mercredi 14 novembre 2012

Inquiétude & Certitudes - mercredi 14 novembre 2012


Mercredi 14 Novembre 2012 


Hier
Devant notre feu-poële au rez-de-chaussée, assis à l’orée du « coin-prière ». Couriellé mes impressions à LEMAS en deux temps, j’ai été très impressionné, encore plus. Conclusion  d’échanges avec B. [1].

Ce matin
Lisant l’autobiographie que Stefan ZWEIG se donna à écrire avant de se suicider à Pétropolis (au Brésil, charme étrange d’une « station » suisse complètement décalée à une heure de voiture de Rio), ma chère femme m’apprend que l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand ne fut pas pleuré du tout : il était détesté, alors que la mort de Rodolphe fut un chagrin national : sa popularité et l’affection générale pour le vieil empereur, son père. L’attachement aux personnes, antan comme aujourd’hui, le sacré sans doute de l’exercice du pouvoir mais la contingence réduite ou augmentée selon l’empathie. C’était bien l’enjeu hier, fort peu intellectuel contrairement à la pente professionnelle des commentateurs. Le visage illuminé des questionneuses-questionneurs d’hier en salle des fêtes à l’Elysée, était-ce une rencontre avec l’interrogé-discoureur ou le reflet de la gloire qu’ils se croyaient d’être un instant en gros et joli plan (pour les filles) à la télévision ? Quand je ne serai plus passionné et ne laisserai plus quelque trace d’émotion ou de compréhension sur du papier (aujourdh’ui virtuel), je serai ailleurs, déjà mort, mais je suppose que la résurrection de la chair et la vie éternelle ne nous réduisent pas : émotion et passion seront ce qu’elles sont vraiment, notre élan, notre expression, notre identité. Tous nos sens de l’esprit et du corps. Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis, tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. Tous nos sens. Relève-toi et va ; ta foi t’a sauvé. Tout l’être. Les neuf lépreux qui ne reviennent pas vers leur bienfaiteur n’en sont pas pour autant punis. Celui qui revient a su lire les circonstances. L’un d’eux voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu, à pleine voix. Que reçoit-il de plus que sa guérison physique ? Celle de l’âme, sa vie entière. Jésus lui explique comment, pourquoi et jusqu’à quelle profondeur il a été guéri. Ta foi t’a sauvé. Jésus semble, dans cet épisode dépouillé au possible. Pas de dialogue, un ordre. Pas d’émotion de sa part, alors que c’est fréquent et parfois démonstratif  dans les évangiles.  Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». En les voyant, Jésus leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres ». La salutation est quelconque, le nombre – dix – l’est aussi, me semble-t-il. Tout est dit pour mettre en valeur le Samaritain – ce métissage religieux qu’abhorraient les Juifs « pur jus » – qui revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Le Christ ne l’interroge pas sur lui-même, et au contraire d’autres formulations de ce miracle, ne le prie pas d’aller se confirmer au rite à présent. Il l’interroge sur les autres, feignant l’étonnement. Le Christ et l’ingratitude, le Christ et le refus. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ, notre Sauveur… Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bionté et sa tendresse pour les hommes, il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. [2] Et l’apôtre de nous montrer le comportement qu’une telle assurance doit nous inspirer : qu’ils n’insultent personne, ne soient pas batailleurs, mais pleins de sérénité, faisant preuve d’une douceur constante à l’égard de tous les hommes. Politique ? Foi ? Différences ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dfieu ; il n’y a que cet étranger. Accessoirement .. s’il y a de l’accessoire et de l’à côté dans les évangiles ! Jésus rappelle sa divinité : le seul fait de revenir à lui est une action de grâces à Dieu…     

matin

A nouveau les listes électroniques de députés. L’U.M.P., ceux qui ont eu des « affaires » et sont toujours là ou reviennent : Balkany, Woerth, Mancel, les rejetons : NKM, Dassault, Cornut-Gentille, Pons, Ponatowski, Baumel, d’autres. Et l’on a cela chez les centristes aussi, c’est-à-dire le comportement des droites depuis trente ans. Curieusement, Claude Chirac n’a finalement pas eu la fibre politique… et Sarkozy junior ne s’est pas infiltré.

après-midi

Je n’ai pas pris les « nouvelles », en sorte que j’échappe aux commentaires sur la conférence de presse présidentielle, d’hier. Mais dépouillant un mois du Canard enchaîné, je comprends des contextes : la photo. interdite, Ségolène Royal-Hollande a été « révélée » avec le mot qui la légende par Jean-Louis Bianco… les agences de notation savent que la France (comme la Grèce) n’a plus de réserve contributive après ce nouvel effort budgétaire, doutent que les hypothèses de « croissance » (les fameux 0,8%) soient fondées et attendent donc de nouvelles coupes dans les dépenses, d’où l’insistance du Président pour situer les efforts de part et d’autre de la ligne recettes/dépenses, d’où aussi la question sur le statut de la fonction publique et les possibilités de « dégraisser » J’apprends aussi des voyages : après le Liban, il y a eu l’Arabie saoudite, l’Extrême Orient (les entretiens avec le Premier ministre chinois) et maintenant le projet polonais, puis l’Algérie, des voyages sans séjour à la manière de Sarkozy et au contraire de de Gaulle, des ordres du jour entre gouvernants et pas des rencontres entre peuples.

L’essentiel n’est pas dans ces calendriers mais dans ce que le conférence de presse d’hier précise et étend quant à la psychologie du nouveau Président. Celle-ci me paraît très ouverte et disponible sauf à défier son sens de sa dignité personnelle plus encore que de sa fonction. C’est un homme qui croit à son étoile.

soir 

« Chinant » chez Emmaüs, Garaudy en 1968 et l’importance des comités d’entreprise dans la gestion type 1945 des entreprises publiques, un cycle de cinq conférences sur Hegel et l’Etat avec ses observations sur la relation l’homme d’exception et les circonstances de fondation, notamment de l’Etat, la subjectivité facteur de réalisation de l’objectivité. Je comprends au passage qu’il y a des doctrines politiques de gauche, ou de droite, mais elles sont toutes récusées par le patronat et les puissances d’argent qui bénéficient d’une description complètement hors modèle de ce qu’elles sont. En fait, le débat n’est ni gauche/droite ou majorité/opposition aux rôles exactement identiques, ni salariés/investisseurs ou propriétaires : il est vraiment entre l’Etat et ceux qui veulent sa destruction pour leur propre liberté de tout tondre. Le patronat ne veut pas de doctrine politique, même en sa faveur. Il ne veut pas de réunions faisant l’avant-projet de loi.


[1] -  ----- Original Message -----
Sent: Friday, November 09, 2012 5:07 PM
Subject: RE: une réflexion sur le premier semestre de François Hollande, président de la République

Mon cher Bertrand,
 
 La France d'aujourd'hui, c'est Venise à l'arrivée de Napoléon.  L'Europe est sur le  déclin et l'Amérique craint de lui emboiter le pas. 

Je t'envoie par ailleurs un article scanné du Herald Tribune sur nos difficultés et sur les réalités d'aujourd'hui.
Pourquoi les chinois, les brésiliens, les indonésiens, les mexicains, etc  nous feraient des cadeaux, aujourd'hui ou demain ?
La lutte commerciale, et par extension militaire, pour les richesses a toujours été centrale à tous les peuples. Vae Victis ! 

Pas la peine d'écrire, mon cher Bertrand, de belles phrases françaises dans le cadre d'une pensée obsolète et fermée que seule une petite minorité déclinante lit encore aujourd'hui.  D'autres exercices te seraient plus profitables à l'automne de ta vie.

Ton vieux camarade qui sur ses soixante-dix ans continue à vivre dans le paradis des hommes, c'est à dire sur le dos des chevaux (Mahomet).
Blaise


----- Original Message -----
Sent: Sunday, November 11, 2012 8:08 PM
Subject: Re: une réflexion sur le premier semestre de François Hollande, président de la République

Que me conseilles-tu comme exercices ? et lesquels pratiques-tu ?

Fraternellement


----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 13, 2012 6:59 PM
Subject: RE: une réflexion sur le premier semestre de François Hollande, président de la République

Le/les sports que tu as pratiqués dans ta jeunesse, à dose raisonnable bien sûr.
Le jardinage, la musique vocale ou instrumentale de préférence à plusieurs.
La garde et les promenades avec tes petits enfants si tu as le bonheur d'en avoir.
La présence auprès de ta fatrie vieillisante.
Les promenades en forêt seul ou à plusieurs, la voile en mer.Toute belle nature a le don d'apaisement.
La présence auprès des solitaires et des abandonnés de la vie. Cela relativise les choses et rend humble.

Tout cela te fera bien mieux vivre que tes paroles et écrits dans le vide.
 
A bientôt, cher Bertrand
  
----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 13, 2012 8:38 PM
Subject: Re: une réflexion sur le premier semestre de François Hollande, président de la République

J'apprécie, cher Blaise, tes conseils en camarade affectionné.

Nous avons une trentaine d'hectares sans ressources suffisantes pour avoir du personnel autre qu'en échange non écrit entre la mise à disposition des hectares et de gros travaux de bois à brûler pour nous et de coupe pour du foin à emporter.

Je n'ai pas de talents musicaux ni pour le chant choral ni pour un instrument de musique.

Nos longères sont en bord de mer, nous avons reboisé le tiers de notre territoire. Nous n'allons pas chercher la nature en nous déplaçant, nous sommes dedans - faune sauvage compris - jour et nuit.

Mon beau-père est grabataire, la femme d'un vieux voisin aussi, de dialogue dans le métro quand je suis francilien.

Si mon aîné a dix ans de plus que moi, je suis le second de neuf, et la cadette de mes soeurs est de 1954, pas encore vieillissante donc au sens gériatrique du terme.

Je te rappelle que notre fille n'ayant pas encore huit ans et notre mariage - un 18 Juin (2004) - étant l'unique, je ne peux être grand-père.

Voilà pour "cocher" chacun de tes conseils.

Sans que ce soit une conclusion, remarquons ensemble que nos carrières, nos convictions et nos rencontres ou expériences sont différentes. Dès notre premier dîner de promotion, j'y ai été sensible. Evitons d'être mentalement intolérant voire raciste.

Que lis-tu ? en dehors de ce que je t'envoie, ainsi qu'à nos camarades, mais pas souvent...

Chaleureusement.

[2] - Paul à Tite III 1 à 7 ; psaume XXIII ; évangile selon saint Luc XVII 11 à 19

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