----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 20, 2012 10:43 AM
Subject: personnel et urgent
Cher Monsieur le Premier ministre,
le "résultat" est le meilleur possible parce qu'il enseigne. Bien plus qu'un test de personnalités entre vous, homme d'expérience et de retenue, Premier ministre pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, et sans lequel - votre signature - rien du meilleur et du moins bon, du pire parfois, n'aurait été possible, et Jean-François Copé, d'aucune expérience que municipale, tentant à l'évidence de recommencer le parcours de l'ancien président, selon les dialogues de celui-ci avec Edouard Ballaadur : la droite décomplexée, au point d'avoir exactement les thèses du F.N. en plus outrées puisque Marine n'est pas son père, il y a eu ce choix pour cet extrêmisme. Il n'est en réalité ni la vérité ni l'intérêt de ce qui fut la famille gaulliste, ni la vérité ni l'intérêt de quelque parti que ce soit (y compris du F.N. qui change et va donc laisser de l'espace au système de votre "vainqueur").
Ce "résultat" est le meilleur parce qu'il est si mince statistiquement, qu'il met en évidence qu'il y a bien un choix à faire, donc. Le meilleur parce qu'il pousse à la vérité, parce qu'élu - vous - de justesse vous auriez eu à subir sans cesse la réclamation "copéiste" et auriez été obligé d'y céder en partie, à la manière dont vous avez épousé, souvent à votre corps défendant, je crois, les outrances de Nicolas Sarkozy du fait de ses déséquilibres intimes, de son manque de racines et de mentors. Elu, sans doute, vous auriez pu reconstituer une fédération avec les centristes type Borloo et Morin qui vont au contraire avoir beau jeu d'appeler les réfractaires à Copé dans l'U.M.P. Qu'il y ait ces ajustements, ces mouvements est secondaire.
Il me semble que pour vous comme pour le Mouvement, il faut en appeler non aux militants tels qu'ils sont, non à l'opinion publique nationale - ce sera le fait des primaires si enfin elles sont organisées à "droite" - mais aux origines, donc à de Gaulle, son legs, et à tous ceux que les successives cultures du chef et le marquage à droite de ce qui avait été " le métro aux heures de pointe " ont écarté ou dégouté. Changer les militants non les suivre, les enrichir de nouvelles strates anciennes ou neuves. Donc, ces "assises du gaullisme" à convoquer tranquillement à la manière dont François Mitterrand avait su rebondir, après son échec de 1974, en faisant les "assises du socialisme" par lesquelles il rallia Pierre Mendès France, Pierre Bérégovoy, Jacques Delors et Michel Rocard, ce qui n'était pas peu. Des ralliements ou des retours sans doute, des vocations nouvelles car la politique a de plus en plus mauvaise odeur et médiocre presse. Mais surtout un bilan de plusieurs décennies d'un écart progressif de ce qui avait fait la résurrection française, et notre inspiration de l'Europe. D'où devrait ressortir une analyse du pays, de nos situations et un élan, pas tant pour gagner telles municipales, telles présidentielles, mais pour vraiment gagner la bataille de notre mûe et de notre renaissance.
Le Mouvement a trop écarté, empêché, dégoûté d'années en années les Michel Jobert, les Philippe Séguin et même les Michel Debré. Tout ce qui était authentique, approfondi, attestant d'une générosité et d'un rayonnement personnel. Une bonne partie du figisme et du rituel des invectives droite-gauche tient à cette haine qui a présidé à la naissance du R.P.R. contre Valéry Giscard d'Estaing et cette fascination-détestation-jalousie face à François Mitterrand, passé le temps inefficace des railleries sur l'homme du passé, dépassé... la gauche molle répond moins vivement, non qu'elle n'en a l'envie. Elle n'hérite pas comme malheureusement l'U.M.P. le vit depuis quelques années de Gringoire...
Dans cette stratégie, il vaut évidemment mieux que vous n'acceptiez aucun honorariat d'apparence ou une énième vice-présidence de l'U.M.P. Ne la quittez pas non plus, ne fondez rien de particulier, pas de cercle ni d'amicale, mais l'ouverture et la rencontre tous azimuts. De Gaulle rue de Solférino, Georges Pompidou boulevard Latour-Maubourg.
Il vous faut aussi vous repositionner personnellement. Il est dommage que vous ayez quitté la Sarthe , sans doute alliez-vous y être en difficulté, cf. Le Foll. Mais gagner vous aurait grandi et Paris vous enferme mentalement, et ne vous fait pas gagner la grande mairie. Foin de discrétion, vous devez un récit et un bilan de votre collaboration - puisque ce fut le mot que vous avez récusé mais qui vous fut imposé - avec Nicolas Sarkozy. Vous saurez parler des gens certes mais aussi des dossiers - vous avez été le premier et longtemps le seul à dire que la France est en faillite ou la risque - et donc du pays. La partie haineuse contre Jacques Chirac qui la méritait sans doute et qui nous a amené et Nicolas Sarzkozy et la tendance Front national, vous l'avez écrite dans votre livre de 2007. Vous êtes aujourd'hui libre de tout, y compris d'une responsabilité dans l'actuelle évolution et dans le risque d'identité extrêmiste de l'U.M.P.
Bon vent, il ne vous est pas défavorable. Le gaullisme à retrouver, une opposition apportant à la politique et au pays, c'est de l'ambition. Amener peut-être François Hollande à la révolution mentale pour le PS et pour la France d'un gouvernement de consensus national dans la passe budgétaire, financière, sociale et européenne si difficile et dramatique, serait le chef d'oeuvre. Je vous les souhaite, je nous les souhaite.
Je suis sûr d'être - en vous couriellant de la sorte - très proche de vos pensées.
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