mardi 13 novembre 2012

Inquiétude & Certitudes - mardi 13 novembre 2012

Mardi 13 Novembre 2012 

Hier soir, moment avec Marguerite qui aurait voulu, après notre prière, une hstoire inventée, j’ai été sec, mais lui ai promis quelque chose : elle la veut en vingt phrases. En compensation, je lui ai raconté notre livre, ce que j’en avais écrit la veille, Si la France mentait… comment nous sommes composés, les immigrés ou les nouveaux venants, elle a donné comme exemple son choix pour l’élection présidentielle, Eva JOLY. Si je parviens à cet écrit, ce sera grâce à elle. Et si je vis, aussi…
Prier… m’apercevant que j’ai pris hier les textes d’aujourd’hui, je prends ceux que j’ai manqués [1] : vers la foi et la connaissance de la vérité dans une religion vécue. Je m’appuie sur l’espérance de la vie éternelle, promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas… L’espérance, source de foi. Le portrait psychologique de l’homme, dans la famille humaine et les diverses générations et le couple homme-femme, manquait dans les recommandations pauliniennes hier, mais il est donné en fait le premier dans cette lettre au cher Tite, c’est même le portrait du prêtre… !  l’Ancien doit être un homme sans repriche, époux d’une seule femme, père de famille dont les enfants sont croyants, et inattaquables par leur conduite et leur obéissance. Il faut en effet que le responsable d’une communauté d’Eglise soit un homme sans reproche, puisqu’il est l’intendant de Dieu. Il ne doit être ni arrogant ni coléreux ni buveur ni violent ni avide de profits malhonnetes. Il doit ouvrir sa maison à tous, être ami du bien, raisonnable, juste, saint, maître de lui. Et évidemment travailler à sa propre connaissance de la doctrine : il doit être attaché à la parole sûre et conforme à la doctrine, pour être capable, à la fois, d’exhorter les autres en leur donnant un enseignement solide, et de répondre aux opposants. Les clés de la ré-évangélisation, au plus pratique, au plus concret, sont à prendre dans les évangiles et dans les écrits apostoliques. Pas besoin de « boîte à idées ». Mais je n’ai pas encore compilé les travaux du synode. Il est vrai qu’en paroisse, tout aux réunions habituelles et aux annonces pour la manifestation contre le mariage homosexuel, a-t-on vécu selon l’échéance et les urgences synodales ? Elles n’ont pas même été évoquées. On continue de se référer – avec extase – à Vatican II sans se demander s’il a été suivi d’exécution, et pourquoi il a pratiquement coincidé avec les principaux déclins statistiques de la chalandise catholique… alors même qu’il était censé correspondre à l’époque et en ouvrir une nouvelle (radieuse). Le Christ nous donne-t-il la réponse en histoire universelle et en vie quotidienne ? La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moitarde, vous diriez au grand arbre que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous obéirai. Quelle était la question des disciples ? elle était une réaction à la recommandation du pardon, alors même que le Christ venait de qualifier l’une des fautes les moins pardonnables. Il est  inévitable qu’il arrive des scandales qui entrainent au péché, mais malheureux celui par qui ils arrivent. Et qui est victime ? si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu’on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d’entrainer au péché un seul de ces petits. La cage qu’on plongeait au pont Rousszau, dit ensuite du Corbeau, sur l’Ill, à Strasbourg, les parricides et les infanticides. Le procès d’Andy en Corse, à huis-clos, coupé du réel se plaint-il selon ses avocats. Mystère… mais aussi la joie, la chaleur de tout dialogue – j’en viens, avec ma chère femme, évoquant ce que je suis en train de prier et de tenter de comprendre pleinement…  et le dialogue le plus fort, expérience-même du souverain miséricordieux, est bien celui du pardon : même si sept fois par jour il commet une faute contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : « je me repens », tu lui pardonneras. Ce mouvement du retour, le plus admirable chez un être humain. Alors, la foi ? elle est, selon le Christ, dans l’espérance que l’homme peut se racheter, être racheté, s’accomplir, être accompli. Il obtient du Seigneur la bénédicition, et de Dieu son sauveur, la justice. – Tandis que le ciel demeure d’encre noire, voici qu’est apparue comme une très longue fenêtre, un interstice lumineux, laiteux entre la terre que figure la ligne du sommet des arbres, et une voûte sombre. Le silence est à l’unisson de cette imperceptible poussée de luminescence depuis le sol. Je suis impressionné. Voici Jacob qui cherche ta face. Memento des vivants et des morts, les grabataires et les enfermés autour desquels meurent de routine et d’inespérance les compagnes ou compagnons de la vie d’antan, de la vie. Le Seigneur répondit : « La foi, si vous… ».
J'ai aimé hier cet hémiplégique, que je rencontre fréquemment chez ma kiné. L'attaque il y a neuf ans, aphasique pendant un an et demi, très handicapé de parole, d'un bras, il ne peut plus énoncer son âge mais il donne avec chaleur de lui être attentif. Il produit de la proximité, bouche et gestes lents, regard lent mais bleu tendre, attentif. Et ma belle-mère quand elle se croit sans tiers témoin a pour son handicapé des tendresses et des mots qu'elle n'ose plus en présence de leurs enfants, de mon beau-frère en particulier puisqu'il est entré dans le cycle de la haine, de l'impuissante protestation pour le sort familial. Protestation sans destinataire qui le conduit à l'autisme. Qu'arrive un tiers, il cherche la fenêtre la plus proche pour feindre d'y regarder et avoir à tourner le dos. Et cet ami cher dont la femme ne l'a jamais aimé et qui, quand elle parlait encore, assurait regretter de s'être mariée et d'avoir eu des enfants, tandis que lui ne la quittait pas parce qu'elle en avait... alors qu'un amour de rencontre, dialogue pendant des années seulement dans les transports en commun (sans jeu de mots), l'avait attendu jusqu'à l'annonce de la seconde naissance. Révision de vie et soins quotidiens. L'épouse qui pourrait marcher et parler, qui entend, s'est mûrée dans une aralysie et un mutisme volontaire, dernière lutte, qui à vue humaine est l'exact contraire de l'amour. Le Seigneur répondit : « La foi, si vous… ». Profil perdu dans les oreillers et la couette, notre enfant qui dort encore.

Hier 
Réaction de M... à ma présentation de ce matin des manifestations contre le mariage homosexuel  [2].

matin

Impressionné aux « nouvelles » d’hier soir par les manifestations d’internes en médecine. Confusion ou mélange d’analyses et de craintes justifiées, et aussi d’intérêts très personnels. Liberté des patients pour choisir leurs médecins, contrairement à une proposition de loi (pas anodine, celle de Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée) voulant lier désormais le patient à un médecin sur liste de sa mutuelle, cela en conséquence d’un remboursement meilleur ou de la lutte contre les dépassements d’honoraires négociés désormais entre caisses et praticiens, à ce que je comprends et qui n’est pas dit. Mais aussi liberté des débutants de s’établir n’importe où au lieu de la priorité aux zones démédicalisées. Quel arbitrage ? de qui ? quelles références ? Si tout se déglingue, pas tant faute d'argent que par déstructuration et désorganisation croissante, comment exercer quelque autorité que ce soit. Le préalable est à la construction d'ensemble et consensuelle, pas à des examens parcellaires de dysfonctionnements divers. 

Je reçois la circulaire périodique de Rose-Marie Miqueau sur l’éducation par l’école plus que privée, quasiment en chambre, selon des méthodes personnelles, assez fondées mais en même temps hors de tous organigrammes, quoique la compétence académique et le droit à l’école privée demeurent dans la loi et sont respectées de part d’autre. Un mot me frappe : contre-pouvoir, l’enseignant en serait un. Ce qui nous tue, c’est le contre-pouvoir supposant que le pouvoir est maléfique, diabolique. Toute la pétition « intégriste » qui actuellement remplit les messageries internet pour la manifestation anti-mariage homosexuel. En fait, au nom de la loi naturelle, sinon de la loi d’amour, c’est le procès d’intention, l’intolérance (la tolérance étant réputée une faiblesse de la volonté ou du savoir) et surtout c’est l’absence de curiosité pour le sujet et pour l’autre.

Je suis dans la confection des listes électroniques de députés. Le principe est simple quand on a la liste nominative, mais j’y passe plusieurs heures, il est vrai que ce sera en gros valable pour cinq ans. Je commence – depuis hier soir – par les socialistes. Beaucoup de noms à apparence étrangère, soit de l’immigration maghrébine, soit de pays du sud de l’Europe, Espagne et Portugal. Beaucoup de femmes, beaucoup d’homonymes, des noms doubles, aucune particule. Par elle-même, cette liste est un paysage. Ces gens que je ne connais pas « règne » sur une population, font le vis-à-vis de toutes les autorités en contrainte ou en animation d’un département. Quelle est leur valeur personnelle, quel rayonnement ? quel ressort et quelle formation autres qu’une ambition personnelle qui a rencontré, par chance ou ténacité, le bon circuit ou le mentor efficace. Car on n’est élu que coopté et soutenu par un appareil. Je l’ai éprouvé, la valeur seule (on croit toujours l’avoir, surtout si l’on a le dire modeste) ne suffit pas : le rayonnement et la conviction en réunion organisée de l’appareil ne sont pas du tout les mêmes que « devant le peuple », ni non plus dans l’enceinte parlementaire elle-même. Des deux premiers sites, j’ai l’expérience, pas du Palais-Bourbon.



[1] - début de la lettre de Paul à Tite I 1 à 9 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Luc XVII 1 à 6
[2] -  ----- Original Message -----
Sent: Monday, November 12, 2012 10:20 AM
Subject: Re: la grâce s'est manifestée pour le salut de tous les hommes - textes du jour + à prendre et à laisser

Le 12/11/2012 07:37, b.fdef@wanadoo.fr a écrit :
 Cher Bertrand,
Je ne peux m'empêcher de réagir à ce que vous dites des opposants au mariage homosexuel : je ne sais sous quelles banières auront lieu les manifestations des 17 et 18 novembre : ne le sachant pas encore et ayant d'autres obligations ces jours-là, ni Jean ni moi ne nous y joindrons. Notre foi chrétienne ("Dieu créa l'homme à son image ; homme et femme il le(s) créa") , fonde certes l'importance de la distinction homme-femme, mais le résultat de cette volonté divine peut être constaté par tout homme de bonne volonté. Il s'agit du caractère fondamental de cette distinction pour la constitution et l'édification d'une humanité digne de ce nom. Fort heureusement, on se rend compte aujourd'hui du caractère bénéfique de la mixité dans toutes ou presque - et je regrette qu'il n'en soit pas de même dans notre Eglise ! - les activités humaines et les différentes cellules de la société. Or, la première de ces cellules n'est-elle pas la famille ? D'ailleurs, l'UNAF (Union nationale des associations familiales), en rien confessionnelle, ne s'est-elle pas prononcée contre le "mariage pour tous" ? Le dépassement de la tension homme-femme dans l'amour n'est -il pas paradigmatique du dépassement dans l'amour de toutes les différences qui, seul, peut assurer le salut de l'humanité, et j'ajouterais, cette fois en tant que chrétienne, "à l'image et à la ressemblance" de l'amour intra-trinitaire ? Mais c'est bien d'un problème anthropologique, et politique au sens de concernant l'édification de la cité humaine, et non d'abord religieux , encore moins "communautariste" qu'il s'agit ici.  Et pourquoi ceux qui vont défiler n'auraient-ils pas participé aux manifestations contre l'aéroport de Notre-Dame des Landes etc. ?
Pardonnez ma violence, cher Bertrand. C'est celle de l'amitié.
M...

----- Original Message -----
Sent: Monday, November 12, 2012 11:00 AM
Subject: votre message de maintenant, chère M...

Vous avez toutes (bonnes) raisons de réagir, ma chère M...
 Effectivement, je présume mais ne sais pas si ces futurs défilants ne défilent pas pour d'autres causes, quoique plus "à gauche". Je suis surtout frappé par l'inondation de courriels circulaires que je reçois - catastrophistes, alarmistes, souvent haineux - à propos de "morale" et de "nature" depuis le début de l'année et en lien indiscutable avec la campagne présidentielle (flot qui n'a d'équivalent que les démonstrations sur l'invasion et la perversité de l'islam). En ce sens, Hollande et ses conseillers (il en a trop, et mal définis) auraient dû imiter VGE qui se garda de laisser attendre à son avènement la légalisation de l'IVG.
 Je n'ai pas encore lu des études - et celles-ci assez diverses - sur les conséquences pour les enfants. Je tiens surtout à la biparentalité. Chez les consacrés au célibat ou chez les gens pieusement fidèles à leur mariage, il y a quelque chose de trouble dans l'enragement (pardonnez la force du mot) anti-homosexuel et une façon assez ambigue des hétéros. ou des abstinents par statut, de s'intéresser à l'inconnu sexuel.
 Plus fondamentalement, je déplore une dispersion d'énergie vers ce que je crois moins fondamental que la ré-évangélisation. Nous ne sommes maîtres, et encore... que de nos propres moeurs et du climat de notre famille propre. Prétendre régenter, selon nous seuls, la société dont le modèle que nous proposons restera mûtilant et partiel tant qu'il n'y aura pas, dans l'Eglise et ses fidèles ou adeptes, une très vigoureuse prise du parti social et une vraie vigilance pour le respect des droits de l'homme, me paraît une ambition pas très légitime, trop analogue aux pétitions islamistes du Caire ou de Tunis quand se rédigent les nouvelles Constitutions, et surtout inefficace. Quand les chrétiens diabolisent la politique qui se fait chez eux, nationalement, ils ont le plus souvent des raisons bonnes et fortes, mais ils passent à côté de questions bien plus grandes : nos querelles pour le pouvoir temporel des papes, pour la défense du monopole des congrégations, pour le maintien du régime concordataire de 1816 en 1905... chaque fois l'histoire puis l'Eglise elle-même rétrospectivement ont tranché autrement que les combattants du moment.
 Notre société marche, de plus en plus mal à beaucoup d'égards. C'est le chômage et la paupérisation, l'acculturation de masse qui sont le vrai danger et ils concernent les Français par millions. Le mariage homosexuel concernera quelques dizaines de milliers d'entre nos compatriotes, tout au plus, et je crois d'ailleurs à un nombre bien moins grand, quelques milliers. L'homophobie - que manifeste forcément l'hostilité au mariage homosexuel - rend beaucoup d'homosexuels fort timides socialement. Edith et moi en connaissons. Et ils ne se marient pas et ne se "pacsent" pas. La vraie statistique est que nos compatriotes ne se marient plus, ni à la mairie ni à l'église.
 J'attaquerais plutôt François Hollande à propos de l'absence totale de légitimité de Valérie Trierweiler à ses côtés. cela pour la morale publique et dans son propre intérêt. Je le lui ai d'ailleurs écrit presque explicitement avant son élection et le lui ai redit en évoquant ma forte préférence pour Ségolène Royal.
 Bien affectueusement et avec déférence pour vous deux

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