de vouloir forcer. C'est un travail de conviction que nous devons avoir et avec le souci de respecter les procédures.
Merci


Annexe III
21 Juin 2012

Discours de M. le Président de la République - RIO+20 - Conférence des Nations Unies sur le développement durable

Discours de M. le Président de la République - RIO+20 - Conférence des Nations Unies sur le développement durable

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Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les chefs d'Etat et de gouvernement,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie d'abord la présidente du Brésil, Dilma ROUSSEF, pour l'accueil qu'elle nous réserve ici pour cette conférence. Je salue l'action qu'elle mène pour le Brésil, qui est une référence aujourd'hui aussi bien au nord qu'au sud en matière de développement.
Mais je tenais personnellement à venir ici pour cette conférence, au nom de la France. D'abord par ce que c'est un enjeu décisif pour la planète et que la France doit être l'une des nations qui montrent l'exemple.
Je voulais aussi, ici, prendre des engagements pour mon pays, tout en favorisant autant qu'il a été possible la discussion et la négociation dans la déclaration finale.
Je voulais aussi tenir un langage de vérité et de volonté. Vérité d'abord sur les résultats, tels que nous pouvons les imaginer aujourd'hui, de notre conférence.
Il y a eu des avancées. J'en vois cinq : d'abord une feuille de route pour les objectifs du développement durable. Ensuite un renforcement de ce Programme auquel nous tenons tant des Nations Unies pour l'environnement. Il y a eu un appel à travailler à un accord sur la préservation des océans. Un débat s'est engagé sur l'économie verte. Et il y a eu un accent qui a été mis sur le social et sur la lutte contre la pauvreté. Ce sont des résultats appréciables !
Ils tiennent pour beaucoup à la capacité qui a été la nôtre de trouver des compromis mais aussi à la mobilisation de la société civile que je salue. Sans elle, nous n'aurions pas la prise de conscience que nous connaissons aujourd'hui. Et la stimulation, l'incitation pour aller plus loin.
Mais puisque je suis venu tenir un langage de vérité, je dois vous dire que ces résultats, aussi appréciables soient-ils, sont en dessous de nos responsabilités et de nos attentes.
Je regrette d'abord que nous n'ayons pas abouti à la création d'une Agence spécialisée des Nations Unies sur l'environnement. C'est un projet auquel la France est très attachée. Parce que c'est la condition du multilatéralisme, parce que c'est la meilleure façon de pouvoir mettre tous les sujets dans la même organisation et de les traiter en même temps et dans le même lieu, et enfin parce que cette agence pourrait se situer à Nairobi, en Afrique, et l'Afrique doit avoir la confirmation de son rôle dans le monde.
Je regrette également que la proposition d'instaurer des financements innovants, même si le communiqué final en fait mention, n'ait pas trouvé de traduction concrète. Ces financements sont indispensables. Chacun connait ici la situation budgétaire de bon nombre de nos pays et notamment parmi les plus développés. Et donc si nous n'ajoutons pas des financements aux aides qui sont aujourd'hui prévues, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. La France reste donc déterminée à instituer avec les Etats qui le voudront, avec les Européens, avec d'autres, une taxe sur les transactions financières.
Et je prends l'engagement que si cette taxe est créée, une partie de ces revenus sera affectée au développement.
Langage de vérité parce que les urgences sont là, parce que les émissions de gaz à effet de serre n'ont cessé d'augmenter jusqu'à atteindre en 2011 un record ; parce que les océans se sont acidifiés et appauvris ; parce que la biodiversité s'est effondrée ; parce que l'urbanisation progresse partout et parfois réduit à la misère des millions d'hommes et de femmes qui s'entassent aux portes des grandes villes ; parce que les inégalités se sont creusées dans les pays riches, mais aussi entre les pays développés et les autres. Donc nous avons besoin d'un sursaut, ici à Rio nous en avons pris conscience.
Mais nous avons une nouvelle frontière à franchir. Il y a d'abord des changements à conduire pour permettre l'accès de tous à l'eau, à l'énergie et je salue le programme qui a été mené pour atteindre cet objectif, parce que nous devons assurer la sécurité alimentaire, parce que nous devons éviter que les terres arables, les terres cultivables disparaissent progressivement ou soient achetées au détriment de l'indépendance alimentaire, parce que nous devons conduire la transition énergétique, diversifier les sources d'énergie. Voilà l'agenda qui doit être le nôtre.
Par rapport à cette grande cause, prenons plusieurs engagements.
D'abord, personne ne peut gagner seul contre les autres la grande bataille pour l'environnement. Ou nous la gagnons ensemble, ou nous la perdrons ensemble.
Le second engagement, c'est de ne pas opposer le nord et le sud, non pas que nous n'ayons pas sur certains sujets des positions différentes, mais le développement durable, c'est une cause planétaire, c'est une question vitale pour le monde entier et il n'y a pas les uns contre les autres, il y a tous ensemble.
Et puis le dernier engagement, c'est de considérer que dans la crise que nous traversons, il n'y a pas que la crise financière, il n'y a pas que la crise économique, il y a aussi la crise écologique. Et pour sortir de la crise, nous avons besoin de plus de priorités données à l'environnement et au développement. Nous lutterons contre la crise avec tous les moyens de la régulation.
Enfin, le développement durable n'est pas une contrainte. C'est un levier. Ce n'est pas non plus un outil de protection pour les plus favorisés contre les autres mais de promotion d'une conception de l'humanité.
Voilà pourquoi, je voulais venir ici à Rio, vous donner la position de la France, les engagements de la France, la conception de la France. Je viens de prendre les responsabilités de mon pays. Je suis au début de mon mandat. J'inscris le développement, l'environnement, la lutte contre la pauvreté comme grandes priorités de mon quinquennat.
Pour un responsable public, et nous le sommes tous à des niveaux différents ici, il y a plusieurs façons d'être utile. Etre utile, ce n'est pas simplement servir les intérêts de son pays, ce n'est pas simplement porter les préoccupations de son continent, ce n'est pas non plus défendre seulement le présent, l'urgent, l'immédiat. Etre un responsable public utile, c'est d'être capable de parler au nom de la planète et de préparer l'avenir.
Nous sommes tous conscients ici, et je ne vous apprendrai rien, que nous sommes mortels mais notre dignité d'hommes et de femmes, notre condition d'être humain, c'est de permettre à d'autres de vivre après nous et mieux que nous. Tel est le sens de ma présence ici.
Merci


Annexe IV


21 Juin 2012

Composition du gouvernement Jean-Marc Ayrault II

Composition du gouvernement

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Sur la proposition du Premier ministre, le président de la République a nommé :

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères
M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice
M. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances
Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé
Mme Cécile Duflot, ministre de l'égalité des territoires et du logement
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur
Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur
M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif
Mme Delphine Batho, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie
M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense
Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication
Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement
M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt
Mme Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique
M. Victorin Lurel, ministre des outre-mer
Mme Sylvia Pinel, ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme
Mme Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé du budget
Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative
M. Alain Vidalies, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement
M. François Lamy, ministre délégué auprès de la ministre de l'égalité des territoires et du logement, chargé de la ville
M. Bernard Cazeneuve, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé des affaires européennes
Mme Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes âgées et de l'autonomie
M. Benoît Hamon, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé de l'économie sociale et solidaire et de la consommation
Mme Dominique Bertinotti, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille
Mme Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion
M. Pascal Canfin, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé du développement
M. Thierry Repentin, ministre délégué auprès du ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage
Mme Yamina Benguigui, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée de la francophonie
M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche
Mme Fleur Pellerin, ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif, chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique
M. Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants
Mme Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée auprès de la ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, chargée de la décentralisation
M. Guillaume Garot, ministre délégué auprès du ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, chargé de l'agroalimentaire
Mme Hélène Conway, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée des français de l'étranger



[1] - ----- Original Message -----
Sent: Monday, June 18, 2012 2:10 PM
Subject: la grandeur
Cher ami, Monsieur le secrétaire général,
entre les Français et la France, entre les Français et un président élu mais au départ quelconque - sauf l'homme du 18-Juin - il y a un lien possible, attendu, souhaitable : la grandeur.
Le gouvernement est donc en refonte.
La grandeur serait tout simplement de pourvoir au consensus qui a fait l'élection du Président, de le manifester et donc de prendre au gouvernement... François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royal.
Le Président montrerait qu'il a la main, que le Parti socialiste est décisif, mais qu'il doit avoir 1° un maître arbitral, sa référence, le président de la République composant le gouvernement sur proposition d'un Premier ministre qui ne dépend que de lui (éloge du dialogue que Jean-Marc Ayrault a admirablement su dire il y a quinze jours sur TF1 en donnant sa relation avec François Hollande, notamment "sous" Lionel Jospin et depuis) et 2° le sens de la nation et non celui du partage des dépouilles.
En plus, il y aurait de l'étonnement.
Les arrangements pour recaser ici et là sont peu. Vous le vivez d'ailleurs avec les anciens co-équipiers du précédent mandat.
Si vous pouvez le faire savoir au Président, j'en serai très honoré, je vous en serai (je ne mets pas le s du conditionnel) et c'est pour le bien commun comme pour l'image à venir de François Hollande.
Chaleureusement et en confiance. 


[2] - daté du mercredi 20 Juin 2012
[3] - Je ne suis pas ici en campagne. Ce temps-là est terminé – à  l’ambassade de France aux Etats-Unis, le 18 Mai

[4] - Pierre Laurent, François Bayrou, Jean-François Copé, Jean-Pierre Chevènement, successivement reçus le 4 Juin ; puis le 5 Jean-Luc Mélenchon ; le 6 Martine Azubry ; le 7 Cécile Duflot ; le 8, Jean-Michel Baylet ; le 11, Nicolas Dupont-Aignan et le 14 Juin, Jean-Louis Borloo

[5] - il a reçu dès le 29 Mai Boni Yayi, président du Bénin, et le 11 Juin, celui du Niger, Mahamadou Issoufou

[6] - ce qui est difficile à comprendre pour certains pays, c'est le fonctionnement de l'Europe. Cela veut dire que c'est aussi difficile à comprendre même pour les Européens et même pour des chefs d'Etat et de gouvernement européens. C'est vrai je l'ai dit, l'Europe à 27 avec une zone Euro à 17, avec des processus de décisions qui exigent parfois la modification des traités, ou des décisions qui doivent passer par le Parlement européen, cela s'appelle la démocratie, cela s'appelle aussi un processus d'intégration. Nous devons veiller dans les mois qui viennent, ce sera aussi un enjeu du rendez-vous de la fin du mois de juin, à ce que la démocratie soit renforcée mais en même temps que la décision soit facilitée. C'est vraiment l'union économique et monétaire qui doit trouver son débouché politique. – conférence de presse à Los Cabos, à la suite du G 20, le 21 Juin

[7] - je ne veux mettre personne en difficulté ou en accusation, ou en différence. Voyez, c'est un état d'esprit, c'est une noblesse d'âme, c'est un sens des responsabilités donc avec l'Allemagne ce serait à mon avis la pire des méthodes aujourd'hui que de vouloir forcer. C'est un travail de conviction que nous devons avoir et avec le souci de respecter les procédures – conférence de presse à Los Cabos, à la suite du G 20, le 20 Juin

[8] - … je vais vous parler du Président Chinois. Ce n'est pas vrai que nous nous sommes vu pour la première fois, notre relation était plus ancienne. Il y a 11 ans, il s'en souvenait et moi aussi, nous nous étions vus à Paris. Voilà pour l'antériorité de notre relation – conférence de presse à Los Cabos, à la suite du G 20, le 20 Juin
… j'avais à cœur de rencontrer le président Obama.
C'était la première fois parce que j'ai eu quelques difficultés avant les élections à rencontrer un certain nombre des chefs d'Etat et de gouvernement. Et c'était bien normal d'ailleurs, parce que les chefs d'Etat et de gouvernement doivent rencontrer d'abord les chefs d'Etat et de gouvernement et travailler ensemble. – aux Français vivant aux Etats-Unis et venus à l’ambassade de Washington, le 18 Mai




[9] - Mais voilà, nous sommes concernés par le rayonnement de notre pays. Puisque nous sommes tous fiers et heureux d'être citoyens français, nous devons prendre tous notre part et notamment au sommet de l'Etat à ce qui va permettre à notre pays de se faire respecter et de pouvoir aussi, parce que c'est son devoir, parce que c'est sa mission influencer le reste du monde. – aux Français vivant aux Etats-Unis et venus à l’ambassade de Washington, le 18 Mai

[10] - Merci de ce que vous faites et j'en perçois l'extrême qualité Je sais les dangers mais je sais votre courage.
Merci de ce que vous avez accompli pour la France, pour l'alliance dans laquelle nous étions engagés.
Merci de ce que vous faites pour l'Afghanistan parce que c'est l'enjeu de la souveraineté d'un pays qui est en cause mais aussi des valeurs que nous partageons.
Merci d'avoir aussi confiance dans les ordres qui vous sont donnés à la fois par vos chefs qui méritent toute notre reconnaissance, par le Gouvernement ici représenté par des ministres, par le chef de l'Etat, le chef des Armées.
Merci de penser que ce nous faisons ensemble est à hauteur de la France.
Je veux terminer en vous disant toute ma gratitude mais aussi toute ma confiance. Si j'ai tenu ici à venir en Afghanistan auprès de vous c'est pour vous exprimer ce que la Nation ressent à cet instant, savoir qu'elle a des femmes et des hommes qui se battent, qui se mettent en mouvement au service d'une grande cause. Oui, c'est une belle fierté. Savoir aussi que nous avons accompli notre mission, qu'elle se termine. Il y aura encore de longs mois avant de faire cette transition. Beaucoup d'efforts, beaucoup de précautions seront à engager, savoir que nous avons accompli la mission, que nous avons réussi ce que nous avions voulu engager ici en Afghanistan. Voilà pourquoi je suis venu ici vous le dire.
Merci de ce que vous faites.
Merci de ce que vous faites pour votre pays et pour l'Afghanistan. – base avancéede Nijrab, le 25 Mai

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